Le Conseil supérieur de la communication (CSC) a décidé le 24 août 2023 d'interdire aux chaînes de télévision la diffusion de contenus qui font la promotion de l’homosexualité. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ? Dans une interview accordée à Radars Info Burkina, Daniel Bonzi, directeur de la réglementation, de la médiation et du contentieux du Conseil supérieur de la communication (CSC), donne des précisions sur cette décision.
Radars Burkina : Qu'est-ce qui a motivé le CSC à interdire la diffusion de contenus à caractère homosexuel ?
Daniel Bonzi : Tout est parti d'un constat que nous avons fait sur une certaine période à travers notre service de monitoring composé d'agents et d’un dispositif technique qui permet d'observer les médias, mais aussi des plaintes de plus en plus fréquentes de citoyens burkinabè qui estiment que les contenus diffusés posent problème. À l'issue de l'observation, nous avons effectivement relevé des contenus sur des chaînes qui présentaient des scènes avec des pratiques homosexuelles. Soucieux de la protection de nos mineurs concernant les contenus qu'ils regardent, le CSC a décidé de revoir la décision qui portait sur la protection des mineurs et de l'actualiser en prenant en compte cette nouvelle donne qui passe de façon pernicieuse sur nos chaînes. Ces contenus peuvent nuire à l'épanouissement moral, physique et psychologique de nos enfants, car à partir de la télévision, les enfants peuvent avoir toutes sortes de comportements déviants et si nous n'y prenons garde, cela peut se révéler dangereux pour eux.
Radars Burkina : Cette décision concerne-t-elle uniquement les chaînes nationales ?
Daniel Bonzi : L'homosexualité est une pratique contraire à nos mœurs. C'est pourquoi nous avons rangé dans le même registre les scènes qui présentent des pratiques homosexuelles, celles pornographiques ainsi que les scènes de très grande violence. Toutes les chaînes nationales présentent sur la Télévision numérique terrestre (TNT) sont totalement interdites de diffuser ces contenus. En ce qui concerne les chaînes internationales accessibles via les distributeurs, la décision prévoit que ces derniers prennent des mesures pour retirer ces contenus.
Radars Burkina : Qu'en est-il des programmes diffusés sur les bouquets qui sont destinés aux enfants mais qui comportent des scènes à caractère homosexuel ?
Daniel Bonzi : Les chaînes qui seront identifiées comme faisant partie de la promotion de l'homosexualité doivent être retirées de ces bouquets. Notre objectif, c’est d’assainir notre secteur du milieu visuel de sorte que les programmes destinés aux enfants soient épurés de tout ce qui est contenu contraire à nos mœurs.
Radars Burkina : Quel peut être, de manière concrète, l'impact de ces contenus sur les jeunes téléspectateurs ?
Daniel Bonzi : À travers les chaînes de télévision, ces scènes qui sont présentées aux enfants les orientent effectivement vers ces pratiques. Donc le mieux, c'est de faire en sorte que les enfants ne soient pas influencés négativement par ces contenus qu'ils regardent. C'est très sérieux et on ne peut pas se permettre de laisser tout ce qui est contraire à nos mœurs passer dans nos médias, au nom de la liberté.
Radars Burkina : Le CSC a-t-il des exemples concrets de télévisions qui diffusent des contenus à caractère homosexuel au Burkina ?
Daniel Bonzi : Nous avons pu observer que certains contenus posaient problème. Pour la grande partie des chaînes nationales, il n'y a pas de souci, mais nous avons plus de problèmes avec les chaînes diffusées via les bouquets des distributeurs. Nous allons redoubler de vigilance sur ces contenus.
Radars Burkina : Le CSC a-t-il approché les distributeurs et les responsables des médias nationaux pour leur faire part de la sensibilité des contenus diffusés?
Daniel Bonzi : Tout à fait. Nous avons eu, courant juillet, une rencontre avec les distributeurs, notamment les services audiovisuels, pour les sensibiliser d'abord à la question, puis recueillir leurs observations. De façon unanime, nous pouvons dire que les distributeurs sont dans cette dynamique d'accompagner, de faire en sorte que leurs offres ne contiennent pas des éléments qui vont nuire à l'épanouissement des enfants. C'est pourquoi ils ont mis en place le code parental que chaque parent doit connaître et l'appliquer. C'est après ces échanges à bâtons rompus que le régulateur a pris cette décision du 24 août dernier. Concernant les éditeurs, nous menons une campagne de sensibilisation depuis longtemps marquée par des séances de travail, des ateliers.
Radars Burkina : Techniquement, comment l'interdiction se fera-t-elle ?
Daniel Bonzi : Pour tous les éditeurs nationaux, il est demandé la mise en place d'un comité de visionnage dans chaque rédaction. Ce comité qui sera désigné par les responsables de chaque média aura pour rôle de regarder tous les contenus avant leur diffusion sur la base d'un classement des programmes. Pour les distributeurs, il s'agira d'identifier les chaînes qui font la promotion de l'homosexualité. Tous les programmes destinés aux enfants, c'est-à-dire les dessins animés, il faut s'arranger pour qu'il n'y ait aucune scène qui fasse penser à l'homosexualité.
Radars Burkina : Comment comptez-vous réussir cette mission ?
Daniel Bonzi : On peut mettre en place tous les dispositifs qu'on veut, contraindre les éditeurs nationaux et les distributeurs des chaînes de bouquets mais tant que nous n'aurons pas l'implication véritable des parents, ces mesures ne seront pas efficaces. Car aujourd'hui, on peut interdire les programmes à la télévision mais si l'enfant dispose d'un téléphone qui lui permet d'avoir accès à tous les contenus qu'il veut sur Internet, les mesures se révèleront vaines. Si les parents prennent des mesures, ça facilite la tâche au régulateur. C'est pourquoi l'implication des parents, des éducateurs à l'école est fortement recommandée.
Radars Burkina : Qu'est-ce qui est prévu contre un média qui viendrait à enfreindre cette mesure du CSC?
Daniel Bonzi : Des sanctions sont prévues contre les éditeurs nationaux et les distributeurs contrevenants. Elles sont de plusieurs niveaux : l’avertissement, la mise en demeure, le retrait de l'autorisation, la suspension des programmes et les sanctions pécuniaires.
Propos recueillis par Flora Sanou