samedi 23 novembre 2024

confpress uneLes avocats de l'ancien chef du Parlement Alassane Bala Sakandé ont tenu une conférence de presse ce jour 16 mars 2023 à Ouagadougou pour, disent-ils, donner un autre son de cloche sur ce qui est depuis longtemps dit sur la gestion de l’Assemblée nationale (AN) sous le magistère d’Alassane Bala Sakandé. Cette sortie médiatique fait suite à la restitution des résultats de l’audit comptable et de gestion financière de l’AN effectué par l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) le jeudi 9 mars 2023, audit qui a révélé qu’un préjudice financier de plus de 13,6 milliards FCFA a été constaté à l’AN.

Selon les conférenciers du jour, les informations « véhiculées à dessein par le contrôleur général d’Etat sont totalement erronées ». Tout ce que l’ASCE-LC a dit à propos de la gestion de Bala Sakandé n’est pas fondé, selon Me Willy Dieudonné, l’un des avocats de l’intéressé.

« L’ASCE-LC tente d’expliquer qu’il y a un contradictoire qui a été apporté, indiquant que les gens ont été invités à proposer leurs réponses, à justifier les dépenses qui ont été retrouvées et traitées comme injustifiées, à savoir plus de 7 milliards, mais ce n’était pas le cas, ce n’est pas juste. L’argent a été dûment dépensé, les dépenses qui ont été épinglées comme n’ayant pas été soutenues par une pièce justificative retrouvée. Ce n’est pas vrai. Il y a une autre catégorie de dépense écartée comme inopportune. Je pense que ce n’est pas à l’ASCE-LC d’aller isoler des dépenses pour des activités de l’AN et dire que c’est inopportun et que ce n’est pas son rôle », a-t-il souligné.

confpress 2De ses explications on retient que lorsque la demande a été faite, toutes les pièces justificatives ont été réunies dans 4 cartons et remises à l’Assemblée législative de Transition, qui à son tour, les a transférées à l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte Contre la corruption (ASCE-LC) le 28 septembre 2022.

« Mais il se trouve malheureusement que l’ASCE-LC avait déjà transmis le rapport qui n’a pas été contredit, qui n’a pas été enrichi par des observations et des apports des personnes concernées ou des gestionnaires au gouvernement qui avait déjà fait un tapage médiatique pour dire qu’il a reçu le rapport définitif de l’Assemblée nationale », s’est-il désolé.

confpress 3Répondant aux questions des journalistes, Me Dieudonné Willy a indiqué que le conseil n’entend pas poursuivre l’ASCE-LC mais contester sa décision. « C’est un abus certes qui provient d’une autorité connue, mais la démarche légale qui s’offre à nous, c’est de contester sa décision et cela a été déjà fait », a soutenu Me Willy.

A l’en croire, le conseil a commencé à saisir les juridictions et les procédures sont en cours.

« Une première décision a été rendue et le contenu indique que ce n’est pas à Alassane Bala Sakandé de contester cette démarche mais peut-être à une autre autorité. Nous pensons que ce n’est pas juste, cette analyse du premier juge. Comme la loi nous le permet, nous allons donc continuer en saisissant le juge du degré supérieur et nous pensons que la cause de notre client sera entendue. Nous pensons que quelqu’un a utilisé sa position pour tenter de nuire à leur client mais ce n’est pas pour autant qu’il faut poursuivre la personne », a-t-il affirmé.

Sur la question des 12 milliards de FCFA qui seraient à Wendkuuni Bank, les avocats disent ne pas savoir où l’argent se trouvent. « Au moment où Alassane Bala Sakandé quittait ses fonctions de président de l’Assemblée nationale, les 12 milliards étaient encore en place dans le compte dont lui et le trésorier d’alors étaient signataires. Aujourd’hui on ne peut pas vous situer parce qu’il n’a plus la possibilité d’aller vérifier et ce n’est même plus son rôle », a indiqué Me Willy.

Et Me Antoinette Ouédraogo de renchérir : « Aujourd’hui nous ne savons pas où sont les 12 milliards. Est-ce qu’ils sont encore à Wendkuuni Bank ? Je ne sais pas. Mais retenez que l’histoire va nous donner raison. Peut-être que c’est pour pouvoir prendre les 12 milliards qu’on a agité toute la batterie des audits parce qu’on s’était dit que ce n’est pas possible de passer trois ans sans toucher à une telle somme. C’est pitoyable pour des gens qui dirigent un pays, qui sont responsables d’une nation, de se comporter de cette façon ». 

A la question de savoir si Bala Sakandé accepterait de rembourser les sommes manquantes qui lui sont reprochées, Me Willy répond : « Notre client n’est pas prêt à rembourser quoi que soit.  Le combat qu’il mène n'est pas un combat pour se soustraire à ses responsabilités. C'est un combat de principe, mais aussi un combat politique.   Par principe, la gestion de l'Assemblée nationale est bien contrôlable, mais pas par l'ASCE/LC et cela a été reconnu à maintes reprises par l'ASCE/LC elle-même. Pour Alassane Bala Sakandé, cet audit est totalement illégal, il ne doit mériter aucun égard, si ce n'est une opposition ferme ».        

« C’est sérieusement révoltant d’entendre dire que quelqu’un a dépensé des deniers publics jusqu’à près de 8 milliards sans la moindre pièce justificative, c’est ce que l’ASCE-LC tente de faire croire. Il faut que les gens comprennent que ce n’est pas vrai, ce n’est pas juste. Nous allons nous battre jusqu’au bout et ça je peux vous le garantir. Nous sommes déterminés. Ce qui a été rendu, c’est une décision de folklore », a conclu Me Willy.

