La toute première cohorte d’agents des Forces de Sécurité Intérieure (FSI) formés en initiation au pilotage de drones du Centre professionnel de formation et de pilotage de drones de la Direction générale des Transmissions et de l’Informatique (DGTI), a reçu son certificat au cours d’une cérémonie de fin de formation, vendredi 11 octobre 2024, à Ouagadougou.
La cérémonie a été présidée par le Directeur Général des Transmissions et de l’Informatique, le Commissaire principal de Police Zakaria HEBIÉ, représentant le Secrétaire Général du ministère de la Sécurité.
Selon le service communication du ministère de la sécurité, le représentant des formateurs, le Lieutenant de Police Bouma NEYA, a notifié que cette session de formation qui a débuté le 29 septembre dernier avait pour objectif de renforcer les capacités opérationnelles des Forces de Sécurité intérieure (FSI) en matière de pilotage de drones.
Les participants à cette formation, sont issus de la Police nationale, de la Gendarmerie nationale, de la Douane, des Eaux et Forêts, de la Brigade nationale de Sapeurs-Pompiers, de la Garde de Sécurité pénitentiaire et de la Police municipale.
Au nom du Secrétaire Général du ministère de la Sécurité, le Commissaire Principal Zakaria HEBIE a salué l’implication des formateurs et félicité les bénéficiaires de cette formation en qui sont placés beaucoup d’espoir. Pour lui, dans ce contexte de reconquête du territoire, ils vont contribuer à renforcer les capacités opérationnelles de leur corps d’appartenance en particulier et des Forces combattantes en général, sur le théâtre des opérations.
« Dans cette optique, toutes les mesures seront prises pour que ce nouveau centre de formation professionnel joue pleinement sa partition à travers l’amélioration de la qualité des prochaines sessions », a-t-il souligné
Inauguré le 26 septembre dernier par le Ministre de la Sécurité, le Commissaire divisionnaire de Police Mahamadou SANA, ce centre vient de clore la première d’une longue série de formations, indique le ministère de la sécurité.
Le Président du Faso, Chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim TRAORE, a reçu en audience, en fin de matinée de ce jeudi 10 octobre 2024, un envoyé spécial du Président de la République du Sénégal, Abdoulaye BATHILY.
Selon la présidence du Faso, il est porteur d’un message du Président Bassirou Diomaye FAYE à son homologue le Capitaine Ibrahim TRAORE.
« Je suis venu au Burkina Faso, porteur d’un message du Président Diomaye FAYE dont je suis l’envoyé spécial. (…) Ce message porte sur l’expression de la solidarité du Président Diomaye FAYE, de son gouvernement et du peuple sénégalais à l’égard du peuple du Burkina Faso dans les circonstances actuelles marquées par des attaques terr0ristes », a indiqué Abdoulaye BATHILY à sa sortie d’audience.
L’émissaire du président Faye, a exprimé les préoccupations de son pays face à la situation sécuritaire que traversent le Sahel et l’Afrique de l’Ouest tout entière.
« Les peuples de notre région aspirent depuis très longtemps à l’unité, au développement, au progrès, à la sécurité. Lorsqu’on voit le spectacle aujourd’hui de ce qui se passe dans cette région, nous sommes profondément affligés », a-t-il soutenu.
Abdoulaye BATHILY est convaincu que cette page difficile ne peut être tournée que dans une synergie d’actions entre les peuples, l’unité et la solidarité à l’intérieur des pays et entre eux. « Il n’y a pas un autre avenir pour nous que cette marche vers le progrès, ce désir d’émancipation des peuples africains », a affirmé M. BATHILY.
C’est pourquoi, il estime qu’il faut voir « comment mettre en synergie nos intelligences, comment mettre en commun nos ressources humaines, nos réflexions de manière créatrice pour ouvrir une nouvelle période de relations, de relations qualitatives, apaisées à l’intérieur des pays, entre les pays ».
Sur la création de la Confédération « Alliance des Etats du Sahel (AES) » et les ambitions de ses Etats membres, l’envoyé spécial du Président FAYE a indiqué qu’à « chaque fois qu’un groupe d’Etats estime qu’ils peuvent s’engager ensemble pour des objectifs qu’ils ont en commun, c’est une très bonne chose ».
« Nous devons pouvoir explorer toutes les possibilités qui peuvent nous faire avancer sur le chemin de nos objectifs stratégiques, c’est-à-dire l’émancipation économique, l’émancipation politique, menant au progrès de nos peuples », a-t-il laissé entendre.
