samedi 23 novembre 2024

corrigrejetDans les pays du Sahel, les populations exigent de plus en plus le départ de la France sur le plan militaire ainsi que sur celui diplomatique et cela, en raison de la crise sécuritaire. Ce sentiment est exacerbé depuis l'avènement de la transition au Mali. Au Burkina Faso, l'ambassade et les instituts français de Ouaga et de Bobo ont subi la colère de manifestants hostiles à la politique française au pays de Thomas Sankara. Si les institutions françaises se sentent ainsi menacées, qu'en est-il des citoyens français vivant au Burkina ? Lisez plutôt.

Dans notre quête d'informations, nous nous sommes d'abord rendu à l'ambassade de France où l'accès nous a été refusé au motife motif que nous ne disposons pas de pièces nous autorisant à accéder à l’enclave diplomatique. En effet, l'unique document en notre possession était la Carte nationale d'identité burkinabè (CNIB) sur laquelle notre profession de journaliste est clairement mentionnée. Ayant été déroutée, l'équipe prend la décision de se rendre à la Ruche, qui abrite désormais la bibliothèque de l'institut français et le campus France suite au saccage de l'institut, dans l'espoir d'y rencontrer un ou deux Français. A cet endroit, l'accès était également conditionné par un rendez-vous. Après avoir su ce que nous voulions, l'accueil nous a demandé simplement d'appeler campus France ou la bibliothèque de l'institut. Chose que nous avons refusé de faire. N'ayant pas eu gain de cause, nous mettons le cap sur le siège de l'institut français. Sur les lieux, les portails étaient hermétiquement fermés. Aucun service apparent. Vers la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), nous apercevons un Blanc. Il nous confie être un Français et dit se prénommer Julien, mais il nous informe qu'il n'est pas de l'institut français. Il ajoute être à Ouagadougou depuis plus de 10 ans mais n'a jamais senti une quelconque menace sur sa vie parce qu'il était français. A la question de savoir si l'on pouvait continuer la conversation, Julien répond par la négative. Mieux, il ne souhaitait pas apparaître dans les colonnes d'un média. Une mise en contact avec un des ses concitoyens n'était pas non plus envisageable.

Pour tenter de ratisser large, l'équipe de Radars Info Burkina s'est rendue dans des endroits habituellement fréquentés par des expatriés européens. C'est ainsi que nous sommes tombés sur deux Suisses à Karité bleu, à la Zone du bois. "Nous ne sommes pas francaises malheureusement. Votre reportage est fort louable en ce moment précis mais nous ne pouvons pas faire grand-chose pour vous parce qu'on n'a pas de contact de français ici", ont répondu les deux Suissesses. Elles ajoutent qu'elles ne se sont jamais senties mal au Faso. "Bien au contraire, la chaleur humaine au Burkina est très présente", ont-elles avoué. Pour elles, c'est clair que les Burkinabè savent faire la part des choses. À l'accueil du Karité bleu, on nous informe que les fréquentations baissent de plus en plus du fait de la situation sécuritaire actuelle. "Il ne manquait jamais de Blancs ici, particulièrement des Français. Mais de nos jours, surtout depuis que le Burkina est dans une phase de transition, ils se font de plus en plus rares", confie la dame à l'accueil. Selon elle, la situation dans laquelle se trouve le Burkina dessert la destination Burkina Faso et à entraîné le départ de beaucoup d'étrangers du pays, particulièrement les Européens. "Même dans la rue, on ne les voit plus comme auparavant", a-t-elle déploré.

Etienne Lankoandé

tahiroutraorLe Premier ministre burkinabè, Me Apollinaire Kyélèm, lors de sa déclaration de politique générale le 19 novembre dernier à l’hémicycle, a affirmé que l’enseignement devait faire place à l’éducation, car le système actuel est désincarné. En vue d’adapter l’enseignement aux réalités du Burkina, des réformes ont donc été proposées. A ce sujet, une équipe de Radars Info Burkina a échangé avec le coordonnateur national de la Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Burkina Faso (CNEPT-BF), Tahirou Traoré, pour savoir quelle est son appréciation de cette question et recueillir ses suggestions sur lesdites réformes.

