Pour permettre de mieux appréhender les actions menées sur le terrain dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le Commandement des opérations du théâtre national (COTN) a organisé une conférence de presse au Mess des officiers à Ouagadougou ce vendredi 3 juin 2022. Il s’est agi pour le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, commandant du COTN, de faire le point des incidents sécuritaires, des actions offensives, des opérations de ciblage des cibles à haute valeur ajoutée et de donner des éléments d’information sur l’assistance et la protection des population civiles.
Selon le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, cette conférence de presse est un exercice inhabituel mais indispensable pour gagner la bataille du champ de perception. Les deux semaines écoulées ont été marquées par des incidents au cours desquels il y a eu des victimes tant civiles que militaires. Les faits majeurs sont, entre autres, les représailles des terroristes contre les populations dans les zones de Gorgadji et de Madjoari. A en croire le commandant du COTN, les attaques contre les populations civiles s’expliquent par la montée en puissance des forces de défense et de sécurité. En réalité, c'est par dépit et en guise de représailles que les groupes armés terroristes s'en prennent aux innocentes populations.
« Nos FDS sont de plus en plus engagées dans les actions offensives contre les groupes armés terroristes (…). Même si la situation reste instable dans certaines zones, des avancées sont enregistrées dans plusieurs autres avec une reprise des activités et un processus de sécurisation que nous essayons de consolider. La priorité actuelle, c’est de maintenir la dynamique en cours afin d’acculer davantage les groupes terroristes, qui sont déjà en très grande difficulté dans certaines zones », a-t-il affirmé.
Sur le terrain, de nombreuses opérations aériennes et terrestres ont ainsi pu être menées avec des résultats plutôt satisfaisants, avec un focus sur la sécurisation de la route nationale numéro 3 dans le Centre-Nord, où les FDS ont neutralisé une vingtaine de terroristes. Depuis le 19 mai, l’armée mène des offensives dans la région du Nord. Résultat : la destruction de bases terroristes, la neutralisation d’une cinquantaine de terroristes et la récupération de matériel de divers types. 39 terroristes neutralisés, c’est le résultat obtenu dans la Boucle de Mouhoun depuis le 28 mai dernier.
S’agissant des opérations de ciblage des cibles à haute valeur ajoutée, c’est un important et discret travail qui consiste en l’interpellation des combattants, d’informateurs et de logisticiens de certains groupes armés terroristes dans plusieurs localités du Burkina Faso. Et ce travail se fait en étroite collaboration avec l’Agence nationale de renseignement (ANR), selon le lieutenant-colonel Bamouni. A ce propos justement, on note la récente neutralisation de deux importants chefs terroristes, en l’occurrence Tidiane Djibrilou Dicko et Dembo Mamoudou Sangaré.
En matière d’assistance et de protection des populations civiles, l’armée a sécurisé des convois de ravitaillement à destination des villes de Djibo, Pama et Titao et elle contribue à la sécurisation des examens de fin d’année. Elle a également apporté un appui au transport dans certaines localités.
Au cours de ce point de presse, le conférencier s’est prononcé sur les « détournements » de citernes de carburant par des individus. C’est, a-t-il affirmé, « une certaine forme d’incivisme qui favorise ce genre d’incidents. Toutefois, nous sommes engagés dans des opérations de recherches pendant que les enquêtes se mènent sur la nature criminelle ou non de ce type d’enlèvement. En rappel, nous avons réussi en février dernier à retrouver une des citernes disparue dans la zone de Gorom Gorom et à la neutraliser. Du reste, des mesures préventives sont en cours (…). Et c’est l’occasion pour moi d’inviter les transporteurs et surtout ceux œuvrant dans le domaine des matières sensibles à mieux coordonner avec les forces de défense et de sécurité pour ne pas se retrouver complices directs ou indirects du renforcement des capacités des groupes armés terroristes ».
Sur la question du massacre de Madjoari où les corps restent introuvables, le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni a dit s’en tenir au communiqué officiel. « Les opérations de ratissage n’ont pas permis de confirmer ce massacre dans la zone de Madjoari, mais nous poursuivons nos recherches pour pouvoir vous revenir avec des éléments plus précis », a-t-il répondu.
Barthélémy Paul Tindano