Beaucoup de terres agricoles au Sahel sont affectées par la désertification. Cette dégradation des sols impacte grandement les rendements agricoles. Pour faire face à cette situation, des techniques culturales sont développées. C’est le cas de la culture en demi-lunes. Pour connaître davantage cette pratique agricole, Radars Info Burkina a pris langue avec Seydou Eric Ouédraogo, producteur semencier-maraîcher et animateur-formateur à la confédération paysanne du Faso.
« La demi-lune est une pratique qui ressemble au zaï mais dans le but de récupérer les terres fortement dégradées. Elle ne pas être réalisée dans les bas-fonds et sur des terrains sablonneux. Là où il y a beaucoup de passage d’eau, sa réalisation pose des difficultés. Il faut l’associer avec des ouvrages antiérosifs comme les diguettes ou les cordons pierreux pour renfoncer son existence. La demi-lune est faite pour équilibrer la circulation de l’eau et permettre de garder l’eau pour l’infiltration afin de renforcer l’humidité du sol. Généralement les sols inclinés n’ont plus d’éléments nutritifs. Donc il faut faire la demi-lune pour apporter les éléments de la terre arable. D’abord on creuse des trous et on barre l’eau pour homogénéiser la circulation de l’eau. Par la suite, on met du compost dans le trou. On sème dans les parties creusées et les autres parties bloquent l’eau », a expliqué le producteur semencier-maraîcher.
« Un appareil qui a été fabriqué par la recherche détermine le rond et on le découpe en deux. On utilise également une corde pour que les trous soient vraiment alignés et pour qu’on puisse respecter le système. Quand l’eau circule dans le champ de demi-lunes, elle est très homogène », a ajouté Seydou Eric Ouédraogo.
A l’en croire, le travail est pénible. « C’est une pratique culturale qui requiert un effort soutenu parce qu’il faut creuser les parties à semer. Elle est plus difficile que le zaï. Il faut préparer le terrain, creuser et avoir du compost pour le verser dans les trous avant l’hivernage », a précisé M. Ouédraogo.
Selon lui, au bout de trois ans on peut récupérer la terre dégradée. « En plus, elle donne un bon rendement. Le rendement à l’hectare est vraiment satisfaisant. On entretient moyennement et on récolte bien», a poursuivi l’animateur-formateur à la confédération paysanne du Faso.
« Cette pratique est à accompagner avec d’autres ouvrages comme les diguettes et les digues filtrantes pour aider à mobiliser l’eau. C’est une bonne pratique agricole que nous conseillons aux producteurs qui ont des terres dégradées parce qu’il est difficile de trouver de nouveaux terrains à défricher, surtout dans la région du Nord », a conclu le producteur.
Aly Tinto