Le Front patriotique, ce regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile ayant récemment vu le jour, a tenu une conférence de presse ce 9 août à Ouagadougou. Objectifs : situer, d’une part, l'opinion publique nationale et celle internationale sur l'incident survenu le 4 août 2022 lors de la cérémonie de signature de sa charte et, d’autre part, dénoncer la naissance de « milices armées » visant à restreindre les libertés individuelles et collectives.
D’entrée, les conférenciers se sont prononcés sur les faits survenus le 4 août 2022. Ils disent avoir constaté ce jour-là la « présence frauduleuse » dans la salle où se tenait leur cérémonie d’Auguste Mohamed Koumsongo, député de l’Assemblée législative de transition (ALT) burkinabè, et de certains de ses acolytes, tous d’un «gabarit impressionnant» et organisés en bande. Ayant été identifiés comme des personnes venues pour semer le trouble et le désordre, ils ont été priés de sortir de la salle, d’après les conférenciers. C’est ainsi que mécontents d’avoir été mis dehors, les indésirables ont ramassé des cailloux dont ils comptaient se servir, toujours selon les conférenciers. A en croire ces derniers, ils s’en sont même pris physiquement à l’ancien président de l’Assemblée nationale Alassane Bala Sakandé, exerçant sur lui et sa garde des faits de violence dans le but d’attenter à leur intégrité.
Face à cette situation, le Front patriotique dit avoir fait recours à la police pour intervenir afin d’éviter que la situation dégénère. Cependant, celle-ci «a refusé de jouer un rôle préventif et s’est plutôt préparée à intervenir, comme si elle était bien informée du projet de sabotage de la cérémonie».
Les conférenciers disent avoir porté plainte contre Auguste Koumsongo et autres. « Les actes posés par Auguste Mohamed Koumsongo et sa bande sont constitutifs de faits d’injures publiques, de violence et voie de fait, de menaces sous conditions et d’empêchement de l’exercice de droits civiques, fait prévus et punis par les articles 323-1, 524-2 et 524-6 du Code pénal… De ce fait, nous avons porté plainte contre M. Auguste Koumsongo et autres et nous attendons la suite qui sera donnée à notre plainte», ont-ils précisé.
D’autre part, le Front patriotique dit condamner ce qu’il a qualifié de comportement trouble d’Auguste Koumsongo. Il exige sa destitution de l'Assemblée législative de Transition (ALT) sans délai car, selon lui, celui-ci n’est pas à son premier forfait. «Il nous revient par ailleurs que le sieur Auguste Koumsongo n'est pas à son premier forfait. Le 30 juillet 2022, il aurait aussi mis fin à une conférence de Yéli Monique Kam au mémorial Thomas-Sankara », ont affirmé les conférenciers.
C’est pourquoi le Front patriotique dit mettre l’ALT face à sa propre honorabilité : «Si des voyous créent la terreur et font l’apologie de la violence, il revient à l’ALT de donner la preuve qu’elle ne tolère pas des voyous en son sein.»
A la question de savoir si le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) était responsable de cet incident, voici la réponse du conseiller juridique du Front patriotique, Me Ambroise Farama : «A ce stade, nous n’allons pas attribuer la paternité de l’incident au régime du MPSR. Mais le constat que nous faisons, c’est que le patron de cette bande est membre de l’ALT.»
Toutefois, ce regroupement hétéroclite de partis politiques et d’acteurs de la société civile burkinabè «interpelle le gouvernement de la Transition sur sa responsabilité à garantir au peuple le respect des libertés individuelles et collectives et le tient responsable de toute atteinte à l’intégrité physique de ses membres, militants et sympathisants».
F.S.