Le comité d'organisation de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) a dévoilé ce mardi 3 décembre 2024, le visuel officiel de la biennale prévue du 22 février au 1er mars 2025.
Selon le décryptage fait par le graphiste, le visuel, met en valeur l’Afrique mère de l’humanité. À travers le visuel, le rôle central de la femme dans le monde et surtout dans les sociétés africaines est mis en exergue.
Le concepteur fait également un gros plan sur l’histoire des peuples africains en tenant compte des diversités culturelles, matérialisées par des motifs de tissu, de différents pays africains.
Retrouvez ci-dessous son décryptage
« Une femme regarde droit dans l'objectif de la caméra, son regard à la fois serein et déterminé, fier et dénué de complexe. Inconnue, nommons-la « Je suis Afrique », mère de l'humanité. Dessinée pour ne se figer sur aucun visage particulier, elle incarne la diversité du continent : « Je suis Afrique », c'est tout le monde et personne à la fois. L'Afrique, c'est nous, en un pluriel infini.
La figure de « Je suis Afrique » est une opportunité pour mettre en avant le rôle central de la femme dans le monde et surtout dans les sociétés africaines. On peut évoquer les femmes cinéastes, productrices et actrices qui contribuent à faire rayonner les cinémas d’Afrique.
Je suis Afrique » semble se cacher derrière les lettres du mot FESPACO, tout en nous observant. Son visage, partiellement dissimulé, invite notre imagination à combler les vides, à construire et à déconstruire une image complète. Le cinéma, c'est un peu cela : un jeu entre le visible et l'invisible. Un film nous dévoile une partie d'une histoire, nous laissant imaginer le reste, tel une fenêtre ouverte sur d'infinies réalités.
Son visage est un kaléidoscope de motifs tissés, un hommage aux richesses culturelles du continent. Pour cette 29ème édition, le FESPACO célèbre ces identités plurielles qui s'expriment à travers le cinéma, mais aussi à travers la musique, la danse, le théâtre et la mode.
Chaque tissu raconte une histoire, chaque motif nous transporte dans une région spécifique : le Bogolan malien, le Kenté ghanéen, le Faso Danfani, le Koko Dunda burkinabè ou les boucles d’oreilles à motif masaï ou zoulou, témoignent de la vitalité et de la diversité de nos cultures. Chaque tissu africain, chaque motif, chaque couleur porte en lui une symbolique profonde, liée à l'histoire des peuples. »
Le producteur-réalisateur scénariste burkinabè Oumar Dagnon s’est adjugé le prix du public et une mention spéciale du jury, à la 12e édition du Festival International du film des Lacs et Lagunes en Côte d'Ivoire avec son film long métrage : « Djugu, le mal de l'ombre », le samedi 23 novembre 2024. Il dédie le trophée aux forces de défense et de sécurité (#FDS) qui se battent jour et nuit pour le retour de la paix dans notre pays et aux populations burkinabè qui font preuve de résilience dans ce contexte difficile. Le réalisateur annonce l’avènement d’un nouveau film pour le grand bonheur du public. Il donne plus de détails dans cette interview accordée à Radars Info Burkina.
Radars Info Burkina : Dans ce contexte sécuritaire que notre pays traverse, que représente cette distinction pour vous ?
Oumar Dagnon : Pour nous cette distinction, c’est une victoire d’étape. Le film avait déjà commencé à avoir les lauriers ici au Burkina notamment le prix de la meilleure interprétation masculine et le prix de la meilleure interprétation féminine burkinabè au Sotigui Awards 2024. Une semaine après, nous remportons le prix du public au FESTILAG et la mention spéciale du jury. Quand nous avons reçu ce prix à Abidjan, nous l’avons dédié à toutes nos forces de défense et de sécurité, à toute la population burkinabè résiliente, qui traverse actuellement une situation un peu compliquée. Dans la salle, plusieurs personnes étaient émues de voir qu’on dédiait ce trophée à nos compatriotes Burkinabè. C’est avec beaucoup d’émotion, beaucoup de plaisir et on se dit que ça ne fait que commencer, le meilleur reste à venir et on reste confiant pour la suite.
Radars Info Burkina : Sur quelle base avez-vous reçu la mention spéciale du Jury ?
Oumar Dagnon : Pour la mention spéciale du jury, le grand prix se jouait entre le film « Djugu, le mal de l'ombre », et un film centrafricain, donc ce n’était pas évident. C’était vraiment coincé jusqu’à la dernière minute et ça n’a pas été simple pour le jury pour se décider. Par fini, le grand prix a été attribué au film centrafricain et le jury nous a fait une mention spéciale pour dire reconnaître toute la qualité et la valeur du film. Donc on est passé à un doigt du grand prix. Mais ça ne va pas nous empêcher d’avancer. Nous devons toujours continuer à travailler parce que les festivals se suivent et ne ressemblent pas. Chaque festival a sa ligne éditoriale, les membres du jury n’ont pas forcément les mêmes regards dans les différents festivals. Le travail a été reconnu à sa juste valeur par le jury et c’est ça le plus important. La mention spéciale, c’est aussi une distinction.