Le samedi 5 octobre 2024, le président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, a répondu aux questions des Burkinabè au cours d’un grand oral sur la radio Burkina. Répondant à une question relative aux actions de lutte contre le terr0risme dans l’espace de l’Alliance des États du Sahel, le chef de l’État a déclaré, que la coordination des actions de lutte « est plus que parfaite ». À l’occasion, il a affirmé que la « force sahélienne (ou force conjointe) est en gestation », et il y aura un « Etat-major unique qui sera mis en place avec une très grande force dans quelques mois ».
« L’AES est une cible. Voir des Africains s’unir, ce n’est pas bon pour d’autres personnes. Donc il faut tout faire pour casser cette alliance. On comprend, mais nous sommes là pour ça. Voilà pourquoi, nous avons très tôt commencé à mettre en place immédiatement dans chaque pays des officiers de liaisons. Il y a des Burkinabè au Mali et au Niger qui participent au centre des opérations. Il y a des Maliens, des Nigériens au Burkina, ainsi de suite. Dans chaque pays il y a des équipes d’officiers qui ont été dépêchées pour faire office de liaison pour coordonner au niveau des centres des opérations, tout ce qui se fait en interarmes. On a fait beaucoup de formation ensemble. Dès le départ, il y a des gens qui ont signalés qu’il y avait des forces spéciales guinéennes qui étaient ici, elles sont venues nous aider à former. Dans l’AES, on a eu beaucoup de formations ensemble.
Vous avez dû voir des rumeurs qui ont circulé, annonçant des forces burkinabè à l’aéroport de Niamey ainsi de suite. On a fait de l’entrainement ensemble mais on fait aussi du combat ensemble. Chaque semaine que Dieu fait, vous allez trouver des unités burkinabè, nigériennes ensemble en train de manœuvrer.
La coordination on peut dire actuellement, est plus que parfaite. Que ce soit dans les moyens terrestres ou au niveau des vecteurs aériens, nous arrivons à très bien coordonner, à nous appuyer mutuellement tant qu’on peut.
Actuellement c’est la force sahélienne qui est en gestation, ce que vous appelez force conjointe. Il y aura l’Etat-major unique qui sera mis en place avec une très grande force pour pouvoir agir dans tout l’espace. C’est quelque chose qui peut prendre peut-être quelques mois, mais nous sommes là-dessus ».
Sur la période 2022-2023, les pays de l'UEMOA ont alloué 3,29 milliards USD (2 015 milliards FCFA) aux dépenses militaires, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, selon la dernière étude de Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), publiée le 22 avril 2024.
Les dépenses militaires sont la somme d'argent qu'un Etat consacre à ses forces armées, notamment, à la formation des soldats, à l'entretien des équipements ou encore aux infrastructures militaires.
Les dépenses militaires des pays de l'Alliance des Etats du Sahel ont augmenté trois fois plus rapidement que celles des autres pays membres de la CEDEAO en 2023, en raison de la décision des gouvernements d’intensifier la lutte contre le terrorisme.
Le Burkina Faso, dirigé par le Capitaine Ibrahim Traoré, en tête du classement, a consacré près de 793,4 millions USD (486,4 milliards FCFA) au budget militaire en 2023.
Il est suivi de près par le Mali, avec 727,4 millions USD soit 445,96 milliards FCFA.
La Côte d'Ivoire occupe la troisième place du classement, avec un investissement de 636 millions USD (413,79 milliards FCFA), dans son armée en termes de capital humain que technique.
Le Sénégal est 4e avec 412 millions USD de dépenses militaires, soit 252 milliards FCFA.
Le Niger ayant investi 309 millions USD soit 189,4 milliards FCFA se trouve en 5e position.
Le Togo qui a dépensé 256 millions USD (156,9 milliards FCFA) est 6e.
Le Bénin vient en 7e position avec 131 millions USD (86,79 milliards FCFA)
Le président de la transition le capitaine Ibrahim Traoré, en visite à Banfora, a échangé avec les forces de défense et de sécurité de la région des Cascades le mardi 21 avril 2024. Le chef de l'État a invité les FDS à collaborer avec les volontaires pour la défense de la patrie et les autres unités combattantes pour intensifier les patrouilles de sorte que lorsque les terroristes viennent, leur seule issue soit la mort. Il les a par ailleurs exhortés à redoubler de vigilance et à prendre courage.
"Nous avons pu suivre avec vous dernièrement les opérations avec beaucoup d'amertume aussi lorsque vous voyez les terr0ristes franchir le fleuve, se retrouver à moins de 50 m de vous et que vous n'avez pas la capacité d'engager parce que vous n'avez pas l'autorisation. Ça fait partie de votre discipline de formation.
Mais retenez que ceux qui ont pu échapper à votre furie, qui se sont réfugiés de l'autre côté de la frontière, se prépareront certainement puisque c'est une base arrière. Ils vont se préparer et essayer de revenir.
