samedi 23 novembre 2024

bbbylLa Coalition des associations de défense des droits de l'homme (CADDH), dans un communiqué, a invité le peuple burkinabè à boycotter toutes les compagnies de téléphonie mobile le mardi 30 mai 2023 de 13h à 14h sur toute l'étendue du territoire national. Objectif de cette opération : dénoncer la cherté des services desdites compagnies et les dysfonctionnements y observés. En quoi consiste l'opération ? Pourra-t-elle vraiment impacter les mis en cause ? Comment avoir l’adhésion des populations ? Adama Bayala, porte-parole de cette coalition, apporte des éléments de réponse dans l’interview ci-après qu’il a accordée à Radars Info Burkina.

Radars Burkina : En quoi consiste cette opération de boycott ?

Adama Bayala : C’est une campagne. La première d’une série inscrite dans une opération baptisée « Vent du salut » qui appelle les utilisateurs des services de communication électronique à marquer une pause entre 13 H et 14H, le mardi 30 mai 2023. Il va s’agir de mettre les téléphones et tous les autres terminaux mobiles en mode avion pour dénoncer la cherté des services et les nombreux dysfonctionnements observés. 

Radars Burkina : Comment comptez-vous faire respecter ce boycott ?

Adama Bayala : Pour assurer le succès de cette campagne, nous avons adopté une stratégie de communication. Il s’est agi d’adopter les moyens de la communication d’influence, d’élargir les bases du mouvement, en associant les associations de renommée, les blogueurs et les influenceurs. Ensemble, nous explorons tous les canaux d’information, de sensibilisation et de mobilisation des consommateurs. En cela, les médias jouent un rôle important. Nous vous remercions de votre contribution inestimable.

Radars Burkina : Pensez-vous avoir l’adhésion de toute la population, quand on sait que le téléphone est l’outil de travail de plusieurs personnes, surtout du monde des médias ?

Adama Bayala : Il n’y a pas que les acteurs des médias traditionnels. Il y a aussi les blogeurs, les influenceurs, les commerçants, les entreprises et même les anonymes qui ne peuvent plus se passer du téléphone portable. Nous le comprenons aisément ; c’est d’ailleurs pourquoi nous proposons juste 1 heure. Nous ne doutons pas que les consommateurs burkinabè accepteront de se sacrifier aujourd’hui pour arracher des prix supportables et justes. Savez-vous qu’alors que le giga coûte près de 2000 F CFA ici, il est vendu à moins de 350 F CFA au Ghana et à 1100 F CFA au Niger ? Nous voudrions donc paraphraser l’expert en leadership John Calvin Maxwell pour dire soit nous nous sacrifions aujourd’hui pour nous reposer demain, soit nous nous reposons aujourd’hui pour nous sacrifier demain. Nous avons foi en la responsabilité des consommateurs burkinabè, parfois lents à agir.

Radars Burkina : Ne serait-il pas préférable d’organiser une marche de protestation qui, peut-être, pourrait avoir rapidement plus d’impact que cette opération ?

Adama Bayala : Pas vraiment. Il faut tenir compte du contexte. Oubliez-vous que le communiqué N°3 du MPSR 2 interdit les manifestations ? On n’est pas obligé d’explorer les marches. Nous menons le combat depuis des années. Nous avons exploré en vain les voies de plaidoyer. Aujourd’hui, nous explorons une nouvelle forme de protestation qui va avoir des conséquences économiques importantes. Nous précisons que nous avons une approche méthodique et scientifique, savamment pensée. Nous avons parlé d’opération « Vent du Salut » ; Ne soyez pas pressée. Si la donne ne change pas, nous vous surprendrons agréablement. Croyez-en notre engagement et en notre sincérité. Nous irons au bout, à la satisfaction des consommateurs burkinabè.

Radars Burkina : Cette opération peut-elle réellement impacter les compagnies de téléphonie mobile ?

Adama Bayala : Absolument. Vous avez trois compagnies de téléphonie mobile, avec un parc d’abonnés de 24 millions. Pendant une heure, tous les terminaux mobiles en mode avion. Plus d’appels, plus de messages, plus de connexion internet. Sortez les calculatrices ; je n’en dis pas plus. Si le mouvement est bien suivi, les opérateurs prendront la mesure de nos frustrations et y répondront au plus vite, avec des prix justes et des services de qualité.

Radars Burkina : L'association nationale des opérateurs de télécommunications veut octroyer 10% du volume data supplémentaire aux consommateurs selon un communiqué, que pensez-vous de cette mesure ?

Adama Bayala : Une belle avancée, car nous devons dire que depuis la montée de la fièvre, jamais les opérateurs de téléphonie mobile n’ont reçu les associations de défense des consommateurs. Nous ne savons pas si les choses se passent comme cela chez eux. S’ils nous avaient reçus pour expliquer, on aurait pu comprendre de quoi il retourne. En tout état de cause, ils avaient promis de faire un benchmark dans le marché ouest-africain, on ne sait pas s’ils ont été inspirés par ses conclusions. La logique commande qu’ils publient les résultats de cette étude. Qu’à cela ne tienne, la conférence des présidents des organisations qui porte l’opération appréciera.

Toutefois, nous avons le devoir de louer l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques), car au moment où les opérateurs s’emmurent, c’est elle seule qui nous a reçus et traités comme de véritables partenaires. Avec elle, nous travaillons régulièrement pour des perspectives heureuses.

Propos recueillis par Flora Sanou

aaclo uneAprès 48h d’échanges, le colloque international initié à l’occasion du cinquantenaire du quotidien L’Observateur Paalga s’est achevé dans la soirée du mercredi 24 mai 2023 à Ouagadougou. Retour sur cette cérémonie de clôture.

