dimanche 8 décembre 2024

imagedillustrLe Burkina Faso est en proie aux attaques terroristes depuis 2016. Cette crise sécuritaire affecte plusieurs secteurs dont l’éducation. Ainsi, plusieurs élèves et étudiants se retrouvent confrontés à des difficultés et pas des moindres. Certains étudiants de l’université de Ouahigouya nous en ont fait la confidence.

T.E., étudiant en première année de médecine, et K.I., étudiant en deuxième année au département d’études anglophones, confient être confrontés à d’énormes problèmes.

 D’abord « nous sommes confrontés à un problème de logement. Les bailleurs viennent souvent vous ajouter des déplacés internes. Parfois c’est le bailleur lui-même qui vient comme déplacé interne pour reprendre sa maison et vous mettre dehors », indique T.E.

Évoquant le déroulement de l’année académique passée, T.E. confie que les cours n’ont pas été dispensés normalement par manque d’enseignants permanents. « La plupart des enseignants quittent Bobo et Ouagadougou pour venir nous dispenser les cours. Mais comme les routes sont parfois impraticables, ils ne venaient pas et les cours étaient en permanence reportés ».

Selon K.I., les conditions de vie à l’université de Ouahigouya ne sont pas en faveur des étudiants affectés par la crise sécuritaire. Ainsi, il a lui aussi relevé les problèmes d’accès au logement, à l’alimentation, des problèmes de salles d’études et de disponibilité des enseignants.

« Les bailleurs ne tiennent pas compte de notre situation d’étudiants affectés par la crise sécuritaire puisqu’ils ne tardent pas à nous mettre à la porte. Quelquefois, ils viennent dire que leur village a été attaqué et que leur famille doit venir vivre dans la maison ou parfois ils disent de choisir entre libérer la maison et une augmentation du prix du loyer », a-t-il expliqué.

En outre, « non seulement l’université a été délocalisée du site et relocalisée en ville, mais aussi nous avons un problème d’enseignants et de salles. Deux promotions se partagent la même salle de cours, chose qui ne permet pas d’avancer », a ajouté K.I.

« Même pour avoir une activité lucrative dans l’optique de se nourrir et de payer son loyer est difficile. Il n’y a rien, nous sommes dans l’angoisse. On se nourrit grâce au soutien des uns et des autres camarades. Mais en tant que jeunes, on ne peut pas se promener pour mendier.  Si nous n’arrivons pas à avoir un lieu où dormir et de quoi se nourrir, ce n’est pas évident qu’on puisse continuer les études », a-t-il lancé.

Par ailleurs, à en croire ces deux étudiants, nombreux sont ceux qui sont déconnectés des parents et cela joue sur les études. « Nous n’arrivons pas à rejoindre les parents qui nous soutiennent en vue de continuer nos études et cela nous perturbe vraiment. La situation ne fait que s’exacerber. On n’arrive pas avoir accès à nos villages, même pour les contacter, c’est un problème. On ne sait pas s’ils sont toujours en vie ou pas, nous sommes dans l’inquiétude permanente », ont-ils confié.

Pour la rentrée à venir, leur préoccupation majeure, c’est comment faire pour terminer les études.

« On a peur d’arrêter les études puisque la situation est vraiment inquiétante. Si la situation dans laquelle on se trouve actuellement ne s’améliore pas, ce n’est pas sûr qu’on pourra terminer les études. Je crains aussi que si la situation ne s’améliore pas, l’université délocalisée en ville ne se ferme pas, pourtant on espérait avoir la licence. Ce qui s’est passé à Dori risque d’arriver à l’université de Ouahigouya si rien ne change. Que les autorités veillent vraiment au retour de la paix », ont-ils imploré.

Flora Sanou

hvt une« Soutenir les victimes du terrorisme pour renforcer la résilience des communautés et consolider les actions de reconquête de l’intégrité du territoire ». C’est sous ce thème que s’est tenue ce vendredi 1er septembre 2023 à Ouagadougou, la commémoration en différé de la Journée internationale du souvenir en hommage aux victimes du terrorisme.

Placée sous le patronage du président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré,  représenté par le ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique, Bassolma Bazié, cette journée, selon la présidente du comité d’organisation, Awa Kafando/Ganamé, a pour objectifs, entre autres, de : sensibiliser la population à la vulnérabilité des victimes du terrorisme et à leurs conditions de vie ainsi qu’à l’importance d’une solidarité avec elles, écouter et orienter les personnes victimes du terrorisme vers les structures de prise en charge, susciter un partage d’expériences et de bonnes pratiques de soutien aux victimes du terrorisme, susciter la contribution des victimes du terrorisme à la déradicalisation et aux autres actions de lutte contre le terrorisme.

À l’en croire, outre Ouagadougou, des activités ont également été organisées dans le cadre de cette journée dans les 6 régions à fort défi sécuritaire, à savoir le Centre-Nord, le Nord, le Sahel, l’Est, la Boucle du Mouhoun et les Cascades, en faveur des personnes déplacées internes, des forces de défense et de sécurité et des volontaires pour la défense de la patrie blessés ou traumatisés ainsi que des familles des personnes décédées, disparues ou invalides des suites des attaques terroristes à travers des causeries éducatives, des séances d’écoute et d’appui psychologique.