Radars Info Burkina : Un film burkinabè qui remporte le prix du public en Côte d’Ivoire, comment percevez-vous cela ? Qu’est-ce qui a pu impacter le public ?
Oumar Dagnon : Pour le prix du public, déjà, il faut reconnaître que notre film avait été projeté comme film d’ouverture et il a tenu en haleine tous ceux qui étaient et qui sont jusqu’au bout. Ils ont vraiment apprécié le film, tout le monde en parlait. Avec cette tendance, même si on n’avait pas encore vu les autres films, on savait qu’on n’allait pas revenir bredouille. Le public a tranché et c’est « Djugu, le mal de l’ombre » qui a remporté le prix.
Remporter ce prix à Abidjan, il faut juste retenir qu’il n’y a que les frontières qui nous séparent. On a presque la même histoire. Le peuple du Burkina et celui de la Côte d’Ivoire, c’est la même famille. Aussi, le sujet traité dans ce film est universel. C’est un sujet qui parle de la jalousie en amitié et tout ce qui va avec. On en trouve partout. C’est vrai que dans le film, il y a un peu de dioula, du mooré, mais c’est sous-titré en français et le reste, c’est en français. Donc le public arrive à comprendre les émotions. Les gens ont suivi jusqu’au bout, ils sont restés scotcher à l’histoire jusqu’au bout et le film les a emportés et je pense que c’est ce qui nous a permis de remporter ce prix. Pour nous, le cinéma est universel, l’art est universel et l’art doit pouvoir s’exprimer partout où nous allons. Il n’y avait pas de barrière. Les Ivoiriens n’ont même pas vu ce film comme un film burkinabè. C’était juste un film qu’ils regardaient, qu’ils comprenaient et qu’ils aimaient.
Radars Info Burkina : Que peut-on retenir du synopsis du film « Djugu, le mal de l'ombre » ?
Oumar Dagnon : Ce sont deux amies avec une rivalité secrète de la part de Wendy parce que Noura n’a pas d’arrière-pensée. Wendy a des secrets dans l’ombre. Sa jalousie va se manifester quand Noura voudra se marier, elle sera à la base de l’assassinat du futur mari de Noura. Par la suite, Noura va quitter la ville de Bobo pour venir résider chez Wendy dans l’espoir d’avoir un nouveau départ. Après, elle tombe sur un homme très riche, aisé, élégant, ce qui ne plaît pas à Wendy. Ainsi, cette dernière veut tout faire pour séparer Noura de ce monsieur qui s’appelle Abdal dans le film. Elle va procéder par tous les moyens : le mysticisme, les envoutements, mais ça ne marchera pas. Donc la solution ultime à la dernière minute, c’était de liquider Noura qui est considérée comme sa meilleure amie, voire sa sœur. Cette tentative va échouer, ce qui va entraîner la chute de Wendy. À la fin, on la retrouvera dans l’asile de fous. Le résumé du synopsis, c’est jalousie-trahison-mysticisme. Cela démontre la somme réalité derrière une amitié en apparence parfaite. Ça interpelle les uns et les autres aujourd’hui de faire attention parce que notre ennemi n’est jamais loin, ça peut être la personne qui est avec nous tout le temps.
Radars Info Burkina : Il est annoncé la sortie d’un nouveau produit de votre industrie dans les prochains jours. Pouvez-vous nous en parler ? À quoi le public doit s’attendre ?
Oumar Dagnon : À partir du 1er décembre prochain, nous avons un film qui sort avec pour titre « Angèle », une coproduction entre wati-film et Abena production. « Angèle », c’est l’histoire d’une fille qui va quitter le village pour la ville dans l’espoir d’avoir une vie meilleure, mais qui sera confrontée aux dures réalités de la vie. Pourra-t-elle s’en sortir ou non ? Pourra-t-elle faire face à toutes les situations qu’elle rencontrera en ville. C’est la question à résoudre en venant voir le film. Vous serez plongé dans l’histoire d’Angèle, une jeune fille, qui face aux défis de la vie urbaine, se bat avec courage et résilience. C’est une œuvre émouvante qui a été écrite par Fati Ouédraogo, réalisée par moi-même. On invite le public à venir, je pense qu’il va beaucoup aimer. L’avant-première aura lieu le 1er décembre 2024 à 15h suivie de la programmation normale du 2 au 8 décembre 2024, aux séances de 18h30, 20h30 et 22h30.