Alors je souhaite que vous fassiez corps avec les VDP que vous avez installé un peu partout, avec toutes les unités en position avancée que vous puissiez continuer à intensifier les patrouilles de sorte que lorsqu'ils doivent revenir, il n'y ait qu'une seule chose qui les attendent : c'est la mort.
Nous sommes à cette étape actuellement. C'est sans pitié, sans répit. On ne continuera pas de mourir inutilement. Vous êtes allés vers eux, vous les avez délogés, vous avez récupéré vos terres. Il n'y a pas de raison qu'ils reviennent encore. Nous ferons tout pour vous mettre à niveau pour que vous puissiez les stopper. C'est ainsi. Donc redoublez de vigilance, prenez courage, continuez à fortifier avec les VDP qui sont sur le terrain, avec les unités en position avancée.
S'il faut ériger des murs on le fera, s'il faut creuser, on le fera", a dit le capitaine Ibrahim Traoré.
Le Chef de l'État, le capitaine Ibrahim Traoré, a rencontré les forces de défense et de sécurité de la région des Cascades ce 23 avril 2024. Au cours des échanges, le président Ibrahim Traoré a relevé que cette guerre que traverse le Burkina n'est pas seulement du terrorisme. "C'est une guerre de recolonisation", dit-il.
Selon lui, les ennemis du pays savent que le terrorisme sera vaincu, c'est pour cela qu'ils se préparent en collaboration avec les valets locaux pour nous combattre.
De ce fait, il a invité les forces combattantes à se préparer à les accueillir. "Préparez-vous à la guerre de haute intensité", a lancé le chef de l'État.
"Félicitations pour tout le travail. Vous allez commencer un nouveau cycle d'entraînement, de la guerre de haute intensité. Commencez à vous préparer pour la guerre de haute intensité. J'espère que je me fais comprendre ? Ce n'est pas uniquement le terrorisme, ouvrez l'oeil. C'est beaucoup plus que ça. C'est une guerre de recolonisation. Vous avez dû entendre ces derniers jours, certains généraux ailleurs qui ont fait comprendre que s'il faille qu'ils viennent avec leurs armées pour nous recoloniser, il faut qu'ils viennent. Eh bien, préparez-vous à la guerre de haute intensité. Soit ils viendront eux-mêmes, soit ils passeront par leurs valets locaux qui sont ici pour essayer de troubler notre quiétude. Quiconque, je dis bien quiconque, que ce soit le terrorisme ou toute autre armée, qui doit venir troubler notre quiétude, nous devons nous préparer à l’accueillir sur le long terme et intensément. Voilà pourquoi je vous dis de vous préparer à la guerre de haute intensité et nous allons suivre ces entraînements. Ce sont des étapes et ce terrorisme sera vaincu. C'est parce qu'ils savent que ça sera vaincu qu'ils se préparent soit au niveau local ici ou venir avec leur armée pour nous combattre. Eh bien, on va se préparer à les accueillir", a déclaré le Président Ibrahim Traoré
Le 16 janvier 2016 a marqué le début des attaques terroristes au Burkina Faso, avec la première qui a frappé en plein cœur Ouagadougou. Après la capitale ouagalaise, la menace s’est relocalisée dans les régions de l’Est, du Nord, du Sahel, du Centre-Nord, de la Boucle du Mouhoun et même des Cascades, entraînant une perte du contrôle de plus de 50% du territoire national. Les morts se chiffrent à des milliers de personnes et le nombre de déplacés internes à environ 2 millions. Retour sur quelques attaques terroristes sous l’ère Kaboré et celle Damiba.
Le 15 janvier 2016, les Burkinabè assistaient médusés à la première attaque terroriste sur leur sol. Comme pour marquer les esprits, les assaillants ont choisi de frapper la capitale, Ouagadougou, en plein. Après cette attaque, le Faso a été pris dans la spirale des violences des groupes armés terroristes. Cette situation d’insécurité a conduit à l’avènement d’un régime militaire au pouvoir le 24 janvier 2022. Mais contrairement aux attentes, les attaques vont connaître une recrudescence et être tout aussi violentes que sous le régime Roch Kaboré.
Le lundi 5 septembre 2022, l’explosion d’un engin artisanal au passage d’un convoi de ravitaillement dans le nord du pays fait environ 35 personnes tuées et 37 autres blessées. Ensuite, 34 personnes sont tuées à Namissiguima et Bourasso suite à une attaque terroriste survenue dans la nuit du 3 au 4 juillet 2022. Selon le quotidien d’information L’Observateur Paalga, l’attaque terroriste de Bourasso a fait 18 civils massacrés et reste le plus lourd bilan enregistré dans la province de la Kossi depuis le début de la crise sécuritaire. Le journal ajoute qu’une vingtaine de personnes ont été également tuées à Yeou. Les samedi 11 et dimanche 12 juin 2022, au moins 79 personnes ont trouvé la mort à Seytenga, dans le nord-est du Burkina Faso, pris d’assaut par des hommes armés terroristes. Prises de panique, plus de 8 000 personnes se sont réfugiées dans la ville voisine de Dori, située à 47 km environ de Seytenga.
