jeudi 21 novembre 2024

garsi uneLe Groupe d'action rapide, de surveillance et d'intervention au Sahel (GARSI- Sahel) a reçu de l’Union européenne, par le truchement de  l’ambassadeur Wolfram Vetter, du matériel militaire ce jeudi 22 juillet à l’état-major général de la Gendarmerie à Ouagadougou. D’un coût global de 6 milliards 877 millions 500 mille F CFA, ce matériel est composé, entre autres, de pick-up, de gilets pare-balles, d'ambulances, de motos et de drones. Ce don vise à accroître les capacités opérationnelles des unités burkinabè engagées dans la lutte contre le terrorisme. C’était en présence de plusieurs ambassadeurs et du ministre burkinabè de la Sécurité, Maxime Koné.

Créé au départ sous forme de programme régional mis en œuvre dans les 5 pays du G5 Sahel, le projet GARSI a vu le jour en 2017 au Burkina Faso. Le moins qu’on puisse dire, c’est que dans la lutte sans merci que notre pays mène contre l’hydre terroriste, ce matériel vient à poids nommé, car  il permettra d’équiper cette unité. Selon le directeur du GARSI, le général Francisco Espadras, ce matériel va permettre  à la Gendarmerie d’opérer sur plusieurs fronts et de mener des actions immédiates sur le terrain. « Il va permettre à ces hommes d’accomplir leur devoir de manière plus efficace au bénéfice du peuple burkinabè. Ce matériel renforcera l’efficience des actions courageuses de l’armée », a déclaré l’officier supérieur.

garsi 2Concrètement, ce matériel va permettre d’optimiser les capacités opérationnelles des GARSI en leur offrant la possibilité d’accomplir leurs missions de sécurisation, de contrôle du territoire et de protection des populations, avec une attention particulière portée aux zones frontalières du pays. « Il s’agit de parvenir à une lutte plus efficace contre les réseaux terroristes et la criminalité organisée », a précisé pour sa part l’ambassadeur chef de la délégation de l’Union européenne au Burkina, Wolfram Vetter.

Le Burkina Faso bénéficie de deux bases GARSI déjà fonctionnelles : le GARSI-Toéni et le GARSI-Barani au Nord. A ces deux bases s’ajouteront dans les semaines à venir deux autres. « L’actuelle seconde phase du projet GARSI se traduira par le déploiement de deux nouvelles unités opérationnelles à Mangodara dans les Cascades et à Iolonioro dans le Sud-Ouest, ainsi que le renforcement en effectifs des unités déjà existantes de Toeni et Barani », a déclaré M. Wolfram Vetter. Cela portera à quatre le nombre total de GARSI et à 480 l’effectif de gendarmes spécialisés.

garsi 3Au-delà de la nécessaire sécurisation du territoire, la cohésion sociale et le renforcement de la légitimité de l’Etat représentent également des enjeux importants en vue d’une stabilité et d’une paix durable au Burkina Faso.

Selon le ministre Maxime Koné de la Sécurité, « c’est un moment particulier pour nous dans ce contexte sécuritaire. Ce don de matériel permettra d’équiper la Gendarmerie, précisément les unités GARSI qui sont déployées déjà au Nord et qui seront projetées dans les mois à venir dans les Cascades et au Sud-Ouest. La seule chose dont je suis sûr, c’est que le GARSI est une force qui est efficace et qui a des résultats ».

En somme, le matériel reçu se compose de : 38 véhicules Toyota, 6 camions, 6 blindés, des drones, des ambulances, des motos, des téléphones satellitaires et tout l’équipement individuel des gendarmes dont des treillis, des chaussures, des gilets pare-balles capables d’arrêter des balles de Kalachnikov. Le coût total dudit matériel est estimé à 10 millions 500 mille euros, soit 6 milliards 877 millions 500 mille F CFA.

Le Groupe d'action rapide, de surveillance et d'intervention au Sahel (GARSI- Sahel) est une unité spécialisée mise en œuvre dans les pays du G5 ainsi qu’au Sénégal depuis quatre ans afin de permettre à ces Etats de réagir au mieux à la vague terroriste et aux autres formes de criminalité qui les frappent à travers le Sahel depuis 2015.