Selon le coordonnateur national de la CNEPT-BF, enseigner, c’est instruire (stricte transmission de connaissances) alors que l’éducation prend en compte l’instruction et les aspects liés aux comportements, aux habitudes, aux valeurs de la société et à la vie communautaire. « Quand on éduque quelqu’un, on cherche à le comprendre, à savoir qui il est pour l’amener à avoir un comportement responsable, tandis que l’enseignement est comme le système d’un entonnoir où on déverse les strictes connaissances », a-t-il déclaré. Concernant les réformes proposées par le PM, M. Traoré affirme que ce n’est pas du nouveau. « Ce sont des choses que nous avons entendues et lues. Depuis longtemps, on parlait d’adapter l’école au milieu. Autrement dit, l’école doit prendre appui sur le milieu pour transmettre les connaissances aux enfants, et ces connaissances doivent leur permettre de contribuer à développer leur milieu », a-t-il précisé.

Mais Tahirou Traoré déplore qu’aujourd’hui les taux d’achèvement au niveau du primaire soient d’environ  60% ; c’est dire que 40% des élèves ne terminent pas le cycle primaire. « Or, si l’école apprenait aux enfants à aimer leur milieu en leur apprenant effectivement à s’intéresser à l’agriculture, en faisant comprendre que l’agriculture fait partie des éléments qui contribuent à développer le milieu, même s’ils quittaient l’école, ils pourraient contribuer à développer l’agriculture auprès des leurs. Il en est de même pour l’élevage », soutient-il.

Pour lui, si on arrive à mettre en pratique les propositions du chef de la primature, cela contribuera à réduire les déperditions scolaires et même le taux de chômage. Et notre interlocuteur de poursuivre : « Si l’école avait pour fonction de former les enfants pour qu’ils puissent par exemple contribuer à développer l’élevage, l’agriculture, elle serait le meilleur outil de développement du Burkina car nous sommes un pays à vocation agricole et pastorale. Il y a des élèves qui arrivent à acquérir un certain savoir-faire, des compétences pratiques ; il n’y a rien de tel pour qu’ils puissent s’épanouir et contribuer à l’effort de développement de leur pays. Mais comment y arriver ? » s’interroge-t-il.

De l’avis de Tahirou Traoré, il faut refonder l’école burkinabè. Cela voudrait dire qu’il faut relire les curricula, travailler au changement des mentalités, à faire comprendre aux uns et aux autres que l’école que nous avons ici n’est pas la nôtre mais celle du Blanc.

« Le Blanc est venu avec son école pour travailler à obtenir des agents pour servir son administration. Mais l’école n’avait pas pour vocation de développer le milieu », indique-t-il.

Il y a un travail à abattre pour que cette vision puisse prendre corps et ce n’est pas du jour au lendemain. C’est possible, mais il faut le courage des enseignants et avoir les terres, les espaces qu’il faut, les aménager à côté des écoles pour que les enfants puissent avoir des cours d’agriculture, d’élevage, etc., cela requiert une réorganisation totale de l’école. Il faut recycler les enseignants en changeant leur perception des nouvelles matières qu’on veut inclure ou ouvrir des filières pour les former à l’agriculture et à l’élevage, a conclu M. Traoré.

Flora Sanou

luttewpsLa Journée mondiale de lutte contre le VIH est célébrée le 1er décembre de chaque année. Bien qu'il soit maintenant difficile de reconnaître une personne vivant avec le VIH, la maladie persiste au Burkina. A l'occasion de la célébration de cette journée en 2022, Radars Info Burkina a rencontré le coordinateur général de l'Association des jeunes pour la promotion des orphelins (AJPO), une structure qui a en charge plus de 800 séropositifs.