L’attaque contre un convoi de ravitaillement de la ville de Djibo, à hauteur de Gaskindé le 26 septembre 2022, a coûté la vie à 27 militaires et à 10 civils, selon un bilan établi par l’armée. Trois personnes ont été portées disparues et 29 autres blessées dont 21 militaires, 7 civils et 1 VDP. Cette attaque a également causé de nombreux dégâts matériels et précipité le Burkina Faso dans une crise sociomilitaire qui a conduit le 30 septembre 2022 à l’évincement du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba par le capitaine Ibrahim Traoré à la tête de l’État. Deux semaines après le coup d'État militaire perpétré par le capitaine Ibrahim Traoré et ses hommes, soit le samedi 15 octobre, une attaque menée par de présumés djihadistes dans le nord du pays va faire au moins 11 morts, dont trois soldats.
Quelques-unes des attaques les plus meurtrières
Le 15 janvier 2016, les Burkinabè assistaient à la première attaque terroriste sur leur sol, en plein cœur de la capitale Ouagadougou. Des clients du Restaurant Cappuccino ont subi le feu nourri des terroristes et ceux du Splendid Hotel ont été pris en otage durant toute la nuit. Le bilan officiel fait état de 33 morts (dont trois assaillants) de 18 nationalités. L'attaque terroriste est revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Le 14 novembre 2021, les djihadistes lancent l'attaque contre le détachement de la gendarmerie d'Inata, situé près d'une ancienne mine. Les combats sont intenses ; les gendarmes sont rapidement submergés par les assaillants. Le bilan de l'attaque est de 57 gendarmes et 4 civils tués.
Au 30 septembre 2022, le Burkina enregistrait 1 719 332 personnes déplacées sur son territoire, selon les chiffres officiels. 60,40% de ces personnes sont des enfants et 22,89% des femmes. On note également que 708 341 élèves sont affectés par la fermeture de 4 258 écoles. Selon France 24, une vingtaine de bases de jihadistes ont été recensées depuis trois mois à la frontière entre le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Elles regroupent plusieurs centaines de combattants. Cette organisation sur le terrain, selon le média français, répond surtout à la volonté d’encerclement de Bamako en permettant de couper les routes qui ravitaillent la capitale malienne.
Le 28 juillet dernier, à l’occasion de la visite de travail du président français Emmanuel Macron en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, le président bissau-guinéen, par ailleurs président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avait annoncé lors d’un point de presse qu’un projet de mise en œuvre d’une force anti-putsch était sur la table de l’institution sous-régionale. Pour lui, <<on est au 21e siècle et c’est inadmissible, les coups d’État>>. Cette force pourrait intervenir, au besoin, en Afrique de façon générale et dans l’espace Cédéao en particulier pour mettre fin aux coups d’État, avait-il annoncé. S’agissant de ce projet de force anti-putsch, Mahamoudou Savadogo, spécialiste en questions sécuritaires, estime que ce n’est ni réaliste, ni réalisable et que la priorité de la CEDEAO, c’est de lutter contre le terrorisme. Il s’est exprimé au micro de Radars Info Burkina au cours d’une interview.
Radars Info Burkina : En marge de la visite du président français en Guinée-Bissau, Umaru Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau et président en exercice de la Cédéao, a affirmé qu’un projet de création d’une force anti-putsch est sur la table de la Cédéao. Cette force pourrait intervenir, au besoin, en Afrique de façon générale et dans l’espace Cédéao en particulier. Qu’en pensez-vous ?
Mahamoudou Savadogo : Je ne vois pas comment cette force pourra intervenir. On n’arrive même pas à déployer la force d’attente de la CEDEAO pour rétablir la stabilité et ramener la paix.
Radars Info Burkina : Comment cette force peut être mise en place ?
MS : Je ne vois pas comment elle va être mise en œuvre d’autant plus que parmi les pays de la CEDEAO, nous en avons près de 4 qui sont en transition, nous en avons 2 ou 3 qui ont prolongé leur mandat. Est-ce que cette force va concerner ceux qui décident de prolonger le troisième mandat ? Ce sont des questions qu’il faut se poser. Je suis sceptique sur la mise en œuvre de cette force parce que je ne vois pas comment les présidents vont l’adopter. En plus de cela, nous savons que les coups d’État ne préviennent pas. C’est une surprise. Donc comment anticiper ? Est-ce qu’il faut agir après que le coup d’État a eu lieu ? Et là, ce serait vraiment une atteinte à la souveraineté des États.
