La ville de Ouagadougou est de plus en confrontée aux attaques à main armée, lesquelles entraînent des pertes en vie humaine et de nombreux dégâts matériels. Pour cerner les contours de ce phénomène, Radars Info Burkina a interrogé Mahamadou Sawadogo, expert en sécurité. Il nous donne des explications et les précautions à prendre face au danger.
Selon Mahamadou Sawadogo, la recrudescence des attaques à main armée est liée à trois facteurs qui sont : la libre circulation des armes à feu en raison de la situation sécuritaire qui prévaut au Burkina Faso, le fait que de grandes villes comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou, Fada N'Gourma et Kaya sont désormais sous pression des déplacés internes, ce qui entraîne un accroissement du nombre d'habitants de ces villes, et enfin le chômage grandissant au sein de la jeunesse qui a tendance à s'adonner à la criminalité, au banditisme, etc.
Il y a aussi l'inadéquation de certaines mesures prises par l'administration dans la lutte contre le terrorisme. Il s'agit, à titre illustratif, de la fermeture de certaines mines artisanales et de marchés, de l’interdiction de rouler avec les engins à deux roues en zone rurale. Ces mesures rendent les populations oisives, les poussant à rallier les grandes villes en quête de leur pitance. Tous ces facteurs contribuent à accroître le niveau d'insécurité dans les grandes villes.
Au regard de cet environnement sécuritaire délétère, l'expert en sécurité exhorte la population à plus de prudence.
« Si nous comparons la situation actuelle à celle des dix dernières années, nous constatons un changement des modes opératoires. Ceux qui attaquent sont de plus en plus audacieux et beaucoup plus armés, beaucoup plus audacieux parce qu'ils attaquent maintenant les points stratégiques comme les banques, les stations alors qu'avant on ne connaissait pas cette forme de criminalité », explique-t-il avant d'ajouter qu'il faut prendre des mesures drastiques afin d'éviter qu’on se retrouve dans une situation analogue à celle de certains grands pays occidentaux.
« Tout individu devrait collaborer avec les forces de défense et de sécurité et dénoncer tout fait suspect, même apparemment banal », recommande celui qui fut gendarme.
La collaboration entre les forces de défense et de sécurité et la population doit être franche, ouverte et libre, précise Mahamadou Sawadogo.
« Lors d'une agression, il ne faut pas opposer de résistance aux agresseurs car la plupart du temps ceux-ci sont pressés, stressés et n'aiment pas qu'on leur fasse perdre du temps. Il faut aussi éviter de se balader avec de fortes sommes d'argent, des biens précieux ; éviter aussi certaines zones à risque et surtout de rentrer tard», conclut-il.
Bessy François Séni