L'Association des jeunes pour la promotion des orphelins (AJPO) a été créée en 1991 par des élèves et étudiants du quartier Wemtenga de Ouagadougou, pour venir en aide aux orphelins et enfants vulnérables. L'Association a plusieurs programmes, notamment dans la santé communautaire, les actions de lutte contre le VIH-SIDA, de veille citoyenne et de protection sociale. Son siège social est dans la commune rurale de Saaba et elle a des antennes, notamment à Ouagadougou, à Pô et à Manga.

Le ccordonateur général, Larba Ouédraogo, a confié qu'en matiere de lutte contre le VIH-SIDA, l'AJPO oeuvre d'abord pour la sensibilisation des populations, compte aujourd'hui 3 centres de dépistage qui offrent le dépistage VIH de façon quotidienne, deux centres de prise en charge des personnes vivant avec le VIH, avec une file active de près de 800 personnes vivant avec le VIH.

Une séroprévalence nationale toujours importante

Selon Larba Ouédraogo, du fait qu'au stade actuel il n'y a plus de cas grabataire de personnes vivant avec le VIH, de personnes qui ont la peau sur les os, la génération actuelle ne semble pas consciente de l'existence de la maladie. Pourtant sur le plan national, le taux de séroprevalence atteint 0,7 actuellement. Pour lui, ce taux est en baisse considérable, certes, mais il faut relever encore l'importance de la maladie dans l'écosystème sanitaire au Burkina. En effet, le Burkina a atteint autrefois un taux de prévalence d'environ 8. Pour Larba Ouédraogo, si aujourd'hui ce taux est à 0,7, on peut dire qu'il y a eu une baisse, mais il ne faut pas baisser la garde, car des poches de concentration existent et il faut redoubler de vigilance.

Il loue les actions de l'Etat sur le terrain qui continuent d'oeuvrer dans la lutte contre cette maladie. "Aujourd'hui, toute personne qui est dépistée séropositive est immédiatement mise sous ARV. Et les les produits sont disponibles et gratuits. Là où il faut mettre l'accent aujourd'hui, c'est peut-etre sur comment faire pour que toute personne qui est infectée puisse connaître sa sérologie. Parce que lorsque quelqu'un est séro-ignorant, il peut avoir des comportements à risque", a-t-il souligné.

La raréfaction des partenaires, une préoccupation pour l'AJPO

"En fin d'année 2021, nous avons dépisté au total 18 963 personnes, parmi lesquelles 86 cas positifs. Au 31 décembre 2021, nous étions à 755 personnes vivant avec le VIH qui sont suivies de façon régulière par les centres de l'AJPO" , a expliqué Larba Ouédraogo. Il ajoute que l'AJPO bénéficie de l'appui du budget de l'Etat, à travers le SP-CNLS, de l’appui du FAFPA et surtout du Fonds mondial. Cependant, sa crainte est que les partenaires dans le domaine se font de plus en plus rares. "De plus en plus nous avons des soucis de financement pour maintenir nos actions de lutte contre le VIH. Car si vous vous retrouvez avec un seul partenaire ou deux, imaginez vous si ces partenaires également baissent la garde et qu'ils vous disent qu'ils n'ont plus rien pour vous donner. Qu'allez vous faire ? Donc ça c'est une grosse difficulté", a-t-il fait savoir. Pour la journée du 1er décembre 2022, l'AJPO entend mener une campagne de dépistage, comme il est de coutume, particulièrement à l'université Saint-Thomas d'Aquin, mais également au sein de leurs sites habituels pour des séances de sensibilisation et de dépistage pour tous ceux qui vondront le faire.

Etienne Lankoandé

dedic une"L'Afrique n'a pas besoin de Poutine : contre le 'poutinisme', un poison pour le continent''. Tel est le titre de l’œuvre d’Adrien Poussou, ancien ministre de la Communication et de la Réconciliation nationale en République centrafricaine, expert en géopolitique, éditeur et patron de média. Il a présenté l’œuvre ce 30 novembre 2022 à Ouagadougou. L'auteur y dénonce à la fois la dangerosité et la vacuité de la stratégie militariste de Poutine sur le continent ainsi que la tendance des Africains à se mêler des querelles de circonstances de certains acteurs occidentaux. Dans l'intervalle, il dresse un véritable réquisitoire contre l'incapacité de Paris à changer son logiciel sur l'Afrique, resté figé dans les rapports fixés par le Code noir : de maîtres à esclaves.

