30 et 31 octobre 2014 - 30 et 31 octobre 2023, voilà exactement 9 ans que le désormais ex-président du Faso Blaise Compaoré a été contraint de libérer le fauteuil présidentiel, après 27 ans de présidence, suite à un mouvement insurrectionnel. Retour sur les faits ayant conduit à sa chute.
Tout commence le 12 décembre 2013. Blaise Compaoré, après avoir été réélu le 21 novembre 2010 pour un second et dernier mandat présidentiel, évoque l'idée d'un référendum pour modifier l’article 37 de la Constitution qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels, et cela, afin de pouvoir être candidat à sa propre succession en 2015.
Des voix s’élèvent alors pour dénoncer ce qu’elles qualifient de « forfaiture ». Le 28 octobre 2014, des centaines de milliers de Burkinabè prennent d’assaut les rues pour protester contre le projet de révision de la Constitution qui aurait permis le maintien au pouvoir du président Compaoré. Des affrontements opposent les frondeurs aux forces de l'ordre.
Le 30 octobre 2014, la pression commence à monter dans la capitale burkinabè et d’autres villes du pays. L'Assemblée nationale est incendiée et la télévision nationale du Burkina (la RTB) est prise d'assaut, ce qui oblige le gouvernement d’alors à annuler le vote de la révision constitutionnelle.
Le 31 octobre 2014, les événements s’accélèrent. Les populations des différentes villes du Burkina descendent massivement dans les rues pour dire « non à la modification de l’article 37 ». Ainsi, dans la nuit du 31 octobre 2014, Blaise Compaoré s’adresse en ces termes à la nation pour annoncer la fin de son pouvoir :
« Peuple du Burkina Faso, au regard de la situation sociopolitique fortement dégradée et caractérisée par la persistance des troubles à l’ordre public, les pillages des biens publics et privés, les menaces de division de notre Armée nationale et dans le souci de préserver les acquis démocratiques ainsi que la paix sociale dans notre pays, j’ai décidé de mettre en œuvre l’article 43 de notre Constitution. Je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place immédiate d’une transition devant aboutir à des élections libres et transparentes dans le délai légal maximal de 90 jours. J’appelle l’ensemble des citoyens au calme, les acteurs politiques et la société civile à plus de responsabilité pour l’arrêt des troubles qui ne peuvent que retarder notre marche vers le développement. Pour ma part, je pense avoir accompli mon devoir en ayant pour seul souci l’intérêt supérieur de la nation. »
Après cette démission officielle du désormais ex-président Compaoré après 27 années de présidence, ce dernier s’exile en république de Côte d’Ivoire. Il y vit d’ailleurs à ce jour.
Bien qu'il ait été condamné par contumace à la perpétuité pour sa participation à l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987, Blaise Compaoré revient le 7 juillet 2023 au Burkina Faso, après 8 ans d’exil, pour prendre part à un sommet d’anciens chefs d’Etat initié par le président d’alors, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dans le cadre de la réconciliation nationale.
Le 26 juillet 2023, une délégation venue de Côte d’Ivoire, dont faisait partie Djamila Compaoré, la fille de l’ancien président, transmet une missive adressée à l’alors chef de l’Etat, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, dans laquelle l’ex-président Blaise Compaoré demande pardon aux Burkinabè et en particulier à la famille Sankara.
« Je demande pardon au peuple burkinabè pour tous les actes que j’ai pu commettre pendant mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noël Sankara. J’assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les familles durant mes mandats à la tête du pays et [leur] demande de m’accorder leur pardon », indique le courrier de l’ex-président Blaise Compaoré, lu par le porte-parole du gouvernement d'alors, Lionel Bilgo, en présence de l’intéressé.
www.radarsburkina.net