mercredi 19 février 2025

aadambLe 16 janvier 2016 a marqué le début des attaques terroristes au Burkina Faso, avec la première qui a frappé en plein cœur Ouagadougou. Après la capitale ouagalaise, la menace s’est relocalisée dans les régions de l’Est, du Nord, du Sahel, du Centre-Nord, de la Boucle du Mouhoun et même des Cascades, entraînant une perte du contrôle de plus de 50% du territoire national. Les morts se chiffrent à des milliers de personnes et le nombre de déplacés internes à environ 2 millions. Retour sur quelques attaques terroristes sous l’ère Kaboré et celle Damiba.

Le 15 janvier 2016, les Burkinabè assistaient médusés à la première attaque terroriste sur leur sol. Comme pour marquer les esprits, les assaillants ont choisi de frapper la capitale, Ouagadougou, en plein. Après cette attaque, le Faso a été pris dans la  spirale des violences des groupes armés terroristes. Cette situation d’insécurité a conduit à l’avènement d’un régime militaire au pouvoir le 24 janvier 2022. Mais contrairement aux attentes, les attaques vont connaître une recrudescence et être tout aussi violentes que sous le régime Roch Kaboré.

Le lundi 5 septembre 2022, l’explosion d’un engin artisanal au passage d’un convoi de ravitaillement dans le nord du pays fait environ 35 personnes tuées et 37 autres blessées. Ensuite, 34 personnes sont tuées à Namissiguima et Bourasso suite à une attaque terroriste survenue dans la nuit du 3 au 4 juillet 2022. Selon le quotidien d’information L’Observateur Paalga, l’attaque terroriste de Bourasso a fait 18 civils massacrés et reste le plus lourd bilan enregistré dans la province de la Kossi depuis le début de la crise sécuritaire. Le journal ajoute qu’une vingtaine de personnes ont été également tuées à Yeou. Les samedi 11 et dimanche 12 juin 2022, au moins 79 personnes ont trouvé la mort à Seytenga, dans le nord-est du Burkina Faso, pris d’assaut par des hommes armés terroristes. Prises de panique, plus de 8 000 personnes se sont réfugiées dans la ville voisine de Dori, située à 47 km environ de Seytenga.

L’attaque contre un convoi de ravitaillement de la ville de Djibo, à hauteur de Gaskindé le 26 septembre 2022, a coûté la vie à 27 militaires et à 10 civils, selon un bilan établi par l’armée. Trois personnes ont été portées disparues et 29 autres blessées dont 21 militaires, 7 civils et 1 VDP. Cette attaque a également causé de nombreux dégâts matériels et précipité le Burkina Faso dans une crise sociomilitaire qui a conduit le 30 septembre 2022 à l’évincement du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba par le capitaine Ibrahim Traoré à la tête de l’État. Deux semaines après le coup d'État militaire perpétré par le capitaine Ibrahim Traoré et ses hommes, soit le samedi 15 octobre, une attaque menée par de présumés djihadistes dans le nord du pays va faire au moins 11 morts, dont trois soldats.

Quelques-unes des attaques les plus meurtrières

Le 15 janvier 2016, les Burkinabè assistaient à la première attaque terroriste sur leur sol, en plein cœur de la capitale Ouagadougou. Des clients du Restaurant Cappuccino ont subi le feu nourri des terroristes et ceux du Splendid Hotel ont été pris en otage durant toute la nuit. Le bilan officiel fait état de 33 morts (dont trois assaillants) de 18 nationalités. L'attaque terroriste est revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Le 14 novembre 2021, les djihadistes lancent l'attaque contre le détachement de la gendarmerie d'Inata, situé près d'une ancienne mine. Les combats sont intenses ; les gendarmes sont rapidement submergés par les assaillants. Le bilan de l'attaque est de 57 gendarmes et 4 civils tués.

Au 30 septembre 2022, le Burkina enregistrait 1 719 332 personnes déplacées sur son territoire, selon les chiffres officiels. 60,40% de ces personnes sont des enfants et 22,89% des femmes. On note également que 708 341 élèves sont affectés par la fermeture de 4 258 écoles. Selon France 24, une vingtaine de bases de jihadistes ont été recensées depuis trois mois à la frontière entre le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Elles regroupent plusieurs centaines de combattants. Cette organisation sur le terrain, selon le média français, répond surtout à la volonté d’encerclement de Bamako en permettant de couper les routes qui ravitaillent la capitale malienne.

Etienne Lankoandé

creatLe 28 juillet dernier, à l’occasion de la visite de travail du président français Emmanuel Macron en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, le président bissau-guinéen, par ailleurs président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avait annoncé lors d’un point de presse qu’un projet  de mise en œuvre d’une force anti-putsch était sur la table de l’institution sous-régionale. Pour lui, <<on est au 21e siècle et c’est inadmissible, les coups d’État>>. Cette force pourrait intervenir, au besoin, en Afrique de façon générale et dans l’espace Cédéao en particulier  pour mettre fin aux coups d’État, avait-il annoncé. S’agissant de ce projet de force anti-putsch, Mahamoudou Savadogo, spécialiste en questions sécuritaires, estime que ce n’est ni réaliste, ni réalisable et que la priorité de la CEDEAO, c’est de lutter contre le terrorisme. Il s’est exprimé au micro de Radars Info Burkina au cours d’une interview.

Radars Info Burkina : En marge de la visite du président français en Guinée-Bissau, Umaru Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau et président en exercice de la Cédéao, a affirmé qu’un projet de création d’une force anti-putsch est sur la table de la Cédéao. Cette force pourrait intervenir, au besoin, en Afrique de façon générale et dans l’espace Cédéao en particulier. Qu’en pensez-vous ?

Mahamoudou Savadogo : Je ne vois pas comment cette force pourra intervenir. On n’arrive même pas à déployer la force d’attente de la CEDEAO  pour rétablir la stabilité et ramener la paix.