Sié Mathias Kam (stagiaire)

Insecurite armurierLa recrudescence des attaques terroristes et des braquages donne des sueurs froides au peuple burkinabè. D’où proviennent ces armes et comment contrer ce fléau ? Ibrahim (Ndlr : Il s’agit d’un nom d’emprunt) est armurier dans la ville de Ouagadougou. Il a bien voulu se prêter à nos questions.

Vendeur d’armes depuis une trentaine d’années, Ibrahim précise que l’achat et la possession d’arme à feu nécessitent quelques autorisations. « La première chose qu’on demande à une personne désirant acquérir une arme à feu, c’est une autorisation d’achat d’arme. Si ladite personne en dispose, on lui vend l’arme qu’elle désire acheter. Si elle n’a pas d’autorisation, on lui explique la procédure à suivre pour se la procurer », détaille Ibrahim. Cette procédure, d’après ce quadragénaire aguerri dans la vente d’armes, inclut la constitution de dossiers et passe par une enquête dite de moralité effectuée par la police. « Les dossiers vont du casier judiciaire au certificat de résidence en passant par l'enquête de moralité, qui consiste à investiguer dans la vie du demandeur pour faire des recherches approfondies jusqu’à ce qu’il soit admis à recevoir l’autorisation ou que son dossier soit rejeté», ajoute notre interlocuteur du jour.

Selon lui, le problème des braquages, de plus en plus fréquents au Faso, peut être résolu si les Burkinabè sont armés et qu’ils se servent de leurs armes pour se protéger. « Un seul coup de feu peut sauver tout un quartier des braqueurs en les faisant fuir. Dans ce sens, l’armement est nécessaire. Il faut accélérer cela parce que quand X sait par exemple que Y est armé, il fait attention », dit-il. Et de préciser que « même le voleur a peur quand il entend la détonation d’un fusil et s’il sait que tu peux lui faire du mal il réfléchit par deux fois avant de t’attaquer ». Dans ce sens, il propose la création d’une police spéciale. « Il faut créer une police particulière afin que les enquêtes de moralité se fassent le plus rapidement possible et dès qu'un demandeur est déclaré apte à détenir une arme à feu, que l’autorisation lui soit délivrée afin qu'il puisse acquérir son arme ».

La réglementation en vigueur sur l’achat, le port d’arme et la vente des munitions a été revue et une loi votée à l’Assemblée nationale le 18 mai dernier vient durcir les choses. Toujours selon notre interlocuteur, le problème réside dans les exemptions de la Cedeao qui défavorisent le Burkina Faso puisqu’il (le Burkina) ne peut pas s’acheter et se faire livrer des armes comme il le souhaite. « Le gouvernement signe des autorisations d’achat d’armes pour des gens mais les exemptions de la Cedeao nous empêchent d’avoir la matière première que sont les armes pour pouvoir les vendre », explique Ibrahim. A qui la faute ? « Je ne sais pas si c’est la faute à l’Etat ou à la Cedeao, mais ces exemptions ne sont pas favorables au Burkina », clame Ibrahim.

Pouvant coûter jusqu’à 500 000 mille FCFA l’unité, les armes à feu circulent et tout porte à croire que les armuriers sont pour quelque chose dans cette situation. « Les armes qui circulent ne sont pas des armes que nous vendons. Ce sont peut-être des armes venues d’autres pays », affirme Ibrahim. « Le travail devient difficile pour nous. Notre souhait est que le gouvernement facilite la commande afin qu’on puisse avoir la marchandise et la vendre », a conclu Ibrahim.

Mathias Kam (Stagiaire)

 

Insecurite dans le SahelLes récentes attaques sanglantes perpétrées dans la région du Sahel contre des civils sont bien la preuve que pour les habitants de cette partie du Burkina Faso, la quiétude  est loin d’être un acquis. Ceux qui continuent d’y mener leurs activités le font grâce aux efforts conjugués des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

Selon un témoin de la région joint au téléphone, qui a requis l'anonymat pour des raisons évidentes, les populations de cette partie du territoire national sont certes sécurisées, mais l’hydre terroriste demeure pour elles une menace.  « Chaque jour que Dieu fait, il y a des tueries aux alentours des villages. Tenez : un jeune berger qui faisait paisiblement paître son troupeau à moins de 10 km de sa localité a été abattu. Son père, qui ignorait tout de la triste fin de son fils, s’est aussi rendu sur les lieux et a malheureusement été fauché à son tour par les balles assassines des forces du mal», explique notre témoin.

