Dans le cadre de l'édition 2021 du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), principal festival africain du 7e art, la sélection des films avait été dévoilée par le comité de sélection. Sur un total de 239 productions filmiques, 34 proviennent du Burkina, pays hôte du Festival. Avec le réalisateur Michel Zongo, qui s’est prêté à nos questions, nous évoquons cette sélection ainsi que les chances du Faso de remporter l’Etalon d’Or Yennenga et de faire bonne figure dans le classement final.
« Avoir 239 films sur plus de 1 000 est la preuve qu’il y a eu beaucoup de productions à travers l’Afrique, ce qui traduit le dynamisme des réalisateurs », a déclaré d’entrée de jeu Michel Zongo. A cette 27e cuvée de la biennale du cinéma africain, le Burkina Faso est bien représenté dans plusieurs sections avec 34 sélections au total. Pour le réalisateur Michel Zongo, ce chiffre n’est pas négligeable quand on sait les difficiles conditions des cinéastes, surtout qu’il n’y a aucun financement de l’Etat. « Ce n’est pas peu. Je suis d’ailleurs étonné qu’il y ait ce nombre de films. C’est la preuve que les gens se sont vraiment battus pour réaliser ces films », affirme-t-il. 17 films ont été retenus dans la section « Films fictions long métrage » avec seulement un film burkinabè en compétition. A en croire le jeune documentariste, il n’est guère question de quantité mais de qualité. Il ajoute : « C’est peut-être une stratégie, une organisation interne ou une vision du FESPACO » car, notons-le, aucun pays n’a plus d’un film dans cette section qui prime l’Etalon d’Or de Yennenga.« C’est une compétition, peut-être qu’il faut aller avec le film qui a beaucoup plus de chances », a-t-il ajouté. Même si à cette biennale de la culture plusieurs prix seront décernés, le cinéaste Michel Zongo déplore que le FESPACO soit rattaché uniquement à son prix. Selon lui, le cinéma, c’est beaucoup plus que cela ; c’est un art majeur, donc il faut aller au-delà du simple prix. « Après vous voyez qu’il n’y a que 3 prix (Ndlr : Or, Argent et Bronze). Il n’y a pas de prix pour tout le monde, les prix sont les célébrations de l’excellence mais ça ne veut pas dire que les autres films ne sont pas bon », fait remarquer le jeune réalisateur. « Il faudra voir le dynamisme des jeunes qui créent, il faudra voir l’occasion que les cinéastes offrent de voir des films. Des films qui ne sortiront pas forcément en salle, qui ne rencontreront pas leur public. C’est tout un ensemble qu’il faut apprécier », explique M. Zongo. Mieux, il pense que l’art, en particulier le cinéma, ne peut pas être vu dans ce créneau. C’est réducteur, appuie-t-il. « On doit célébrer nos cinéastes qui sont au FESPACO. Faire un film est déjà un trophée », martèle-t-il.
Michel Zongo n’a pas manqué de fustiger le fait que les cinéastes soient seulement mis en lumière lorsque le FESPACO approche. « Il m’a tout l’air que le cinéma n’existe vraiment qu’1 ou 2 mois avant le FESPACO », déclare l’homme de cinéma. Toujours selon lui, il faut faire exister le cinéma dans son ensemble avant le FESPACO. « Le FESPACO, c’est la grande fête du cinéma, certes, mais pendant les 2 ans aussi les gens font des choses, travaillent ; les films sortent, les gens tournent faire des films. Comment on fait pour que ce dynamisme soit porté pour les encourager et aussi pour trouver des solutions ? » c’est là la grande interrogation.
A cette biennale du cinéma africain, plus de 50 pays sont représentés. Selon le cinéaste Zongo, le FESPACO fait partie des évènements qui « vendent » le Burkina à travers le monde et font parler du Faso. Et pour lui, « c’est de la diplomatie culturelle », donc il faut parler du cinéma chaque année. L’autre constat, c’est que le public tend à se détourner des salles de cinéma. Pour remédier à cette situation, Michel Zongo propose qu’on « amène » le cinéma là où se trouvent les gens. « De nos jours, la ville, notamment le centre-ville, où se trouvent justement nos salles de ciné, est éloignée des gens. Je pense que s’il y avait des salles obscures dans les zones périphériques comme il y a des maquis, les gens les fréquenteraient », suggère-t-il. Le réalisateur a conclu en encourageant ses collègues cinéastes (aussi bien ceux dont les films ont été sélectionnés que ceux dont les productions n’ont pas été retenues cette fois) et a souhaité bonne chance aux premiers cités ainsi qu’une fête du cinéma réussie.
En rappel, la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se tiendra du 16 au 23 octobre 2021 dans la capitale burkinabè sur le thème « Cinéma d’Afrique et de la diaspora, nouveaux talents, nouveaux défis ». Cette année, c’est le Sénégal qui est le pays invité d’honneur.
Sié Mathias Kam