Radars Info Burkina : Comment cette force peut être mise en place ?

MS : Je ne vois pas comment elle va être mise en œuvre d’autant plus que parmi les pays de la CEDEAO, nous en avons près de 4 qui sont en transition, nous en avons 2 ou 3 qui ont prolongé leur mandat. Est-ce que cette force va concerner ceux qui décident de prolonger le troisième mandat ? Ce sont des questions qu’il faut se poser. Je suis sceptique sur la mise en œuvre de cette force parce que je ne vois pas comment les présidents vont l’adopter. En plus de cela, nous savons que les coups d’État ne préviennent pas. C’est une surprise. Donc comment anticiper ? Est-ce qu’il faut agir après que le coup d’État a eu lieu ? Et là, ce serait vraiment une atteinte à la souveraineté des États.

Radars Info Burkina : Est-ce réaliste et réalisable ?

MS : Je ne pense pas que cette force soit réaliste et réalisable. Je ne pense pas qu’elle peut être mise en place parce que Umaro Sissoco Embalo est lui-même menacé par un coup d’État. Car on a vu en début d’année qu’il a presque failli perdre son pouvoir par un coup d’État. Donc cela m’étonnerait qu’elle puisse se réaliser.

Radars Info Burkina : L’existence de cette force ne sera-t-elle pas une ingérence dans les États ? Si non comment savoir que des militaires préparent un coup d’État pour les empêcher ?

MS : Je ne vois pas comment l’existence de cette force va pouvoir s’imposer aux Etats parce que c’est une question de souveraineté, et un coup d’État n’est pas une action extérieure de groupe extérieur mais plutôt une approche interne. Ainsi, je ne pense pas que les États vont accepter qu’il y ait une ingérence pour des questions de souveraineté. Cette force ne va pas arriver, c’est presque un mort-né. A mon avis, c'est juste des idées  car je ne vois pas comment elle pourra être mise en œuvre et même  être votée par des Etats dont plus de la moitié est en transition par des putschistes.

Radars Info Burkina : Comment voyez-vous cette attitude des chefs d’Etat de la CEDEAO ? Est-ce que ce n’est pas pour satisfaire le président français et s’attirer ses faveurs que les chefs d’État déclarent cela ?

MS : Oui je pense que c’est juste une manière de dire qu’ils sont contre les coups d’État. C’était une manière de prendre des engagements  vis-à-vis de son hôte qui était le président français qui a déclaré clairement qu’il est contre les putschs, vu l’exemple malien.

De ce fait, je pense que ce n’est vraiment pas réalisable. Je ne vois pas comment les États vont pouvoir trouver un consensus  pour la mise en place de cette force étant donné qu’il y a déjà une force en attente de la CEDEAO et  comment une deuxième force va venir suppléer à cette force puisque cette dernière peine déjà à jouer son rôle.

Radars Info Burkina : Pensez-vous qu’une force anti-putsch soit réellement <<un instrument extrêmement efficace pour lutter contre les déstabilisations dans la région où des groupes militaires ont exploité parfois  l’affaiblissement de l’Etat pour prendre le pouvoir  >>, comme l’a déclaré Emmanuel Macron ?

MS : Je ne crois pas qu’une force anti-putsch soit un instrument qui puisse ramener la stabilité dans la région et rendre les États forts. C’est plutôt la bonne gouvernance, la démocratie, la lutte contre la corruption, la mise en place d’institutions fortes qui peuvent jouer ce rôle et empêcher certaines institutions de s’emparer du pouvoir comme les institutions de l’armée.

À mon avis, il ne faut pas résoudre un problème structurel par une solution conjoncturelle. Nous avons un problème structurel, c’est-à-dire de mauvais fonctionnement des institutions, qui ne sont pas du tout résilientes.

Donc, il faut plutôt réformer l’armée, l’appareil sécuritaire, les rendre beaucoup plus républicains et les soumettre entièrement au pouvoir politique. C’est ce qui permettra d’éviter les coups d’État.

Nous avons l’exemple de pays africains qui n’ont jamais connu de coup d’État comme le Sénégal. C’est de tels exemples qu’il faut prendre et faire en sorte que ça s’applique aux autres pays

Radars Info Burkina : La CEDEAO ne gagnerait elle pas à équiper ses pays membres pour lutter contre le terrorisme et l’extrême pauvreté ?

MS : L’une des priorités de la CEDEAO doit être forcément la lutte contre l’hydre terroriste parce qu’il est en train d’envahir les pays côtiers et aujourd’hui aucun pays n’est épargné.

Il faut que cette CEDEAO arrive à s’imposer dans la lutte en trouvant des solutions à cette menace qui est en train de s’étendre.

Pour le moment, elle est aux abonnés absents et ça doit être sa priorité parce que l’hydre terroriste est beaucoup plus prégnante, plus menaçante que les questions de coups d’État  qui déstabilisent.

Il est vrai que les coups d’État déstabilisent les institutions politiques et les empêchent effectivement de se concentrer dans la lutte contre le terrorisme.

Mais je pense que c’est l’insécurité, ce sont les terroristes qui,  aujourd’hui, poussent ces militaires à prendre le pouvoir. Donc, si on arrive à gagner  cette lutte contre le terrorisme, les putschistes, notamment les militaires, n’auront plus de raisons ou de prétexte pour prendre le pouvoir étant donné que c’est l’un des plus grands prétextes.

En outre, il faut lutter contre les 3es mandats parce que quand on regarde le Mali, le Burkina Faso, la Guinée Conakry, le Tchad, c’est la question de l’insécurité et les 3es mandats qui ont poussé les militaires à prendre le pouvoir.

 Il faut résoudre ces questions structurelles qui doivent faire rentrer dans les rangs les forces de défense et de sécurité et qui doivent les pousser entièrement à se soumettre au pouvoir politique.