Le rappeur burkinabè Prins mic a mis sur le marché de la musique un nouvel album, Catharsis, composé de 14 titres. Dans cet album, il aborde des faits de la société.
Composé de 14 titres, Catharsis est le deuxième album de l’artiste Prins mic présenté au public ce 08 octobre 2022. Le rappeur burkinabè du nom de Rodrigue Bonkoungou à l’état civil y aborde, entre autres, le vivre-ensemble, la fraternité, l’amour et le développement de l’Afrique.
Pour Prins mic, Catharsis se présente comme un remède à ces maux existentiels. « J’ai choisi Catharsis parce que j’estime qu’on a une société qui a besoin de communier autour de cadres. Cela permettra à chacun de s’exprimer », car pour lui, « beaucoup de personnes sont ballonnées et n’arrivent pas à évacuer leur émotions ».
Prins mic dit avoir exprimé ses émotions et ses états d’âme dans l’album Catharsis. Certains titres de l’album ont été faits en featuring avec beaucoup d’autres artistes et Prins mic révèle qu’il est plus agréable d’être accompagné que de toujours faire tout seul.
Le premier album de Prins mic, intitulé « Littérapture », a été lancé en 2018.
Les Sotigui Awards sont à leur 7e édition, qui se tiendra du 9 au 12 novembre 2022 à Ouagadougou. Un rendez-vous cinématographique voulu par les acteurs du milieu qui ont su relever le défi d’année en année. Pour en savoir plus sur l’édition 2022, Radars Info Burkina est allé à la rencontre du président de l’académie des Sotigui, Kevin Moné. Il nous a révélé les activités de cette édition, les artistes burkinabè qui y sont nominés, les innovations majeures ainsi que le choix du pays des Noirs affranchis de l’esclavage comme invité d’honneur. Interview
Comment est née l’idée des Sotigui Awards ?
Les Sotigui sont nés de la simple volonté de vouloir faire justice, longtemps nos acteurs comédiens n’étaient pas mis en valeur, pourtant ce sont eux l’ossature du film, ce sont eux qui portent le film, ils sont l’âme du film. Les Sotigui sont à leur 7e édition cette année, qui se tiendra du 9 au 12 novembre 2022 à Ouagadougou.
Quels sont les objectifs qu’ils visent ?
Le but de l’Académie des Sotigui est de contribuer à la reconnaissance et à la valorisation du métier d’acteur comédien des cinémas d’Afrique et cela, en partenariat avec le FESPACO.
L’édition 2022 est la 7e du genre. Quelles sont les activités prévues à cette édition ?
La 7e édition prévoie plusieurs activités : des projections de films les 9 et 10 novembre 2022 dans la salle de cinéma de l’Institut français à partir de 16h ; une conférence sur le thème «Promotion et valorisation des acteurs comédiens du cinéma africain et de la diaspora face aux défis du digital », suivie de deux panels les 9, 10 et 11 novembre 2022, toujours à l’Institut français. Le panel 1 va porter sur « Statut des acteurs comédiens de cinéma : état des lieux » ; le deuxième panel sera : « Avec le digital, comment promouvoir les acteurs comédiens de cinéma africains et de la diaspora ? » et le panel 3 portera sur : « Quelles stratégies de valorisation des acteurs comédiens de cinéma africains et de la diaspora pour les acteurs comédiens de cinéma africains et de la diaspora ? » A ces activités s’ajouteront des séances théoriques et pratiques de formation en jeu d’acteur, toujours à l’Institut français ainsi que la cérémonie du 12 novembre 2022 dans la salle de cinéma de Canal Olympia Yennenga Ouaga 2000 qui récompensera les meilleurs acteurs (comédiens de cinéma africain et de la diaspora), rendra des hommages à titre posthume mais aussi aux vivants et décernera des trophées d’honneur.
Quelles sont les innovations majeures ou la particularité de la présente édition ?
S’agissant des innovations, on peut citer le développement et l’opérationnalisation de la plateforme Mov’Up qui permettra de présenter de manière professionnelle les acteurs, la mise à contribution des maisons de production dans le but de faciliter la participation de leurs nominés ainsi que l’organisation de la soirée VIP qui se veut non seulement un espace de réseautage entre les professionnels du cinéma et des autres domaines de l’audiovisuel mais aussi un moment d’échanges avec les partenaires techniques et financiers. Par ailleurs, cette édition sera encore marquée par le concept hashtag « Habillons-nous africains ». Nous allons, à cette occasion, mettre en valeur la culture africaine sous toutes ses formes ; nous mettrons en avant l’authenticité africaine. L’Afrique a tellement de choses à dévoiler au monde ! Nous recommandons donc à tous les participants aux différentes activités de « s’habiller africain » lors des Sotigui 2022.