Radars Info Burkina : Est-ce réaliste et réalisable ?
MS : Je ne pense pas que cette force soit réaliste et réalisable. Je ne pense pas qu’elle peut être mise en place parce que Umaro Sissoco Embalo est lui-même menacé par un coup d’État. Car on a vu en début d’année qu’il a presque failli perdre son pouvoir par un coup d’État. Donc cela m’étonnerait qu’elle puisse se réaliser.
Radars Info Burkina : L’existence de cette force ne sera-t-elle pas une ingérence dans les États ? Si non comment savoir que des militaires préparent un coup d’État pour les empêcher ?
MS : Je ne vois pas comment l’existence de cette force va pouvoir s’imposer aux Etats parce que c’est une question de souveraineté, et un coup d’État n’est pas une action extérieure de groupe extérieur mais plutôt une approche interne. Ainsi, je ne pense pas que les États vont accepter qu’il y ait une ingérence pour des questions de souveraineté. Cette force ne va pas arriver, c’est presque un mort-né. A mon avis, c'est juste des idées car je ne vois pas comment elle pourra être mise en œuvre et même être votée par des Etats dont plus de la moitié est en transition par des putschistes.
Radars Info Burkina : Comment voyez-vous cette attitude des chefs d’Etat de la CEDEAO ? Est-ce que ce n’est pas pour satisfaire le président français et s’attirer ses faveurs que les chefs d’État déclarent cela ?
MS : Oui je pense que c’est juste une manière de dire qu’ils sont contre les coups d’État. C’était une manière de prendre des engagements vis-à-vis de son hôte qui était le président français qui a déclaré clairement qu’il est contre les putschs, vu l’exemple malien.
De ce fait, je pense que ce n’est vraiment pas réalisable. Je ne vois pas comment les États vont pouvoir trouver un consensus pour la mise en place de cette force étant donné qu’il y a déjà une force en attente de la CEDEAO et comment une deuxième force va venir suppléer à cette force puisque cette dernière peine déjà à jouer son rôle.
Radars Info Burkina : Pensez-vous qu’une force anti-putsch soit réellement <<un instrument extrêmement efficace pour lutter contre les déstabilisations dans la région où des groupes militaires ont exploité parfois l’affaiblissement de l’Etat pour prendre le pouvoir >>, comme l’a déclaré Emmanuel Macron ?
MS : Je ne crois pas qu’une force anti-putsch soit un instrument qui puisse ramener la stabilité dans la région et rendre les États forts. C’est plutôt la bonne gouvernance, la démocratie, la lutte contre la corruption, la mise en place d’institutions fortes qui peuvent jouer ce rôle et empêcher certaines institutions de s’emparer du pouvoir comme les institutions de l’armée.
À mon avis, il ne faut pas résoudre un problème structurel par une solution conjoncturelle. Nous avons un problème structurel, c’est-à-dire de mauvais fonctionnement des institutions, qui ne sont pas du tout résilientes.
Donc, il faut plutôt réformer l’armée, l’appareil sécuritaire, les rendre beaucoup plus républicains et les soumettre entièrement au pouvoir politique. C’est ce qui permettra d’éviter les coups d’État.
Nous avons l’exemple de pays africains qui n’ont jamais connu de coup d’État comme le Sénégal. C’est de tels exemples qu’il faut prendre et faire en sorte que ça s’applique aux autres pays
Radars Info Burkina : La CEDEAO ne gagnerait elle pas à équiper ses pays membres pour lutter contre le terrorisme et l’extrême pauvreté ?
MS : L’une des priorités de la CEDEAO doit être forcément la lutte contre l’hydre terroriste parce qu’il est en train d’envahir les pays côtiers et aujourd’hui aucun pays n’est épargné.
Il faut que cette CEDEAO arrive à s’imposer dans la lutte en trouvant des solutions à cette menace qui est en train de s’étendre.
Pour le moment, elle est aux abonnés absents et ça doit être sa priorité parce que l’hydre terroriste est beaucoup plus prégnante, plus menaçante que les questions de coups d’État qui déstabilisent.
Il est vrai que les coups d’État déstabilisent les institutions politiques et les empêchent effectivement de se concentrer dans la lutte contre le terrorisme.
Mais je pense que c’est l’insécurité, ce sont les terroristes qui, aujourd’hui, poussent ces militaires à prendre le pouvoir. Donc, si on arrive à gagner cette lutte contre le terrorisme, les putschistes, notamment les militaires, n’auront plus de raisons ou de prétexte pour prendre le pouvoir étant donné que c’est l’un des plus grands prétextes.