Le choix du Burkina pour la présentation de cet ouvrage pour la toute première fois s’explique d’abord par le fait que des Burkinabè ont versé leur sang en 1997 pour que la paix et la stabilité reviennent en République centrafricaine, selon l’auteur.

Ensuite, il dit être panafricaniste convaincu, croit sincèrement en l’unité africaine et se réclame de Thomas Sankara. Enfin, la troisième raison est subjective car c’est une manière pour lui d’aider le capitaine Ibrahim Traoré à réussir sa mission afin qu’on puisse reconnaître qu’en Afrique, les jeunes peuvent être compétents et réussir là où les vieux ont échoué.

L’un des sujets de l’ouvrage est la dénonciation des méthodes Poutine car l’Afrique occupe une place de choix dans la stratégie de la nouvelle Russie, explique l’auteur.

En effet, celui-ci pense que c’est pour les ressources de l’Afrique que Vladimir Poutine veut coopérer avec les Etats africains.  « La France doit partir ou pas, est-ce pour autant qu’il faut faire venir la Russie ? » s’interroge-t-il.

Selon lui, ceux qui demandent à la France de partir voudraient que la Russie la remplace mais la substitution des allégeances ne pourra pas changer les problèmes que nous avons sur le continent.

dedic 2Or, « nous sommes encore trop nombreux en Afrique à donner foi aux balivernes de ceux qui prétendent nous libérer du joug néocolonial alors que ces supposés libérateurs cherchent eux aussi à nous dominer », a-t-il déploré. La seule manière pour le Burkina de réussir cette lutte contre le terrorisme donc, c’est de compter sur ses propres forces au lieu de faire appel à une puissance étrangère, a-t-il déclaré. Car, « nulle ne vient relever une nation qui s’abandonne si ce n’est de la mettre à son service », a-t-il ajouté, citant Michel Joubert.

Disant être un homme averti sur le partenariat russe en fonction des expériences de son pays, Adrien Poussou entend tirer la sonnette d’alarme car, fait-il remarquer, « entre le chien qui a vu le lion et celui qui ne l’a pas vu, il y a une différence dans leur manière de courir ».

Ces mercenaires russes ne sont pas la solution, dit-il, et c’est pourquoi « il faut que les autorités burkinabè prennent toute la mesure de ce danger et qu’elles y mettent un terme » car ce n’est pas à Paris, ni à Moscou encore moins à Washington de ramener la sécurité au Burkina.

L’autre sujet abordé est « la Constitution ici et maintenant de l’Etat fédéral panafricain ».

Le dernier chapitre du livre, intitulé « Le temps est venu de changer radicalement » y est consacré. Dans ce chapitre, on peut lire : « Voici donc venu le temps des actions pour une Afrique unie et prospère. Voici venu le temps des bâtisseurs. Voici venu le temps des grandes réalisations qui changeront la vie de tous les jours des populations africaines.

Voici venu le temps des pionniers de l’avancée économique, scientifique, technologique, culturelle du continent à la suite repensée de la philosophie sociale des pères du panafricanisme. Voici venu le temps de l’action par l’intégration africaine.

Le temps pour mettre en œuvre la véritable unité africaine dans une démarche déterminée, irréversible, vers l'instauration de l'État fédéral panafricain.

Voici venue la séquence des dirigeants clairement au fait des enjeux d'un monde devenu global et qui croient fermement que la construction de l'État fédéral panafricain est une question de survie pour les populations africaines.