Faisant le bilan de l’édition passée, Awa Kafando/Ganamé a aussi indiqué que sur 14 recommandations formulées par les victimes en 2022, seulement 6 ont connu un début de mise en œuvre, les 8 restantes étant en étude.

Le discours du président Ibrahim Traoré a été prononcé par le ministre de la Justice et des Droits humains, chargé des Relations avec les institutions, garde des Sceaux, Edasso Rodrigue Bayala. hvt 2Rappelant que cette journée a été initiée par l’assemblée générale des Nations unies le 21 août 2017 et est commémorée depuis 2021 par le Burkina Faso, le ministre Bayala a indiqué que l’esprit de cette journée est de promouvoir et de protéger le plein exercice de la liberté et des droits fondamentaux des victimes du terrorisme.

Le président Ibrahim Traoré, par la voix du ministre Rodrigue Bayala, a dit rendre « un hommage appuyé pour ces leçons de résilience et ces motifs d’espérance » que les familles des victimes, malgré la douleur de la perte d’un proche, l’angoisse permanente de l’absence de nouvelles d’un proche porté disparu, les séquelles physiques, morales et psychologiques graves, partagent en continuant de rester debout.

Aux familles des victimes, il a réaffirmé la solidarité et la disponibilité du gouvernement à œuvrer constamment à l’amélioration de leurs conditions de vie. 

Quant aux populations des zones affectées par le terrorisme, aux vaillantes forces combattantes et à toutes les personnes anonymes, engagées sur le champ d’honneur au prix du sacrifice ultime, le ministre de la justice leur réaffirmé a, au nom du capitaine Ibrahim Traoré, la solidarité de toute la nation burkinabè.

hvt 3À l’occasion de cette cérémonie commémorative, la porte-parole des victimes du terrorisme, Anastasie Naré, a, tout en remerciant le gouvernement pour l’organisation de cette journée, souhaité au nom de toutes les victimes, avoir une audience avec le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, pour lui exprimer directement leurs doléances.

« Nous souhaiterions exprimer directement nos doléances au président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, puisqu’il nous a fait l’honneur de rendre visite à certaines familles. Nous souhaiterions avoir une audience avec lui », a-t-elle indiqué.

Par ailleurs, « au nom de toutes les veuves des FDS tombées, nous demandons au président de la transition la concrétisation de la loi portant pupilles de la nation, héros de la nation et martyrs de la nation pour une meilleure prise en charge des victimes », a-t-elle plaidé.

Flora Sanou

aacscLe Conseil supérieur de la communication (CSC) a décidé le 24 août 2023 d'interdire  aux chaînes de télévision la diffusion de contenus qui font la promotion de l’homosexualité. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ? Dans une interview accordée à Radars Info Burkina, Daniel Bonzi, directeur de la réglementation, de la médiation et du contentieux du Conseil supérieur de la communication (CSC), donne des précisions sur cette décision.

 

Radars Burkina : Qu'est-ce qui a motivé le CSC à interdire la diffusion de contenus à caractère homosexuel ?

Daniel Bonzi : Tout est parti d'un constat que nous avons fait sur une certaine période à travers notre service de monitoring composé d'agents et d’un dispositif technique qui permet d'observer les médias, mais aussi des plaintes de plus en plus fréquentes de citoyens burkinabè qui estiment que les contenus diffusés posent problème. À l'issue de l'observation, nous avons effectivement relevé des contenus sur des chaînes qui présentaient des scènes avec des pratiques homosexuelles. Soucieux de la protection de nos mineurs concernant les contenus qu'ils regardent, le CSC a décidé de revoir la décision qui portait sur la protection des mineurs et de l'actualiser en prenant en compte cette nouvelle donne qui passe de façon pernicieuse sur nos chaînes. Ces contenus peuvent nuire à l'épanouissement moral, physique et psychologique de nos enfants, car à partir de la télévision, les enfants peuvent avoir toutes sortes de comportements déviants et si nous n'y prenons garde, cela peut se révéler dangereux pour eux.

 Radars Burkina : Cette décision concerne-t-elle uniquement les chaînes nationales ?

Daniel Bonzi : L'homosexualité est une pratique contraire à nos mœurs. C'est pourquoi nous avons rangé dans le même registre les scènes qui présentent des pratiques homosexuelles, celles pornographiques ainsi que les scènes de très grande violence. Toutes les chaînes nationales présentent sur la Télévision numérique terrestre (TNT) sont totalement interdites de diffuser ces contenus. En ce qui concerne les chaînes internationales accessibles via les distributeurs, la décision prévoit que ces derniers prennent des mesures pour retirer ces contenus.

Radars Burkina : Qu'en est-il des programmes diffusés sur les bouquets qui sont destinés aux enfants mais qui comportent des scènes à caractère homosexuel ?

Daniel Bonzi : Les chaînes qui seront identifiées comme faisant partie de la promotion de l'homosexualité doivent être retirées de ces bouquets. Notre objectif, c’est d’assainir notre secteur du milieu visuel de sorte que les programmes destinés aux enfants soient épurés de tout ce qui est contenu contraire à nos mœurs.

