jeudi 21 novembre 2024

Rétrospective 2022 : Les Burkinabè ont payé cher la forte dépendance extérieure de leur économie

retrospect2023L’année 2022 n’aura pas été un long fleuve tranquille pour l’économie burkinabè. Le pays a en effet connu des soubresauts, notamment avec un changement de régime à deux reprises, la guerre en Ukraine, la forte appréciation du dollar et surtout la double crise sécuritaire et alimentaire qui a sévi au niveau national. Sur le plan économique, l’année écoulée, pour de nombreux Burkinabè, pourrait être assimilée à la période 68-72. Retour sur l’actualité économique burkinabè en 2022.

En 2022, le Burkina Faso a connu deux coups d’Etat : le premier le 24 janvier et le second le 30 septembre. Ces évènements ont eu certainement un fort impact sur la vie économique de la Nation. Même si les institutions n’ont pas tenté d’évaluer cet impact économique, on peut retenir la suspension de l’exécution des budgets au sein de plusieurs administrations publiques, des collectivités territoriales, etc., qui a entraîné l’arrêt de certains services ou travaux publics. Cela a donc perturbé le fonctionnement de l’économie burkinabè et mis au chômage ou en difficulté financière des citoyens ainsi que des entreprises.

Toujours en 2022, le pays a enregistré une crise inflationniste sans précédent ayant dépassé celle de tous les autres pays membres de l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). La période de pic a été le troisième trimestre de l’année écoulée. En effet, cette inflation a atteint 18% en août, soit le pic en 2022. Ensuite, elle est respectivement redescendue à 17 puis 15% en septembre et octobre 2022. Cette situation a non seulement des causes externes telles que la guerre en Ukraine, la forte appréciation du dollar (monnaie de paiement internationale) par rapport à d’autres monnaies comme l’euro, avec laquelle le franc CFA est en parité fixe (1€ = 655,975 F CFA), mais aussi et surtout des causes internes qui sont la forte dépendance de l’économie burkinabè vis-à-vis de l’extérieur (c’est une économie de consommation), la crise sécuritaire qui a occasionné un déplacement massif de plus de 1,8 million de Burkinabè sur le plan national, la mauvaise campagne saisonnière que le pays a connue en 2022, etc.

Sur le plan fiscal, au 30 juin 2022, la Direction générale des impôts (DGI) avait recouvré près de 584,59 milliards de F CFA sur une prévision de 550,33 milliards de F CFA, soit un taux de réalisation de plus de 106,23%. Rapporté aux prévisions annuelles de 1 105 milliards de F CFA retenues dans la loi de finances 2022, ce taux de recouvrement a été de 52,63%. Dans la même période, la Direction générale des douanes (DGD) a recouvré près de 423,55 milliards de F CFA, sur une prévision de recettes de 354,99 milliards de F CFA, soit un taux de recouvrement de 119,31%. Rapporté aux prévisions annuelles de 772,49 milliards de F CFA retenues dans la loi de finances 2022, ce taux de recouvrement est de 54,83% pour cette direction. Les performances réalisées par les deux régies de recettes, pour la première moitié de l’année 2022, présagent une bonne atteinte des objectifs en fin d’année.

En 2022 également, le Millennium challenge corporation (MCC) du gouvernement américain a suspendu ses activités avec le Burkina Faso, à la suite du coup d’Etat du 24 janvier 2022. En septembre 2022, le Conseil d’administration du MCC a voté la fin de l’assistance du MCC au Burkina Faso. Ce faisant, il prive le pays des 260 milliards de francs CFA prévus dans le cadre du second compact pour soutenir une croissance économique durable et inclusive, particulièrement dans le domaine des énergies renouvelables. Dans la même lancée, Washington a suspendu le Burkina de l’African Growth Opportunities Act (AGOA), un programme unilatéral de préférences commerciales qui offre aux pays éligibles la possibilité d’exporter, sans frais de douane ni quota sur le marché américain.

En 2023, les Burkinabè sont confrontés à d’énormes défis pour la survie de la Nation

L’année 2022, c’est le moins qu’on puisse dire, a été particulièrement éprouvante pour le Burkina Faso. Et les Burkinabè auront plusieurs défis à relever en 2023. Sur les plans économique et financier, le défi majeur pour les populations, ce sera à la fois de renouer avec un niveau de vie acceptable et de mettre fin aux multiples crises qui gangrènent la société, à travers une saine  gestion des affaires publiques. Cette gouvernance saine suppose une gestion dénuée de corruption et une répartition équitable des richesses. Il s’agira donc de lutter contre ce fléau qu'est la corruption sous toutes ses formes et de manière efficace. Si les institutions publiques n'y parviennent pas, vains seront les efforts déployés dans la lutte contre les autres fléaux tout aussi ravageurs qui minent la société burkinabè. 

Etienne Lankoandé

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