Flora Sanou

acenozo uneLa Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) a organisé une formation au profit de 20 femmes journalistes de différents médias (télé, radio, presse écrite et presse en ligne) sur « le journalisme de solutions (JOSO) et le journalisme sensible au genre », du 6 au 9 mars 2023 à Koudougou.  Ce forum s’inscrit dans le cadre de la phase 2 du projet « Program for West Africa Women journalists empowerment, phase 2 ». Deux communications ont été données au cours de cet atelier.

La première communication, donnée par Marthe Akissi, journaliste à Radio Côte d’Ivoire, spécialiste en santé/environnement et formatrice en journalisme de solution, a porté justement sur le journalisme de solution (JoSo). De cette communication, il ressort que le journalisme ne se limite pas aux problèmes, à la dénonciation, à la dramatisation de l’actualité. Il faut aussi, d’après la panéliste, s’intéresser à ce qui est positif,  mettre par exemple en lumière une solution trouvée à un problème de société, d’où l’importance, selon elle, de se pencher sur le journalisme de solution.

Pour la formatrice cette approche journalistique est une belle révolution dans l’univers des médias qui permet aux journalistes de déstresser, d’avoir un équilibre moral. Elle souhaite donc que celle-ci soit intégrée dans les rédactions, car elle est bénéfique, aussi bien aux journalistes qu’aux lecteurs.

acenozo 2Les participantes à la formation ont globalement  apprécié l’approche JoSo mais une inquiétude a été relevée sur le risque que le journalisme d’investigation soit « étouffé », ce à quoi Marthe Akissi a répondu en assurant que le JoSo ne vient pas pour balayer de revers de la main le journalisme d’investigation car l’on peut faire à la fois du journalisme d’investigation et du journalisme de solution. Sa conviction est que le journaliste doit certes dénoncer, évoquer les problèmes existants mais qu’il ne doit pas se focaliser sur ce qui est mauvais. Donc il est encore mieux, à l’en croire, de parler des solutions qui ont été trouvées à des problèmes dont on ne parle pas.

Yvette Zongo, journaliste à Lefaso.net, estime que ce nouveau genre journalistique permettra aux journalistes de se détendre puisqu’ils sont en permanence stressés par les sujets alarmistes (dénoncer, présenter des problèmes). « Tous les jours nous traitons des sujets qui nous stressent, parfois difficiles à vivre dans la société, et c’est une bonne chose qu’il  y ait un nouveau type de journalisme qui vient apaiser les journalistes  et leur donner un équilibre moral », a-t-elle déclaré.

acenozo 3Le coordonnateur de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation (CENOZO), Arnaud Ouédraogo, a justifié l’orientation de leur Cellule vers le journalisme de solution en ces termes : « Nous avons constaté que les journalistes révèlent les problèmes, dénoncent les situations et ces derniers sont vus comme des personnes qui se contentent chaque fois de dénoncer, de critiquer et qui ne proposent pas de solutions. On remarque aussi que le journalisme d’investigation, qui devrait mettre les problèmes en lumière afin que la société civile prenne le relais pour réclamer des comptes à qui de droit ou proposer des solutions, n’y parvient pas. C’est ce qui a amené la CENOZO à vouloir travailler sur ce genre journalistique, car cela permet d’atteindre un objectif que le journalisme classique ne permet pas ».

Pour lui, on peut aller au-delà du rôle traditionnel qui  a été confié aux journalistes d’investigation  si on veut contribuer à une Afrique de l’Ouest mieux gérée où la redevabilité est la chose la mieux partagée, où les droits humains sont respectés.

La deuxième communication, faite par Isabelle Otchoumaré, journaliste spécialiste en genre, a porté sur le journalisme sensible au genre. Elle a expliqué que le journalisme sensible au genre consiste à établir l’équilibre, l’égalité des genres dans le traitement de l’information, le genre étant un concept sociologique qui renvoie aux attitudes et rôles des hommes et des femmes dans la société. « Les journalistes doivent traiter les informations de façon équitable et égale parce qu’il est important  de ne pas exclure des gens », a-t-elle insisté.

La panéliste a précisé dans sa communication que le genre prend en compte tous les domaines, quel que soit le sujet à traiter. Le journalisme sensible au genre, toujours selon elle, s’intéresse aux personnes  vulnérables, aux hommes, aux femmes, aux enfants, etc.  

Chaque participante à cette formation dans la cité du Cavalier rouge a été invitée à traiter un sujet sur le journalisme de solution à l’issue de cet apprentissage. La Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation (CENOZO) entend donc accompagner ces journalistes en matière de choix du sujet JoSo à traiter et de moyens pour le faire.

Flora Sanou

joso uneLe Centre national de presse Norbert Zongo (CENOZO) tient un atelier de formation sur le journalisme de solution/ sensible aux genres, au profit de femmes journalistes du lundi 6 mars 2023 au jeudi 9 mars 2023, à Koudougou. Il s'agit de leur apprendre les bases du Journalisme de solutions (JOSO) et de les outiller sur les techniques de ce type de journalisme afin qu'elles intègrent l'approche JOSO dans les rédactions. Pour cette première journée de formation, il a été question de définir le journalisme de solutions, pourquoi faire ce type de journalisme et comment s'y prendre. Un accent particulier a été mis sur ce qui justifie la nécessité de s'intéresser au journalisme de solution. A ce niveau, l'exemple a été pris sur le traitement de la question sécuritaire par les médias au Burkina Faso. Pourquoi faire du JOSO au Burkina ? Marthe Akissi, journaliste ivoirienne, spécialisée sur les questions de santé/environnement, formatrice en journalisme de solution, a apporté des éléments de réponse.