Radars Burkina : Quel peut être, de manière concrète, l'impact de ces contenus sur les jeunes téléspectateurs ?

Daniel Bonzi : À travers les chaînes de télévision, ces scènes qui sont présentées aux enfants les orientent effectivement vers ces pratiques. Donc le mieux, c'est de faire en sorte que les enfants ne soient pas influencés négativement par ces contenus qu'ils regardent. C'est très sérieux et on ne peut pas se permettre de laisser tout ce qui est contraire à nos mœurs passer dans nos médias, au nom de la liberté.

Radars Burkina : Le CSC a-t-il des exemples concrets de télévisions qui diffusent des contenus à caractère homosexuel au Burkina ?

Daniel Bonzi : Nous avons pu observer que certains contenus posaient problème. Pour la grande partie des chaînes nationales, il n'y a pas de souci, mais nous avons plus de problèmes avec les chaînes diffusées via les bouquets des distributeurs. Nous allons redoubler de vigilance sur ces contenus.

Radars Burkina : Le CSC a-t-il approché les distributeurs et les responsables des médias nationaux pour leur faire part de la sensibilité des contenus diffusés?

Daniel Bonzi : Tout à fait. Nous avons eu, courant juillet, une rencontre avec les distributeurs, notamment les services audiovisuels, pour les sensibiliser d'abord à la question, puis recueillir leurs observations. De façon unanime, nous pouvons dire que les distributeurs sont dans cette dynamique d'accompagner, de faire en sorte que leurs offres ne contiennent pas des éléments qui vont nuire à l'épanouissement des enfants. C'est pourquoi ils ont mis en place le code parental que chaque parent doit connaître et l'appliquer. C'est après ces échanges à bâtons rompus que le régulateur a pris cette décision du 24 août dernier. Concernant les éditeurs, nous menons une campagne de sensibilisation depuis longtemps marquée par des séances de travail, des ateliers.

Radars Burkina : Techniquement, comment l'interdiction se fera-t-elle ?

Daniel Bonzi : Pour tous les éditeurs nationaux, il est demandé la mise en place d'un comité de visionnage dans chaque rédaction. Ce comité qui sera désigné par les responsables de chaque média aura pour rôle de regarder tous les contenus avant leur diffusion sur la base d'un classement des programmes. Pour les distributeurs, il s'agira d'identifier les chaînes qui font la promotion de l'homosexualité. Tous les programmes destinés aux enfants, c'est-à-dire les dessins animés, il faut s'arranger pour qu'il n'y ait aucune scène qui fasse penser à l'homosexualité.

Radars Burkina : Comment comptez-vous réussir cette mission ?

Daniel Bonzi : On peut mettre en place tous les dispositifs qu'on veut, contraindre les éditeurs nationaux et les distributeurs des chaînes de bouquets mais tant que nous n'aurons pas l'implication véritable des parents, ces mesures ne seront pas efficaces. Car aujourd'hui, on peut interdire les programmes à la télévision mais si l'enfant dispose d'un téléphone qui lui permet d'avoir accès à tous les contenus qu'il veut sur Internet, les mesures  se révèleront vaines. Si les parents prennent des mesures, ça facilite la tâche au régulateur. C'est pourquoi l'implication des parents, des éducateurs à l'école est fortement recommandée.

Radars Burkina : Qu'est-ce qui est prévu contre un média qui viendrait à enfreindre cette mesure du CSC?

Daniel Bonzi : Des sanctions sont prévues contre les éditeurs nationaux et les distributeurs contrevenants. Elles sont de plusieurs niveaux : l’avertissement, la mise en demeure, le retrait de l'autorisation, la  suspension des programmes et les sanctions pécuniaires. 

Propos recueillis par Flora Sanou

aasergesLa représentation nationale a adopté une loi portant institution du Service national patriotique le 17 août dernier, service ayant existé auparavant sous la dénomination de Service national populaire (SNP), devenu plus tard le Service national de développement (SND). Est-ce la renaissance du Service national populaire de la Révolution ? Quel sort sera réservé au Service national patriotique après la lutte contre le terrorisme ? Serge Bayala, membre de la société civile, et Alouna Traoré, conseiller juridique de Thomas Sankara, ancien membre des Comités de défense de la révolution (CDR), donnent des éléments de réponse.

 

Pour Serge Bayala, acteur de la société civile, le service national patriotique est une bonne chose qui a même tardé à venir. « Au regard du contexte actuel d'insécurité, c’était un impératif. J’apprécie positivement cette réforme du Service national de développement (SND) qui devient un programme national du service patriotique », dit-il.

Selon ses explications, au moment de la révolution, appelé Service national populaire, ce programme avait pour mission « de faire du citoyen burkinabè un acteur civiquement ancré dont on ne doute pas des valeurs morales et spirituelles. Ledit programme visait en outre à armer patriotiquement le Burkinabè pour en faire un fidèle compagnon de sa patrie et non un traître à la république comme on l'observe à travers les différents actes de corruption à haute échelle en anticipant sur la dégradation des valeurs républicaines. Il avait également pour objet de doter chaque citoyen qui est appelé à servir l'Etat d'un minimum de capacités militaires à même de lui permettre d'assurer sa propre sécurité et d'avoir des réflexes basiques individuels et collectifs en matière de sécurité pour défendre son pays ».