Qui sont les acteurs burkinabè nominés pour cette 7e édition ?
Pour le Sotigui de la Meilleure interprétation masculine burkinabè, nous avons Wendkoni Ives Mikael Zombré, Issa Ouédraogo et Dramane Ouédraogo. Pour le Sotigui de la Meilleure interprétation féminine burkinabè, on a Azaratou Bancé, Nadège Ouédraogo et Minata Diené. Au niveau régional, nous avons le Sotigui du Meilleur acteur de l’Afrique de l’Ouest avec Wabinle Nabié ; et au niveau du Sotigui du Meilleur espoir africain série TV, nous avons Taleb Kant
Parlez-nous du pays invité d’honneur et des différents prix qui sont prévus.
Le pays invité d’honneur est la Guadeloupe. Pour nous, c’est historique : réconcilier nos frères, nos aïeuls qui sont partir à cause de l’esclavage et qui reviennent sur le continent, au Burkina, c’est un « back to the roots », un retour aux sources. C’est toute la symbolique. Cela est un devoir de mémoire collectif. Ce sont aussi des échanges de coproduction, de renforcement de capacités entre la Guadeloupe et le Burkina ; au-delà du Burkina, le continent.
Pour ce qui concerne les prix, 16 seront remis (catégories longs métrages et séries TV). Nous avons 42 acteurs-comédiens de diverses nationalités qui sont en course cette année. Parmi ces 42, figurent 8 acteurs-comédiens burkinabè.
Quelle est la différence entre le FESPACO qui est aussi un rendez-vous cinématographique et les Sotigui Awards ?
Le FESPACO et les Sotigui sont complémentaires. Le FESPACO est un festival d’auteurs, les Sotigui célèbrent la performance des acteurs et actrices du cinéma africain et de la diaspora. Les Sotigui viennent confirmer la place de choix qu’occupe Ouagadougou, capitale du cinéma. Les Sotigui se tiennent depuis 6 ans en partenariat avec le FESPACO.
Quelles sont les difficultés rencontrées dans l’organisation de la présente édition ?
Comme dans toute œuvre il y a toujours des difficultés qui sont généralement d’ordre financier mais on ne baisse pas les bras au nom du Burkina qui vibre chaque année dans toute l’Afrique et la diaspora à travers les Sotigui Awards.
Y a-t-il un engouement des Burkinabè pour les Sotigui ?
Oui, chaque année nous avons le soutien indéfectible des Burkinabè, la preuve chaque année nous refusons du monde. Aujourd’hui, les Sotigui sont un évènement majeur au Burkina.
Votre mot de la fin ?
Merci aux Burkinabè pour leur soutien. Grâce à eux aujourd’hui les Sotigui sont un des évènements les plus attendus du pays, voire du contient.
Les 12 Personnalités culturelles de l’année (PCA) 2021 sont connues. Ces hommes et femmes du monde de la culture ont été distingués lors d’une cérémonie organisée le vendredi 4 février 2022 à Ouagadougou. Selon le promoteur dudit événement, Hervé David Honla, c’est une manifestation qui vise à rassembler les acteurs des différentes filières du secteur culturel burkinabè. Riche en couleurs et en son, cet événementiel a réuni des centaines de personnes à Canal Olympia Ouaga 2000.
« 12 PCA, parce que l’année compte 12 mois », c’est l’explication donnée par le promoteur de cet événementiel qui est à sa 10e année. Les 12 PCA, ce sont 12 personnalités de 12 catégories de la culture qui ont reçu des trophées et des gadgets. « C’est un sentiment de joie qui m’anime. Je remercie le bon Dieu, ma famille et tous ceux qui m’encouragent, qui me soutiennent. Cette distinction montre qu’un travail est fait et je vais persévérer, m’améliorer. Ce n’était pas très évident mais pour moi, la nomination même était déjà un grand pas », se réjouit Abdoul Karim Sana, désigné infographe de l’année.