En effet, selon elle, le journalisme de solution (JOSO) est une approche journalistique qui consiste à couvrir de façon rigoureuse et convaincante des réponses apportées aux problèmes de société. Autrement dit, le journaliste de solution met en lumière une solution par rapport à un problème révélé. Il ne doit pas mettre l'accent sur le problème car le journalisme ne se limite pas aux problèmes.

joso 2<< De plus en plus quand on ouvre nos médias, que ce soit à la presse écrite, celle en ligne, la radio ou la télévision, on a l’impression que le monde s’effondre et qu’on est à la fin des temps parce que tout est tensions, tout est guerre dans les ‘’Unes’’ des journaux et cela traumatise » a indiqué la formatrice.

Selon ses explications, lorsqu’on est en dehors du Burkina Faso, on a l’impression qu’il n’y a plus de population sur le sol burkinabè. Quelles en sont les causes, s’interroge-t-elle ? « C’est parce que les médias font un tapage autour du terrorisme,  sur le Burkina et l’on se demande s’il y a encore des populations qui y vivent. Ça nous terrorise, nous qui sommes hors du Burkina, parce que quand on veut venir au Burkina, on s’interroge si on ne va pas tomber dans le terrorisme ; cela inquiète également nos familles quand on leur dit qu’on vient au Burkina.

Quand je venais, des collègues m’ont demandé si j’étais sûre de revenir vivante. Mais c’est parce qu’ils sont habitués à ne voir que des informations négatives », a soutenu Mme Akissi

A 90%, ce sont de mauvaises informations qui sont servies aux populations. Les médias dramatisent les informations, ils inculquent aux populations des titres alarmistes, a-t-elle poursuivi.

Or, le monde n’est pas seulement problèmes ; plus on parle de paix et plus ça nourrit l’espoir de retrouver la paix. Pour paraphraser mère Theresa, dit-elle, plus on parle de guerre il n’y aura que la guerre.

joso 3De ce fait, la presse dans son ensemble doit faire attention à ce qu’elle donne aux populations comme infos parce que ces populations reçoivent beaucoup d’ondes négatives au point où on se dit que tout va mal au Burkina ; pourtant ce n’est pas le cas, d’où la nécessité de recourir au journalisme de solution afin de mettre fin à toute cette infobésité anxiogène.

Pour étayer son argument deux images ont été présentées pour montrer à quel point les informations négatives impactent  le cerveau et celles positives donnent de la bonne humeur.

Le journaliste de solution doit  donner confiance aux lecteurs, auditeurs et aux téléspectateurs, car ils  ont besoin d’être en confiance. Donc il ne s’agit pas de les stresser avec des informations qui démoralisent (des expressions attention ! Urgent !) mais de leur montrer que tout peut aller bien, a-t-elle conclu.

Laure Yaméogo, journaliste à TVZ, l’une des participantes, a apprécié cette nouvelle approche journalistique car cela permettra certainement aux médias de présenter une bonne image du Burkina au lieu de peindre les choses en noir.

Sita Traoré quant à elle, journaliste au journal Le Quotidien, soutient que les titres accrocheurs incitent plus à la lecture. << Les journaux sont bien vendus lorsqu’on parle d’attaque par exemple parce que chacun est pressé de découvrir le contenu de l’article », a-t-elle soutenu.

Flora Sanou

prix spéciaux uneComme à l’accoutumée, des prix spéciaux sont décernés à des cinéastes à chaque édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). En attendant de découvrir les lauréats, le comité d’organisation a tenu une conférence de presse  sur les prix spéciaux de la 28e édition du Festival ce mardi 28 février 2023 à Ouagadougou. Objectifs : préciser les critères de sélection, communiquer le nombre et le type de prix spéciaux et dévoiler la valeur de ces prix spéciaux.

Les prix spéciaux visent à récompenser des films qui se seront distingués selon les critères définis par les donateurs.

Au total, 21 prix spéciaux d’une valeur de 111 millions de FCFA seront décernés par 15 donateurs. En plus des donateurs traditionnels comme l’UEMOA, l’Union africaine et la CEDEAO, pour cette édition, de nouveaux donateurs figurent sur la liste. Il y a, par exemple, Plan international et Water Aid. 170 films officiellement sélectionnés sont en lice pour ces 21 prix spéciaux.

Parmi les donateurs figure la mairie de Ouagadougou. Elle a décerné un prix baptisé prix Ababacar Samb Makharam, d’une valeur de 3 millions de FCFA, accompagné d’un trophée et d'une attestation au lauréat qui aura traité d'un sujet qui parle de la valorisation des villes en général, et particulièrement des villes africaines. En plus de cela, le lauréat aura la chance de faire un séjour gratuit de 15 jours à Dakar grâce à la Fondation Ababacar Samb Makharam, où il bénéficiera d’un coaching en cinéma.

prixspéciaux 2Selon la troisième vice-présidente de la délégation spéciale de la commune de Ouagadougou, présidente du jury de la ville de Ouagadougou, Ouédraogo/Kiemtoré Mamounata, les critères de cette édition ont été bâtis sur quelques principes comme le développement socioculturel et économique des villes, la recherche de la paix, l’amitié et la solidarité entre les peuples, les grands fléaux urbains. De façon précise, le lauréat qui sera primé  devra avoir réalisé un film qui traite des grands critères précédemment énumérés.

Pour Ouédraogo/Kiemtoré Mamounata, décerner un prix spécial de la ville de Ouagadougou, c'est respecter une tradition car ce prix est donné depuis 2009. En outre, a-t-elle précisé, le prix porte le nom Ababacar Samb Makharam parce que  c'est l’un des pères fondateurs du FESPACO.

