jeudi 21 novembre 2024

Culture : « Je ne vois pas en quoi la musique moderne burkinabè est une copie de la musique ivoirienne », Marius Diessongo, consultant culturel

mrds uneLa musique burkinabè a subi beaucoup de mutations ces dernières décennies. On constate l’émergence d’une génération d’artistes musiciens ayant un style différent de celui de leurs prédécesseurs. Pour Marius Diessongo, journaliste et consultant culturel, la musique burkinabè a puisé pendant longtemps dans ses propres racines, même si elle a été souvent influencée par des bases rythmiques extérieures.

« Je ne vois pas en quoi la musique moderne burkinabè est une copie de la musique ivoirienne », a déclaré d’entrée de jeu Marius Diessongo. Il a ajouté que la musique était cyclique en citant comme exemple l’âge d’or de la musique congolaise. Au Burkina Faso, par exemple, des artistes comme Georges Ouédraogo et Issouf Compaoré faisaient soit de la soul music, soit de la chanson française, c’est-à-dire que la base rythmique de leurs chansons était de la soul music ou de la chanson française mais ils ne chantent qu’en mooré. Et Marius Diessongo de préciser qu’à cette époque-là, il y avait un certain nombre d'artistes qui faisaient du warba.

Pour le consultant culturel, l’âge d’or de la musique congolaise a influencé la base rythmique des chansons des musiciens burkinabè. Des musiciens comme Zaksoba (qui a fait un featuring avec le musicien congolais Defao) et le Groupe Oxygène illustrent cette influence de la rythmique congolaise sur les musiciens burkinabè avec le soukouss, le zaïko et bien d’autres genres. L’influence de la musique ivoirienne n’est apparue que tout dernièrement avec le mouvement coupé-décalé avec le Groupe As DJ en 2002. C'est à ce moment que quelques artistes burkinabè faisaient du coupé-décalé. Il y a eu aussi l’influence du zouglou avec le Groupe Djafoul Staff qui faisait un mélange de liwaga et de zouglou, mais qui a eu du mal à s'imposer.

mrds 2Marius Diessongo a en outre fait remarquer que c’est à partir de 2005 qu’on a vu apparaître un artiste musicien comme Yoni avec son album Nonglom. C’était une œuvre musicale faite purement de la musique burkinabè à sa base rythmique avec un mélange de musiques moaga, peule et de wedbindé.  Yoni a transmis son rythme à Floby qui à son tour l’a transmis à d'autres comme Sofiano et ainsi de suite. Hamed Smani a créé le takborsé, Dez Altino est arrivé avec sa rythmique issue de Ouahigouya. « Peut-être qu'il y a eu des influences sur des consommateurs parce ces derniers sont friands de musique ivoirienne, mais pas sur les artistes forcément », a indiqué Marius Diessongo.

Il a rappelé que les musiques d'inspiration traditionnelle occupent une place de choix dans le show-biz burkinabè avec de grands noms comme Kisto Koinbré, Zougna-Zagmda et Hado Gorogho Léontine.

« La base rythmique de la musique mandingue a aussi influencé la musique burkinabè d’artistes comme Solo Dja Kabako et Bassita Diabaté », a précisé M. Diessongo, pour qui cette influence extérieure est à mettre au compte des acquis culturels. « C'est d'ailleurs une bonne chose parce que quand vous allez dans les confins du Burkina Faso, vous constatez que c’est ce qu’une grande partie des populations écoutent. L’avantage, c’est que cela suscite des collaborations entre artistes de la musique traditionnelle et artistes de la musique moderne », a affirmé le consultant.

Bessy François Séni

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