Crise sécuritaire/Education : L’espoir de certains étudiants s’amenuise
Le Burkina Faso est en proie aux attaques terroristes depuis 2016. Cette crise sécuritaire affecte plusieurs secteurs dont l’éducation. Ainsi, plusieurs élèves et étudiants se retrouvent confrontés à des difficultés et pas des moindres. Certains étudiants de l’université de Ouahigouya nous en ont fait la confidence.
T.E., étudiant en première année de médecine, et K.I., étudiant en deuxième année au département d’études anglophones, confient être confrontés à d’énormes problèmes.
D’abord « nous sommes confrontés à un problème de logement. Les bailleurs viennent souvent vous ajouter des déplacés internes. Parfois c’est le bailleur lui-même qui vient comme déplacé interne pour reprendre sa maison et vous mettre dehors », indique T.E.
Évoquant le déroulement de l’année académique passée, T.E. confie que les cours n’ont pas été dispensés normalement par manque d’enseignants permanents. « La plupart des enseignants quittent Bobo et Ouagadougou pour venir nous dispenser les cours. Mais comme les routes sont parfois impraticables, ils ne venaient pas et les cours étaient en permanence reportés ».
Selon K.I., les conditions de vie à l’université de Ouahigouya ne sont pas en faveur des étudiants affectés par la crise sécuritaire. Ainsi, il a lui aussi relevé les problèmes d’accès au logement, à l’alimentation, des problèmes de salles d’études et de disponibilité des enseignants.
« Les bailleurs ne tiennent pas compte de notre situation d’étudiants affectés par la crise sécuritaire puisqu’ils ne tardent pas à nous mettre à la porte. Quelquefois, ils viennent dire que leur village a été attaqué et que leur famille doit venir vivre dans la maison ou parfois ils disent de choisir entre libérer la maison et une augmentation du prix du loyer », a-t-il expliqué.
En outre, « non seulement l’université a été délocalisée du site et relocalisée en ville, mais aussi nous avons un problème d’enseignants et de salles. Deux promotions se partagent la même salle de cours, chose qui ne permet pas d’avancer », a ajouté K.I.
« Même pour avoir une activité lucrative dans l’optique de se nourrir et de payer son loyer est difficile. Il n’y a rien, nous sommes dans l’angoisse. On se nourrit grâce au soutien des uns et des autres camarades. Mais en tant que jeunes, on ne peut pas se promener pour mendier. Si nous n’arrivons pas à avoir un lieu où dormir et de quoi se nourrir, ce n’est pas évident qu’on puisse continuer les études », a-t-il lancé.
Par ailleurs, à en croire ces deux étudiants, nombreux sont ceux qui sont déconnectés des parents et cela joue sur les études. « Nous n’arrivons pas à rejoindre les parents qui nous soutiennent en vue de continuer nos études et cela nous perturbe vraiment. La situation ne fait que s’exacerber. On n’arrive pas avoir accès à nos villages, même pour les contacter, c’est un problème. On ne sait pas s’ils sont toujours en vie ou pas, nous sommes dans l’inquiétude permanente », ont-ils confié.
Pour la rentrée à venir, leur préoccupation majeure, c’est comment faire pour terminer les études.
« On a peur d’arrêter les études puisque la situation est vraiment inquiétante. Si la situation dans laquelle on se trouve actuellement ne s’améliore pas, ce n’est pas sûr qu’on pourra terminer les études. Je crains aussi que si la situation ne s’améliore pas, l’université délocalisée en ville ne se ferme pas, pourtant on espérait avoir la licence. Ce qui s’est passé à Dori risque d’arriver à l’université de Ouahigouya si rien ne change. Que les autorités veillent vraiment au retour de la paix », ont-ils imploré.
Flora Sanou