L’économie burkinabè, informelle à 70%, importe un certain nombre de biens essentiels à la consommation. Voilà pourquoi elle est très vulnérable aux crises internationales. C’est du moins l’avis du Dr Issa Kobyagda, qui a fait cette assertion lors de la master class du club de presse de la Chambre de commerce. C’est, toujours selon lui, une économie qui peine à s’autofinancer, d’où la multiplication des actions de promotion du civisme fiscal (plus de 88% des recettes de l’Etat proviennent des régies financières). Retour sur l’actualité économique de ces derniers jours.
Le moins qu’on puisse dire est que l’économie burkinabè n’est pas encore sortie de l’ornière, au regard des difficultés que vivent les populations : crise alimentaire, crises sécuritaire et humanitaire ainsi que crise de devises, d’autant plus que l’euro a entraîné avec lui le franc CFA dans sa chute face au dollar américain. A ce jour, cette unité monétaire européenne est toujours cotée à moins de 1,02 dollar, alors qu’elle se situait à 1,20 environ il y a un an, soit environ 20% de chute. Une dégringolade qui n’est pas sans conséquence sur les prix des biens étrangers (désormais plus chers) pour les pays d’Afrique francophone qui ont leurs monnaies arrimées à l’euro.
Dans le même ordre d’idées, le club des journalistes de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso a organisé une master class le vendredi 12 août 2022 dont le thème était « Impact des crises mondiales, sous-régionales et nationales sur les économies africaines : cas du Burkina Faso ». De cette master class il ressort que les crises mondiales, régionales ou nationales impactent l’ensemble des secteurs. Cependant, selon la nature de la crise, il y a des secteurs qui en pâtissent plus que d’autres. Par exemple, la COVID-19 avait impacté le secteur de l’hôtellerie et du tourisme ; la crise Russie-Ukraine a eu un impact sur les produits de la boulangerie et le pétrole. Le directeur général de l’Economie et de la Planification, le Dr Issa Kobyagda, l’un des communicateurs de cette master class, a fait savoir qu’un certain nombre de biens essentiels à la production sont importés, ce qui rend le pays beaucoup vulnérable aux crises internationales. C’est pourquoi il propose une révision de la situation économique, pour garantir que l’économie puisse par elle-même créer des éléments qui permettent de tenir pendant une certaine période. Et le niveau d’informalité de l’économie (70% informelle, selon le Dr Issa Kobyagda) reflète la santé de celle-ci.
Par ailleurs, l’amicale du personnel douanier féminin (les Gabelles) a tenu une conférence sur le civisme fiscal en matière douanière le mardi 9 août 2022. A cette activité, les douanières ont réuni les commerçantes transitaires et leurs collègues autour du thème « Le civisme fiscal en matière douanière », afin de permettre à ces dernières d’avoir une bonne connaissance des douanes et sans a priori. Et le civisme fiscal, Dieu seul sait combien le Burkina Faso en a besoin, lui qui a une économie fragile et est en quête perpétuelle de ressources financières internationales. Cependant, il serait tout aussi judicieux de commanditer des études approfondies sur ce qui pousse les agents économiques à l’incivisme fiscal.
Au Mali voisin, ce sont les autorités de transition, par le biais du Trésor public du Mali, qui sollicitent depuis le 15 août 2022 les investisseurs opérant sur le marché financier de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) pour un montant de 200 milliards de FCFA (300 millions de dollars) à travers un emprunt obligataire par appel public à l’épargne dénommé « Etat du Mali 6,20% 2022-2032 ». L’émission a pour objet la mobilisation de ressources en vue d’assurer le financement d’infrastructures de développement prévues dans le budget 2022 de l’Etat du Mali.
Etienne Lankoandé