Flora Sanou

aasawdgLe ministre de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale  avait appelé au dialogue avec les terroristes pour venir à bout de l’hydre terroriste. Cependant, le 12 août 2022, lors d’un point de presse du gouvernement, il disait :<< Nous ne sommes pas en train de négocier pour dire voilà ce que nous donnons, voilà ce que nous recevons, voilà ce que nous cédons. Il n’y a pas à déposer quelque chose sur la table>>. Face à ce paradoxe, Mahamoudou SAVADOGO, spécialiste en questions sécuritaires, a accordé une interview à Radars Info Burkina. L’interview est axée sur un probable dialogue avec les terroristes pour qu’ils déposent les armes. Est-ce possible ? L’État ne montre-t-il pas son incapacité à en finir avec le terrorisme ? Quelle attitude doit-il adopter s’il veut parvenir à mettre fin au terrorisme ?  Les réponses à ces questions, dans l’interview.

 

Radars Info Burkina : En tant que spécialiste des questions sécuritaires, est-ce possible de dialoguer avec les terroristes ?

Mahamoudou SAVADOGO : Oui il est possible de dialoguer avec les terroristes mais cela dépend du niveau où l’on veut dialoguer avec ces derniers. Est-ce les bras armés des terroristes qu’on vise ou ce sont leurs chefs c’est-à-dire les leaders ?

S’il s’agit des bras armés, le dialogue est possible parce que plusieurs personnes se sont engagées dans des groupes armés terroristes par contrainte ou par désespoir parce que non seulement l’État a été absent, il n’a pas  joué son rôle, parce que l’État a pris des mesures qui ont contraint ces personnes à rejoindre les terroristes.

Ces mesures sont par exemple la fermeture des marchés, l’interdiction  de circuler avec les motos de type Aloba et l’interdiction d’exploiter les ressources minières.

Il y a aussi, le fait que les groupes armés terroristes ont occupé certaines zones et ont contraint les populations à collaborer avec eux. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a des gens qui ont rejoint les terroristes non pas par conviction, mais par contrainte.

Donc on peut essayer de ramener ces personnes. Mais il y a ceux là aussi qui ont rejoint les terroristes pour des questions d’injustices, parce qu’ils en veulent à l’État. On parle ici de destruction armée locale.

Si l’État revoit sa manière d’administrer les zones rurales, on peut récupérer une grande partie des gens qui ont basculé dans les groupes armés terroristes.

Si c’est au niveau macro c’est-à-dire décisionnel, ce serait compliqué parce que ces groupes sont une coalition de groupes armés. Ils ont des intérêts différents. Donc, ce n’est pas  évident que l’État puisse satisfaire à eux tous leurs intérêts.

C’est comme l’ensemble des pays du G5 Sahel, pour signer un accord il faut que les cinq pays participent. C’est la même chose pour les groupes armés qu’on appelle l’EGNI.

Au niveau international c’est l’EIGS, un groupe armé terroriste dans le grand Sahara qu’on appelle l’État Islamique au Grand Sahara qui a une vision différente, une vision qui d’ailleurs ne pourra jamais recevoir l’aval des autorités parce qu’elle prône un califat sur le territoire burkinabè et sur le territoire sahélien. Ainsi, au niveau macro ce serait difficile. Mais au niveau méso, c’est-à-dire au niveau des petits acteurs notamment ceux qui sont armés, c’est possible.

Radars Info Burkina : La télévision nationale a fait un reportage  où nous avons vu des personnes qui disent avoir déposé les armes et se retirer du camp des ennemis. Elles se sont exprimées sur les modes opératoires des terroristes avec tout le corollaire qui entre en jeu. Etait-ce le moment propice pour faire cette communication ( le reportage sur les terroristes convertis) ? Cela ne va-t-il pas inciter à la révolte ceux qui sont toujours du côté de l’ennemi vu que leurs secrets vont être dévoilés ?

MS : L’objectif du gouvernement, c’est de faire  appel à ces groupes armés terroristes pour que ceux qui  n'ont pas encore confiance, puisse être convaincus de la bonne foi du gouvernement afin de déposer les armes.

Ce sont des jeux de phare, de clignotant que le gouvernement lance en disant à ceux qui sont toujours dans le rang des groupes armés et qui voudraient déposer les armes, qu’il y a une structure, une fenêtre d’opportunités qu’ils doivent saisir pour rejoindre la mère patrie.

Dans ce sens, je pense que c’est une bonne stratégie pour rapatrier ceux qui veulent vraiment rejoindre parce qu’on leur a ouvert une porte pour qu’ils puissent revenir.

Paradoxalement, ils peuvent continuer à tuer ceux qui hésitent. Ce qui veut dire qu’en leur sein, il y aura des dissensions, des doutes, des représailles et cela arrangerait le gouvernement parce que les groupes locaux seront déstructurés.

Ça peut être une bonne stratégie mais à la longue, il va falloir qu’on mette en place une structure solide avec des gens compétents, qui sont expérimentés, sans parti pris, sans politique et aussi avec des gens sages qui sont disponibles à écouter.

Il faut impliquer les érudits, c’est-à-dire  les grands sages, les imams, les prêtres, etc.) tous ceux qui peuvent contribuer à déradicaliser  ces jeunes.

A ce sujet, le ministre de la Réconciliation nationale, Yéro Boly,   informait le 12 août 2022,  que <<des dizaines de comités de dialogue ont été installés à travers le pays et des anciens combattants terroristes ont été déradicalisés>>.

Radars Info Burkina : Ces reconvertis ont-ils du poids pour impacter la baisse du phénomène ?

MS : Je ne pense pas que ces reconvertis ont le poids pour convaincre les autres qui sont toujours du côté des groupes armés.