En outre, il faut lutter contre les 3es mandats parce que quand on regarde le Mali, le Burkina Faso, la Guinée Conakry, le Tchad, c’est la question de l’insécurité et les 3es mandats qui ont poussé les militaires à prendre le pouvoir.
Il faut résoudre ces questions structurelles qui doivent faire rentrer dans les rangs les forces de défense et de sécurité et qui doivent les pousser entièrement à se soumettre au pouvoir politique.
Le ministre de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale avait appelé au dialogue avec les terroristes pour venir à bout de l’hydre terroriste. Cependant, le 12 août 2022, lors d’un point de presse du gouvernement, il disait :<< Nous ne sommes pas en train de négocier pour dire voilà ce que nous donnons, voilà ce que nous recevons, voilà ce que nous cédons. Il n’y a pas à déposer quelque chose sur la table>>. Face à ce paradoxe, Mahamoudou SAVADOGO, spécialiste en questions sécuritaires, a accordé une interview à Radars Info Burkina. L’interview est axée sur un probable dialogue avec les terroristes pour qu’ils déposent les armes. Est-ce possible ? L’État ne montre-t-il pas son incapacité à en finir avec le terrorisme ? Quelle attitude doit-il adopter s’il veut parvenir à mettre fin au terrorisme ? Les réponses à ces questions, dans l’interview.
Radars Info Burkina : En tant que spécialiste des questions sécuritaires, est-ce possible de dialoguer avec les terroristes ?
Mahamoudou SAVADOGO : Oui il est possible de dialoguer avec les terroristes mais cela dépend du niveau où l’on veut dialoguer avec ces derniers. Est-ce les bras armés des terroristes qu’on vise ou ce sont leurs chefs c’est-à-dire les leaders ?
S’il s’agit des bras armés, le dialogue est possible parce que plusieurs personnes se sont engagées dans des groupes armés terroristes par contrainte ou par désespoir parce que non seulement l’État a été absent, il n’a pas joué son rôle, parce que l’État a pris des mesures qui ont contraint ces personnes à rejoindre les terroristes.
Ces mesures sont par exemple la fermeture des marchés, l’interdiction de circuler avec les motos de type Aloba et l’interdiction d’exploiter les ressources minières.
Il y a aussi, le fait que les groupes armés terroristes ont occupé certaines zones et ont contraint les populations à collaborer avec eux. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a des gens qui ont rejoint les terroristes non pas par conviction, mais par contrainte.
Donc on peut essayer de ramener ces personnes. Mais il y a ceux là aussi qui ont rejoint les terroristes pour des questions d’injustices, parce qu’ils en veulent à l’État. On parle ici de destruction armée locale.
Si l’État revoit sa manière d’administrer les zones rurales, on peut récupérer une grande partie des gens qui ont basculé dans les groupes armés terroristes.
Si c’est au niveau macro c’est-à-dire décisionnel, ce serait compliqué parce que ces groupes sont une coalition de groupes armés. Ils ont des intérêts différents. Donc, ce n’est pas évident que l’État puisse satisfaire à eux tous leurs intérêts.
C’est comme l’ensemble des pays du G5 Sahel, pour signer un accord il faut que les cinq pays participent. C’est la même chose pour les groupes armés qu’on appelle l’EGNI.
Au niveau international c’est l’EIGS, un groupe armé terroriste dans le grand Sahara qu’on appelle l’État Islamique au Grand Sahara qui a une vision différente, une vision qui d’ailleurs ne pourra jamais recevoir l’aval des autorités parce qu’elle prône un califat sur le territoire burkinabè et sur le territoire sahélien. Ainsi, au niveau macro ce serait difficile. Mais au niveau méso, c’est-à-dire au niveau des petits acteurs notamment ceux qui sont armés, c’est possible.
Radars Info Burkina : La télévision nationale a fait un reportage où nous avons vu des personnes qui disent avoir déposé les armes et se retirer du camp des ennemis. Elles se sont exprimées sur les modes opératoires des terroristes avec tout le corollaire qui entre en jeu. Etait-ce le moment propice pour faire cette communication ( le reportage sur les terroristes convertis) ? Cela ne va-t-il pas inciter à la révolte ceux qui sont toujours du côté de l’ennemi vu que leurs secrets vont être dévoilés ?
MS : L’objectif du gouvernement, c’est de faire appel à ces groupes armés terroristes pour que ceux qui n'ont pas encore confiance, puisse être convaincus de la bonne foi du gouvernement afin de déposer les armes.
