Le comité exécutif de la Fédération burkinabè de football (FBF), après avoir fait le bilan de la participation des Etalons à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) Côte d'Ivoire 2023, a décidé de ne pas renouveler le contrat du sélectionneur national Hubert Velud et ainsi que ceux de l'ensemble de l'encadrement technique. Des journalistes sportifs burkinabè analysent cette décision de la fédération.
La FBF ne pouvait que se séparer de lui sous peine de se faire elle-même détester
Pour Adama Salembéré, Hubert Velud avait bien commencé avec les Etalons et les choses se sont bien poursuivies jusqu'aux deux derniers matchs des éliminatoires de la CAN et les matchs amicaux de préparation. « Jusque-là, il respectait son contrat qui était de qualifier l'équipe pour la CAN », souligne-t-il. Cependant, il estime qu’à partir des « contre-performances, Velud a été "détesté" par les amoureux du football burkinabè. Pire, il a promis réaliser une performance qu'aucun entraîneur des Etalons n'avait jamais réalisé auparavant avec l'équipe. Il va à la CAN et se fait éliminer aux 8es de finale, aggravant sa posture déjà dégradée par l'opinion ». Donc, « la FBF ne pouvait que se séparer de lui sous peine de se faire elle-même détester », à l’en croire.
Antoine Bationo, lui, indique c’est une suite logique des résultats des Etalons à la CAN. A son avis, il fallait s’attendre à ce non-renouvellement, puisque les objectifs de la fédération, pour ce que l’on sait, « en recrutant Hubert Velud, étaient de faire mieux qu’au Cameroun où le Burkina a terminé 4e. L’objectif était de dépasser cette étape : 3e ou 2e ou même vainqueur de la CAN ». Mais les résultats engrangés par le coach sont la preuve qu’il y a échec, donc la décision est normale. « Lorsque vous êtes entraîneur, que vous acceptez de relever un défi et mais que vous n’y arrivez pas, la logique voudrait que vous vous sépariez. D’une manière ou d’une autre, il fallait s’y attendre », affirme Antoine Bationo.
Le président et le comité exécutif de la FBF devraient même rendre le tablier
Issiaka Diallo, quant à lui, déclare que le « le comité exécutif de même que le président de la FBF devraient rendre le tablier pour insuffisance de résultats comme a voulu le faire Samuel Eto'o de la FECAFOOT. Si la demande de démission de ce dernier a été rejetée, ce ne sera pas le cas au Burkina ».
Concernant le cas du coach et de son staff, il pense que la décision a tardé « parce que ça devait être après le match face à l'Angola que Velud devait partir ».
L'expertise nationale, l’idéal pour conduire les Etalons ?
Selon Adama Salembéré, ce n'est pas une question d'expertise nationale. « Les Etalons ont plutôt besoin d'un bon coach capable de remporter une CAN parce que l’équipe a un statut à défendre. Elle a fait que le Burkina Faso s'est inséré dans le concert des nations de football. Donc on ne peut maintenant que trouver un entraîneur qui a du charisme pour aller chercher le trophée continental », soutient-il.
Issiaka Diallo, de son côté, pense qu’il faut désormais « un entraîneur local ou expatrié, indépendant dans son travail avec son staff. Et au cas où ce serait un entraîneur local, qu'il soit traité comme un expatrié sur le plan salarial avant de lui fixer des objectifs clairs ».
Sa conviction est qu’il faut bannir « la politique de notre football, sinon nous continuerons de changer les coachs mais rien ne changera dans les matchs. En plus, il sied de relever le niveau du championnat et de faire appel aux joueurs, à l’image de l'Afrique du Sud où il y avait même près de 8 joueurs qui venaient d'une même équipe locale ».
Antoine Bationo, pour sa part, souhaite bien voir un entraîneur national à la tête des Etalons mais « il faut se fixer des objectifs clairs à court, moyen et long terme ; savoir ce qu’on veut par rapport à la qualité des joueurs que nous avons ; faire comprendre qu’avec ce que nous possédons, nous nous battrons pour être parmi les meilleurs mais nous ne promettons pas forcément le trophée ».
A son avis, il faut faire attention aux pièges, car ça « peut marcher dans l’immédiat tout comme ça peut prendre du temps ».
De ce fait, « il ne faut pas griller cette expertise en se disant qu’avec lui le Burkina remportera la prochaine CAN parce qu’il faut d’abord se qualifier. Il ne faut pas dire qu’on peut se qualifier forcément. Cela ne signifie rien ; la RD Congo qui est en demi-finale cette année n’a pas joué la CAN précédente et elle est bien meilleure que le Burkina à cette CAN. Dans une équipe, il y a des ambitions. Tout le monde veut gagner mais cela ne signifie pas qu’on doit gagner parce qu’on est souvent limité par plusieurs facteurs. Mais si l’encadrement technique et les dirigeants sont en phase, les choses peuvent bien se passer », a-t-il argumenté.
Cependant, il ne faut pas que l’expertise nationale soit un choix obligatoire si les conditions ne sont pas réunies, a-t-il nuancé.
Flora Sanou