Il faut encore de la patience pour que cela puisse avoir lieu. C’est une lutte de longue haleine, donc il faut prendre tout le temps nécessaire pour que cela ait un impact sur les autres.

Radars Info Burkina : Peut-on croire en la sincérité de ces soi-disant reconvertis ? Ne peuvent-ils pas entrainer des infiltrés avec eux ?

MS : C’est le temps qui permettra de juger s’ils sont de bonne foi ou pas. C’est le temps qui va permettre de dire est-ce qu’ils ont vraiment voulu se reconvertir ou ce sont des gens qui veulent s’infiltrer pour mieux comprendre les dispositifs qui ont été mis en place.

C’est pour cette raison qu’il faut la participation des érudits car dans le message passé on a dit que c’était une question de religion, de fuite, de manque de ressources économiques.

Ainsi, au niveau des religions, il faut que les prêtres, les imams discutent avec eux pour les reconvertir complètement. S’ils ne sont pas convaincus, ils vont être plus enclins à rejoindre ces groupes armés terroristes.

 Il ne faut pas seulement les mettre dans un local et s’occuper d’eux. Il faut aussi leur trouver de quoi faire mais aussi travailler avec eux psychologiquement afin qu’on puisse trouver des résultats à long terme et qu’on puisse effacer tout ce qu’ils ont accumulé pendant toutes ces années au sein des groupes armés terroristes car on ne quitte pas ces groupes du jour au lendemain. On a toujours tendance à revenir.

Radars Info Burkina : L’Etat ne montre-t-il pas son incapacité à en finir avec le terrorisme ?

MS : L’État fait profil bas et adopte une stratégie qui est un peu étonnante en ce sens que nous ne sommes pas en position de force.

Lorsque qu’on n’est pas en position de force et qu’on tente de négocier, on donne l’impression à l’adversaire qu’effectivement, on n’est pas en situation de force. Cela peut amener l’adversaire à être retissant et ça peut ouvrir des failles. Il va falloir que nous continuions à accentuer les luttes, les frappes et aussi à récupérer les zones perdues.

Ainsi, c’est une preuve que nous sommes à égalité ou supérieurs et donc on peut combattre avec ces terroristes et qu’on peut même les vaincre.

Mais pour l’heure, la situation est à leur avantage car c’est eux qui imposent leur rythme et nous ne faisons que suivre ce rythme.

Radars Info Burkina : Quelle attitude l’Etat doit adopter s’il veut réellement mettre fin à ce fléau?

MS : Si l’État veut mettre fin à ce fléau, il faut qu’il ait une attitude de vérité, d’humilité vis-à-vis des populations rurales qui souffrent. Tant que nous n’allons pas communiquer de façon claire, véridique avec les populations qui souffrent, on n’aura pas leur accord, leur assentiment.

Il faut que les populations qui sont impliquées, qui souffrent de cette situation aient la compassion de l’État. Cette compassion réside dans le fait que l’État doit reconnaître que ces populations souffrent et qu’il ne fait pas assez pour qu’elles puissent vivre en quiétude.

L’État doit arrêter de divulguer des propagandes. Il  doit faire un diagnostic clair, froid  de ce qui se passe dans ces zones et dire la vérité afin que ces populations puissent elles-mêmes prendre  des mesures pour l’aider à atteindre ses objectifs.

 Mais si l’État continue de dire que l’armée monte en puissance, que les autorités interviennent, qu’elles mènent des actions, et que la situation est améliorée alors qu’elle n'est pas claire cela fait qu’il y a une crise de confiance entre ses populations et lui.

Cela va faire basculer ces populations du côté des groupes armés terroristes.

Par conséquent, il faut un langage de vérité, l’implication de toutes les franges de la société. Il faut restaurer ces facteurs de résilience endogènes qui ont été complètement détruits ou dissous par les groupes armés terroristes, c’est-à-dire restaurer cette chefferie qui était impartiale, restaurer des leaders communautaires et religieux qui arrivaient à déconstruire le discours de ces terroristes.

 Il est très important que tout cela soit reconstruit  et cela prendra des années, donc il faut être patient. Mais pour le moment, il faut intensifier les attaques, intensifier l’équipement des forces de défense et de sécurité. Il faut également un langage de vérité. Il faut arrêter de mentir, de  verser dans la propagande, car cela dessert l’État.

Flora Sanou

ech uneLes ministres de la Défense, Barthélemy Simporé, de la Réconciliation nationale, Yéro Boly, et celui porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, étaient face aux hommes de médias ce vendredi 12 août 2022 à Ouagadougou. Les échanges ont porté sur la situation nationale, notamment sur le processus de réconciliation, la mise en place des comités locaux de dialogue, l’évolution des opérations sur le terrain, l’acquisition de matériel militaire et la coopération militaire.

Sur la question du processus de réconciliation, le ministre de la Réconciliation nationale, Yéro Boly, estime qu’il faut un consensus national, une concertation sincère pour la mise en place de certaines actions à cet effet.

S’agissant de la mise en place des comités locaux de dialogue, des dizaines de ces comités ont été installés à travers le pays et d’anciens combattants terroristes ont été déradicalisés, a informé Yéro Boly. « Nous demandons aux jeunes qui se sont engagés dans un cycle de violence et qui sont souvent dans l’impasse aujourd’hui de revenir  pour trouver la paix et de travailler à retrouver un avenir plus  serein pour eux-mêmes », a invité le ministre Boly. Cependant, il trouve que la prudence et la confiance sont à privilégier dans ce processus pour ne pas compromettre tout ce qui a été entrepris.