Interrogé sur les éventuels inconvénients de ce SNP, il répond que lorsqu’on dote quelqu'un de capacités, il peut en faire un bon ou mauvais usage.

« C'est en cela qu'il est nécessaire de plonger le citoyen dans les valeurs morales avant de lui donner les aptitudes militaires afin qu'elles ne soient pas utilisées contre la république ou les populations dans les actes de grand banditisme, de braquage ou de terrorisme », a-t-il indiqué.

En outre pour M. Bayala, il est bien que le programme soit spécifié aux différents corps socioprofessionnels de la fonction publique mais il serait encore mieux qu’il prenne en compte la masse des jeunes qui ne sont pas éligibles aux concours, car le défi de la construction du citoyen patriotique est général. « Il est nécessaire pour le menuisier, le plombier, bref, indispensable pour tout le monde. Donc on ne peut pas le restreindre à une petite catégorie de gens. Que le gouvernement trouve donc une modalité de prise en compte de la grande majorité silencieuse des masses paysannes, des jeunes au chômage. Cela pourrait être une aubaine pour eux car en plus d'être réservistes, ils pourraient mettre cette compétence au service des sociétés privées de gardiennage », défend-il.

Selon Alouna Traoré, naguère conseiller juridique de Thomas Sankara et ancien membre des Comités de défense de la révolution (CDR), « celui qui se noie s'accroche à tout car il vaut toujours mieux faire quelque chose que rien. Donc le Service national patriotique est l’école pour apprendre à aimer son pays et le patriotisme doit bien s’y cultiver ».

aa alounaA l’en croire, le mal du service national populaire sous la révolution est qu’il était adressé à une certaine catégorie de gens. « C'était la préférence des instruits au lieu de prendre en compte toute la jeunesse instruite et non instruite ».

Ainsi, il pense qu’il n'y a pas de différence entre le service national populaire sous la révolution et le service national patriotique aujourd’hui, hormis la tranche d'âge qui a évolué à 35 ans et plus.

C’est pourquoi il estime que le service national patriotique gagnerait à s’occuper aussi de ceux qui n’ont pas été à l’école, notamment ceux qui sont sur les sites aurifères, dans les villages, les marchés, etc.

« Il faut s’occuper de cette jeunesse pour ne pas manquer le coche. L’appel patriotique concerne toute la jeunesse, toutes tendances confondues, tous ceux qui sont capables de défendre la patrie. Il faut que le SNP soit vraiment populaire, à la portée des masses fondamentales », a-t-il notifié.

De plus, il soutient qu’il faut reformuler le SNP, dénonçant la question de la rémunération des « appelés ». « Quand on aime, on donne ce qu’on a de plus cher, on se sacrifie pour sa patrie. Que le SNP inculque donc ces valeurs de noblesse, d’amour de la patrie et qu’il soit un creuset de formation de tous au métier des armes, car les peuples conscients assurent leur propre sécurité », a-t-il souligné.

Toujours selon Alouna Traoré, même après la guerre, le service national patriotique devrait se poursuivre, car il y va de la sécurité du pays.

Flora Sanou

students uneLe ministre de l’Enseignement supérieur ainsi que celui de la Jeunesse et de l’Emploi ont conjointement signé un arrêté portant création et définition du Statut de l’étudiant entrepreneur du Faso (SEEF). Objectifs de cette mesure gouvernementale : développer la personnalité de l’étudiant, son esprit d’initiative, ses acquis en créativité, innovation et entrepreneuriat, mûrir son projet et/ou réunir les conditions nécessaires à sa mise en œuvre. Une équipe de Radars Burkina a recueilli les avis de quelques étudiants sur le sujet.

Adja Saran Traoré, étudiante en master II de communication des organisations, entreprend dans le domaine laitier, notamment la préparation et la commercialisation du « gapal » dénommé « gapal diima », qui propose une variété de saveurs à la clientèle : coco, raisin, banane, nature et fraise.

S’exprimant sur le Statut de l’étudiant entrepreneur du Faso (SEEF), elle dit apprécier cette initiative du gouvernement parce qu’elle permettra aux étudiants « de faire travailler leurs méninges pour trouver des idées de projets et les mettre en œuvre, compte tenu des avantages que confère ce statut et sachant qu’ils ont le soutien du gouvernement ». Personnellement, elle espère que le SEEF lui permettra de booster son projet d'entreprise au regard des avantages qu'il présente, à savoir le B to B et le mentorat, entre autres. Cependant, souligne-t-elle, les conditions d’éligibilité posent problème car les étudiants qui ont terminé leur cycle mais qui n'ont pas encore de statut professionnel clair ne peuvent pas en être bénéficiaires. C'est pourquoi, plaide-t-elle, « le gouvernement doit être souple et mettre en place un mécanisme pour aider ces derniers ».