« Il y a des lieux où on n'ose plus s’aventurer en raison de leur dangerosité. Les femmes sont chassées des retenues d’eau, leurs bidons sont souvent fracassés par ces personnes malveillantes ou alors ce sont les pneus de leurs charrettes qui sont crevés », raconte-t-il.

Les habitants de cette partie du Burkina se ravitaillent en provisions sous l’œil vigilant des VDP et des FDS. « Ce sont les VDP qui nous aident à nous ravitailler en provisions. Ce sont également eux qui escortent les camions jusqu’à Dori. Les commerçants, eux, s’arrangent pour se faire escorter  par des VDP jusqu’à Dori. Les FDS, quant à elles, font le même trajet selon un programme bien défini », a conclu notre interlocuteur du jour.

Bessy François Séni

insécLa ville de Ouagadougou est de plus en confrontée aux attaques à main armée, lesquelles entraînent des pertes en vie humaine et de nombreux dégâts matériels. Pour cerner les contours de ce phénomène, Radars Info Burkina a interrogé Mahamadou Sawadogo, expert en sécurité. Il nous donne des explications et les précautions à prendre face au danger.

Selon Mahamadou Sawadogo, la recrudescence des attaques à main armée est liée à trois facteurs qui sont : la libre circulation des armes à feu en raison de la situation sécuritaire qui prévaut au Burkina Faso, le fait que de grandes villes comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou, Fada N'Gourma et Kaya sont désormais sous pression des déplacés internes, ce qui entraîne un accroissement du nombre d'habitants de ces villes, et enfin le chômage grandissant au sein de la jeunesse qui a tendance à s'adonner à la criminalité, au banditisme, etc.

Il y a aussi l'inadéquation de certaines mesures prises par l'administration dans la lutte contre le terrorisme. Il s'agit, à titre illustratif, de la fermeture de certaines mines artisanales et de marchés, de l’interdiction de rouler avec les engins à deux roues en zone rurale. Ces mesures rendent les populations oisives, les poussant à rallier les grandes villes en quête de leur pitance. Tous ces facteurs contribuent à accroître le niveau d'insécurité dans les grandes villes.

Au regard de cet environnement sécuritaire délétère, l'expert en sécurité exhorte la population à plus de prudence.

« Si nous comparons la situation actuelle à celle des dix dernières années, nous constatons un changement des modes opératoires. Ceux qui attaquent sont de plus en plus audacieux et beaucoup plus armés, beaucoup plus audacieux parce qu'ils attaquent maintenant les points stratégiques comme les banques, les stations alors qu'avant on ne connaissait pas cette forme de criminalité », explique-t-il avant d'ajouter qu'il faut prendre des mesures drastiques afin d'éviter qu’on se retrouve dans une situation analogue à celle de certains grands pays occidentaux.

« Tout individu devrait collaborer avec les forces de défense et de sécurité et dénoncer tout fait suspect, même apparemment banal », recommande celui qui fut gendarme.

La collaboration entre les forces de défense et de sécurité et la population doit être franche, ouverte et libre, précise Mahamadou Sawadogo.

« Lors d'une agression, il ne faut pas opposer de résistance aux agresseurs car la plupart du temps ceux-ci sont pressés, stressés et n'aiment pas qu'on leur fasse perdre du temps. Il faut aussi éviter de se balader avec de fortes sommes d'argent, des biens précieux ; éviter aussi certaines zones à risque et surtout de rentrer tard», conclut-il.

Bessy François Séni

trois uneEn vue de mutualiser leurs efforts  dans la lutte contre la menace terroriste au Sahel, les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Tchad, Niger, Mauritanie) ont créé en juillet 2017 la Force conjointe transfrontalière du G5 Sahel. Après trois ans d’existence, elle n’est pas au rendez-vous de ce qu’on attendait d’elle, selon Mahamoudou Sawadogo, spécialiste de l’extrémisme violent dans le Sahel.

La première opération de la Force G5 Sahel a eu lieu en novembre 2017 avec les armées du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Elle est composée de 7  bataillons de 5 000 hommes actuellement répartis sur trois fuseaux (Ouest, Centre et Est) de 200 km de large de part et d'autre des frontières communes.

Le Poste de commandement (PC) du fuseau Ouest est situé à Néma en Mauritanie, celui du Centre à Niamey et le PC du fuseau Est à N’Djamena au Tchad. Ces PC sont coordonnés par le QG de la Force, situé à Bamako.