Robert Ouédraogo, coordonnateur de L’Observateur Paalga, qui représentait le fondateur et directeur de publication de l’organe de presse à la cérémonie de clôture, a remercié tous ceux et celles qui ont œuvré à la tenue du colloque. Selon lui, la moisson a été abondante au regard de la richesse des échanges et des contributions des panélistes ainsi que des participants.

Le Dr Émile Bazyomo, enseignant-chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo, modérateur d’un des panels du colloque, note une satisfaction globale à deux niveaux. D’abord pour lui, c’est l’une des premières fois qu’un média noue un partenariat avec une université et organise ce type de rencontre. Cela est d’une importance capitale, toujours selon l’universitaire, en ce sens que la problématique de la responsabilité sociale de l’entreprise de presse a été posée.

aaclo 4Sa conviction est que les expériences que le Burkina est en train de vivre n’existent nulle part ailleurs et ne correspondent pas aux théories qui existent dans le domaine des sciences de l’information et de la communication. C’est pourquoi il pense qu’il faut qu’on parle de « l’école de Ouagadougou », comme l’ont d’ailleurs proposé certains panélistes car, selon leurs dires, ce qui se passe au Burkina à travers la propagande exagérée, les fake news et le fait que tous les citoyens deviennent des diffuseurs de contenu ne se passe pas ailleurs. « Il faut que nous [enseignants chercheurs] réfléchissions sur la survie des médias de façon générale. Il faut que nous voyions comment on peut théoriser cela à travers des théories qui n’existent pas encore », a-t-il affirmé.

aaclo 2Quant au président du comité scientifique, le Pr Magloire Somé, il se réjouit que les échanges aient été très riches car « d’excellents exposés ont été faits avec beaucoup de débats à l’appui et c’était le plus important ». A l’en croire, c’est un bon départ pour L’Observateur Paalga qui a eu l’idée de faire un arrêt pour essayer de communiquer sur les opportunités qui s’offrent aux médias traditionnels afin de se repositionner dans ce nouveau contexte. « Aujourd’hui sur les réseaux sociaux, beaucoup d’informations circulent. Ainsi, la presse est obligée d’en tenir compte pour se réadapter, sinon elle risque de disparaître. La presse écrite est une question d’adaptation et de réadaptation », dira-t-il.

aaclo 3Dans cet ordre d’idées, le Pr Somé soutient que celui qui maîtrise le numérique et sait qu’il offre d’immenses opportunités a la possibilité de se repositionner dans le nouveau contexte de publication de l’information. Et de préciser que les actes des communications seront réunis et, après instruction, seront publiés. « D’ici trois mois, l’ensemble des communications sera distribué aux gens pour qu’ils évaluent cela et après, lesdites communications seront renvoyées à leurs auteurs pour qu’ils prennent en compte les observations et c’est après cela que le comité scientifique fera la publication », a conclu le président du comité scientifique.

À noter que 30 attestations de communication et participation ont été décernées à ceux qui ont présenté leur communication durant le colloque pour saluer leurs efforts. 5 de ces attestations ont été remises de façon symbolique au cours de la cérémonie de clôture.

Flora Sanou

aalopco uneDans le cadre de la célébration de son jubilé d’or, le quotidien burkinabè L’Observateur paalga organise un colloque international sur le thème principal « Les médias traditionnels africains face au développement du numérique : résilience, opportunités et défis ». Ce mercredi 24 mai 2023, deuxième et dernier jour dudit colloque, plusieurs communications ont été données.

L’un des panélistes du jour, le Dr Boukary Nébié, enseignant-chercheur au centre universitaire de Fada N’Gourma (région de l’Est du Burkina Faso), spécialiste des analyses de discours, a axé sa communication sur ce sujet : « Médias sociaux et discours de violence au Burkina Faso ».

Selon lui, les médias sociaux peuvent être considérés comme des moyens efficaces, pour les populations, de s’informer mais certaines en font un usage malsain. Ainsi, il s’est posé la question de savoir si les médias sociaux constituent un rempart contre les discours de haine au Burkina Faso ou s’ils sont plutôt un puissant adjuvant, partant de l’hypothèse principale que les médias sociaux facilitent la mise en circulation des discours de violence.

aalqco 2Son analyse a porté sur 10 vidéos publiées sur Facebook, TikTok et WhatsApp au Burkina. Des résultats présentés par le Dr Nébié, il ressort que les auteurs de ces discours de haine ou de violence utilisent « la légitimation de soi » qui consiste à dire que c’est « moi en tant qu’auteur du discours et tous ceux qui partagent mon point de vue qui avons la légitimité de prendre la parole et de dénier la parole aux autres parce qu’on estime que les autres ne doivent pas y avoir accès (« délégitimation de l’autre ») ».

Selon lui, ces discours sont basés sur la passion au détriment du discours de raison. De ce fait, le panéliste est parvenu à la conclusion que les médias sociaux constituent davantage un adjuvant pour les discours de violence qu’un rempart. Comme solution, il propose la production et la mise en circulation de contre-discours tout en renforçant l’efficacité des structures de veille déjà existantes.

aaloqco 3Cependant, cette idée de production de contre-discours n’est pas partagée par certains participants qui proposent plutôt une réforme de la loi pour durcir la répression contre les auteurs de ces discours de haine ou de violence. Ceux-ci proposent aussi l’institution de modules dans les écoles de formation scolaire et universitaire, des modules sur l’éducation aux médias.