Cindy Kinda, étudiante en médecine et promotrice de Kind Secret's, spécialisée dans la confection vestimentaire avec comme matériel de base la laine, déclare accueillir cette décision du gouvernement de transition avec enthousiasme et optimisme. students 2D’après elle, bien que concilier études et entrepreneuriat ne soit pas toujours aisé, « avec ce programme nous pensons pouvoir trouver le juste milieu car les avantages pourraient nous être bénéfiques à travers le développement d'un leadership, le partage d’expériences, etc. » Elle pense en outre que ce statut boostera de manière considérable ses différents projets d’entreprise. Toutefois, fait remarquer la jeune disciple d’Hippocrate, « l'obligation faite aux étudiants désireux de postuler en groupe d’être issus  d’un même temple du savoir sera un frein pour certains d’entre nous et jouera en défaveur du brassage inter-universités ».

Pingdwindé Valentin Bambara, étudiant en philosophie, en année de licence, est dans le domaine agroalimentaire, précisément dans la production de vin de bissap. students 3Il estime que cette initiative du gouvernement est une opportunité qui permettra aux étudiants qui ont des projets de transcender « leur peur et de se lancer, car ils savent qu’ils seront accompagnés comme le leur a promis le président Ibrahim Traoré ». Et notre interlocuteur d’ajouter que ce statut pourrait susciter de nouvelles idées dans le domaine de l'entrepreneuriat, parce qu’« on a souvent besoin d'un coup de pouce pour au moins commencer quelque ».

En un mot comme en mille, il souhaite que les procédures soient vraiment allégées pour permettre aux étudiants qui le désirent de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et, surtout, que les choses se fassent dans la transparence. « Il ne faudrait pas qu'on soit soumis à de longues procédures qui, souvent, découragent. Que ceux qui doivent mettre en œuvre le statut ne le fassent pas par affinités », a-t-il demandé.

Flora Sanou

aasitho une« Promotion du tourisme interne, facteur de résilience ». C’est sous ce thème que se tiendront de façon conjointe, du 26 au 29 octobre 2023, la 13ᵉ édition du Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) ainsi que la 4e édition de la Vitrine internationale du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration de Ouagadougou (VITHRO). C’est la région du Centre-Sud, en l’occurrence son chef-lieu, Manga, qui est l’invitée d’honneur de ces deux évènements touristiques. L’annonce a été faite par le comité d’organisation ce jeudi 24 août 2023, au cours d’une conférence de presse à Ouagadougou.

 

Après un coup d’arrêt en 2017, le gouvernement de la Transition, à travers le ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT) ainsi que l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB), a décidé de relancer la promotion du tourisme burkinabè. Selon le secrétaire général dudit ministère, Fidèle Aymar Tamini, cette décision témoigne de la volonté des plus hautes autorités du pays de faire du secteur du tourisme l’un des leviers du développement économique et social et elle s’inscrit dans le Plan d’actions de stabilisation et du développement de la Transition.

aasitho 2A l’en croire, la tenue conjointe de ces deux évènements à vocation de promotion touristique « vise à mettre en exergue le potentiel touristique de notre pays et à accompagner les efforts des acteurs privés, qui permettent de maintenir le secteur en vie malgré la crise et la mauvaise publicité tendant à dire que le Burkina Faso n’est pas un pays fréquentable ».

De plus, « cette édition du SITHO tient compte de la volonté des acteurs publics et privés du tourisme de fédérer leurs énergies au regard du contexte actuel du pays », a-t-il indiqué.

A la question de savoir quelles sont les raisons ayant présidé au choix de la région du Centre-Sud comme invitée d’honneur, la Directrice générale de l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB), Marguerite Douanio/Sou, a répondu que l’ONTB a d’abord pensé au Ranch de Nazinga parce que « la zone de l’Est qui était sa zone de prédilection pour le tourisme cynégétique est aujourd’hui difficile d’accès du fait de l’insécurité ». Or, dit-elle, « on a envie que ce pan de notre tourisme soit toujours d’actualité. C’est pourquoi on a choisi la région du Centre-Sud ». aasitho 3Cette région a été également choisie parce qu’il y a un patrimoine très important, notamment à Tiébélé (le palais royal, l’habitat traditionnel Kasséna), qui est en voie d’être inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, a-t-elle justifié. Et d’ajouter : « Nous voulons que les professionnels connaissent davantage cette région ».

Il faut noter que cette tenue conjointe du SITHO et de la VITHRO vise à présenter aux Tours opérateurs et à la diaspora l’offre touristique burkinabè, à accroître la visibilité, sur le plan africain et à l’échelle internationale, des produits et activités touristiques des entreprises burkinabè, à présenter les opportunités d’investissement touristique au Burkina Faso et plus généralement en Afrique, à renforcer le partenariat et les relations commerciales entre les professionnels africains du tourisme, à contribuer au développement du tourisme intracommunautaire, à renforcer la pratique du tourisme interne et à offrir un cadre de promotion et de réflexion sur le tourisme qui permettra d’identifier les défis auxquels sont confrontés les acteurs de ce secteur dans la réalisation des activités touristiques.

Les innovations majeures aux présentes éditions sont, entre autres, la mise à la disposition des régions d’un pavillon qui leur est dédié dans l’objectif de leur permettre de présenter leurs spécificités touristiques respectives et de susciter des fréquentations sur les sites ainsi que le retour du biotope (constitution d’un espace de présentation de quelques animaux sauvages) afin d’attirer les curiosités.