Pour l’ancien gendarme et spécialiste de l’extrémisme violent dans le Sahel, la Force du G5 Sahel a des résultats mitigés, trois années après sa création. 

« Les résultats sont vraiment insignifiants au regard de la menace assez probante », a indiqué M. Sawadogo. 

Cette force ne tient que de la promesse de ses bailleurs. « Ils (premiers responsables de la Force, Ndlr) se plaignent qu’il n’y a pas d’équipements, de soutiens financiers. Ce qui fait que cette force est un peu réduite, donc un peu handicapée », a-t-il avancé.

trois 2Ainsi donc, il a affirmé que la Force du G5 Sahel n’est pas au rendez-vous de ce qu’on attendait d’elle. Les défis majeurs se trouvent d’abord dans les difficultés qu’ont le G5 Sahel et la Force conjointe de s’articuler.

« L’un des premiers défis concerne la mise en branle de ces sept bataillons. En plus, il faut mettre en place un commandement unifié. On se rend compte que non seulement il est difficile de trouver  les 5 000 hommes mais qu’en plus on n’a toujours pas un commandement unifié. trois 3Ça veut dire que chaque bataillon relève de son commandement initial. Ce qui fait qu’il est difficile aujourd’hui pour la Force conjointe du G5 Sahel de pouvoir mener des opérations au-delà même des limites du territoire de tout un chacun », a expliqué l’expert en sécurité.

Ensuite, les groupes armés terroristes ont réussi à s’adapter à la situation actuelle et changent de stratégie en permanence alors que la Force conjointe n’arrive pas à s’adapter à ces différents changements opérés par les groupes armés terroristes.

Cette Force conjointe nécessite également une indépendance puisque  les bailleurs extérieurs ont leur rythme et leurs exigences que les politiciens n’arrivent pas à respecter. A ce niveau, le spécialiste a reconnu que cette indépendance va venir difficilement car   chaque pays a son propre agenda.

« Aussi, ce qui fait la difficulté de cette force est qu’il y a trois fuseaux et il n’y a que le fuseau central qui est vraiment pris à partie par les groupes terroristes. Les autres fuseaux sont assez relaxes par rapport au fuseau Central », a fait savoir Mahamoudou Sawadogo.

Par conséquent, il ne serait pas évident que les cinq pays puissent s’entendre pour sacrifier d’énormes budgets au financement de la Force du G5 Sahel puisque chaque pays a ses propres problèmes.

Aly Tinto

explo uneLa brigade de recherches de gendarmerie de Fada N’Gourma a été saisie le 1er septembre 2020 par le poste de contrôle des douanes à l’entrée de la ville de la découverte d’un « colis dangereux » dans un car de transport en commun venant de Ouagadougou. Le mardi 8 septembre, la gendarmerie de ladite ville a animé un point de presse sur cette saisie et les investigations en cours. Le colis est un sac contenant 22 paquets de 15 bâtonnets de pétards chacun, soit 330 bâtonnets de pétards au total. Le propriétaire de ce colis est toujours  introuvable.

Selon le commandant de la brigade de recherches de gendarmerie de Fada N’Gourma, l’adjudant-chef major Djibrilou Zina, après qu'ils ont été informés de la découverte des explosifs, le colis a été immédiatement débarqué et les passagers conduits sous bonne escorte à la gendarmerie pour des investigations.

« Par la suite, nous avons rendu compte au procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Fada N’Gourma. Nos investigations ont commencé par l’identification des passagers, mais nous ne sommes pas parvenus à retrouver le propriétaire du colis suspect. Donc le soir, on a fait le point de la situation au procureur du Faso, qui nous a instruits de garder tous les passagers pour qu’on puisse faire venir les bagagistes de Ouagadougou », a déclaré l’adjudant-chef major Djibrilou Zina.

C’est le lendemain que les bagagistes sont arrivés de Ouagadougou. Mais  ils ne sont pas parvenus à reconnaître le propriétaire du sac suspect.

explo 2Après un bilan de tout ce qui s’est passé pendant les deux jours au procureur du Faso, il a instruit de libérer les  passagers et de garder les bagagistes.

«Jusqu’à ce jour 8 septembre, on n’a pas pu  mettre la main sur le propriétaire du colis suspect. S’agissant de la suite, c’est une affaire judiciaire, nous continuons les recherches », a confié le commandant de la brigade de recherches de gendarmerie de Fada N’Gourma.