Voici venus pour nous, citoyens africains, d'ici et d'ailleurs (les dirigeants politiques en tête), le temps et la responsabilité de verser au débat et à l'action nos idées, nos convictions, nos moyens et notre adhésion totale aux valeurs d'entraide ainsi que de solidarité…

Voici venu enfin, et plus que jamais, le temps des dirigeants rassembleurs, intègres, imaginatifs, conscients de la nécessité de bâtir un continent économiquement fort, socialement solidaire et ouvert sur le monde ».

Par ailleurs, « il faut qu’on soit prêt à se sacrifier pour que les choses changent », a insisté Adrien Poussou.

Flora Sanou

reportsncLe 24 novembre dernier, le gouvernement a annoncé le report de la Semaine nationale de la culture (SNC) en raison du difficile contexte sécuritaire actuel du pays, de la nécessité d’une remise en état des infrastructures et des équipements, ainsi que des contraintes budgétaires actuelles. Cette décision fait suite à une évaluation de l’état des préparatifs de l’événement ainsi qu’à une rencontre entre le ministère de la Communication et les acteurs culturels le 14 novembre 2022. Suite à ce report, une équipe de Radars Info Burkina s’est entretenue avec quelques acteurs du domaine de la culture, en l’occurrence Sayouba Guiré, fondateur de la troupe Naaba Abga, et le Dr Lassina Simporé, archéologue et gestionnaire de patrimoines culturels. Ils se prononcent sur le sujet.

Sayouba Guiré, fondateur de la troupe Naaba Abga (troupe de danse traditionnelle) et du centre Guiré Naaba Abga (centre de chorégraphie), a été lauréat de la SNC en danses chorégraphique et traditionnelle en 2016 et en 2018. Depuis 2018, sa troupe est lauréate en danse traditionnelle. Il dit regretter ce report au regard des dépenses qu’il a déjà eu à effectuer au titre des préparatifs de cette grand-messe culturelle. 

« Nous étions déjà prêts pour la SNC (location de la salle, décors, tenues…). Nous étions prêts à aller à Bobo puisqu’on était à deux jours de la manifestation et les préparatifs nous ont coûté très cher. Quand tu consacres des mois à la préparation d’un événement et que finalement il est reporté, c’est à la fois énervant et décourageant », déplore notre interlocuteur. .

En cas d’annulation, si le gouvernement pouvait au moins rembourser l’argent injecté dans les préparatifs, ce serait un soulagement pour nous autres, selon M. Guiré. Mais il s’empresse d’ajouter : « L’État dit toujours qu’il va le faire, mais ce n’est jamais le cas. »

Par ailleurs, il dit comprendre qu’avec la situation nationale il ne soit pas facile d’organiser cette manifestation mais  propose que tous les acteurs de la chaîne discutent pour trouver une date convenable ou laisser en stand bye l’événement en attendant que la situation s’améliore pour le relancer.

Le Dr Lassina Simporé, archéologue, gestionnaire de patrimoines culturels et enseignant-chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo, lui, s’est plus attardé sur les raisons invoquées par le gouvernement burkinabè pour justifier ce report.

A son avis, si l’État a reporté la SNC, c’est peut-être qu’il n’avait pas le choix ; peut-être que c’était le moindre mal. Mais qu’à cela ne tienne, il soutient qu'on devrait tenir la SNC justement à cause du contexte sécuritaire particulier actuel. « Il ne faut pas perdre du vue que ceux qui attaquent notre pays recherchent justement ce genre de décision », a-t-il fait remarquer.

Pour lui, il fallait tenir coûte que coûte cet événement culturel majeur pour montrer la résilience de l’État et éviter qu’on ait l’impression, surtout à l’extérieur, que la situation du Burkina est si catastrophique qu’on ne peut plus rien faire.

En ce qui concerne « la nécessité d’une remise en état des infrastructures », le Dr Simporé pense qu’il faut rayer cet argument. « Nous qui connaissons la situation de la SNC depuis qu’elle s’est installée à Bobo-Dioulasso, nous disons que les artistes ne sont pas encore mis dans de bonnes conditions pour prester, certes, mais les choses ont évolué. La SNC pouvait bien se tenir comme ce fut le cas de la dernière édition, en attendant de meilleures conditions », a-t-il affirmé.