Plusieurs activités sont au programme, à savoir un cross populaire (le matin pour l’ensemble des acteurs du tourisme), une cérémonie d’ouverture, des conférences/panels thématiques, un espace B2B, un espace enfants, etc.

Flora Sanou

chef uneLe chef de l'État, le capitaine Ibrahim Traoré, a annoncé, à l’occasion de la Journée internationale

de la jeunesse, la désignation d'un point focal par région, qui aura pour principale tâche « de
prendre les préoccupations des jeunes de la région d'origine afin d'y apporter des solutions ». À ce
sujet, le président du conseil national de la jeunesse et certains citoyens ont exprimé leur point
vue au micro de Radars Burkina.

L’initiative est positivement appréciée par Clémence Millogo qui estime que c’est à la jeunesse de
savoir saisir cette opportunité en évitant de jouer à la méchanceté.
«Que chaque jeune qui est nommé travaille pour l’intérêt de toute la jeunesse du pays et ne travaille
pas pour ses propres intérêts. Ces représentants doivent savoir à qui écouter», indique t-elle.
Elle espère un changement des approches en matière d’aide à la jeunesse, car ce sont toujours « les
mêmes qui ont le monopole de la parole et des aides », a-t-elle souligné avant de lancer que
l’autorité devra surveiller ces jeunes qui seront responsabilisés.

« Les députés, les gouverneurs, les hauts-commissaires et les préfets ne sont-ils pas en phase avec la
jeunesse ? » s’interroge un citoyen ayant requis l’anonymat. Pour lui, les problèmes des jeunes sont
déjà connus de tous. Donc, avoir des représentants de jeunes à la présidence « ne sera que la
promotion de la corruption ».
En outre, selon le président du conseil national de la jeunesse, c’est une réalité qui existe. «  Depuis
longtemps, les jeunes se sentent en marge de la gestion des affaires publiques, surtout dans les
instances de prise de décision. C’est en se basant sur ce fait que l’autorité a décidé de prendre en
compte les problèmes des jeunes dès la base, notamment au niveau des régions. Cela lui permettra
d’avoir leur point de vue, leur appréciation des situations », a-t-il d’abord expliqué.
A son avis, c’est une bonne chose d’impliquer les jeunes dans les instances de prise de décision.
chef 2« Ce n’est pas un doublon parce que cela va permettre de faire une appréciation sans complaisance
des situations au niveau des régions. Cela permettra donc de résoudre les problèmes de façon
urgente et efficace, car avec le circuit normal, ce n’est évident » soutient-il.
À la question de savoir si la fin de la transition n’impactera pas la mission de ces points focaux, le
président du CNJ répond : « Si la transition arrive à mettre cela en pratique, ce sera un acquis. Mais
les bénéficiaires trouveront les arguments nécessaires pour le maintenir. Je pense qu’aucune
autorité ne voudra remettre en cause les acquis de la jeunesse ou aller en porte-à-faux avec les
aspirations ou les préoccupations des jeunes. Elle fera preuve de sagesse et de bonne
compréhension des préoccupations des jeunes pour ne pas avoir des velléités ou une intention de
remettre en cause les acquis ».
Selon son argumentation, le conseil national de la jeunesse ne fera que des suggestions à l’autorité
en ce qui concerne le choix des chargés de mission afin que ce soit des personnes en mesure
d’apporter des contributions.

Par ailleurs, le CNJ aura également un regard et fera un suivi sur l’effectivité des missions assignées
aux points focaux pour qu’ils jouent pleinement leur rôle, a précisé Moumouni Dialla.


Flora Sanou

dr pharmacienL’Aloe vera ou Aloe barbadensis est une plante aux multiples usages, selon certains marketeurs sur les réseaux sociaux. Selon la croyance populaire, la plante est traditionnellement utilisée dans les médecines alternatives (brûlures, acné, démangeaisons, etc.). Elle connaît également un engouement récent dans la cosmétique car utilisée comme gommage sur le visage ou vendue sous forme de savon, de pâte dentifrice, etc. L’efficacité de ces différents produits est-elle scientifiquement  prouvée ? Sont-ils homologués au Burkina ? Dans cette interview, le Dr Pascal Nadembega, pharmacien spécialisé en pharmacognosie, par ailleurs directeur du Centre de médecine traditionnelle et de soins intégrés (CMTSI), révèle qu’aucun produit à base d’Aloe vera n’est homologué au Burkina.

Radars Burkina : Qu’est-ce que l’Aloe vera ?

Dr Pascal Nadembega : C’est une plante africaine qui compte autour de 600 espèces. Elle était déjà utilisée en Egypte environ 5 000 ans avant Jésus-Christ.

Radars Burkina : Quelles sont les vertus thérapeutiques de cette plante ?

Dr Pascal Nadembega : Selon plusieurs études, l’Aloe vera a de nombreuses vertus. Elle est par exemple utilisée comme hydratant, cicatrisant, réparateur, antifongique et anti-inflammatoire. Elle contient plusieurs composants (glycoprotéines et polysaccharides) qui activent la régénérescence cellulaire, accélèrent la cicatrisation et réduisent l’inflammation. Cette plante peut lutter contre certaines infections de la peau comme l’acné, le psoriasis, l'herpès et peut soigner de petites plaies, des brûlures au feu ou des brûlures de soleil. Les différentes parties utilisées pour les soins sont la pulpe, la partie supérieure des feuilles et le gel.