Arouna Kaboré, l’un des participants au colloque, pense quant à lui que les discours au sommet de l’État font partie également des discours de violence des médias sociaux. « Les discours au sommet de l’État ont nécessairement un impact car tous ceux qui interviennent sur les médias s’expriment autour du discours présidentiel », a-t-il déclaré. De ce fait, il propose que l’analyse soit étendue à la construction du discours présidentiel. Pour lui, le discours libre tenu au sommet de l’État est toujours risqué.

Flora Sanou

aapharma uneLe Syndicat des pharmaciens du Burkina (SPBF) a tenu une conférence de presse aujourd’hui 23 mai 2023 à Ouagadougou. Objectif : se prononcer sur la situation du secteur pharmaceutique au Burkina Faso, notamment le réajustement de la marge bénéficiaire des pharmaciens sur les prix des médicaments de spécialité ainsi que la décision du gouvernement de réglementer les prix desdits produits.

Selon le syndicat, l’intervention du ministre du Commerce, Serge Poda, le 17 mai dernier à l’issue du Conseil des ministres suscite des interrogations sur la réelle volonté du gouvernement de dialoguer car, ont-ils indiqué, à la demande de l’autorité, « nous nous sommes rencontrés et espérions la poursuite du dialogue pour aboutir à un compromis acceptable pour tous ». Donc cette sortie du ministre du Commerce a semé le trouble non seulement en notre sein mais aussi au sein des populations ».

À en croire les conférenciers, malgré le contexte sécuritaire du Burkina et les difficultés d'approvisionnement, les pharmaciens ne répercutent pas leurs charges supplémentaires sur le prix du médicament.  « Le prix du médicament reste approximativement le même à Dori, Djibo, Sebba, Solenzo, Nouna, Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Garango, Réo… » ont-ils soutenu.

D’après le président du Syndicat des pharmaciens du Burkina Faso, Ismaël Kiswensida Bidiga, « le secteur pharmaceutique ne pratique pas de spéculation sur les prix des produits de santé ».

« Le médicament est un produit spécifique sur lequel le pharmacien du Burkina Faso ou d’ailleurs n’a jamais obéi à une logique , a indiqué le président du syndicat.  « Les pharmacies sont des entreprises privées qui fonctionnent sur une affaire de rentabilité. Ce n’est pas une rentabilité qui est spéculative. C’est une rentabilité qui tient compte de l’aspect social des médicaments », a-t-il ajouté.

aapharma 2Selon ses explications, ce sont plutôt « les contraintes internationales et internes sur l’économie générale [qui] ont créé une inflation des coûts qui s'est répercutée sur le prix du médicament ».

Pour les représentants du syndicat des pharmaciens du Burkina, pour maintenir la sérénité de part et d’autre il convient de rester sur les termes du communiqué conjoint signé le 11 avril 2023 entre le gouvernement et leur corporation.

« Les pharmacies ne bénéficient d’aucun soutien de l’Etat : pas de subvention, pas d’allègements fiscaux, pas de fiscalité spécifique, pas d’aide à l’installation », ont-ils avancé.

C’est pourquoi ils  mettent  en garde les ministres du Commerce et de la Santé contre toute « décision hasardeuse qui déstructurerait le secteur pharmaceutique privé ».

Ils préviennent par ailleurs que « la rupture du circuit d'approvisionnement entraînera inéluctablement une catastrophe sanitaire dont les pharmaciens ne sauraient être tenus pour responsables. Il est temps que chacun assume les conséquences de ses actes ».

Tout compte fait, les membres du syndicat assurent l’opinion de leur  ferme détermination à défendre les intérêts de la profession pour l’accomplissement de leur rôle d’acteurs de la santé publique. Ils rassurent également les populations de leur permanente disponibilité à les conseiller et à les servir malgré les conditions difficiles. Enfin ils affirment leur volonté de discuter avec les autorités pour parvenir à des solutions qui ne mettent pas en difficulté le secteur pharmaceutique.

« Nous espérons que la main tendue en privé et cette fois-ci publiquement sera bien reçue », ont-ils souhaité.

Flora Sanou

aalobs uneLe quotidien burkinabè d’informations générales L’Observateur Paalga, créé le 28 mai 1973, a aujourd’hui un demi-siècle. Pour marquer ce jubilé d’or, le doyen des journaux privés à l’échelle nationale a prévu une série d’activités commémoratives. La première d’entre elles, un colloque scientifique international sur le thème « Les médias traditionnels africains face au développement du numérique : résilience opportunités et défis », a débuté aujourd’hui, mardi 23 mai 2023, à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou.

« Quand nous le lancions, l’aventure était très risquée, aussi bien pour nous-mêmes que pour les observateurs et les connaisseurs. Beaucoup pensaient que c’était une aventure et certains ne nous donnaient même pas trois mois de vie, tant c’était plus qu’un pari, dans le contexte de la Haute-Volta d’il y a 50 ans, de gérer un quotidien. Ce pari, avec l’aide d’une équipe autour de moi et l’aide des lecteurs, voire de l’opinion nationale voltaïque, nous avons pu le relever », a déclaré en guise de rappel historique Édouard Ouédraogo, fondateur et directeur de publication de L’Observateur Paalga, à l’issue de la cérémonie d’ouverture.

aalobs 3Et Edouard Ouédraogo de souligner qu’avec l’avènement du numérique, aujourd’hui la presse écrite et les médias de façon générale ont un challenge à relever s’ils veulent survivre. C’est justement la raison pour laquelle les activités du jubilé d’or sont orientées vers la réflexion sur l’avenir des médias face à l’ère du numérique : « Aujourd’hui avec l’avènement du numérique, les lecteurs sont installés dans la culture de la gratuité et il se pose à L’Observateur, à la presse écrite aussi bien qu’à l’ensemble des médias, un challenge qui n’est pas facile à relever. C’est pourquoi à l’occasion de ces 50 ans d’anniversaire, nous avons préféré axer les activités sur la réflexion à travers ce colloque international ».