« Ce prix, je le dédie d’abord à toutes les personnes qui ont cru en moi. Le 9 janvier, je totalisais 10 ans de carrière en tant que maître de cérémonies. Et je dis merci à tous mes partenaires, à ma mère. Je dédie ce trophée à toutes les FDS du Burkina Faso », déclare pour sa part Freddy Lino. Rien ne présageait la tenue effective de l’événement au regard de la situation sociopolitique et sécuritaire du pays, mais ses organisateurs ont, une fois de plus, relevé le défi. Le promoteur des 12 PCA en tire donc légitimement un sentiment de satisfaction. « En toute franchise, cette 10e édition a été organisée avec beaucoup de difficultés, car nous avons traversé des situations très pénibles depuis pratiquement 4 à 5 ans. Le passage de 2021 à 2022 aussi nous a été encore plus fatal, avec nos forces de défense et de sécurité qui ne font que tomber. En 2022 il y a eu ce renversement sociopolitique qui a entraîné effectivement des couvre-feux à la même période justement où on organisait les 12 PCA. On a beaucoup hésité, se demandant s’il fallait carrément annuler l’événement ou bien le reporter. Aujourd’hui, je tiens sincèrement à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont soutenus, même les autorités qui ont accepté que cet événement se tienne ce soir. Les gens ont le cœur meurtri actuellement, donc nous avons voulu leur redonner un peu d’espoir et inciter l’ensemble des acteurs culturels à rester debout. Nous sommes confiants que la paix reviendra au Burkina Faso. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons placé cette 10e édition sous le signe de la paix et de la réconciliation », a souligné Hervé David Honla.
Avant les 12 PCA, les organisateurs ont décerné également des prix à 12 personnalités qui se sont distinguées au cours des 10 derniers années (NDLR : Lire encadré).
Pour permettre au plus grand nombre de personnes de prendre part à cet événement, la cérémonie, ponctuée de prestations d’artistes et de défilés de mode, s’est tenue à l’extérieur de la salle de projection de Canal Olympia. Rendez-vous est pris pour l’année prochaine pour découvrir d’autres 12 PCA.
Barthélémy Paul Tindano
ENCADRÉ
Les 12 PCA de 2021 et leurs catégories
Freddy Lino : Catégorie maître de cérémonies
Adjaratou Ouédraogo : Catégorie peinture
Dieudonné Yoda : Comédien de cinéma
Philomaine Nanema : Catégorie humour
Kandy Guira : Artiste musicien de la diaspora
Smarty : Concert de l’année
Shado Stone : Catégorie arrangeur
Opipi : Catégorie manager
Roch Parfait Sebgo : Catégorie mannequin
San Remy Traoré : Catégorie producteur de musique
Abdoul Karim Sana, dit Doulse beat : Catégorie infographie
Les rideaux sont tombés sur la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) le samedi 23 octobre 2021 au palais des Sports de Ouaga 2000. C’est « La femme du fossoyeur » du Somalien Kadar Ahmed qui a remporté l’Etalon d’or de Yennenga. Cette cérémonie de clôture de la fête du cinéma africain a connu la présence de Roch March Christian Kaboré, président du Faso, de son homologue Macky Sall de la république du Sénégal, pays invité d’honneur, ainsi que de nombreuses autres personnalités.
La Somalie,à travers Kadar Ahmed, vient de graver son nom dans le marbre des pays lauréatsdu FESPACO en remportant le trophée le plus convoité du cinéma africain, l’Etalon d’or de Yennenga, au terme de la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Kadar Ahmed succède ainsi au Rwandais Joël Karekezi, lauréat de ce graal en 2019. Représentant le lauréat du prix, Aïda Benneth Kadir a exprimé sa joie de recevoir ce prestigieux trophée qui récompense un magnifique film. « Je récupère le prix pour le lauréat qui très tristement n’est pas là mais on est très fier au studio de pouvoir promouvoir ce film à travers le monde. J’ai très hâte de remettre ce prix à son lauréat, qui le mérite amplement. C’est merveilleux d’avoir un tel témoignage de la part d’un tel festival et de ses pairs. Ce prix va contribuer à mettre davantage en avant le cinéaste et à susciter l’intérêt de tous les exploitants de films », a-t-elle déclaré.
Dans le palmarès officiel, l’Etalon d’argent est revenu au réalisateur haïtien Gessica Geneus pour son film « Freda » et l’Etalon de bronze est allé au réalisateur tunisien Meylan Bouzid pour son film « Une histoire d’amour et de désir ». S’agissant du pays hôte du Festival, dans la « section Burkina », leprix du meilleur espoir, décerné par le président du Faso, est revenu à Kiswensida Parfait Kaboré pour son film « Après ta révolte, ton vote » et celui du meilleur film burkinabè, « Les traces d'un migrant », a été obtenu par Delphine Yerbanga. Dans la « section fiction court métrage », Carine Bado a remporté le poulain de bronze avec son film « Zalissa ». Dans la « Section documentaire long métrage », le trophée est revenu à Moumouni Sanou qui a remporté l’Etalon d’or avec son film « Garderie nocturne ». Ce dernier affirme sa joie, à travers ce film qui évoque le visage caché des femmes méconnues ou marginalisées du fait de leur emploi, de recevoir cette distinction. « Recevoir ce prix est une satisfaction mais du coup, c’est une pression qui repose sur mes épaules pour aller chercher plus loin », a confié Moumouni Sanou.