Le colis est un sac contenant 22 paquets de 15 bâtonnets de pétards chacun, soit 330 bâtonnets de pétards au total. Selon les spécialistes du service de déminage du groupement des forces de sécurisation du secteur Centre et Est basé à Fada N’Gourma, un seul lot de ces pétards, « c’est-à-dire 5 bâtonnets combinés avec un détonateur, peut faire des dégâts énormes et inimaginables Autrement dit, un seul suffirait à mettre en petit morceaux le car de 70 places, y compris son contenu ».

Pour l’adjudant-chef major Djibrilou Zina, cette affaire suscite vraiment des interrogations et le but de la conférence, c’est d’interpeller tout un chacun sur ses responsabilités. 

« Nous voudrions que les médias nous aident à sensibiliser davantage les populations. Comment un tel colis a-t-il pu être embarqué jusqu’à Fada N’Gourma ? Les passagers n’ont pas été identifiés et les bagages n’ont pas été étiquetés. Peut-être qu’un bagagiste aurait pu découvrir qu’il y avait quelque chose de suspect dans le car et également dénoncer les comportements suspects aux forces de défense et de sécurité   pour que nous puissions ensemble lutter contre le grand banditisme et le terrorisme», a-t-il regretté.

A l’en croire, tous les chefs de gare ont été interpellés pour  sensibiliser leurs employés à la bonne façon de travailler. « Personne ne doit pouvoir embarquer un colis sans  avoir été convenablement identifié. Le colis doit être lié au ticket de la personne qui voyage », a expliqué le pandore.

En rappel, en septembre 2019, avec la dégradation du contexte sécuritaire, Radars Info Burkina avait fait un tour dans les gares de certaines compagnies de transport de la ville de Ouagadougou pour savoir leur contribution en matière de sécurité. Dans certaines gares, les passagers ne sont pas identifiés et les bagages en soute ne sont pas étiquetés.   Des chefs de gare ont indiqué que c’est difficile pour eux de faire respecter les consignes sécuritaires, notamment le contrôle des bagages.

Aly Tinto

Lire aussi l’article https://www.radarsburkina.net/index.php/fr/societe/1735-insecurite-une-sensibilisation-de-la-population-est-necessaire-pour-qu-elle-accepte-le-controle-des-bagages-dans-les-gares

 

ogapo uneLors d’une conférence de presse tenue le jeudi 7 mai 2020, des  élus et responsables de l’Union pour le progrès et le changement  (UPC) de la région de l’Est, préoccupés par la situation sécuritaire, humanitaire et sociale qui prévaut dans cette partie du Burkina Faso, ont tiré la sonnette d’alarme et proposé l’opération « Ogapo » (Ndlr : dénouement final en langue locale) pour sauver l’Est du Burkina. Radars Infos Burkina a recueilli l’appréciation de quelques citoyens de la ville de Ouagadougou sur cette suggestion.

Selon les élus de l’UPC, l’opération « Ogapo» doit concerner les 5 provinces de la région de l’Est. Les volontaires pour la défense de la patrie doivent être associés aux Forces de défense et de sécurité (FDS) pour mener cette opération. En outre, « Ogapo » devra impliquer « fortement les détenteurs du savoir traditionnel du Gulmu et associer toutes les forces vives de la région ».  Un retour des populations déplacées, une fois l’opération menée avec succès, et la création d’un Centre de « déradicalisation » font également partie des propositions.

ogapo 2« La proposition est la bienvenue si vraiment l'armée accepte de mettre à contribution la chefferie traditionnelle. Actuellement, aborder la question de la sécurité est trop délicat, surtout pour un natif de cette partie du pays. Je trouve que les élus ont fait preuve de beaucoup de courage en prenant le risque d’aborder cette question. A l'Est, rien n'est fait pour que la paix revienne. Les terroristes sont dans la forêt », a soutenu un citoyen natif de la région concernée.

Selon Mme Sawadogo, faire des propositions pouvant contribuer à résoudre ce problème d’insécurité à l’Est est très louable. « Il n’y a pas la stabilité mais cette situation dépend des autorités. Si elles en ont la volonté, elles peuvent restaurer la sécurité à l’Est et partout dans le pays», a commenté cette femme.