Ce sont des jeux de phare, de clignotant que le gouvernement lance en disant à ceux qui sont toujours dans le rang des groupes armés et qui voudraient déposer les armes, qu’il y a une structure, une fenêtre d’opportunités qu’ils doivent saisir pour rejoindre la mère patrie.
Dans ce sens, je pense que c’est une bonne stratégie pour rapatrier ceux qui veulent vraiment rejoindre parce qu’on leur a ouvert une porte pour qu’ils puissent revenir.
Paradoxalement, ils peuvent continuer à tuer ceux qui hésitent. Ce qui veut dire qu’en leur sein, il y aura des dissensions, des doutes, des représailles et cela arrangerait le gouvernement parce que les groupes locaux seront déstructurés.
Ça peut être une bonne stratégie mais à la longue, il va falloir qu’on mette en place une structure solide avec des gens compétents, qui sont expérimentés, sans parti pris, sans politique et aussi avec des gens sages qui sont disponibles à écouter.
Il faut impliquer les érudits, c’est-à-dire les grands sages, les imams, les prêtres, etc.) tous ceux qui peuvent contribuer à déradicaliser ces jeunes.
A ce sujet, le ministre de la Réconciliation nationale, Yéro Boly, informait le 12 août 2022, que <<des dizaines de comités de dialogue ont été installés à travers le pays et des anciens combattants terroristes ont été déradicalisés>>.
Radars Info Burkina : Ces reconvertis ont-ils du poids pour impacter la baisse du phénomène ?
MS : Je ne pense pas que ces reconvertis ont le poids pour convaincre les autres qui sont toujours du côté des groupes armés.
Il faut encore de la patience pour que cela puisse avoir lieu. C’est une lutte de longue haleine, donc il faut prendre tout le temps nécessaire pour que cela ait un impact sur les autres.
Radars Info Burkina : Peut-on croire en la sincérité de ces soi-disant reconvertis ? Ne peuvent-ils pas entrainer des infiltrés avec eux ?
MS : C’est le temps qui permettra de juger s’ils sont de bonne foi ou pas. C’est le temps qui va permettre de dire est-ce qu’ils ont vraiment voulu se reconvertir ou ce sont des gens qui veulent s’infiltrer pour mieux comprendre les dispositifs qui ont été mis en place.
C’est pour cette raison qu’il faut la participation des érudits car dans le message passé on a dit que c’était une question de religion, de fuite, de manque de ressources économiques.
Ainsi, au niveau des religions, il faut que les prêtres, les imams discutent avec eux pour les reconvertir complètement. S’ils ne sont pas convaincus, ils vont être plus enclins à rejoindre ces groupes armés terroristes.
Il ne faut pas seulement les mettre dans un local et s’occuper d’eux. Il faut aussi leur trouver de quoi faire mais aussi travailler avec eux psychologiquement afin qu’on puisse trouver des résultats à long terme et qu’on puisse effacer tout ce qu’ils ont accumulé pendant toutes ces années au sein des groupes armés terroristes car on ne quitte pas ces groupes du jour au lendemain. On a toujours tendance à revenir.
Radars Info Burkina : L’Etat ne montre-t-il pas son incapacité à en finir avec le terrorisme ?
MS : L’État fait profil bas et adopte une stratégie qui est un peu étonnante en ce sens que nous ne sommes pas en position de force.
Lorsque qu’on n’est pas en position de force et qu’on tente de négocier, on donne l’impression à l’adversaire qu’effectivement, on n’est pas en situation de force. Cela peut amener l’adversaire à être retissant et ça peut ouvrir des failles. Il va falloir que nous continuions à accentuer les luttes, les frappes et aussi à récupérer les zones perdues.
Ainsi, c’est une preuve que nous sommes à égalité ou supérieurs et donc on peut combattre avec ces terroristes et qu’on peut même les vaincre.
Mais pour l’heure, la situation est à leur avantage car c’est eux qui imposent leur rythme et nous ne faisons que suivre ce rythme.
Radars Info Burkina : Quelle attitude l’Etat doit adopter s’il veut réellement mettre fin à ce fléau?
MS : Si l’État veut mettre fin à ce fléau, il faut qu’il ait une attitude de vérité, d’humilité vis-à-vis des populations rurales qui souffrent. Tant que nous n’allons pas communiquer de façon claire, véridique avec les populations qui souffrent, on n’aura pas leur accord, leur assentiment.
Il faut que les populations qui sont impliquées, qui souffrent de cette situation aient la compassion de l’État. Cette compassion réside dans le fait que l’État doit reconnaître que ces populations souffrent et qu’il ne fait pas assez pour qu’elles puissent vivre en quiétude.