Pour le délégué général du FESPACO, Moussa Alex Sawadogo, un grand défi a été relevé par tous les Burkinabè qui ont montré aux yeux du monde que malgré cette adversité (Ndlr situation sécuritaire et sanitaire difficile) que nous sommes un peuple capable d’organiser de grands évènements. « Personnellement, le défi c’était d’arriver, après un cinquantenaire du FESPACO, à proposer un nouveau souffle, un FESPACO qui va au-delà de son caractère de promotion, de visibilité des films africains, à montrer un Festival qui pourrait ramener les professionnels du cinéma au cœur de celui-ci », a-t-il souligné.
Pour le président du Faso, ce FESPACO qui s’est tenu dans un double contexte d’insécurité et de pandémie de COVID-19 a tenu toutes ses promesses. « Tous les acteurs ont exprimé leur joie de prendre part à ce Festival. Cela nous ramène à nos responsabilités de gouvernants pour donner un peu plus de moyens à ce secteur pour le développer », a dit Roch Marc Christian Kaboré. Son homologue sénégalais, Macky Sall, dont le pays était l’invité d’honneur à cette édition, souhaite que le FESPACO continue à éclairer le cinéma africain. « Nous devons accompagner et financer le cinéma africain. Les Africains doivent avoir une part importante dans le financement du cinéma. C’est seulement à ce prix que nous aurons un cinéma libre qui parle de l’Afrique et d’abord pour les Africains. C’est pourquoi au niveau de l’Union africaine, l’idée de soutien à travers des fonds de promotion du cinéma a été mise sur la table pour que chaque pays accompagne ses cinéastes afin que la qualité de notre cinéma soit à la hauteur du cinéma mondial », a souligné Macky Sall. Ce dernier affirme quitter Ouagadougou très satisfait.
Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) s’est tenu du 16 au 23 octobre 2021 à Ouagadougou. Il a réuni des invités venus de 64 pays du monde. 1500 films de 52 pays ont été enregistrés pour 239 sélectionnés. 500 films ont été projetés au profit de 150 000 festivaliers. Rendez-vous est pris du 25 février au 4 mars 2023 pour la 28e édition du Festival.
La 27eédition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) livre déjà les résultats des différentes compétitions. Dans la catégorie court métrage, le prix Thomas Sankara a été remporté par L'Egyptien Mohamed Keidr pour son film «Tuktuk». La remise du prix est intervenue dans la soirée du vendredi 22 octobre au ciné Canal Olympia.La créativité, les qualités techniques, la positivité et l'originalité, c'est, entre autres, ce qui a valu au réalisateurKeidr l'obtention de ce prix.
Sur un total de 18 films en compétition dans cette catégorie, c'est «Tuktuk» du réalisateur Mohamed Keidr qui a le plus séduit les 5 membres du jury. Selon la présidente dudit jury, Aminata Ouédraogo, le réalisateur a su manipuler sa caméra avec un beau récit. «C'est l'histoire d'une femme qui s'assume, qui s'accepte, qui n'a pas voulu tomber dans le complexe d'infériorité», raconte-t-elle.
En l'absence du réalisateur, c'est la Tunisienne Leyla Bouzid, par ailleurs première réalisatrice à avoir remporté ce prix dès sa première édition en 2015, qui l'a représenté. Pour elle, recevoir ce prix est un honneur. «C'était quelque chose de très important. Depuis le lancement de ce prix, je me suis beaucoup intéressée à Thomas Sankara. C'était pour moi une manière de faire connaître Thomas Sankara sur le continent africain, l’en occurrence au Maghreb. Moi, je suis Tunisienne. On connaît Sankara dans mon pays, mais pas beaucoup. Ce prix m'a permis de le connaître et de faire rayonner cette grande figure partout», a-t-elle déclaré .
Le prix Thomas Sankara a été initié au FESPACO dans la catégorie court métrage par la guilde africaine des réalisateurs et des producteurs pour rendre hommage au père de la Révolution burkinabè pour son leadership. C'est le prix le moins doté du Festival avec une somme de trois millions de francs CFA. Selon ses initiateurs, c'est un prix d'excellence et non un prix destiné à enrichir son lauréat.
L’interview ci-dessous a été accordée par Richard Tiéné, correspondant de la Deutsch Welle au Burkina, au Dr Jacob Yarabatoula, enseignant chercheur à l'université Joseph Ki-Zerbo, à la faveur de la 21e édition de la fête du cinéma africain.
Richard Tiené : Le Burkina, malgré tout, arrive à organiser le FESPACO. Alors, comment expliquez-vous ce que d'aucuns qualifiaient de miracle, c’est-à-dire le fait d'arriver à organiser cet événement dans un contexte sanitaire et sécuritaire très délicat ?
