Pénurie d’essence au Burkina : « Il faut privilégier les élèves et les étudiants dans les stations-service » (Dominique Koanda, parent d’élève)
La Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) a annoncé le 26 décembre 2022, dans un communiqué, de fortes perturbations de la distribution du super 91, invoquant un problème de maintenance dans certains dépôts côtiers abritant les stocks. Elle avait aussi précisé qu’en attendant la reprise normale des chargements dans les pays côtiers, elle procéderait à un plafonnement des quantités servies à 60%. Cette sortie médiatique a eu pour inconvénient d’entraîner une ruée des motocyclistes, automobilistes et autres dans les stations-service, ce qui a créé des rangs parfois « kilométriques ». A quelques heures de la reprise des cours, Radars Info Burkina a voulu s’enquérir du sort des élèves et des étudiants avec cette pénurie.
Après le communiqué de la SONABHY, le ministre burkinabè du Commerce, Serge Poda, a assuré sur le plateau de la télévision nationale du Burkina qu’il n’y avait pas de rupture et que la situation rentrerait dans l’ordre deux ou trois jours plus tard, car des stocks ayant quitté les pays côtiers étaient en route pour Ouagadougou.
Or, le constat est que depuis la semaine passée, les quelques stations-service qui servent le précieux carburant sont prises d’assaut par des motocyclistes, des automobilistes et des détenteurs de bidons de toutes capacités. Résultat, les files d’attente étaient interminables, particulièrement la semaine écoulée. Cela fait dix jours que ce liquide vital pour le transport est devenu rare. A la veille de la reprise des cours, élèves, parents d’élèves et éducateurs sont tous inquiets.
L’angoisse des habitants de certaines villes du pays, en l’occurrence Ouagadougou, Koupèla, de ne pas trouver de carburant pour leurs voitures ou leurs cyclomoteurs demeure à la veille de la reprise des cours.
Moumouni Zida, élève en classe de 1re dans un lycée de Ouagadougou, dit être très inquiet du problème de carburant et invite les autorités à y remédier. « L’essence, c’est une grande préoccupation. Il faut que le gouvernement fasse tout pour remédier à la pénurie, sinon ce sera difficile pour nous, les élèves », a-t-il plaidé.
Dans la même lancée, Timothée Kaboré que nous avons joint au téléphone depuis Koupèla et qui devait conduire ses enfants ce 4 janvier 2023 au juvénat Saint-Camille, à Ouagadougou, pour la reprise des cours nous a dit être confronté au manque d’essence. Il affirme qu'il est très difficile de se procurer le précieux liquide. Dans l'espoir qu'il en trouvera aujourd'hui, c'est demain 5 janvier qu'il prévoit d’effectuer avec ses enfants le voyage sur Ouaga.
Dans la soirée du 3 janvier 2025 vers 18 h, à une station-service du quartier Rayongo, Mariam Sawadogo, enseignante en province, était dans le rang avec le numéro 198 mentionné sur sa moto. Toute embarrassée, elle nous a avoué qu’elle ne pourrait pas se rendre à son poste si elle n'arrivait pas à obtenir du carburant.
Au regard de cette difficile situation, certains de nos interlocuteurs ont fait des propositions concernant les élèves et les étudiants. C’est le cas de Dominique Koanda, parent d’élève. Pour lui, étant donné que les élèves et les étudiants ont pratiquement l’obligation de se rendre chaque jour aux cours, on devrait leur accorder la priorité dans les stations-service. « Je demande aux autres personnes d’être tolérantes avec les élèves et les étudiants et de les privilégier », a-t-il souhaité.
Tout compte fait, la situation semble s’améliorer dans l’après-midi du 4 janvier 2023 car les files d’attente dans les essenceries sont très réduites, comparativement aux jours précédents.
Flora Sanou