De plus, il est possible  que le report soit lié « aux contraintes budgétaires actuelles », selon l’enseignant-chercheur. Cependant, celui-ci dit être  étonné parce qu’il s’agit d’une « activité du budget de l’Etat en année paire. Ce sont des choses à faire et à exhiber comme preuve que le pays vit malgré tout ».

S’agissant de l’annonce tardive de ce report, l’avis de Lassina Simporé est que les cadres qui étaient chargés d’assurer la continuité du service auraient dû donner l’information plus tôt pour éviter les désagréments.  « Par exemple, nous avions anticipé des cours en prévision de la tenue de la SNC, organisé des réservations et des arrivées d’amis à Bobo-Dioulasso sans  compter les  longs moments de répétitions et  d’autres types de dépenses », a-t-il ajouté.

Pour lui, le report des manifestations culturelles et artistiques, dont la SNC, est une perte pour l’économie burkinabè, mais si le gouvernement  a opté de le faire malgré tout, c’est qu’il a ses raisons.

Flora Sanou

cafepolitique uneLe vendredi 25 novembre 2022, l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique-Burkina Faso (ARGA-BF) et l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite ont tenu la 2e édition du Café politique à Ouagadougou. Trois personnalités, en l’occurrence Kalifara Séré, Aboubacar Sango et Me Guy Hervé Kam, ont communiqué au cours de ce débat politique sur le thème  « Quelles priorités et quelles contributions pour un retour serein à l’ordre constitutionnel ?» Il s’est agi pour ces panélistes d’identifier les priorités actuelles du Burkina en relevant les enjeux et les défis de la transition actuelle et de proposer des solutions pour un retour à l’ordre constitutionnel normal.

Kalifara Séré, consultant, expert en stratégie du territoire et développement, administrateur civil à la retraite, a passé en revue des scénarii qui permettent de sortir de la situation actuelle et de faire des propositions pour un retour à l’ordre constitutionnel normal. Au nombre de ceux-ci, il y a d’abord le scénario pessimiste, stade auquel le Burkina se trouve actuellement, selon l’administrateur civil retraité. Il est suivi du scénario moyen qu’il a appelé scénario de contrôle et de l’autocontrôle par les parties prenantes qui peuvent amener la mitigation des éléments constitutifs du scénario pessimiste. Le 3e scénario est celui de la reprise des démembrements structurels, institutionnels.

Aboubacar Sango, juriste et enseignant-chercheur, lui, a abordé les réformes qui peuvent être faites pour améliorer le système électoral burkinabè. Pour lui, un bon président est celui qui a un bon programme et est capable de le mettre en œuvre. A l'instar des pays occidentaux qui ont œuvré à établir des politiques porteuses de fruits, chose que le Burkina envisage d'ailleurs aujourd’hui, les Burkinabè peuvent aussi s’inscrire dans cette dynamique puisque ce sont des humains comme eux qui l’ont fait, a soutenu le juriste. A son avis, pour y parvenir, réduire l'ampleur de l'argent dans les élections est un devoir afin d'éviter de corrompre les institutions concernées.

cafepolitique 2Il faut également faire des réformes pour que les gouvernants soient davantage responsables. « Je pense que la démocratie ne peut pas s'accommoder de présidents qui ont les pleins pouvoirs et sont malheureusement irresponsables », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, il faut renforcer la citoyenneté car selon lui, « ce que nous vivons est une crise de la citoyenneté ». Et de conclure que la démocratie sans des citoyens responsables est une ruine de l'État.