Radars Burkina : Existe-t-il des médicaments à base d’Aloe vera homologués au Burkina ?

Dr Pascal Nadembega : Pas à ma connaissance. Ce sont des compléments alimentaires qui sont vendus par certaines entreprises. Dans le domaine de la médecine traditionnelle, nous n’avons pas encore vu de produits à base d’Aloe vera en quête d’homologation.

Radars Burkina : Quelles sont les contre-indications en ce qui concerne les produits de l’Aloe vera ?

Dr Pascal Nadembega : Il est fortement déconseillé d’utiliser l’Aloe vera pour des injections, car elle absorbe l’eau. De ce fait, si on l’utilise en injection, elle peut boucher les veines et les artères et ainsi provoquer un infarctus. Il est également déconseillé aux femmes enceintes et aux femmes qui allaitent de consommer des produits à base d’Aloe vera, car cela peut provoquer des avortements chez les femmes enceintes et des diarrhées chez les enfants. Il faut être très prudent dans l’utilisation d’un certain nombre de produits à base d’Aloe vera.

Propos recueillis par Flora Sanou

resexam unComme c’est le cas au Burkina Faso, les examens scolaires 2022-2023 sont terminés dans la plupart des autres pays de l’espace CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) comme le Mali, la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry et le Togo. Si les résultats globaux desdits examens sont jugés satisfaisants dans certains de ces pays, tel n’est pas le cas en ce qui concerne le Burkina Faso.

Au Mali, le taux de réussite au Bac cette  année est de 24,26%, soit une amélioration de 4 points par rapport à l’année scolaire 2021-2022 où il était de 20,28%. A l’inverse, celui du Diplôme d’études fondamentales (DEF) a considérablement chuté, se fixant à 30,32% alors qu’il était de 47,86% en 2022. 

La Côte d’Ivoire, quant à elle, a enregistré cette année au baccalauréat un taux d’admission de 32,09% contre 30,78% en 2022, soit une hausse de 1,31%. Le taux de réussite au Certificat d'études primaires et élémentaires (CEPE) dans ce pays a été de 71, 28% contre 64,76% en 2022 et celui du BEPC 2023 de 31,47% contre 28,89 % en 2022. En conclusion, les examens scolaires de la session 2023 en Côte d’Ivoire ont été marqués par une amélioration des taux de succès, comparativement à la session passée.

En ce qui concerne la Guinée Conakry, les taux de réussite au baccalauréat (Bac) et au Brevet d’études de premier cycle (BEPC) se sont établis respectivement à 27,46% et 34,05% cette année, contre 9,37% et 15,04% en 2022. Ainsi, on relève une forte amélioration desdits taux.

Du côté du Togo, on note des performances satisfaisantes en 2023, selon le ministère de l’Education. On constate ainsi des taux de réussite de près de 98% au Certificat d’études du premier degré (CEPD) contre 93,30% en 2022 ; de 81% au BEPC contre 82,99% en 2022 ; de 78,5% au Bac 1 en 2023 contre 78% en 2022 et de 79,43% au Bac 2 contre 74,34% en 2022.  

S’agissant du cas spécifique du Burkina Faso, les statistiques révèlent une baisse des taux d’admission au Bac et au BEPC par rapport à la session précédente, lesquels taux sont passés de 41,11% à 39,27%, pour le premier examen cité, et de 41,35% à 38,27% pour le second. Par contre, au Certificat d’études primaires (CEP) et en formations technique et professionnelle, on constate une hausse : 71,24% et 75,57% en 2023 contre 63,18% et 69,73% en 2022.

Ces résultats globalement satisfaisants sont justifiés par les réformes et actions engagées par les gouvernements des différents pays au profit du secteur éducatif. Cependant, on ne peut s’empêcher de se poser quelques questions : Qu’est-ce qui justifie la baisse des taux de succès au Bac et au BEPC au Burkina ? Que faire pour améliorer les taux de succès des élèves de façon générale pour l'année scolaire à venir ?

Selon Souleymane Badiel, secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l'éducation et de la recherche (F-SYNTER) du Burkina, ces résultats sont, d’une part, le reflet de la situation dans laquelle se trouve le système éducatif, exacerbée par les actions nuisibles des groupes armés terroristes. resexam 2D’autre part, cette baisse du rendement scolaire, en tout cas concernant les examens susmentionnés, pourrait se justifier, toujours d’après M. Badiel, par les conditions difficiles dans ceux-ci ont été organisés. « Quand vous avez des examens organisés dans des conditions difficiles comme celles que nous avons vues cette année, évidemment ça ne crée pas la sérénité chez les candidats pour qu’ils abordent convenablement les épreuves. Cela jette même la suspicion sur la crédibilité des résultats, donc sur la crédibilité des diplômes délivrés », a affirmé notre interlocuteur.