Jacob Yarabatoula : D'abord il faut saluer la tenue effective de ce festival, car le contexte sécuritaire et le contexte sanitaire n'étaient pas favorables à un tel événement d'envergure internationale. Voir des hommes et des femmes quitter leurs pays, faire confiance au Burkina Faso en foulant le sol du Faso, c'est vraiment un signe de courage et de résilience. Cela encourage aussi le peuple burkinabè à ne pas reculer face à cette adversité. Maintenant comment est-ce-qu'on peut expliquer tout ce qui nous arrive avec tout ce que se nous faisons? Je pense qu’il faut comprendre ce qui nous arrive comme étant inscrit justement dans la durée et qu'il faut continuer de vivre, continuer d'exister, continuer de faire des choses. Je pense qu'au sortir de ce FESPACO, on va encore avoir beaucoup de force pour aller de l'avant. Ce qu'il faut dire également, c'est que pendant que nous sommes là, il y a des familles qui sont meurtries, qui font le deuil de la disparition des leurs. Et ça c'est aussi le paradoxe. Au moment même où nous fêtons le cinéma et où nous célébrons le succès de ce festival, il y a aussi des problèmes à l'intérieur de notre pays. Ouagadougou peut être bien sécurisée, mais il faut faire en sorte que cette sécurité vaille sur l'ensemble du territoire national.
Richard Tiené : On vous voit àquelques mètres de stands du chapiteau du MICA, alors qu'est-ce vous pensez du MICA aujourd'hui ?
Jacob Yarabatoula : Moi, je pense que le marché de l'industrie du cinéma est une belle vision, encore pour cette édition je pense que c'est l'engouement qui fait peut-être défaut. Mais peut-être qu’au soir justement de ce MICA, on pourra tirer des leçons sur combien de films on a eu à vendre, combien d'acheteurs ont pris des films burkinabè ou africains, combien de producteurs se sont intéressés. Mais je pense aussi que c'est peut-être la restriction à l'entrée du site du FESPACO qui pose problème. Parce qu'il faut avoir un badge pour avoir accès. Alors que tout le monde n'a pas de badge. Mais on me dira que tout le monde n'est pas acheteur. Si on pouvait ouvrir l'espace à tout le monde, cela permettrait des interactions utiles. Il y a aussi la dimension préparation, organisation des acteurs de ce MICA ; je pense qu'il y a eu de l'hésitation par rapport à la tenue, donc ça se sent un peu dans l'offre, ça se sent aussi dans la façon de faire des acteurs à l'intérieur de ce marché. Certains semblent ne pas être totalement prêts, semblent ne pas avoir beaucoup de choses à donner avec la manière et les outils qui vont avec, le minimum de paperasse, le minimum de supports, etc. Je pense que tout cela est lié un peu à l'hésitation de départ et pourrait expliquer un peu le caractère relatif de la participation, de l'engouement que nous pouvons constater.
Tiené : Quand vous venez au MICA, c’est pour quoi exactement ? En d’autres termes, qu'est-ce qu'un chercheur vient chercher au MICA ?
Jacob Yarabatoula : Moi, je viens voir comment s'organisent les producteurs, les vendeurs et quelles sont les faiblesses de la démarche des acteurs. Il y a des métiers qui sont organisés, mais si quelqu'un a plusieurs métiers à la fois, je pense que la chaîne de valeur peut avoir un problème. Par exemple, si quelqu'un est à la fois réalisateur, producteur et distributeur, cela pose problème. Quand on vient au MICA, on voit l'organisation des filières, ce qui nous permet de comprendre un peu comment le marché, l'économie du cinéma s'organise. En venant ici en tant que chercheur, je mets en lien toutes ces structures qui sont dans la chaîne de production du film avec la recherche. Souvent on cherche à savoir qui est producteur ici, qui est distributeur au Burkina, qui distribue les films du Burkina. On cherche mais on ne trouve pas. Après ça on voit qu'il y a une sorte de concentration justement des métiers entre les mains d'une seule personne, d'une seule structure pour éviter de dépenser trop d'argent. Alors que nous pensons que plus on s'organise, plus on spécialise les acteurs et mieux on a des services de qualité.
Richard Tiené : Merci pour cet entretien accordé à la DW.
Après le clap de lancement, les projections de films ont démarré dans les salles de ciné de Ouagadougou. Dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 ocotbre, les cinéphiles ont découvert à l’institut français le film « Thomas Sankara, l’humain » du réalisateur burkinabè Richard Tiéné, en lice dans la « section Burkina ». Ce film a ému plus d’un cinéphile.
