« Comment, en cette ère de changements profonds, faire en sorte que le secteur bancaire et financier reste solide et résilient ? » C’est autour de cette problématique que s’est tenue, ce mercredi 21 février 2024, dans les locaux de l'Agence principale à Ouagadougou, la 1re rencontre trimestrielle, au titre de l'année 2024, réunissant la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina (APBEF-B) de l'Union monétaire ouest-africaine. Objectif : examiner les enjeux et défis communs auxquels la profession bancaire est confrontée dans le contexte spécifique de chacun des Etats membres de l'Union.
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Cette rencontre périodique, instituée depuis 2014 et qui entre dans le cadre de l'interaction dynamique entre les deux structures, a été conjointement présidée par le Directeur national de la BCEAO pour le Burkina, Armand Badiel, et le président de l'APBEF-B, Diakarya Ouattara. Elle a enregistré la participation des Directeurs généraux des banques et établissements financiers ou de leurs représentants.
Selon le Directeur national de la BCEAO pour le Burkina, Armand Badiel, c'est une réunion qui a permis d'avoir une lecture croisée de la vision des directeurs généraux des banques et établissements financiers pour qu'ensemble, ils puissent construire une lecture commune de la situation et de ce qui peut être engagé pour accompagner le financement de l'économie.
Les échanges ont ainsi porté sur la situation actuelle de l'environnement économique et financier, les défis qui s’imposent et les perspectives qui se dégagent tant sur le plan macro-économique que sur celui du fonctionnement du secteur.
Il en ressort que l’année 2023 a été un test de résistance des banques face à une réduction sensible en 2022 de la liquidité due à l’envergure du volume des transferts sur l'extérieur pour le règlement de la facture d'importations et des engagements financiers des Etats, notamment au titre du paiement des échéances de la dette extérieure.
Fort heureusement, les liquidités supplémentaires offertes par la Banque centrale à ses guichets de refinancement en faveur du système bancaire ont permis d'atténuer les tensions aiguës de trésorerie et de desserrer les contraintes de financement de la campagne cotonnière qui se sont élevées à 3 011 milliards de FCFA en 2023, apprend-on.
Ainsi, l’ensemble des créances sur les secteurs public et privé s’élevait à 4 293,8 milliards de FCFA à fin décembre 2023, soit une hausse de 4,9% par rapport à la même période en 2022.
En particulier, les banques ont soutenu l'économie par un accroissement de 5,8% des crédits en faveur des ménages et des entreprises non financières nationales, en dépit d'une augmentation sensible du coût effectif des ressources des établissements bancaires.
Par ailleurs, on retient des échanges que l’économie mondiale a une probabilité d'enregistrer une croissance plus forte que prévu en 2024.
Au niveau de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l'activité économique continue de maintenir son dynamisme, avec un taux de croissance attendu de 6,5%.
Concernant le Burkina Faso, en dépit d'un contexte difficile, l'activité économique devrait croître d’environ 5,8%, preuve d'une résilience remarquable de ce pays aux chocs successifs subis ces dernières années.
Le secteur bancaire du Burkina se porte bien
Selon le Directeur national de la BCEAO du Burkina, « le secteur bancaire et financier montre une bonne résilience et il faut se satisfaire de cette solidité de notre système bancaire ».
Le président de l'APBEF-B, Diakarya Ouattara, pour sa part, a assuré que « le secteur bancaire se portait bien » en fin 2023, même si ce fut une année de chocs, de difficultés et d'enjeux.
« Les banques et établissements financiers de notre pays ont pu travailler et dégager des performances assez appréciables. Il y a une situation de résilience qui se dégage. Au titre du financement de l'économie, il y a eu une évolution d’ensemble, bien que le taux de croissance soit moindre que celui de 2022 », a-t-il ajouté.
A l’en croire, au titre des ressources, l’on peut estimer que malgré les difficultés de liquidité connues au cours de 2023, « les banques s’en sortent bien avec un niveau de dépôts assez acceptable, ce qui nous permet d’emboîter avec plus de sérénité l’exercice 2024 ».
S’agissant du retrait du Burkina de la CEDEAO, il déclare qu’il y a moins d’inquiétudes à se faire, car « l’essentiel de nos activités commerciales se déroule avec la plupart des pays de l’UEMOA qui sont nos voisins immédiats et qui nous donnent accès aux différents ports ». Et d’insister : « Pour l’instant, il n’y a pas de panique. C’est une situation apolitique que nous vivons et nous pensons qu’il est prévu des mécanismes de négociation avec les Etats qui ne sont pas de l’UEMOA, pour faire en sorte que le secteur privé n’ait pas trop d’impact avec cette décision ».
Perspectives pour l’exercice 2024 du secteur bancaire au Burkina
Les acteurs bancaires ont souligné que 2024 est une année qui commence avec beaucoup de défis dans notre pays et dans la sous-région.Le défi majeur auquel ils sont confrontés est la fragilité de l'environnement macro-économique dans lequel ils évoluent. La priorité en cette année est donc la préservation de la stabilité et des fondements d'une croissance durable et inclusive.
De plus, la disponibilité des ressources dans l'immédiat est une forte contrainte, ont-ils affirmé. Par conséquent, le mouvement de consolidation des institutions opérant dans le secteur bancaire pourrait être une tendance fondamentale permettant aux banques et établissements financiers de se conformer, dans les délais requis, aux nouvelles exigences imposées par le régulateur qu’est la BCEAO, en matière de capital social minimum, fixé à 20 milliards de FCFA depuis le 1er janvier 2024.
Par ailleurs, une attention accrue sera accordée à la transparence dans la tarification des services et au renforcement des mécanismes de protection des intérêts des déposants et des clients, car elle constitue un réel enjeu pour consolider la confiance des déposants dans le système bancaire.
Flora Sanou