En marge de la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), une table ronde sur la circulation des films documentaires en Afrique s’est tenue le mercredi 20 octobre. Les échanges entre réalisateurs, producteurs et diffuseurs ont porté sur les mécanismes de diffusion des réalisations africaines sur les chaînes de télévision africaines. Radars Info Burkina s’est entretenu avec le réalisateur Michel Zongo.
Le continent africain est un vaste marché de consommation. Il est inondé de produits provenant des autres continents. A l’occasion du FESPACO, vitrine du cinéma africain, le débat sur la consommation des films documentaires africains a été posé. Selon Michel Zongo, la problématique, c’est de trouver les voies et moyens pour que les films documentaires africains aient une place de choix chez les diffuseurs au niveau africain. A l’en croire, c’est plus un problème de responsabilité que de financement. Toujours selon le réalisateur, nous (ndlr les Africains) devons comprendre qu’on est dans un monde d’images. « Chaque continent doit se battre pour ses images, c’est ce que nos dirigeants doivent comprendre, et pas que puisqu’il y a des télés privées qui ne privilégient pas une audience du réel dans leur chaîne et préfèrent montrer des séries étrangères. Mais il faut que les Africains se regardent », a-t-il affirmé. A l’ère du numérique, ce n’est ni plus ni moins qu’un combat par l’image qui qu’il est donné de voir et l’Afrique ne saurait rester en marge de cette révolution. « On bascule dans le monde de l’image. Nos esprits et nos cerveaux sont préparés aux visuels. On regarde les choses et on les mémorise. C’est cela, l’éducation aujourd’hui. On parle de l’éducation à l’image, il faut que les Africains commencent à s’approprier leur imaginaire, à envahir leur environnement d’images venant de leur continent, venant de leur pays et de leur environnement », a martelé le réalisateur Michel Zongo.
Outre les débats, des stratégies ont été apportées et, selon notre interlocuteur, l’objectif est de trouver des financements pour la réalisation du cinéma documentaire, trouver des stratégies pour la circulation des films documentaires, et aussi appelé les diffuseurs à s’intéresser à ses séries documentaires. A cet effet, il invite les diffuseurs nationaux à se départir de la thèse de gratuité dont ils font montre pour diffuser des séries étrangères. « Ce n’est pas qu’une question de financement mais c’est une question de produit qui est là et un diffuseur veut le diffuser. Est-ce qu’un diffuseur s’approche d’un réalisateur pour acheter son projet ? Non. Même pour acheter gratuit il n’en veut pas, il pense qu’il fait de la publicité gratuite. C’est cela le problème, quand vous partez avec votre film pour le donner à une télé, qu’est-ce qu’ils répondent : vous allez payer pour qu’on diffuse », a-t-il déploré.
En rappel, cette table ronde modérée par Claire Diao entre dans le cadre du Fespaco Doc Days. La clôture est intervenue le mercredi 21 octobre par une Master Class du cinéaste Ousmane William Mbaye.
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Sié Mathias Kam