Un prix sera également attribué par l’Assemblée législative de transition (ALT), lequel s’élève à 7 millions de FCFA. Il sera décerné à un lauréat qui aura traité des thématiques de la bonne gouvernance en Afrique.

prixspéciaux 3A cela s’ajoute le prix de paix et de sécurité de l’Union africaine. Ce prix vise à récompenser les films qui qui ont traité de l’intégration africaine, de la valorisation de la sécurité et de la paix en Afrique. Il est d’une valeur de 8 millions de FCFA.

Notons qu’il y a également les prix de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), au nombre de quatre, dont le premier est le prix de l’intégration, d’une valeur de 15 millions FCFA. Il récompense le film qui traite des thématiques pour une meilleure intégration dans la zone CEDEAO. Un prix sera décerné aussi à la meilleure femme cinéaste. Il est  d’une valeur de 10 millions FCFA. Il y a également un prix pour le meilleur jeune réalisateur de films d’école des pays de l’Afrique de l’Ouest. Le dernier prix sera attribué au meilleur jeune comédien qui   aura traité du sujet de l’intégration dans un long métrage.

Des explications du chef de la division culture de la CEDEAO, le Dr Rakis-sida Emile Zida, il ressort que les critères de sélection des prix spéciaux dépendent des catégories. Selon lui, le film lauréat du  prix de l’intégration doit être de bonne facture  et réalisé par un cinéaste venant d’un des 15 Etats de l’Afrique de l’Ouest. Il doit avoir été tourné en Afrique de l’Ouest et être un long métrage documentaire et fiction qui prône l’intégration, que ce soit à travers la thématique ou la composante historique ou encore les acteurs.

En ce qui concerne le prix de la meilleure femme cinéaste, le plus souvent, le choix se fait dans les longs métrages documentaires ou fictions, un film de bonne facture réalisé par une professionnelle.

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) décerne également 4 prix. Pour la présente édition, elle s’intéresse à tous les genres cinématographiques (fiction long et court métrages, documentaires long et court métrages).

Par ailleurs, l’on note le prix de la Loterie nationale du Burkina (LONAB) dénommé prix de la chance. Il s’élève à 5 millions FCFA. Le prix Ecobank baptisé prix Sembène Ousmane est d’une valeur de 5 millions FCFA plus une effigie de Sembène Ousmane en bronze. Plusieurs autres prix seront décernés par d’autres donateurs.

Il faut retenir que 82 personnes composent les membres du jury pour sélectionner 21 films sur 170 films en lice. La remise des prix spéciaux est prévue pour le vendredi mars 2023.

Flora Sanou

partiaga uneLes ressortissants de la commune de Partiaga, région de l’Est, vivant à Ouagadougou ont tenu une conférence de presse le lundi 27 février 2023 à Ouagadougou pour demander aux autorités de se pencher sur la situation de leur commune qui a été la cible d’une attaque terroriste meurtrière le dimanche 26 février 2023.

Selon les conférenciers, l’alerte a été donnée à travers les réseaux sociaux et les médias aux autorités administratives et militaires, plus de deux semaines avant l’attaque de Partiaga, sur des harcèlements de nature terroriste. Si malgré tout ce drame s’est produit, ont-ils déploré, c’est « à cause du laxisme des hommes dans la chaîne de commandement » car, le détachement militaire de Partiaga et la brigade territoriale de gendarmerie ont plié bagage, laissant les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et la population civile à leur sort. « C’est une commune qui a demandé de l’aide pendant plus de deux semaines, une ville que les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont désertée sans autorisation tout en étant conscientes qu'elles abandonnaient les populations entre les mains des seuls VDP, peu formés et peu outillés », ont-ils argumenté.

A les entendre, les terroristes reviendront probablement. De ce fait, affirment-ils, l’autorité doit prendre ses responsabilités et venir en aide à ces populations car elles sont des personnes en danger. « C’est un devoir pour elle de nous venir en aide », ont-ils clamé.

partiaga 2Selon leurs explications, les terroristes qui sévissent dans cette zone sont aussi bien des Noirs que des individus à la peau blanche et ils contrôleraient toute la zone de Partiaga. Ils seraient même en train de se diriger vers Diapaga, d’où cette sonnette d’alarme que tirent les mécontents du jour. « Il ne faudrait pas dire après que vous n’avez pas été prévenues. Si Diapaga tombe, c’est toute la province de la Tapoa qui  tombera », ont-ils prévenu.

A les écouter, aucun bilan chiffré n’est disponible pour l’heure, mais il est à retenir que « plusieurs personnes ont été tuées, tous les bâtiments administratifs  incendiés, des concessions brûlées, des greniers enflammés, le pylône du réseau Moov Africa, seul opérateur téléphonique couvrant la province de la Tapoa, saboté, les céréales de certaines  femmes  prises de force ».

A l’endroit de toute bonne volonté, ces ressortissants ont lancé ce cri du cœur : « Nous vous demandons de vous mobiliser pour voler à notre secours car nous en avons grandement besoin ».

S’adressant aux autorités du pays, les conférenciers du jour, visiblement toujours sous le choc de ce qui s’est passé à Partiaga, ont prévenu : « Si vous ne souhaitez pas que nos populations pactisent avec l'ennemi pour pouvoir vivre en paix, il est temps que vous nous considériez aussi comme les autres Burkinabè qui arrivent à vaquer à leurs occupations. Nous vous engageons à entreprendre des actions fortes et des opérations de grande envergure dans la commune de Partiaga, la province de la Tapoa et toute la région de l'Est. Que l’autorité que l’on dit n’avoir pas eu l’information entende cela ».