L’État doit arrêter de divulguer des propagandes. Il doit faire un diagnostic clair, froid de ce qui se passe dans ces zones et dire la vérité afin que ces populations puissent elles-mêmes prendre des mesures pour l’aider à atteindre ses objectifs.
Mais si l’État continue de dire que l’armée monte en puissance, que les autorités interviennent, qu’elles mènent des actions, et que la situation est améliorée alors qu’elle n'est pas claire cela fait qu’il y a une crise de confiance entre ses populations et lui.
Cela va faire basculer ces populations du côté des groupes armés terroristes.
Par conséquent, il faut un langage de vérité, l’implication de toutes les franges de la société. Il faut restaurer ces facteurs de résilience endogènes qui ont été complètement détruits ou dissous par les groupes armés terroristes, c’est-à-dire restaurer cette chefferie qui était impartiale, restaurer des leaders communautaires et religieux qui arrivaient à déconstruire le discours de ces terroristes.
Il est très important que tout cela soit reconstruit et cela prendra des années, donc il faut être patient. Mais pour le moment, il faut intensifier les attaques, intensifier l’équipement des forces de défense et de sécurité. Il faut également un langage de vérité. Il faut arrêter de mentir, de verser dans la propagande, car cela dessert l’État.
Les ministres de la Défense, Barthélemy Simporé, de la Réconciliation nationale, Yéro Boly, et celui porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, étaient face aux hommes de médias ce vendredi 12 août 2022 à Ouagadougou. Les échanges ont porté sur la situation nationale, notamment sur le processus de réconciliation, la mise en place des comités locaux de dialogue, l’évolution des opérations sur le terrain, l’acquisition de matériel militaire et la coopération militaire.
Sur la question du processus de réconciliation, le ministre de la Réconciliation nationale, Yéro Boly, estime qu’il faut un consensus national, une concertation sincère pour la mise en place de certaines actions à cet effet.
S’agissant de la mise en place des comités locaux de dialogue, des dizaines de ces comités ont été installés à travers le pays et d’anciens combattants terroristes ont été déradicalisés, a informé Yéro Boly. « Nous demandons aux jeunes qui se sont engagés dans un cycle de violence et qui sont souvent dans l’impasse aujourd’hui de revenir pour trouver la paix et de travailler à retrouver un avenir plus serein pour eux-mêmes », a invité le ministre Boly. Cependant, il trouve que la prudence et la confiance sont à privilégier dans ce processus pour ne pas compromettre tout ce qui a été entrepris.
Les questions sécuritaires ont été abordées par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Barthélemy Simporé. Si on l’en croit, l’armée burkinabè sera bientôt équipée en matériel de combat dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Il y a un vaste plan d’équipement des forces armées. Beaucoup de commandes sont déjà faites et sont en cours de livraison. L’ensemble de ces équipements seront fournis très bientôt. Il faut se rassurer que les capacités nécessaires des unités militaires seront réunies. Il n’y a pas de doute sur ce chapitre. C’est un plan ambitieux qui permettra de couvrir l’ensemble du territoire burkinabè », a-t-il confié. Toutefois, aucune précision n’a été donnée sur la nature, la provenance ou la date de livraison de ce matériel. Cela doit rester secret, s’est justifié le ministre porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo.
« Le pays où les armes ont été achetées, la date de leur livraison, le type de matériel militaire acheté, etc., sont des informations à garder secrètes », a-t-il souligné. La raison invoquée par le porte-parole du gouvernement ? « En même temps que nous faisons cette conférence destinée à la population pour la transparence et la redevabilité, nous savons que nous la faisons aussi à l’endroit de ceux qui veulent le mal de notre pays et qui nous attaquent parce qu’ils sont aussi des Burkinabè ; ils nous écoutent, nous suivent et sont connectés, d’où l’intérêt de choisir les informations à partager pour ne pas fragiliser la stratégie militaire. »
La question du redéploiement des forces sur le terrain n’a pas été occultée lors des échanges. Selon le ministre de la Défense, « une réorganisation est en cours dans le but de consolider le maillage territorial. La vision globale, c’est de densifier ce maillage et de protéger les zones qui ne sont pas encore menacées ».
Il s’est également prononcé sur l’affaire de piste d’atterrissage clandestine. « Tant que vous n’avez pas de preuves sur un aéronef, cela reste des allégations. Nous aurons la capacité de contrôler notre espace aérien avec les nouveaux équipements », a assuré l’officier général.
Les opérations militaires sur le terrain vont bon train et les terroristes n’ont plus d’espoir, selon le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo. « La montée en puissance de l’armée fait qu’il n’y a pas d’espoir ou d’issue pour les terroristes. Certains sont pris en étau dans cette guerre », a-t-il déclaré.