ech 2Les questions sécuritaires ont été abordées par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Barthélemy Simporé. Si on l’en croit, l’armée burkinabè sera bientôt équipée en matériel de combat dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Il y a un vaste plan d’équipement des forces armées. Beaucoup de commandes sont déjà faites et  sont en cours de livraison. L’ensemble de ces équipements seront fournis très bientôt. Il faut se rassurer que les capacités nécessaires des unités militaires seront réunies. Il n’y a pas de doute sur ce chapitre. C’est un plan ambitieux qui permettra de couvrir l’ensemble du territoire burkinabè », a-t-il confié. Toutefois, aucune précision n’a été donnée sur la nature, la provenance ou la date de livraison de ce matériel. Cela doit rester secret, s’est justifié le ministre porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo.

ech 3« Le pays où les armes ont été achetées, la date de leur livraison, le type de matériel militaire acheté, etc., sont des informations à garder secrètes », a-t-il souligné. La raison invoquée par le porte-parole du gouvernement ? « En même temps que nous faisons cette conférence destinée à la population pour la transparence et la redevabilité, nous savons que nous la faisons aussi à l’endroit de ceux qui veulent le mal de notre pays et qui nous attaquent parce qu’ils sont aussi des Burkinabè ; ils nous écoutent, nous suivent et sont connectés, d’où l’intérêt de choisir les informations à partager pour ne pas fragiliser la stratégie militaire. »

La question du redéploiement des forces sur le terrain n’a pas  été occultée lors des échanges. Selon le ministre de la Défense, « une réorganisation est en cours dans le but de consolider le maillage territorial. La vision globale, c’est de densifier ce maillage et de protéger les zones qui ne sont pas encore menacées ».

Il s’est également prononcé sur l’affaire de piste d’atterrissage clandestine.  « Tant que vous n’avez pas de preuves sur un aéronef, cela reste des allégations. Nous aurons la capacité de contrôler notre espace aérien avec les nouveaux équipements », a assuré l’officier général.

Les opérations militaires sur le terrain vont bon train et les terroristes n’ont plus d’espoir, selon le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo. « La montée en puissance de l’armée fait qu’il n’y a pas d’espoir ou d’issue pour les terroristes. Certains sont pris en étau dans cette guerre », a-t-il déclaré.

Flora Sanou

abcotnLe délai de deux semaines imparti pour libérer les zones d’intérêt militaire est désormais expiré, selon le premier responsable du Commandement des opérations du théâtre national (COTN), le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, qui a fait le point de la situation sécuritaire au Burkina le vendredi 29 juillet 2022. Il avait à ses côtés la ministre du Genre et de la Famille, Salimata Nébié.

« Mon briefing de ce matin va s'articuler autour des incidents sécuritaires majeurs, les actions offensives menées, des actions au profit des populations et se terminera par certaines questions diverses », a déclaré le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni à l'entame de son propos. S’agissant des incidents sécuritaires, il a cité les attaques contre les populations de Bourasso, les détachements de Barsalgho et Kelbo et la destruction d’ouvrages de franchissement sur la RN22 et la RN3. En ce qui concerne la destruction d’infrastructures routières, le commandant du COTN informe qu’un dispositif intégré d’acteurs civils et militaires a permis la réparation et la reconstruction progressive de certaines, comme le pont de Naré. Il souligne la difficulté qu’il y a à déployer des militaires au pied de chaque pylône ou pont ; c’est pourquoi la contribution des populations s’avère nécessaire pour aider à l’anticipation.

En termes d’actions offensives, le commandant du COTN a relevé l’opération « Koural » qui a mobilisé du 26 juin au 10 juillet des forces burkinabè et nigériennes pour sécuriser la zone de Seytenga et le Yagha ; la contre-offensive suite à l’attaque du détachement de Barsalgho le 10 juillet ; et enfin la riposte à l’attaque du lundi 25 juillet contre le détachement militaire de Kelbo qui a permis de neutraliser au moins 15 terroristes et de récupérer d’importantes quantités de matériel, dont 4 véhicules pick-up et 27 motocyclettes. Il souligne que des actions de ciblage pour neutraliser les cadres terroristes et mettre hors d’état de nuire leurs réseaux d’informations et de logistique se poursuivent. Les Forces armées nationales ont aussi appuyé l’action humanitaire en escortant 140 camions de vivres et produits divers à destination de Bourzanga et Djibo, en assurant le transport aérien de vivres aux populations de Kelbo et Pama et les aides médicales aux populations de Seytenga. Il a déploré la mort de deux conducteurs travaillant pour le compte du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) au cours de la mission d’escorte sur Djibo.

Participation de femmes aux activités terroristes : La ministre du Genre s’inquiète

Sur la question des zones d’intérêt militaire, Yves Didier Bamouni note que le délai de deux semaines imparti pour libérer ces zones est désormais expiré. L’information a été largement diffusée en langue locale et il n’y a pas eu de difficulté majeure constatée, selon lui. « Désormais, toute personne qui se trouvera dans l’une de ces zones sera considérée comme hostile », a-t-il prévenu. Pour la mise en place de la Brigade de veille et de défense patriotique (B-VDP), il assure que le processus est en cours. Et en plus de l’amélioration de leurs conditions de travail, le gouvernement a consenti à octroyer un avantage comparatif aux VDP remplissant les conditions et voulant s’engager dans la fonction publique et militaire. Il a conclu en soulignant que les allégations faisant cas d’une piste d’atterrissage clandestine ne sont pas confirmées.

La ministre du Genre et de la Famille, Salimata Nébié, a prévenu sur le danger de la participation de plus en plus active des femmes aux activités et actions terroristes. En effet, souligne-t-elle, on observe qu’elles sont actives sur tout le spectre des activités terroristes : elles participent à la génération de combattants terroristes, au renseignement sur les activités des FDS, au soutien logistique des groupes armés terroristes et enfin à l’action armée lors des attaques. « Au regard du rôle que les femmes jouent au sein de nos sociétés, cette tendance est très inquiétante. Les femmes sont supposées être des actrices de paix, plutôt que des auteurs de violences », a-t-elle souligné.