Ousseini Ilboudo, le président du comité d’organisation, embouchant la même trompette, dira : « Ce jubilé d’or, nous l’avons voulu sobre et placé sous le sceau de la réflexion sur notre métier ».

aalobs 2Selon le ministre des Sports, Boubakar Savadogo, qui représentait son collègue de la Communication, Jean Emmanuel Ouédraogo, « les 50 ans de L’Observateur Paalga, c’est la mémoire continue historique de notre pays ; ces 50 ans consacrent l’audace, le génie, la perspicacité, l’engagement au service de la nation ».

Au cours de ces deux jours, les échanges porteront sur l’histoire de la presse écrite au Burkina Faso, les pratiques journalistes à l’ère du numérique, les enjeux économiques de la presse à l’ère du numérique et le traitement des questions liées à la femme ainsi que sa contribution au développement de la presse. Il s’agira spécifiquement de mener la réflexion sur : l’avenir des médias classiques burkinabè à l’ère de la convergence numérique ; la fiscalité appliquée aux médias du Burkina ; le basculement dans le numérique ; les pratiques journalistiques à l’ère du numérique ; les médias sociaux et discours de violence ; la crise de confiance entre les médias et l’opinion publique au Burkina, etc.

Environ 200 personnes issues d’organes de presse, d’organisations de presse et de média et d’universités participent à cette réflexion.

Au programme de ce jubilé, il est prévu également une journée portes ouvertes avec exposition de photos d’archives le 25 mai 2023 dans les locaux du journal quinquagénaire ainsi qu’une action caritative en faveur des personnes déplacées internes (PDI) le 27 mai.

Flora Sanou

forumjeunes uneLa première édition du Forum international de la jeunesse africaine de Ouagadougou (FIJAO) a été lancée le samedi 20 mai 2023. « Paix et sécurité au Sahel, les jeunes en avant-garde », tel est le thème principal de cette rencontre d'échanges. Quatre panélistes ont entretenu l’auditoire sur ledit sujet à travers des sous-thèmes. Il s’agit du Chef d’état-major de la gendarmerie nationale (CEMGN) du Burkina, le lieutenant-colonel Evrard Somda, de Madina Tall, analyste en matière politique et géostratégique, venue de Côte d’Ivoire, de Moumouni Dialla, député à l’Assemblée législative de Transition (ALT) burkinabè, par ailleurs président de l’Union panafricaine de la jeunesse, ainsi que de Rachid Joseph Barry, consul honoraire du Burkina Faso à Houston, aux États-Unis.

La communication du chef d’État-Major de la gendarmerie nationale du Burkina s’est basée sur « le rôle des jeunes dans le renforcement de la sécurité nationale et dans la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent ».

 Faisant l’état des lieux de la situation sécuritaire au Burkina, au Mali et en Côte d’Ivoire, le chef de la gendarmerie nationale a souligné que c’est la déstabilisation de la Libye qui a exacerbée la présence des groupes armés terroristes dans ces trois pays. Il a aussi notifié que les femmes participent de plus en plus aux actions terroristes ainsi que les enfants de 14-15 ans.

Mais les jeunes sont la cible principale des terroristes. C’est pourquoi, il a fait des propositions. D’abord les jeunes doivent s’organiser en Communautés et groupes d'associations car un jeune engagé dans une association ne peut s’engager dans le rang des terroristes sans qu’un de ses camarades ne soit au courant selon lui.

forumjeunes 2Aussi, les jeunes doivent produire et amplifier des discours en utilisant les réseaux sociaux pour sensibiliser leurs frères. De plus, ils doivent s’engager massivement dans les rangs des forces de défense et de sécurité pour servir leur pays ou à défaut de la manière la plus possible dans d’autres domaines d’activité.

Le chef d’Etat-major de la gendarmerie nationale a également suggéré aux jeunes de tenir des activités avec des références sécuritaires pour sensibiliser davantage. Par ailleurs, il les a invités à faire attention à la liberté d’expression surtout sur les réseaux sociaux. À cet effet le panéliste a notifié que « nous devons être des agences de communication pour nos nations et non pour les terroristes ». De façon plus claire les jeunes doivent « éviter de publier les messages et vidéos des terroristes, éviter l’usage nauséabonde des réseaux sociaux et mettre l’accent sur les actions des FDS » a-t-il soutenu.

De sa conviction, si les jeunes adoptent de bons comportements les États peuvent être fier d’eux car ils contribueront à mettre fin au terrorisme. Ils n’ont pas besoin d’être des révolutionnaires mais ils doivent travailler main dans la main.

« Si on ne gagne pas cette guerre, c’est que ce sera la fin du monde » foi du Lieutenant colonel Evrard SOMDA.

Le deuxième sous thème a porté sur le « rôle des jeunes africains dans la prévention et la résolution des conflits ».

Développé par l’honorable Moumouni Dialla, il est convaincu que les causes des conflits en Afrique particulièrement du terrorisme sont purement politiques. « Le terrorisme au Sahel n’est qu’une entreprise à visé politique économique et géopolitique » a-t-il déclaré.