Flora Sanou

mtt uneDans le cadre d'une visite de travail, le ministre malien des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré, a été reçu en audience par son homologue burkinabè de l’Energie, des Mines et des Carrières, Simon-Pierre Boussim, ce jour  24 février 2023 à Ouagadougou. Objectif de cette rencontre : discuter des questions de   l’énergie, des mines, de l'industrialisation et du commerce afin d'améliorer les activités des mines au profit des deux pays. Cette réunion d’échanges a connu également la participation du ministre burkinabè du Commerce, Serge Gnaniodem Poda. D’autres acteurs du secteur des mines étaient aussi présents.

Le ministre burkinabè de l'Energie, des Mines et des Carrières, Simon-Pierre Boussim, s’est réjoui de la visite de son homologue malien à Ouagadougou. « C'est une satisfaction de voir que la coopération Burkina-Mali se renforce tant au niveau gouvernemental que sectoriel », a-t-il affirmé.

Selon le chef du département de l'énergie et des mines, il s'agit de mener des réflexions sur les questions de l'énergie et des mines pour renforcer l'industrialisation et le commerce des deux pays.

mtt 2Il a assuré que sur la question de l’énergie par exemple, ils comptent renforcer les connexions internes entre les deux pays tout en ayant comme partenaire la république de Guinée qui produit de « l'énergie saine ». Et d’ajouter : « Ensemble, nous allons penser des solutions qui permettront de mettre fin à la fraude de l'or et d'empêcher qu’elle soit une source de financement du terrorisme. En plus, nous allons réfléchir sur comment diversifier le secteur des mines, car il y a aussi le pétrole, l'l’uranium, etc. »

Selon son homologue malien, Seydou Traoré, il est envisagé aussi l'interconnexion des deux pays de sorte que si l'un est dans le besoin et que l'autre est en capacité de production ils s'entraident. « Il est particulièrement important de développer nos synergies   en rapport avec la Guinée pour pouvoir réaliser des ouvrages en commun. Nous avons déjà l’autorité de développement intégré de la région du Liptako », a ajouté le ministre malien.

mtt 3« Je pense que ça s'annonce bien dans la diversification qu'on cherche dans le secteur minier », a déclaré le ministre, qui invite les pays qui ont les mêmes réalités à mettre leurs efforts en commun pour une véritable lutte contre l'exploitation  illégale de l'or.

Le ministre burkinabè du Commerce et de l’Industrie, Serge Poda, a précisé que les échanges ont porté également sur la possible mutualisation des efforts des deux pays en rapport avec la Guinée afin que l'électricité de qualité soit disponible partout dans ces pays. « Nous avons échangé aussi sur la nécessité de créer un réseautage entre les agents économique dans le secteur privé de ces différents pays pour rendre véritables les relations d'échange », a-t-il indiqué.

A noter que le ministre malien Seydou Traoré fait partie de la délégation malienne conduite par son Premier ministre, Choguel Maïga, arrivée hier dans le cadre de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), qui se tient du 25 février au 4 mars 2023. Le Mali est le pays invité d’honneur à la présente édition.

 Modou Traoré

rssie 3Le 24 février 2022, une offensive générale aérienne, maritime et terrestre a été déclenchée sur l'ensemble du territoire ukrainien par les forces armées russes. Ce vendredi 24 février 2023 marque le premier anniversaire de cette invasion russe en Ukraine. Pourquoi cette guerre perdure ? En quoi est-elle une ‘’opération spéciale’’ comme l’a dit Vladimir Poutine ? Quelle est sa répercussion sur l’Afrique, particulièrement sur le Burkina ? Peut-on espérer la fin de la guerre dans un futur proche ? Sur ces questions, une équipe de Radarsburkina.net s’est entretenue avec Antoine Somdah, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina auprès de la Fédération de Russie, de 2014 à 2022, et Dr Kassem Salam Sourwéma, maître assistant en sciences politiques à l’université Thomas Sankara.

L’invasion de l’Ukraine par les forces russes a engendré d’énormes conséquences dont celles humaines. Les pertes militaires ukrainiennes, selon l’état-major norvégien, sont estimées à plus de 100 000 tués et blessés, à la date du 22 janvier 2023. Les pertes militaires russes, selon le gouvernement ukrainien à la date du 21 février 2023, sont de 144 440 « soldats éliminés ». Selon le décompte formel du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, les estimations de pertes civiles sont de 7110 tués et 11547 blessés à la date du 30 janvier 2023. Malgré ce lourd bilan humain parmi tant d’autres, la guerre ne semble pas près de finir.

rssie 2L’ex-ambassadeur Antoine Somdah estime que c’est une crise très complexe parce qu’elle a été préparée depuis la dislocation de l’Union soviétique. Cette guerre continue, dit-il, parce que l’Occident dans sa stratégie voulait affaiblir la Russie et militairement. « Plus ça dure, plus on pense qu’à un moment donné, la Russie manquera d’armement, de munitions pour faire la guerre et donc elle va perdre. Mais c’est un rêve parce que la Russie est une grande puissance et est la seule puissance capable de tenir tête à ces pays », a-t-il clamé. Il ajoute qu’elle continue parce que les Occidentaux ont armé l’Ukraine pour massacrer les républiques séparatistes de Donetsk et Louhansk.

Selon Dr Kassem Salam Sourwéma, la guerre continue pour plusieurs raisons. D’abord, pour lui, on peut considérer qu’il ne semblait pas s’agir pour la Russie de détruire l’Ukraine dont elle considère certaines régions comme le Donbass comme étant russophones au même titre que la Crimée qu’elle a annexée en 2014. Ensuite, il y a la résistance ukrainienne soutenue par la quasi-totalité des puissances occidentales qui lui fournissent armes, munitions, logistique et appui-conseil, donnant l’impression que la Russie est confrontée à l’ensemble du bloc occidental de jadis.