Etienne Lankoandé

acotn uneLe directeur du Commandement des opérations du théâtre national (COTN), Yves Didier Bamouni, et le ministre de l’Action humanitaire, Lazare Zoungrana, ont co-animé une conférence de presse le vendredi 24 juin 2022. Il s’est agi pour eux d’apporter des éclaircissements sur les récentes décisions du conseil national de la défense et de dresser un bilan de la situation des déplacés de Seytenga.

Le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, directeur du Commandement des opérations du théâtre national (COTN) a fait le point des incidents sécuritaires récents. Selon lui, ces incidents sont marqués par les enlèvements de citernes, l’attaque de la mine de Karma, les prêches et autres intimidations contre les populations. Sur le cas de Seytenga, il annonce que la première phase des opérations de sécurisation a consisté à gérer les conséquences de l’attaque. « Au bilan, on dénombre 86 corps de civils dont la plupart ont été retrouvés dans des concessions. Mais il est aussi important de préciser que selon certains témoignages, des corps auraient été enlevés et inhumés par des proches de défunts avant d’avoir pu être comptabilisés », explique-t-il. L'officier militaire ajoute que des enquêtes ont été ouvertes par la brigade spéciale d’investigation antiterroriste de concert avec les services sociaux, pour recenser ces cas. Il a aussi annoncé que la traque des auteurs de cette attaque meurtrière a été lancée et se dit certain que la promesse faite par le chef de l’Etat aux populations de Seytenga sera tenue.

acotn 2A la suite du directeur du COTN, le ministre de l’Action humanitaire a souligné que du 12 au 22 juin 2022, 3 846 ménages de 31 211 déplacés internes de Seytenga ont été recensés. Certains ont été accueillis dans des familles par solidarité. Au titre de l'assistance alimentaire, 3 165 ménages ont été dotés en kits alimentaires pour une période de trois mois. « Et en termes de quantité, nous sommes à 150,653 tonnes de céréales distribuées à ces populations. Il y a aussi eu des coupons alimentaires sous la forme de cash monétaire à hauteur de 45 millions de F CFA », a souligné le ministre. Quant aux abris, c’est environ 500 qui sont en cours d'installation.

Les zones d’intérêt militaire  font l’objet de tests antérieurs

Lors de la rencontre entre le chef de l’Etat et le conseil supérieur de la défense nationale, il a été décidé la création d’une Brigade de Veille pour la défense patriotique (B-VDP), de deux zones d’intérêt militaire et l’interdiction de la circulation d’engins motorisés dans les zones à fort défi sécuritaire. Pour le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, la constitution des VDP en Brigade va donner plus de cohérence au concept et permettre un meilleur encadrement ainsi qu'un soutien dans l’emploi de ces supplétifs. Ce qui va concrètement changer, si on l'en croit, c'est la hausse de leurs effectifs, le renforcement du processus de sélection, l’amélioration de l’encadrement et la coordination avec les unités opérationnelles ainsi qu’une amélioration de leurs conditions de travail.

S'agissant des zones d'intérêt militaire, le lieutenant-colonel Bamouni explique qu’elles s'appuient sur des zones forestières qui font l'objet de tests antérieurs où l'activité humaine est interdite. « Mais avec la pratique, nous constatons qu'il y a certaines populations qui ont envahi ces zones, qui sont en outre des refuges des groupes armés terroristes », a-t-il regretté. Voilà pourquoi, ajoute-t-il, « cette mesure est prise pour nous permettre de distinguer de façon claire les personnes amies des ennemies qui sont dans ces forêts ». Et d'après lui, comme, a priori, ce ne sont pas des zones d'habitation, on ne devrait pas s'attendre à des flux importants de personnes. Qu'à cela ne tienne, même en cas de flux important des populations, il assure que le dispositif humanitaire sera en place pour les recevoir ainsi que le dispositif sécuritaire pour éviter toute infiltration. Le délai accordé aux populations pour quitter ces zones est de 14 jours. Sur ce point, le directeur du COTN informe que c'est lorsque l'ordonnance sera promulguée que ce délai entrera en vigueur, et cette information sera portée à la connaissance du public.

Quant à l’interdiction faite aux engins motorisés de circuler dans les zones à fort défi sécuritaire, l'officier indique qu’elle concerne toute moto de type Alloba, Sanili ou Fortune, ainsi que les tricycles à usage de transport de passagers. Huit régions sont concernées par cette mesure. Ce sont : la Boucle du Mouhoun, les Cascades, le Centre-Est, le Centre-Nord, l'Est, les Hauts-Bassins, le Nord et le Sahel. Il a en outre réitéré l'appel à la collaboration des populations car, a-t-il dit, « l’action militaire ne sera décisive que si les populations prennent conscience du rôle qu'elles ont à jouer dans cette guerre ».

Etienne Lankoandé

aaterrorismDepuis 2015, le Burkina Faso n’a cessé d’enregistrer des attaques terroristes, lesquelles ont fait de nombreux morts. Les terroristes utilisent de plus en plus des Engins explosifs improvisés (EEI) le long des principaux axes routiers. Ils encerclent certaines villes, empêchant tout ravitaillement. Les statistiques en la matière sont proposées par plusieurs sources.

Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) détient une base de données qui met en ligne en temps réel les lieux, les dates, les acteurs, les morts et les types de violence signalés. Au 3 juin 2022, ACLED a enregistré 3 952 évènements terroristes dont 754 explosions par engins improvisés et 1 819 violences contre des civils. L’ensemble des évènements a entraîné la mort de 9 277 personnes. Toujours selon ACLED, entre le 25 janvier et le 8 avril 2022, le Burkina Faso a enregistré 610 attaques terroristes ayant fait 567 morts. Pour le seul mois d’avril 2022, ACLED a signalé 240 événements de sécurité dont 108 visaient des civils.