 Pour atteindre cet objectif la jeunesse qui est la plus importante composante de la population est prisée.  Ces terroristes s’appuient sur les failles des gouvernants vis à vis de leurs populations pour faire leur recrutement, a indiqué M. Dialla.

Sachant que les terroristes communiquent dans le but d’amener les jeunes dans leur camp, Moumouni Dialla a interpellé les jeunes sur le rôle qu’ils doivent jouer.

Ainsi, pour lui, les jeunes doivent chercher la bonne information lorsqu’ils sont approchés pour être enrôlés dans une entreprise car au départ l’on ne vous dit pas que c’est une entreprise terroriste mais c’est après l’enrôlement qu’on s’en rend compte et malheureusement à ce moment l’on ne peut plus sortir.

En sus, pour lui, « la construction d’un pays n’a jamais pu se réaliser dans la violence ». C’est-à-dire, ce n’est pas en revendiquant dans la violence qu’on pourra sortir de la précarité pour avoir de meilleures conditions.

« Comment les jeunes peuvent arriver à prévenir le terrorisme ? » s’est-il interrogé. En réponse, il propose que ceux qui sont dans les associations doivent se constituer comme des donneurs d’informations, d’alerte et de renseignements. Les jeunes doivent éviter d’être complice pour déstabiliser leur village, ils doivent plutôt donner l’information en toute confidentialité et à qui de droit, estime l’honorable Moumouni Dialla.

Pour finir, il a notifié que les jeunes doivent jouer leur rôle dans la lutte contre le terrorisme car c’est une affaire nationale.

Tout le monde ne peut pas être volontaire pour la défense de la patrie pour aller au front, mais tout le monde peut jouer sa partition d’une manière ou d’une autre, a-t-il déclaré.

Le troisième intervenant, Rachid Madany Joseph Barry, a abordé l’apport de la diaspora dans la lutte contre le terrorisme.

Dans sa communication, il a relevé que c’est parce qu’il y a un problème économique du côté des jeunes que ces derniers s’engagent comme des terroristes. « Les jeunes arrivent à rejoindre les terroristes parce qu’au niveau économique les conditions ne sont réunies ». Aussi, il a déploré le fait que la diaspora n’investisse que dans les grandes villes. Ainsi, il a suggéré que l’investissement soit étendu dans les zones à fort défi sécuritaire où la population n’a pas assez d’argent pour développer leurs activités ».

Cependant, il pense que la contribution de la jeunesse diaspora ne doit pas se limiter aux aspects économiques. Cette contribution doit aller au-delà notamment en mettant au service des pays leur expertise.

Pour ce faire, il a invité la jeunesse à sensibiliser leurs entourages et faire des plaidoyers auprès des autorités pour exprimer leurs besoins.

Il a également proposé la mise en place d’un projet programme pour permettre aux jeunes de développer leurs projets et cela va contribuer à réduire le nombre de recrus par les terroristes.

forumjeunes 3De sa conviction, les jeunes peuvent dégager des pistes pour ramener la paix au Sahel. « En tant que jeune de l’intérieur tout comme de l’extérieur, nous devons travailler ensemble pour mettre fin au terrorisme. On a le pouvoir de transforme, d’intégrer des nations futures afin de créer des conditions pour que les conflits soient transformés en paix, que les crises soient transformées en opportunité »-t-il conclu.

La dernière communication donnée par Madina Tall était axée sur « les défis de l’intégration régionale dans la lutte contre l’insécurité.

Selon elle, toutes les structures créées en l’occurrence la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, l’Union africaine, le G5 Sahel, ont des difficultés à afficher des résultats. Elles ont des difficultés à mobiliser les fonds pour leur fonctionnement.

Dans la même foulée, elle a souligné que les États africains sont toujours à la recherche de financement d’un taux de 87% pour financer leurs activités et programmes, il y a donc un problème de l’indépendance financière ».

Elle dénoncé le fait que les Etats africains continuent de créer des structures avec des stratégies qui ne sont jamais mises en œuvre.

Selon elle, la réponse à la lutte contre le terrorisme n’est pas que militaire, elle est à la fois militaire, systémique et politique.

Ainsi, pour rendre plus efficace les processus de cette lutte, elle propose de faire des réformes à savoir redéfinir les règles qui conviennent aux pays du Sahel. « On ne peut pas venir à bout du terrorisme si les Etats ne prennent pas en compte dans leurs engagements, les aspirations de leurs peuples » a-t-elle prévenu.

Pour ajouter, elle propose aux pays du Sahel, de promouvoir la coopération Sud-Sud en créant une société des Etats et en respectant le choix des partenaires financiers et veiller à la souveraineté des États.

Elle suggère également la promotion de la bonne gouvernance, travailler à la responsabilisation des citoyens, l’éveil de conscience et travailler à la pleine indépendance des pays.

À noter que 10 pays d’Afrique ont participé à ce forum, à l’issue duquel 10 engagements ont pris par la jeunesse et remis au président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré.

Flora Sanou

aavebama une« Le traitement de l’information sur les attaques terroristes de mars à avril 2019 par Infowakat.net », c’est le thème sur lequel a porté le travail académique de Nafisiatou Vébama, journaliste à Radars Info Burkina, pour l’obtention de la licence en journalisme et communication. Elle l'a présenté aujourd’hui 19 mai 2023 devant un jury de trois membres qui, ayant jugé son travail satisfaisant, l’a sanctionné par la mention Bien.