Toutefois, le SG de la F-SYNTER est convaincu que le Burkina peut réaliser de meilleurs résultats aux examens scolaires si les autorités prennent « des mesures en amont et qui sont en lien avec les politiques mises en œuvre dans notre système éducatif ». Il s’agit de « l’arrêt de la privatisation outrancière du système éducatif qui pour conséquences des effectifs pléthoriques dans les établissements et la prolifération d’établissements qui ne répondent pas aux normes en matière d’éducation ; de l’amélioration des conditions de vie et de travail des apprenants ainsi que des encadreurs », a-t-il souligné.

Flora Sanou

coulbSi la plupart d’entre nous savent que le sable fait partie des agrégats dont l’utilisation est quasi indispensable en matière de construction, beaucoup ignorent en revanche que deux types de sable sont généralement utilisés sur les chantiers : le sable de carrière et le sable de rivière. Y a-t-il une différence entre les deux ? Lequel de ces types de sable est le plus approprié en matière de construction dans une ville comme Ouagadougou ? Existe-t-il une période propice pour avoir du sable de qualité ? Après avoir mené une « étude comparative entre le sable de carrière et le sable de rivière », Ibrahima Coulibaly, en fin d’études d’ingénieur de conception en génie civil, a apporté des éléments de réponse aux interrogations susmentionnées, lors de la soutenance de son mémoire, le mercredi 9 août 2023 à Ouagadougou.

C’est devant un jury de trois membres qu’Ibrahima Coulibaly a défendu les résultats de son travail de recherche. Selon lui, c’est au regard de la récurrence des effondrements de bâtiments au Burkina Faso qu’il a décidé de mener des recherches scientifiques pour en connaître les causes. Ainsi, il révèle que ces effondrements sont dus, entre autres, à « la convergence massive des agrégats (sable de rivière, sable concassé) dans la capitale (Ouagadougou) et à la mauvaise utilisation de ces agrégats due à l’absence d’essais en laboratoire, à la méconnaissance de la technique dans la construction ou à un défaut de mise en œuvre, ainsi qu’au non-respect des prescriptions techniques et du cahier des charges ».

De ce fait, la nécessité de prélever des échantillons de sable dans différentes villes et carrières du pays (Manga, Tenkodogo, Dakola et Kongoussi), de les analyser et d’interpréter les résultats s’est imposée à lui. Et selon les résultats de cette analyse, précise M. Coulibaly, il existe une différence entre le sable de carrière et le sable de rivière.

« Le sable de carrière est obtenu par le broyage des granulats (granites) dans les carrières (centrales) à l’aide d’un dispositif de machine et acheminé dans les villes par des camions bennes, tandis que le sable de rivière est un dépôt de faible masse qui, charrié par la rivière, s’enterre sur le fond et les berges du cours d’eau, se recouvre de limons, de terre végétale puis est récolté. Il est composé d’argile et l’argile facilite la mise en œuvre du béton sans en altérer la résistance. Mais cette argile est quasiment absente du sable concassé », a-t-expliqué. 

C’est pourquoi il est parvenu à la conclusion que du sable contenant de l’argile dans des proportions qui permettent de faciliter la mise en œuvre du béton tout en garantissant la résistance souhaitée est un sable naturel de qualité. En outre, s’appuyant sur les résultats des essais réalisés au Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics (LNBTP) sur le prélèvement des échantillons de sable, leur analyse et leur interprétation, il a affirmé que le sable provenant de Dakola présente des caractéristiques techniques plus satisfaisantes.

En sus, la meilleure période indiquée pour avoir un sable de qualité est « la sortie de la saison pluvieuse (septembre, octobre et novembre) », a-t-il déclaré, précisant qu’à ce moment-là, « l’eau de pluie a pu entraîner les grains de sable disloqués vers les lits des rivières en quantité et en qualité »

Avant de conclure son exposé scientifique, M. Coulibaly a fait des propositions pour des bâtiments et des ouvrages de qualité. Il s’agit de : faire respecter pendant l’exécution des travaux les CPT (Cahiers des prescriptions techniques) issus des études pour la réalisation des travaux ; employer des techniciens qualifiés (directeurs des travaux, contrôleur, chef d’équipe, maçonss, ferrailleurs…) pour l’exécution des travaux ; confier le contrôle, pendant la réalisation des travaux, à des contrôleurs et/ou des bureaux d’études chevronnés et rigoureux puis faire respecter le planning d’exécution lors du déroulement des travaux.

Par ailleurs, à ceux qui veulent construire, il conseille d’avoir le réflexe de se référer toujours au Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics (LNBTP) afin d’obtenir des résultats sur différents essais (sol, agrégats, fer, ciment, sable, béton…) qui leur permettront d’avoir un bâtiment très résistant, d’être à jour sur le plan administratif (authenticité des papiers de la parcelle, en règle vis-à-vis des impôts), de se procurer du matériel adéquat et adapté aux conditions du terrain (camion, bétonnière, vitrière)  et d’utiliser une main-d’œuvre qualifiée (ingénieurs et techniciens qualifiés et expérimentés).

Le travail de recherche du désormais ingénieur de conception en génie civil, qui a été hautement apprécié par le jury, a reçu la note de 17/20.

Flora Sanou

  1. Les Plus Récents
  2. Les Plus Populaires
  1. Articles vedettes