« C’est très bien de faire des propositions dans le but de ramener la stabilité dans cette partie du pays. Mais l’application sera difficile. D’abord, il faut bien équiper les volontaires en armes et bien les prendre en charge. Les volontaires et les FDS ne peuvent pas participer à une même opération. Ils n’ont ni les mêmes armes ni la même formation. En outre, l’Etat semble actuellement exclusivement préoccupé par la question de la pandémie de coronavirus alors que dans certaines parties du territoire, les populations souffrent depuis », a affirmé M. Ilboudo, un de nos interlocuteurs.

Aly Tinto

curite uneLes violentes attaques terroristes, avec leur corollaire de populations déplacées, perdurent au Sahel. Au Burkina Faso, plus de 850 000 Burkinabè ont été obligés de fuir leurs localités d’origine. Dans cette situation d’insécurité, quand dit-on qu’un territoire échappe au contrôle de l’Etat central ? Pour trouver réponse à cette question, Radars Info Burkina a contacté tour à tour Yehia Ag Mohamed Ali, chercheur à l’Institut de veille et d’études des relations internationales et stratégiques (IVERIS), et Abdoul Karim Saïdou, politologue et enseignant-chercheur à l'université Ouaga 2.

«Je dirai que l’Etat n'y est plus présent par l’intermédiaire de ses démembrements comme l’administration territoriale, la justice, les forces de sécurité, etc. Ce vide est généralement comblé par une autre organisation qui assure la justice, le maintien de l'ordre, prélèvement des taxes et/ou impôts. Cette situation peut concerner une zone pendant un certain temps. Chez nous (Ndlr, au Mali),  en dehors des centres urbains,  le centre et le nord du pays sont gérés par des groupes islamistes, des milices, des mouvements armés dits signataires de  l’accord d’Alger. En conclusion,  l'Etat, par définition, est le détenteur exclusif de la violence légitime sur son territoire. 

curite 2Si des groupes ou organisations lui disputent ce monopole de la violence, alors il est attaqué dans ses fondements. La pire des choses, c'est quand l’Etat sous-traite ce monopole avec des organisations non étatiques ; dans ce cas, il s'autodétruit », a soutenu le chercheur Yehia Ag Mohamed Ali. Selon le politologue Abdoul Karim Saïdou, on dit qu’un territoire échappe au contrôle de l’Etat central lorsque des groupes armés occupent ce territoire ou empêchent l'État d'exercer sa souveraineté. « Dans ce dernier cas, par exemple, l'Etat est incapable de faire fonctionner son administration, ses services sociaux et de protéger les biens et les personnes. curite 3C’est le cas des villages qui se sont vidés de leurs habitants à cause de l'insécurité. Bien que ces villages ne soient pas territorialement occupés, ils échappent, dans les faits, au contrôle de l'État, d’autant plus que ce dernier est incapable d'y exercer sa souveraineté », a expliqué le juriste.

Pour ce qui concerne le Burkina Faso, une source sécuritaire a affirmé qu’il n’y a pas de zone qui échappe au contrôle de l’Etat central. Selon ladite source, l’armée met les pieds partout. Néanmoins, fait-elle remarquer, elle ne peut pas être présente 24h/24 sur chaque centimètre carré du territoire national.

Aly Tinto

 

                

jpg uneCes derniers temps, des médias font état d’une rivalité meurtrière dans le nord du Burkina Faso et le centre du Mali entre le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS), les deux principaux groupes terroristes au Sahel. Pour une lecture de ces affrontements et de leurs conséquences, Radars Info Burkina a contacté tour à tour Yehia Ag Mohamed Ali, chercheur à l'Institut de veille et d'études des relations internationales et stratégiques (IVERIS), et Juliette Nsimba, coordonnatrice adjointe de projets au Réseau de réflexion stratégique sur la sécurité au Sahel (2r3s).