De plus, la guerre continue du fait de l’échec de la stratégie de la guerre éclair que les Russes pensaient mener rapidement afin de passer à l’occupation des terres conquises et veiller à ce que l’Ukraine ait un statut neutre qui ne menace pas la survie de la Russie. Enfin, elle continue parce que la Russie est une puissance militaire, sinon elle aurait été vaincue depuis longtemps face aux soutiens dont bénéficie l’Ukraine.

L’opération spéciale dont parle le président ukrainien, selon l’ambassadeur Somdah et le politologue Sourwéma, est en fait une opération méthodique qui permet de neutraliser les forces nazies qui sont des racistes.

« L’opération spéciale en Ukraine est la dénazification et la démilitarisation pour obliger l’Ukraine à être neutre en détruisant son armée. Sinon si c’est une guerre, en une semaine la Russie bousille tout et on n'en parle plus », a expliqué M. Somdah.

rssie uneEt le politologue de renchérir : La guerre est qualifiée par Vladimir Poutine d’ « opération spéciale en Ukraine », parce qu’il ne s’agit pas pour ce dernier de faire la guerre pour détruire tout, mais de dégager le gouvernement en place à Kiev et favoriser ainsi l’installation d’un gouvernement plus favorable à la Russie comme l’était le gouvernement de Viktor Ianoukovytch, destitué par le Parlement en 2014.

Concernant l’idée d'un rapprochement entre la Russie et le Burkina, Dr Sourwéma argumente qu’au regard de l’actualité de nos relations avec la France, les rapports pourraient connaître un regain de vitalité et de vivacité, ne serait-ce que sur le plan militaire. 

Cette guerre a un grand impact sur l’Afrique et particulièrement sur le Burkina à divers niveaux, selon la conviction de Dr Sourwéma. Il y a la flambée des prix des denrées de première nécessité sur le continent africain à cause du blocage des céréales ukrainiennes. A cela s’ajoute l’augmentation du cours des produits pétroliers qui pourrait être liée à cette crise.

En outre, au regard du soutien dont bénéficie l’Ukraine des pays occidentaux, on peut aussi envisager une baisse des aides fournies (l’aide publique au développement par exemple) à l’Afrique et au Burkina Faso.

Par ailleurs, il pense que la crise peut aussi être une opportunité pour l’Afrique, notamment les pays africains producteurs de pétrole qui pourraient voir dans cette guerre une aubaine pour mieux vendre leurs produits.

Sur le plan géopolitique et diplomatique, cette guerre va probablement modifier la carte mondiale avec la percée progressive de l’influence russe en Afrique, a-t-il conclu.

Quant au diplomate Somdah, lui, tout en abondant dans le même sens que Dr Sourwéma, souligne aussi que cette guerre contribue à appauvrir davantage les plus pauvres, à affaiblir les États africains. Il y a un risque de convoi d’armement à partir de l’Ukraine sur le marché noir et cela est un danger pour les pays en proie au terrorisme. 

Sur la question d’une probable fin de guerre, Antoine Somdah pense que la Russie a gagné la guerre depuis le début et donc pour qu’il y ait une fin, il faudra que l’Ukraine négocie avec elle. « Le pilier de l’équilibre du monde, c’est la Russie. La guerre va finir mais l'Ukraine sera obligée de négocier », a-t-il soutenu.

Flora Sanou

protect uneDans le cadre de la protection de la santé publique, la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) a saisi, ce mercredi 22 février 2023 à Gounghin, un quartier de la capitale burkinabè, 75 cartons contenant 750 poulets congelés provenant de l’Italie. Ces poulets sont-ils impropres à la consommation ou comestibles ? Une équipe de Radarsburkina.net a fait un tour sur les lieux.

Selon le coordonnateur national de la CNLF, l’inspecteur des douanes Yves Kafando, présent sur les lieux, cette saisie a été faite conformément à l’arrêté n°2015-03/MRA/MICA/MEF du 2 février 2015 portant interdiction provisoire d’importation, de distribution et de commercialisation de la volaille, de produits aviaires et leurs dérivés en provenance des pays infectés par la grippe aviaire. 

Des explications données par le coordonnateur, il ressort que c’est vers 6h que l’information est parvenue à la CNLF indiquant un point de stock d’amphétamines. Une équipe s’est rendue sur les lieux avec diligence et a découvert qu’au lieu d’amphétamines, c’était des poulets congelés qui étaient entreposés.

C’est ainsi que l’instruction leur a été donnée de sécuriser le local car l’importation et la vente de ce type de produits sont interdites en attendant de faire appel aux services compétents, notamment les services vétérinaires, qui viendront apprécier leur qualité.

protect 2D’après lui, même si les produits sont interdits, ça ne signifie pas nécessairement qu’ils sont impropres à la consommation. « Il appartient aux services techniques d’apprécier s’ils sont comestibles ou pas, parce qu’un produit peut être interdit au Burkina mais autorisé ailleurs. Ces produits sont interdits parce que nous voulons faire la promotion de la consommation du poulet local », a-t-il précisé.

Ainsi, si les services compétents attestent que la marchandise saisie est comestible, la CNLF procédera à sa donation à des personnes puisque la législation le permet. « Comme vous le savez, il y a des déplacés internes ; nous allons nous référer aux services de l’Action sociale pour qu’ensemble nous voyions comment céder ces poulets à ces gens si d’aventure leur consommation ne présente aucun danger. Mais s’ils sont impropres à la consommation, nous procéderons certainement à leur destruction », a affirmé l’inspecteur Kafando.

protect 3Interrogé sur comment ces produits ont pu échapper aux contrôleurs à la frontière, le coordonnateur répond que la marchandise a transité par le Ghana, selon le propriétaire du local, et a été convoyée dans une voiture destinée au transport de personnes et non de marchandises.

