jeudi 21 novembre 2024

FESPACO 2021 : « Je pense qu'au sortir de ce FESPACO, on va encore  avoir beaucoup de force pour aller de l'avant »,  Dr Jacob Yarabatoula, enseignant chercheur à l'université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou

intvw uneL’interview ci-dessous a été accordée par Richard Tiéné, correspondant de la Deutsch Welle au Burkina, au Dr Jacob Yarabatoula, enseignant chercheur à l'université Joseph Ki-Zerbo, à la faveur de la 21e édition de la fête du cinéma africain.

Richard Tiené : Le Burkina, malgré tout, arrive à organiser le FESPACO. Alors,  comment expliquez-vous ce que d'aucuns qualifiaient de miracle, c’est-à-dire le fait d'arriver à organiser cet événement dans un contexte sanitaire et sécuritaire très délicat ?

Jacob Yarabatoula : D'abord il faut saluer la tenue effective de ce festival, car le contexte sécuritaire et le contexte sanitaire n'étaient pas favorables à un tel événement d'envergure internationale. Voir des hommes et des femmes quitter leurs pays, faire confiance au Burkina Faso en foulant le sol du Faso,  c'est vraiment un signe de courage et de résilience.  Cela encourage aussi le peuple burkinabè à ne pas reculer face à cette adversité. Maintenant comment est-ce-qu'on peut expliquer tout ce qui nous arrive avec tout ce que se nous faisons? Je pense qu’il faut comprendre ce qui nous arrive comme étant inscrit justement  dans la durée et qu'il faut  continuer de vivre, continuer d'exister,  continuer de faire des choses. Je pense qu'au sortir de ce FESPACO, on va encore  avoir beaucoup de force pour aller de l'avant. Ce qu'il faut dire également, c'est que pendant que nous sommes là, il y a des familles qui sont meurtries, qui font le deuil de la disparition des leurs. Et ça c'est aussi le paradoxe. Au moment même où nous fêtons le cinéma et où nous  célébrons le succès de ce festival, il y a aussi des problèmes à l'intérieur de notre pays. Ouagadougou peut être bien sécurisée, mais il faut faire en sorte que cette sécurité vaille sur l'ensemble du territoire national.

intvw 2Richard Tiené : On vous voit à quelques mètres de stands du chapiteau du MICA,  alors qu'est-ce vous pensez du MICA aujourd'hui ?

Jacob Yarabatoula : Moi, je pense que le marché de l'industrie du cinéma est une belle vision, encore pour cette édition je pense que c'est l'engouement qui fait peut-être défaut. Mais peut-être qu’au soir justement de ce MICA, on pourra tirer des leçons sur combien de films on a eu à vendre, combien d'acheteurs ont pris des films burkinabè ou africains, combien de producteurs se sont intéressés. Mais je pense aussi que c'est peut-être  la restriction à l'entrée du site du FESPACO qui pose problème. Parce qu'il faut avoir un badge pour avoir accès. Alors que tout le monde n'a pas de badge. Mais on me dira que tout le monde n'est pas acheteur. Si on pouvait ouvrir l'espace à tout le monde, cela permettrait des interactions utiles. Il y a aussi la dimension préparation, organisation  des acteurs de ce MICA ; je pense qu'il y a eu de l'hésitation par rapport à la tenue, donc ça se sent un peu  dans l'offre, ça se sent aussi dans la façon de faire des acteurs à l'intérieur de ce marché. Certains semblent ne pas être totalement prêts, semblent ne pas avoir beaucoup de choses à donner avec la manière et les outils qui vont avec, le minimum de paperasse, le minimum de supports, etc. Je pense que tout cela est lié un peu  à l'hésitation  de départ et pourrait expliquer un peu le caractère relatif de la participation, de l'engouement que nous pouvons constater.

Tiené : Quand vous venez au MICA, c’est pour quoi exactement ? En d’autres termes, qu'est-ce qu'un chercheur vient chercher au MICA ?

Jacob Yarabatoula : Moi, je viens voir comment s'organisent  les producteurs, les vendeurs et quelles sont les faiblesses de la démarche des acteurs. Il y a des métiers qui sont organisés, mais si quelqu'un a plusieurs métiers à la fois, je pense que la chaîne de valeur peut avoir un problème. Par exemple, si quelqu'un est à la fois réalisateur, producteur et distributeur, cela pose problème.  Quand on vient au MICA, on voit l'organisation des filières, ce qui nous permet de comprendre un peu comment le marché, l'économie du cinéma s'organise. En venant ici en tant que chercheur, je mets en lien toutes ces structures qui sont dans la chaîne de production du film avec la recherche. Souvent on cherche à savoir qui est producteur ici, qui est distributeur au Burkina, qui distribue les films du Burkina. On cherche mais on ne trouve pas. Après ça on voit qu'il y a une sorte de concentration justement des métiers entre les mains d'une seule personne,  d'une seule structure pour éviter de  dépenser trop d'argent. Alors que nous pensons que plus on s'organise, plus on spécialise les acteurs et  mieux on a des services de qualité.

Richard Tiené : Merci pour cet entretien accordé à la DW.

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