Partie de l'hypothèse générale selon laquelle le journal en ligne Infowakat fait l’apologie des attaques terroristes à travers les informations qu’il véhicule, Mlle Vébama est parvenue à la conclusion que cette information n’était pas fondée, après avoir présenté les résultats de son enquête. En revanche, elle a proposé que ledit média mette l’accent sur la formation des journalistes en matière de traitement d’informations sécuritaires.

Sujet d’actualité depuis 2016 et qui continue de l’être, le traitement des informations d’ordre sécuritaire révèle à la fois une autre facette du journalisme et la complexité du travail des journalistes, a indiqué le directeur de mémoire de l’intéressée, le Dr Lucien Batcho.

aavebama 2Pour M. Sawadogo, membre du jury, Nafisiatou Vébama s’est attaquée à un sujet très complexe qui préoccupe tout le monde. D'après lui, elle a fait preuve de courage, car « même beaucoup de professionnels n’osent pas aborder cette question ». En outre, M. Sawadogo a souligné que les médias ont justement besoin de ce regard extérieur pour mieux appréhender certains aspects afin de s’améliorer.

Le président du jury, le Dr Dimitri Balima, a également reconnu qu’il s’agit là d’un sujet difficile à traiter. Dr Balima, dans l’examen du travail académique de Mlle Vébama, s’est appesanti sur la partie du document traitant des attaques terroristes. Pour lui, même si les Occidentaux peignent la situation du Burkina Faso en noir, il ne faudrait pas que les médias nationaux leur donnent raison en allant dans le même sens.

Comme c’est en général le cas dans tout travail académique, le jury a relevé quelques insuffisances dans celui de Nafisiatou Vébama et lui a fait des recommandations en vue de l’amélioration du document final.

Désormais titulaire d’une licence en journalisme et communication, l’impétrante s’est vu attribuer la mention Bien.

Flora Sanou

autoreg uneLe Conseil supérieur de la communication (CSC) et les acteurs de la publicité, les représentants des annonceurs, consommateurs ainsi que ceux des médias sont réunis ce mardi 16 mai 2023 à Ouagadougou pour réfléchir sur la mise en place d’un organe d’autorégulation de la publicité au Burkina Faso.

Dans son allocution, le président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Abdoulazize Bamogo, a indiqué qu’à l’instar de l’Observatoire burkinabè des médias (OBM) qui est un instrument de régulation du journalisme, l’organe d’autorégulation de la publicité serait un allié pour le CSC dans l’application de la réglementation relative au domaine publicitaire, car il y a de nombreux manquements dans ce domaine.

Selon lui, les attributions du CSC en matière de régulation du secteur de la communication présentent des limites.

Et Abdoulazize Bamogo de préciser que le « gendarme des médias » ne peut agir qu'a posteriori. « Le CSC ne peut intervenir qu’après la diffusion, c’est-à-dire après avoir observé un manquement », a-t-il expliqué.

autoreg 3Or en ce qui concerne la publicité, le président du CSC estime que l'on doit pouvoir apprécier la légalité, l’éthique et la déontologie du contenu  avant la diffusion, de sorte à éviter aux annonceurs et aux médias d’engager des opérations et donc des ressources et qu’on vienne par la suite leur dire que leur campagne doit être arrêtée.

« Si le CSC ne peut pas faire cette appréciation a priori, un organe d’autorégulation peut le faire et ainsi aider à avoir des publicités qui soient toujours en conformité avec les textes », a-t-il soutenu.

« L’organe d’autorégulation peut observer les contenus publicitaires en amont, donner des conseils aux annonceurs et publicitaires, pour améliorer les contenus de sorte que toute publicité qui sera diffusée ne présente pas de problème », a-t-il indiqué.

Sa conviction est que cela serait non seulement judicieux pour les acteurs professionnels du secteur de la publicité, les annonceurs, les publicitaires et les médias, mais aussi bénéfique pour les consommateurs dont les intérêts seront ainsi mieux protégés.

autoreg 2Tout en assurant de la disponibilité de son institution à accompagner les acteurs, il les a invités à dégager de manière consensuelle les voies et moyens pour la mise dudit organe avec un calendrier précis.

Pour la présidente de publicitaires associés et par ailleurs directrice de l’agence la belle qualité, Aïcha Dabré, la création d’un organe d’autorégulation de la publicité est une lutte de plusieurs années de publicitaires associés. Et donc sa mise en place permettra d’assainir le milieu de la publicité, notamment la concurrence, selon elle. « Il nous faut vraiment cet organe pour nous aider à faire respecter la loi et remédier aux manquements au niveau de la publicité », a-t-il souhaité de vive voix.

Au cours de cette rencontre d’échanges, deux communications seront données. La première portera sur « les limites de la régulation de la publicité » et la seconde communication sera donnée autour de la question suivante : « Quel cadre pour une autorégulation efficace de la publicité ? »

L'objet de ces communications, selon la présidente des publicitaires associés, est d’interpeller le CSC sur ses limites dans la régulation de la publicité et de trouver des alternatives pour accompagner l’institution dans sa lutte pour l’assainissement du milieu publicitaire.

À noter que l’organe de régulation va regrouper en son sein les publicitaires, les annonceurs, les médias et les organisations de défense des droits des consommateurs.

Pour le moment, aucun délai n’a été déterminé pour la mise en place de l’organe.

Flora Sanou

prelèv uneSelon le compte rendu du Conseil des ministres du mercredi 3 mai 2023, trois décrets ont été adoptés au titre du ministère de la Fonction publique. Il s’agit du prélèvement volontaire à la source des cotisations syndicales des agents publics de l’Etat et ses modalités de mise en œuvre, des procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue pour faits de grève et de la fixation du nombre et des modalités de désignation des agents publics de l’Etat bénéficiaires de la mise à disposition auprès des organisations syndicales. Ces décrets gouvernementaux sont-ils du goût de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) ? Moussa Diallo, secrétaire général de ladite structure, nous répond dans cette interview.