« Si les structures qui sont aux frontières n’ont pas l’information d’une introduction de ce type de produits à travers un moyen de transport inapproprié, c’est difficile pour elles de l’appréhender parce que les gens peuvent introduire la marchandise à travers des pistes et nous croyons que c’est ainsi que les choses se sont passées », a déclaré Yves Kafando.

S’agissant des conditions de conservation, le coordonnateur de la CNLF estime que de prime abord, elles posent problème d’autant plus que ces poulets auraient dû être conservés dans des conteneurs frigorifiques fermés hermétiquement, or ils le sont dans des frigos visiblement très poussiéreux, ce qui prouve que les conditions d’hygiène ne sont pas les bonnes. De plus, ces gallinacés dégagent une odeur nauséabonde.

La sanction encourue par ces vendeurs de poulets congelés, selon l’inspecteur Kafando, c’est le paiement d’une amende. « Nul n’est censé ignorer la loi. Ces produits sont interdits au Burkina depuis longtemps et nous n’avons pas d’états d’âme vis-à-vis des contrevenants. Nous invitons la population à collaborer, à dénoncer ceux qui s’adonnent à la vente de ces produits car en le faisant, elle contribue à la sécurité publique», a conclu le coordonnateur.

Pendant que nous étions sur les lieux, une cliente venue pour s’approvisionner en poisson a confié que le poulet est vendu à 2500 F l’unité. Selon ses dires, la vente de poulet dans ce kiosque ne remonte pas à longtemps, mais elle-même ignorait que cela était interdit au Burkina. Sensibilisée par le coordonnateur Yves Kafando, elle a promis de relayer l’information à ses proches.

Flora Sanou

sactnLa Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a allongé la liste des sanctions prises contre le Burkina Faso, le Mali et la Guinée. Le 19 février 2023, elle a décidé de maintenir les sanctions déjà prises et d’interdire aux membres du gouvernement de ces 3 pays de voyager dans l’espace CEDEAO. Cette décision n’est-elle pas de trop pour des pays déjà frappés par l’insécurité et dont les dirigeants sont en quête permanente de solutions pour sortir de la crise ? Est-ce une manière d’asphyxier le projet de fédération entre le Burkina la Guinée et le Mali ? Une équipe de Radarsburkina.net s’est entretenue avec Oumarou Paul Koalaga, diplomate de formation et directeur exécutif de l’Institut de stratégie et de relations internationales (ISRI), sur cette nouvelle décision de l’institution ouest-africaine.

Radarsburkina.net : Est-ce que les textes de la CEDEAO permettent d’empêcher un chef d’Etat, un membre de gouvernement ou un haut fonctionnaire d'un pays de voyager ?

Oumarou Paul Koalaga : Il faut préciser que les sanctions font partie du protocole principal et du protocole additionnel de la CEDEAO qui régissent cette organisation internationale d’intégration. On peut penser évidemment que ces sanctions sont assez dures et qu’elles ne sont pas justifiées. Mais elles sont connues d’avance par les Etats qui sont allés souverainement à ces organisations.

Les sanctions de la CEDEAO se font de façon graduelle. Si vous ne respectez pas les engagements que vous avez pris avec l’organisation internationale et que vous faites des blocages sur le processus de retour à l’ordre constitutionnel, il peut y avoir des sanctions beaucoup plus lourdes. Il y a des sanctions qui peuvent cibler les autorités dont on pense qu’elles font obstacle à l’avancée du processus. Là, je pense évidemment au Premier ministre du Burkina, celui du Mali et de la Guinée. On peut penser également aux ministres des Affaires étrangères de ces trois États qui, récemment, ont entretenu de bonnes relations entre eux, mais qui, dans leurs propos, peuvent avoir montré une certaine défiance vis-à-vis de la CEDEAO. Mais l’objectif principal, c’est d’amener ces États à repartir très rapidement dans l’ordre constitutionnel en montrant des signes d’une volonté réelle de respecter les agendas.

Radarsburkina.net : Cette décision n’est-elle pas de trop pour des pays frappés par l’insécurité et dont les dirigeants sont en quête permanente de solutions pour sortir de la crise ?

OPK : À priori, on peut penser que ces sanctions sont assez dures pour des États dans une situation d’insécurité. Mais l’insécurité du pays ne dissout pas le fait que nous soyons dans une situation dans laquelle la remise en cause de l’ordre constitutionnel constitue pour la CEDEAO, qui est l’organisation régissant ses rapports avec ses États et qui, dans son mandat, fait la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Si on doit tenir compte du fait que la situation d’insécurité peut justifier le fait qu’on reste ou qu’on ne montre pas une bonne volonté de repartir, ça va être assez compliqué. Là, c’est une façon de mettre la pression sur ces États afin qu’ils respectent leurs engagements, surtout qu’il y a eu de façon consensuelle un calendrier qui a été défini avec des délais assez précis mais que la CEDEAO constate que ces dirigeants montrent ces derniers temps des signes de ne pas vouloir respecter ces agendas.

Radarsburkina.net : N’y a-t-il pas une sorte d’hypocrisie d’autant plus que le président en exercice de la CEDEAO, Umaro Sissoco EMBALO, lors de sa visite le 11 janvier 2023 au Burkina, déclarait que l’esprit de la CEDEAO n’est pas de sanctionner ni d'imposer mais d’accompagner tous les pays qui sont en transition ?