Le journal en ligne radarsburkina.net a aussi répertorié quelques événements de sécurité survenus depuis janvier 2022 et en est arrivé à la conclusion que le coup d’Etat n’a pas empêché les attaques terroristes. Le média a répertorié 51 incidents de sécurité ayant entraîné la mort de 340 personnes.

D’ailleurs, le coup d’Etat a été « accueilli » par une attaque. En effet, le 24 janvier 2022, jour du putsch, un engin explosif a tué 3 militaires sur l’axe Ouahigouya-Thiou. Le 29 janvier, 2 militaires ont été tués à Baraboulé et 1 Volontaire pour la défense de la patrie (VDP) a trouvé la mort à Tabaganba. Les attaques se sont poursuivies le 30 janvier sur la mine de Ouaré, causant la mort de 3 policiers.

Les mois de février, mars, d’avril et de mai ont aussi été meurtriers. Le mois de juin a débuté par l’attaque de la ville de Djibo. Le bilan fait état de la mort d’un militaire, de 4 VDP et d’1 civil. Plusieurs dégâts matériels ont en outre été enregistrés.

Cette attaque de Djibo est l’illustration parfaite de l’échec du processus de dialogue que le gouvernement a entamé avec les groupes armés terroristes. Dans son discours à la nation le 2 avril, le président de la transition, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, a annoncé une série de mesures pour lutter contre le terrorisme, parmi lesquelles « la création de Comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix, dont la mission est d’initier des approches avec les membres des groupes en rupture de dialogue avec la Nation ». Suite à ce discours, le Conseil des ministres du 13 avril 2022 a adopté un décret portant organisation, fonctionnement et attributions de la Coordination nationale des comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix. Des initiatives de dialogue ont été entreprises dans plusieurs localités mais la recrudescence des attaques illustre, quoi qu’on dise, l’échec des ces initiatives.

En rappel, en début avril, le président de la transition a donné à ses compatriotes « rendez-vous dans cinq (5) mois pour un premier bilan de la mission de reconquête de notre territoire ».

Baly Zongo

cotn unePour permettre de mieux appréhender les actions menées sur le terrain dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le Commandement des opérations du théâtre national (COTN) a organisé une conférence de presse au Mess des officiers à Ouagadougou ce vendredi 3 juin 2022. Il s’est agi pour le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, commandant du COTN, de faire le point des incidents sécuritaires, des actions offensives, des opérations de ciblage des cibles à haute valeur ajoutée et de donner des éléments d’information sur l’assistance et la protection des population civiles.

Selon le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, cette conférence de presse est un exercice inhabituel mais indispensable pour gagner la bataille du champ de perception. Les deux semaines écoulées ont été  marquées par des incidents au cours desquels il y a eu des victimes tant civiles que militaires. Les faits majeurs sont, entre autres, les représailles des terroristes contre les populations dans les zones de Gorgadji et de Madjoari. A en croire le commandant du COTN, les attaques contre les populations civiles s’expliquent par la montée en puissance des forces de défense et de sécurité. En réalité, c'est par dépit et en guise de représailles que les groupes armés terroristes s'en prennent aux innocentes populations.

 « Nos FDS sont de plus en plus engagées dans les actions offensives contre les groupes armés terroristes (…). Même si la situation reste instable dans certaines zones, des avancées sont enregistrées dans plusieurs autres avec une reprise des activités et un processus de sécurisation que nous essayons de consolider. La priorité actuelle, c’est de maintenir la dynamique en cours afin d’acculer davantage les groupes terroristes, qui sont déjà en très grande difficulté dans certaines zones », a-t-il affirmé.

cotn 2Sur le terrain, de nombreuses opérations aériennes et terrestres ont ainsi pu être menées avec des résultats plutôt satisfaisants, avec un focus sur la sécurisation de la route nationale numéro 3 dans le Centre-Nord, où les FDS ont neutralisé une vingtaine de terroristes.  Depuis le 19 mai, l’armée mène des offensives dans la région du Nord. Résultat : la destruction de bases terroristes, la neutralisation d’une cinquantaine de terroristes et la récupération de matériel de divers types. 39 terroristes neutralisés, c’est le résultat obtenu dans la Boucle de Mouhoun depuis le 28 mai dernier.

S’agissant des opérations de ciblage des cibles à haute valeur ajoutée, c’est un important et discret travail qui consiste en l’interpellation des combattants, d’informateurs et de logisticiens de certains groupes armés terroristes dans plusieurs localités du Burkina Faso. Et ce travail se fait en étroite collaboration avec l’Agence nationale de renseignement (ANR), selon le lieutenant-colonel Bamouni. A ce propos justement, on note la récente neutralisation de deux importants chefs terroristes, en l’occurrence Tidiane Djibrilou Dicko et Dembo Mamoudou Sangaré.

En matière d’assistance et de protection des populations civiles, l’armée a sécurisé des convois de ravitaillement à destination des villes de Djibo, Pama et Titao et elle contribue à la sécurisation des examens de fin d’année. Elle a également apporté un appui au transport dans certaines localités.

Au cours de ce point de presse, le conférencier s’est prononcé sur les « détournements » de citernes de carburant par des individus. C’est, a-t-il affirmé, « une certaine forme d’incivisme qui favorise ce genre d’incidents. Toutefois, nous sommes engagés dans des opérations de recherches pendant que les enquêtes se mènent sur la nature criminelle ou non de ce type d’enlèvement. En rappel, nous avons réussi en février dernier à retrouver une des citernes disparue dans la zone de Gorom Gorom et à la neutraliser. Du reste, des mesures préventives sont en cours (…).  Et c’est l’occasion pour moi d’inviter les transporteurs et surtout ceux œuvrant dans le domaine des matières sensibles à mieux coordonner avec les forces de défense et de sécurité pour ne pas se retrouver complices directs ou indirects du renforcement des capacités des groupes armés terroristes ».