Radars Burkina : Quelle appréciation faites-vous des décrets adoptés en Conseil des ministres au titre du ministère de la Fonction publique le 3 mai dernier ?

Moussa Diallo : Nous avons demandé des copies desdits décrets mais jusqu’à présent, nous n’en avons pas eu. Dire qu’on apprécie un texte sans avoir pris connaissance de son contenu, objectivement ce n’est pas possible.

Radars Burkina : Pourquoi la CGT-B n’a-t-elle pas encore eu ces décrets ?

Moussa Diallo : Personnellement, quand j’ai demandé à voir ces textes, on m’a répondu qu’ils n’étaient pas encore signés. Hier, j’ai appelé pour les redemander en insistant.  Ceux qui ont amené le projet pour adoption en Conseil des ministres disent qu’on leur a dit que ce qu’ils ont soumis au conseil est différent de ce qui a été adopté.

Néanmoins, des avant-projets avaient été soumis pour amendement à l’Unité d’action syndicale (UAS) et avaient été analysés par la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) avec des observations précises concernant ces trois décrets. Des propositions avaient été faites et transmises aux autorités sous le mandat du président Roch Marc Christian Kaboré.

Pour ce qui est du décret portant prélèvement volontaire à la source des cotisations syndicales des agents publics de l’Etat et ses modalités de mise en œuvre, nous avons relevé que le fait de dire que l’État va désormais contrôler les finances des organisations syndicales est contraire au système comptable OHADA (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires). Une disposition du système OHADA exempte en effet les organisations syndicales du contrôle de l’État. Selon l’article 11 de la convention 87, l’État doit se garder de toute intervention dans la gestion du fonctionnement des programmes des syndicats.

Le fait de dire que l’État va intervenir pour contrôler la gestion des cotisations syndicales est une ingérence de l’État dans les affaires des syndicats. Les syndicats doivent être totalement indépendants.

Concernant l’arrêté sur les procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue pour faits de grève, nous avions dit que le principe du 30e indivisible pose problème parce que dire qu’un agent a fait une grève toute la journée alors qu’il n’a fait qu’un sit-in de 2h, c’est injuste. On avait suggéré qu’on puisse aller jusqu’à la moitié de la journée de travail sans considérer qu’on a perdu toute la journée.

Donc aujourd’hui, qu’on vienne nous parler du principe du 30e indivisible nous ramène en arrière par rapport à ce qu’on avait eu comme négociations. On avait rejeté ce principe du 30e indivisible.  Mais pour l’instant, comme nous n’avons pas vu le contenu du texte et que c’est ce que le ministre d’État, Bassolma Bazié, a dit, on suivra les choses de près.

Quant au troisième décret portant fixation du nombre et des modalités de désignation des agents publics de l’Etat bénéficiaires de la mise à disposition auprès des organisations syndicales, notre problème avec cet arrêté, c’est qu’on avait déjà fait des propositions pour les centrales syndicales, les fédérations syndicales, les syndicats autonomes et les unions régionales. Nous n’avons pas encore le texte mais selon les explications du ministre Bassolma Bazié, ce sont les secrétaires généraux des confédérations et fédérations qui sont concernés. Pourtant pour nous, il s’agit d’un certain nombre de membres du bureau qui devraient être déchargés. Mais comme le ministre dit que c’est une seule personne par centrale et par fédération et que les syndicats autonomes, les unions régionales des centrales syndicales ne sont pas pris en compte, on s’en tient à cela.

Radars Burkina : Le ministre de la Fonction publique, Bassolma Bazié, a indiqué que ce sont des décrets à contenu fortement historique parce que ce sont des préoccupations posées depuis des années, qu’en dites-vous ?

Moussa Diallo : Il nous faut voir d’abord les textes pour pouvoir apprécier ce qui a changé véritablement. Pour nous,   l’adoption n'est pas une victoire, parce que sur le « check of », on a adopté un arrêté. Nous avons essayé de l’opérationnaliser mais le régime MPP (Mouvement du peuple pour le progrès) avait refusé de faire la retenue pour les syndicats. Nous avons déposé des fiches aux ministères de l’Education, de la Santé, mais elles n’ont pas été utilisées. Ils ont créé des blocages dans l’opérationnalisation.

Une chose est de prendre des textes, mais une autre est de les appliquer. Donc, on ne peut pas se réjouir du fait que les textes aient été pris. Sinon si cela suffisait, nous avons acquis le principe de la permanence syndicale, il y a plus de dix ans et c’est maintenant qu’on vient de prendre le texte. On peut le prendre et faire dix ans encore pour l’opérationnaliser. Nous pensons que l’essentiel, c’est que les textes soient pris et mis en œuvre.

Pour les permanences syndicales, c’est la première fois qu’un texte est pris au Burkina. C’est une avancée. Le fait que le texte soit pris est bien, mais le plus important c’est qu’il soit mis en application et c’est ce qui permettra de dire que c’est un acquis.

Radars Burkina : Selon le ministre d’État, le prélèvement permettra aux organisations syndicales d’être financièrement indépendantes, que faut-il comprendre par là ?

  Moussa Diallo : Dans le projet que nous avions reçu, il est dit que l’État va se charger du prélèvement et collecter les fonds pour nous et que l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) peut auditer les comptes des syndicats. Ce n’est pas parce que l’Etat a aidé les syndicats à récolter les cotisations que ce sont ses fonds !