OPK : Je ne pense pas qu’il y ait une sorte d’hypocrisie. Bien au contraire, je pense que dans l’opinion, on a toujours l’impression que la CEDEAO a pour objectif de sanctionner lorsque notamment des coups d’État interviennent. Loin de là ! On sait bien que les sanctions surviennent lorsqu’il y a des entraves au processus où qu’il y a un manque de volonté des autorités de retourner à l’ordre constitutionnel. Mais lorsqu’il y a une situation de rupture de l’ordre constitutionnel, la CEDEAO fait des démarches auprès des États, essaie d’écouter les justifications et voir comment les accompagner à revenir dans l’ordre constitutionnel s’ils sont disponibles. Mais si elle constate qu’il y a manifestement des agendas cachés, évidemment les sanctions sont brandies pour mettre la pression d’abord sur les dirigeants, éventuellement si les choses perdures à brandir des sanctions plus robustes, par exemple, les fermetures de frontières avec les États membres, les sanctions économiques et financières qui, quelque part, font plus de tort aux populations qu’aux dirigeants.

Radarsburkina.net : Est-ce que cette interdiction n’est pas une manière d’asphyxier le projet de fédération entre le Burkina, la Guinée et le Mali ?

OPK : Je ne sais pas s’il y a un rapport direct entre le fait que ces trois États veuillent aller dans une sorte de fédéralisme ou avoir une meilleure organisation entre eux et les sanctions qui ont été prises. Je pense qu’effectivement, lorsqu’ils se sont rencontrés, on a senti une volonté quelque part de remettre en cause un certain nombre de dispositions sur les demandes par rapport à leur situation. C’est légitime. Le fait que ces pays développent ensemble des initiatives ou des projets pour aller dans le sens d’une meilleure collaboration peut ne pas gêner la CEDEAO. Mais lorsque cela donne l’impression que c’est pour défier l’organisation, évidemment ces sanctions vont conduire à armaturer le projet, à réfléchir plus d’une fois, à se demander si ce projet idéal soit-il légitime, est-ce le moment dans ce contexte actuel de mettre cet agenda en même temps que les objectifs immédiats et priorités qui sont les leurs dans cette période de transition.

Radarsburkina.net : Que peuvent faire les peuples des trois pays qui certainement payeront un lourd tribut à cette situation ?

OPK : Lorsqu’il y a des sanctions, ce sont les populations qui paient un lourd tribut comme la fermeture des frontières, le gel des comptes au niveau de la banque centrale. Cela peut avoir des effets sur la vie socio-économique des populations. Mais le plus important, c’est de comprendre au niveau des épreuves que nous sommes dans une situation de transition suite à des coups d’Etat.

Il faut que les populations comprennent que les sanctions sont des décisions qui surviennent lorsqu’un pays se retrouve dans des situations de blocage parce que aujourd’hui dans l’opinion, on voit une CEDEAO un peu différente, comme si elle était un anti-acte des États alors que ce sont des États souverains qui l’ont créée avec des mandats et des objectifs très précis.

Flora Sanou

sankaryar uneLe tirage au sort pour le redéploiement des commerçants victimes de l'incendie du marché de Sankare Yaaré se déroule ce 21 février 2023 à la maison des jeunes et de la culture Jean Pierre Guingané. 

Dans un communiqué en date du 15 février 2023, la délégation spéciale de la commune de Ouagadougou avait annoncé le redéploiement, dans le cadre de la réhabilitation du marché de Sankare Yaaré, des commerçants de la zone sinistrée seront réinstallés dans les marchés de Paspanga, de Baskuy, de Nabi Yaar et de Mankougdgou.

Pour ce faire, un tirage est prévu ce jour 21 février 2023 à la maison des jeunes et de la culture Jean pierre Guingané à Ouagadougou. Mais des difficultés sont notées : il s'agit principalement de l'absence de contrats d'exploitation du marché de Sankare Yaaré et de celle de la Carte  nationale d'identité burkinabè (CNIB).

Selon le président Boukaré Compaoré de la « cellule de crise », chargée de la gestion de ladite crise, ils n'ont pas de problème avec les administrations, notamment la chambre de commerce, la mairie, le ministère du Commerce.

sankaryar 2Il précise que les difficultés résident au niveau des dossiers de participation au tirage au sort.  « C’est en vue d'éviter les incompréhensions, les fraudes que nous, les commerçants victimes de l'incendie, avons tenu à gérer la crise à travers notre initiative cellule de crise. Mais le manque de contrat d'usage du marché de certains commerçants est la difficulté majeure relevée », affirme-t-il.

Il explique que certains commerçants ont perdu leur contrat d'exploitation du marché et que d’autres affirment que leur contrat d'exploitation du marché ont brûlé le jour de l'incendie.

« Je n'ai rien pu récupérer comme marchandises après l'incendie du marché. Mais je tiens à accompagner la relocalisation de mes frères », a précisé le président. Il invite les autres commerçants à la prudence et à la confiance car la « cellule de crise », suit de près le mécanisme de redéploiement.

Selon Abdoul Salam, conseiller à la « cellule de crise », « le choix opéré par les autorités suite aux dégâts causés par l'incendie dans ce marché n'est pas forcément le bon, mais nous n'avons pas d'autre choix que de nous y soumettre. On espère qu'ils tiendront parole en respectant le délai imparti pour la réhabilitation du marché », affirme-t-il.

La « cellule de crise » est une initiative des jeunes commerçants de Sankare Yaaré. Elle a été créée au lendemain de l'incendie du marché le 29 janvier dernier et a pour objectif d’instaurer la transparence et la neutralité dans la gestion de ladite crise. D’après Boukaré Compaoré, la « cellule de crise » sera dissoute lorsque tout sera rentré dans l'ordre.

 Modou Traoré (stagiaire)

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