Une épopée de plus qui vient s’ajouter à une longue série de réalisations sur le leader emblématique de la révolution burkinabè. « Thomas Sankara, l’humain » est un recueil de témoignages des quatre années de la révolution et bien plus. « Sankara disait : ‘’Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple’’. Nous, nous dirons :’’ Malheur à ceux qui bâillonnent leur histoire.’’ Il faut relater l’histoire telle qu’elle est. C’est la mémoire des générations futures ». Ce sont là les premiers mots descriptifs du réalisateur Richard Tiéné. Il fait remarquer que dans la réalisation de ce documentaire, des difficultés ont été rencontrées mais tant bien que mal, l’équipe de production a su aller au-delà de celles-ci. « La grosse difficulté, c’est certains témoignages des personnes qui nous ont dit avoir peur de parler», confie M. Tiéné. L’une des particularités de ce documentaire est qu’il allie bien une chorégraphie savamment préparée, avec de la musique contemporaine et du slam et du rap. Pour Oumar Sidibé, ce film est trop vrai. « On a vu un beau film de témoignage mais j’aurais bien voulu que ce documentaire aille au-delà des témoignages. Par exemple, évoquer les dérives de la révolution », dit-t-il. « C’est le premier film sur Thomas Sankara que je regarde et je me rends maintenant compte de la grande perte pour le Burkina spécifiquement. A entendre tous ces témoignages j’ai de la peine », a lâché Marie Delayve. Selon le réalisateur, le format imposé pour le Fespaco ne permettait pas de tout évoquer. Dans le format 2h 30 mn initial de la série, tous les points sont évoqués, du début de la révolution à sa fin en passant par l’inhumation de Thomas Sankara. Même le procès qui vient de débuter sera inclus. « Humain » parce que l’homme avait des qualités et des défauts, c’était un être comme chacun de nous, décrit le réalisateur sur le titre de son documentaire. « Le film a été réalisé sur fonds propres, ce qui a mis sept ans. Aucun financement n’est venu d’ailleurs, parce que Thomas Sankara défendait un idéal contre l’impérialiste », conclut Richard Tiéné.
« Thomas Sankara, l’humain » est en lice aux côtés de 7 autres films dans la nouvelle section nommée « Section Burkina ».
En rappel, la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se tient du 16 au 23 octobre 2021 sur le thème « Cinémas d’Afrique et de la diaspora, nouveaux talents, nouveaux défis ».
Durant deux jours, à travers le cadre Fespaco Doc Days, les documentaristes africains se sont penchés sur la diffusion des documentaires africains à l’échelle africaine. Occasion offerte pour une Master Class du cinéaste sénégalais Ousmane William Mbaye.
Apres 40 ans dans le cinéma africain, Ousmane William Mbaye est en droit de donner des leçons à la jeune génération mais, confie-t-il d’entrée de jeu, il est présent pour conter sa petite histoire. On ne finit pas d’apprendre et je ne suis pas un donneur de leçons, a-t-il précisé. Dans les échanges, le cinéaste a incité la jeunesse à poursuivre l’œuvre cinématographique en général mais surtout les documentaires malgré les difficultés. L’une des difficultés est le financement de l’industrie cinématographique par nos Etats. Il a demandé que les jeunes s’organisent afin d’avoir un franc investissement dans le cinéma. « Les jeunes doivent approfondir les sujets. Ils disposent des moyens matériels pour le faire. Aujourd'hui nous, cinéastes africains, devons chercher la vérité. C’est par là que nous allons trouver les solutions à nos problèmes », affirme-t-il. Les jeunes documentaristes ont des défis à relever, selon ce dernier. Il s’agit pour eux de s’investir dans les documentaires de type portraits politiques. « Ma génération a été traumatisée par les assassinats des indépendances. Si on ne comprend pas ces assassinats des années 60, on ne peut pas comprendre ce qui nous arrive aujourd’hui. C’est pour cela que les jeunes documentaristes doivent faire le portrait de nos leaders qui ont échoué ou ont été assassinés », a-t-il justifié son choix. Toujours selon Ousmane William Mbaye, le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme, c’est de comprendre le mécanisme culturel de notre société. « Si le terrorisme nous menace, c'est parce qu'on a négligé notre culture et il faut revenir à cela », dit-il. En marge de cette Master Class, des bouts de réalisations de documentaires d’Ousmane William Mbaye ont été projetés au grand bonheur des acteurs du cinéma présents. Cette Master Class a été modérée par Aboubacar Demba Cissokho.
Fils de la célèbre femme de culture Annette Mbaye d’Erneville, Ousmane William Mbaye est né à Paris en 1952. Il a été formé au Conservatoire Libre du Cinéma Français. Il a à son actif plusieurs documentaires dont « DOOMI NGACC » (L’ENFANT DE NGATCH), « DIAL-DIALI » (FEMME), « Président Dia ».