Selon le chercheur Yehia Ag Mohamed Ali, la question idéologique est d'abord la principale raison de ces affrontements meurtriers.  « De façon idéologique, les deux groupes n'ont jamais fait bon ménage. C'est l'aile dure d'Al-Qaïda qui a formé l'Etat islamique (EI). Quand ils ont formé l'EI, il fallait pratiquement effacer Al-Qaïda pour avoir le monopole du jihad. Au Mali, surtout au niveau des trois frontières, l'EIGS aussi est né de dissidences d'Al-Qaïda.  Abou Walid Al-Sahraoui, qui est le chef de l'EIGS, était avec Al-Qaïda. A la mort du chef d'Al-Mourabitoune, il s'attendait à remplacer ce dernier. Ça n'a pas été le cas, donc il a décidé de créer un groupe et de faire allégeance à l'EI. Al-Mourabitoune était composé essentiellement d’anciens du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO). C'est ainsi qu'il a été très actif dès le début, essentiellement entre le Niger et le Mali et accessoirement au niveau du Burkina Faso. Au Burkina Faso, la première katiba Ansarul Islam était affiliée à Al-Qaïda. Malam Dicko, son fondateur, était avec Iyad Ag-Ghali, chef du GSIM. Donc ces conflits visent d’abord le contrôle du territoire et ensuite à imposer certaines idées sur le jihad. En effet, Al-Qaïda, par principe, n'attaque pas les populations civiles tant qu'elles ne s'attaquent pas à ses intérêts, ou tant qu'elles ne s'allient pas à ceux qu'ils appellent les mécréants contre lui. Par contre l'EI règne par la terreur. En outre, il y a une lutte pour le pouvoir car celui qui contrôle le territoire a aussi le pouvoir », a-t-il expliqué.

jpg 2Quant à Juliette Nsimba, elle affirme que la gestion des troupeaux de bétail et de conflits fonciers serait à l’origine de l’escalade de la violence entre les deux groupes armés. « Au sein du 2r3s, nous avons analysé la situation et constaté que la crise du COVID-19 a entraîné un changement idéologique en matière de contre-terrorisme ; les Etats sahéliens adoptent désormais une approche centrée sur la sécurité humaine. Cette nouvelle approche a permis aux groupes armés de consolider, voire de renforcer leur position, en particulier dans le centre du Mali », déclare-t-elle.

Les combats se sont intensifiés ces derniers temps parce que « l'EIGS est monté en puissance. En plus, il y a eu beaucoup de défections, surtout dans la partie centre du Mali, au sein de la katiba du Macina en faveur de l'EIGS>>, a avancé le chercheur à IVERIS. « De nombreux combattants de l’EIGS, recrutés au Burkina Faso et au Niger, sont arrivés dans la région de Mopti, un espace originellement « dominé » par des groupuscules se revendiquant d’Al-Qaïda et du prédicateur Amadou Koufa. L’EIGS semble vouloir étendre son influence et renforcer sa position dans le centre du Mali », a renchéri la coordonnatrice adjointe de projets au 2r3s.

jpg 3Par conséquent, « les chefs d'Al-Qaïda, à un moment donné, étaient physiquement menacés. Maintenant ils jouent simplement leur survie>>, a commenté le chercheur Yehia.

 « Je crois que le rapport de force est actuellement en faveur de l’EIGS, qui dispose d’importants moyens financiers techniques et d’un avantage de taille : sa position stratégique, à cheval sur trois pays, lui offre ainsi plusieurs options stratégiques non négligeables>>, a ajouté Mme Nsimba.

Pour Yehia Ag Mohamed Ali, au Mali c'est plutôt le GSIM, c'est-à-dire Al-Qaïda, qui est en train de prendre le dessus.  « Au Burkina, les combats ont commencé il n'y a pas très longtemps et je ne connais pas la configuration à ce niveau.  La configuration au Burkina est un peu particulière », a-t-il ajouté. « Je crois plutôt qu'à la fin, ils vont pouvoir s'entendre sur une répartition du territoire parce que c'était le cas avant », a poursuivi le chercheur.

Les États du Sahel peuvent-ils profiter de cette rivalité sanglante entre ces ennemis ? « Abou Walid al-Sahraoui, chef de l’État islamique au grand Sahara, est désormais l’ennemi numéro un des services de renseignements occidentaux et sahéliens. En rappel, le président IBK avait annoncé l’ouverture d’un dialogue les chefs djihadistes maliens Iyad Ag-Ghali et Amadou Koufa. On peut également se poser la question de savoir si l’annonce des négociations avec le GSIM a un lien avec la recrudescence des attaques de l’EIGS dans la zone du Liptako-Gourma », a soutenu Juliette Nsimba.

Pour M. Yehia, les Etats du Sahel, surtout les différentes forces armées qui interviennent dans la lutte contre le terrorisme, doivent plutôt faire preuve d'intelligence. « Il faut faire en sorte que les populations soient des alliés au lieu de les pousser dans les bras des terroristes », a-t-il conclu.

Aly Tinto

 

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