Sur la question du massacre de Madjoari où les corps restent introuvables, le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni a dit s’en tenir au communiqué officiel. « Les opérations de ratissage n’ont pas permis de confirmer ce massacre dans la zone de Madjoari, mais nous poursuivons nos recherches pour pouvoir vous revenir avec des éléments plus précis », a-t-il répondu.

Barthélémy Paul Tindano

oper uneLe ministre de la Sécurité, Maxime Koné, a tenu un point de presse le mardi 30 novembre 2021 à Ouagadougou pour faire le point de l'opération Koudanlgou IV zone 2, menée du 21 au 27 novembre. Cette opération, fruit de l’initiative d’Accra, a été conjointement effectuée par les Forces de défense et de sécurité (FDS)  du Burkina Faso, de Côte d'Ivoire, du Ghana et du Togo. Elle a produit des résultats palpables tant sur le plan national que  dans les autres pays concernés. C’est une initiative des chefs d'État des pays concernés en vue de mutualiser les renseignements et l'organisation régulière d'opérations conjointes multilatérales et bilatérales afin de freiner le péril terroriste et les menaces à la sécurité des pays membres, a précisé Maxime Koné.

L'opération Koudanlgou a duré  5 jours et mobilisé au total 5 728 éléments des forces de défense et de sécurité, à savoir 2 050 du Burkina Faso, 800 de la Côte d'Ivoire, 1 851 du Ghana et 969 du Togo. D’énormes moyens ont en outre été employés pour la réussite de l’opération.  881 engins roulants et 6 vecteurs aériens ont ainsi permis d’interpeller plus de 300 suspects dont plusieurs étaient recherchés par les services de renseignement. De plus, 53 armes à feu et d'importantes quantités de munitions, une grande quantité d'explosifs, de la dynamite utilisée pour la fabrication des Engins explosifs improvisés (EEI) ainsi que des stupéfiants ont été saisis. On note aussi la destruction de champs de drogue, les EEI désamorcés et les embuscades déjouées, selon Maxime Koné. oper 2Sur le plan national, la moisson a été  également bonne. En effet, 5 bases terroristes ont été détruites, 41 personnes interpellées et une trentaine de terroristes neutralisés lors d'un affrontement avec les unités dans les forêts du Sud-Ouest.  Côté matériel, on note la saisie de  7 véhicules, 14 motos et 10 cartons de munitions. Fort heureusement, il n'y a pas eu  de perte en vie humaine du côté des FDS. 

Sur le territoire burkinabè, l'opération Kudanlgou  (“amitié” en langue nationale gourmantché, ndlr ) a concerné les régions des  Cascades, du Centre-Ouest, du Centre-Sud et du Centre-Est. Sur la question des exécutions sommaires qui auraient été  constatées dans certaines localités pendant l'opération, Maxime repond qu'il n'en a pas connaissance.  L'opération Koudanlgou, fruit de l'initiative d'Accra, a été planifiée à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, à en croire le chef du département de la sécurité, qui a précisé par ailleurs que des opérations similaires sont en cours dans d'autres zones et  que dans les prochains jours, le Bénin, le Mali et le Niger vont également rejoindre cette initiative d'Accra.

Barthélémy Paul Tindano

gnamoano une«Fierté», c'est le nom de baptême de la 6e promotion d’élèves officiers issus des rangs. Après un an de formation à l'Académie militaire Georges Namoano (AMGN) de Pô, les désormais sous-lieutenants ont reçu leurs épaulettes ce vendredi 5 novembre au cours d'une cérémonie à la place de la Nation de Ouagadougou. Celle-ci a été  présidée par le ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants, le général de brigade Aimé Barthélemy Simporé, en présence de la hiérarchie militaire ainsi que de parents et d’amis des impétrants.

Ils sont au total 30 élèves officiers issus des rangs : 16 de l'armée de terre, 6 de la gendarmerie nationale, 5 des services et 3 de l'armée de l'air. Selon le commandant de l'Académie militaire Georges-Namoano de Pô, Didier Bamouni,  ces désormais sous-lieutenants ont suivi avec assiduité et discipline leur formation, laquelle a été adaptée au défi sécuritaire national actuel. Ainsi, l'accent a été particulièrement mis sur la préparation à la mission opérationnelle, notamment à travers le stage en parachutisme militaire, le stage contre les engins explosifs improvisés, le module de combat en zone urbaine, le stage  d'orienteur marqueur et baliseur, le stage commando, le module armes lourdes, ainsi que le stage de natation. gnamoano 2«C’est dans  ce contexte d'adaptation que les élèves officiers ont acquis les aptitudes indispensables à leurs futurs rôles de leaders», a précisé le commandant Bamouni.    Le chef d'état-major général des armées, le général de brigade Gilbert Ouédraogo, a félicité les impétrants et les a invités à servir la Nation avec loyauté. «Dans le contexte sécuritaire actuel qui est le nôtre, cette vie exigera de vous droiture,  exemplarité, engagement et esprit de sacrifice jusqu'au sacrifice suprême. Les valeurs et les enseignements qui vous ont été inculqués à l'AMGN doivent constituer le phare qui vous guidera à la tête de vos sections», a-t-il déclaré.

L’avis du ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants, le général Aimé Barthélemy Simporé, est qu’il faut magnifier la volonté de ces officiers de servir la nation dans ce contexte marqué  par des défis importants, d'où le nom de baptême «Fierté» pris par cette  6e promotion.

Le parrain de la cérémonie, le général à la retraite Kouamé Lougué,  par ailleurs ancien chef d'état-major général des armées et ancien ministre de la Défense nationale,  a invité ses filleuls à cultiver l'amour et la communion entre eux et, surtout, à ne pas oublier l'histoire du Burkina Faso. L’événement a pris fin par une remise d’attestations aux impétrants au mess des officiers.

Barthélemy Paul Tindano

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