Dire que ça donne une indépendance aux syndicats, ça signifie qu’ils auront suffisamment d’argent pour fonctionner et peut-être ils pourront se passer de la subvention de l’État parce que l’État subventionne les activités des syndicats. Mais le gouvernement considère que lorsque les précomptes seront faits, ce seront des sommes importantes, donc il doit venir vérifier ce qu’on fait de cet argent. Si ce sont nos militants qui doivent approuver le programme d’activités, on ne voit pas pourquoi l’État viendrait remettre cela en cause. Selon les textes actuels, seuls les militants peuvent approuver ou rejeter la gestion financière des bureaux.

Propos recueillis par Flora Sanou

aatankoanaDans le cadre du processus de réconciliation nationale, de consolidation de la cohésion sociale et du vivre-ensemble au Burkina, le Conseil des ministres, en sa séance du mercredi 3 mai 2023, a décidé de la création d’un centre de déradicalisation et de réinsertion sociale des ex-membres des groupes armés terroristes. Quels peuvent être les enjeux de la réinsertion des anciens membres terroristes ? Comment ces personnes peuvent-elles être récupérées ? Dieudonné Tankoano, sociologue, écrivain et enseignant), dans une interview accordée à Radars Burkina, apporte des éléments de réponse.

Radars Burkina : Que pensez-vous de cette décision du gouvernement ?

Dieudonné Tankoano : Parlant de la décision prise par le gouvernement du président Ibrahim Traoré, allant dans le sens de la déradicalisation et de la réinsertion sociale, je la trouve très louable. Depuis l'avènement du phénomène, nos analyses et nos inquiétudes portaient aussi sur l'avenir du pays pendant les périodes de guerre et post-guerre. L'idée du projet témoigne de la volonté manifeste du gouvernement de veiller au processus de désarmement. De plus, ce projet sème déjà la graine de la réconciliation, car l'annonce d'un plan de réinsertion bien nourri et porteur d'avenir sera motivateur pour le désarmement et va stimuler la déradicalisation.

Radars Burkina : Qu’est-ce que la déradicalisation ?

Dieudonné Tankoano : La radicalisation étant un processus par lequel un individu ou un groupe d’individus adoptent une forme violente d'action, la déradicalisation est un processus par lequel un individu ou un groupe radicalisé est amené à abandonner une idéologie qui légitime la violence comme mode d’action. Autrement dit, c’est une manière d’inciter un individu ou un groupe d’individus radicalisés à renoncer à la violence. Mais il convient de noter que le mot « déradicalisation » est tellement vague qu’il serait préférable de le remplacer par le mot « réhabilitation » ou « réintégration » dans la société.

Radars Burkina : Quels peuvent être les enjeux de la réinsertion des anciens membres terroristes ? N'est-ce pas un risque pour la société ?

Dieudonné Tankoano : Quant aux enjeux, ils sont plus qu'énormes dans ce projet. Le premier enjeu relève de la fiabilité même du projet : après avoir pris des armes contre son pays, il ne sera pas aisé de se repentir sans une garantie fiable de sa sécurité, de son avenir, bref de sa future vie. Donc j'invite le gouvernement à concocter un projet fiable avec des acteurs et des indicateurs fiables pour créer une certaine motivation à se repentir.

L'autre enjeu est d'ordre pratique. Faut-il réinsérer un ancien manipulateur d’AK47, pour qui les armes n'ont plus de secrets comme un menuisier, un mécanicien, un jardinier ?

Comme proposition, il faut créer une réinsertion centrée sur les proximités, la psychologie et le choix des repentis afin d'être sûr de réussir la réinsertion. Le dernier enjeu que j'évoque est d'ordre juridique. Malgré la volonté de désarmer les terroristes, je pense qu'il faut juger ces repentis, non pas pour les condamner mais pour qu'ils reconnaissent leur tort avant de leur faire grâce dans les domaines d'activités et de métier de la vie.

Radars Burkina : Comment ces personnes peuvent-elles être récupérées ?

Dieudonné Tankoano : Si nous voulons réussir ce projet, je pense qu'il faut ouvrir la réinsertion des ex-terroristes à tous les niveaux de la société. En effet, ce sont des hommes comme nous. Ils deviennent normaux après s’être repentis. Donc, ils ont droit à tout ce à quoi nous aussi avons droit. Ils peuvent s'insérer à tous les niveaux de la société.

Radars Burkina : À quel niveau la réinsertion peut être faite pour éviter que ces ex-terroristes retournent d'où ils sont venus (en termes d'activités puisqu'il s'agit de personnes qui manipulaient des armes) ?

Dieudonné Tankoano : La réinsertion peut être faite dans des activités comme le maraîchage, l'élevage, la pisciculture, la manutention, l'art, la santé, le renseignement pour traquer les autres bandits, dans la mécanique et même dans l'armée pour certains pour combattre (nombreux parmi ces terroristes sont des radiés de l'armée, selon des informations dont nous disposons, à savoir l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et les soldats radiés à la suite de la mutinerie de 2011. Ceux-là ne seront intégrés conséquemment que si on les utilise dans l'armée.

Le plus beau cadeau que l'on puisse offrir à un ex-terroriste devenu un repenti, c'est de garantir sa sécurité et de lui permettre d'avoir un travail qui l'éloignera de la nostalgie du terrorisme. Beaucoup ont intégré les rangs des forces du mal par manque d'emploi. Ceux-ci n'attendent qu'une promesse d'emploi de leur État pour se déradicaliser.

Propos recueillis par Flora Sanou

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