Boureima Ouédraogo, pour sa part, estime que ce n’est pas la démocratie le problème mais les personnes qui l’animent. « Le café politique est une initiative du débat politique que nous avons organisé. Initialement prévu en octobre passé, c'est finalement aujourd'hui que nous avons pu le tenir à cause de la situation nationale du pays. L'objectif est de mener des échanges avec les acteurs  publics sur les questions traitant des situations dites dangers nationales. Nous anticipons par conséquent les réflexions sur le mécanisme de manière à libérer notre pays. Nous  pensons que la crise sécuritaire est le résultat d'une crise institutionnelle. La population n'a pas souhaité voir un coup d'État en huit mois. Nous avons vu les limites du pouvoir démocratique et celles du pouvoir militaire. C'est là que nous avons compris que le problème n'était pas la démocratie mais les acteurs qui gouvernent le pays. Nous allons résolument disponibiliser les résultats issus de cet échange au profit des personnes qui sont intéressées », a-t-il indiqué.

Me Guy Hervé Kam, lui, pense  qu'il faut inverser la tendance et que chacun doit accomplir sa mission. A son avis, le président du Faso doit veiller au retour de la sécurité, le gouvernement doit travailler à la stabilité de l'État et les forces, pour lui, peuvent travailler pour la contribution à la citoyenneté et à l'unité nationale. Il explique qu’en 21 ans mois il est très difficile de parler de projet de développement. Il pense donc que le gouvernement doit aller à l'essentiel afin de permettre la mise en place d'un régime constitutionnellement légitime. L’avocat a terminé en déclarant que le problème du pays est politique, donc la solution doit aussi être politique.

« Le défi pour nous, c'est d'élaborer des éléments de mesure d'itinéraire afin de mieux nous orienter. Les manquements de cette transition, c’est qu'il n'y a pas de contrôle sur les démarches du président et du MPSR 2. A cela s'ajoutent  les dérives au niveau des questions diplomatiques dénoncées par certaines personnes. Il faut qu'ils écrivent leurs opinions afin qu'elles soient mieux élucidées. Je pense que le président peut régler ces aspects avant de mieux mener son combat. Avec cela, nous pouvons aller avec tout le monde et tout le monde peut partir avec nous si tout est bien clair sur des supports. Il faut aussi une union sacrée de notre armée », propose Kalifara Séré.

Selon Boureima Ouédraogo, président de l’ARGA, il ne faut pas arriver au terme de la transition avant d’engager la réflexion sur comment revenir à une vie constitutionnelle normale, d’où le choix de ce thème.

Retenons que le café politique est une initiative de débat public engagé qui consiste à organiser des rencontres avec un certain nombre d’acteurs sur l’animation de la politique nationale, des échanges sur des problématiques considérées comme des dangers nationaux. Un rapport général sera rédigé à la fin des cafés politiques, assorti de propositions qui émanent des débats et de l’intervention des experts. Ce rapport sera proposé aux acteurs politiques, aux gouvernants afin que ceux-ci puissent en tirer profit et mettre en œuvre ce qui est pratique pour le développement du Burkina. Le prochain café est prévu pour le 10 décembre 2022.

Flora Sanou

ccoalitionbrLe 18 novembre dernier, les artères de la ville de Ouagadougou étaient inondées par des manifestants réclamant le départ des forces armées françaises et de l’ambassadeur de France, Luc Hallade, du sol burkinabè. Suite à cette manifestation, le 19 novembre 2022 le gouvernement burkinabè a, dans un communiqué, invité la population au calme et à la retenue tout en l’exhortant à rester confiante. La délégation de l’Union européenne, quant à elle, a déploré l'absence de réaction appropriée des services de sécurité burkinabè. Une équipe de Radars Info Burkina a échangé ce vendredi 25 novembre avec le président de la Coalition Burkina-Russie, Ramadan Haïdara. Dans les lignes qui suivent, il se prononce  sur cette actualité.

Selon le président de la Coalition Burkina-Russie (CBR), Ramadan Haïdara, les membres du collectif des leaders africains resteront déterminés jusqu’à ce que les soldats français partent du territoire burkinabè.

« Nous ne voulons plus de la France, c’est tout ! Nous n’arrêterons pas de marcher tant que la France sera au Burkina ! Même en rêve, nous ne voulons pas que la France reste au Burkina », a pesté Ramadan Haïdara.

Selon lui, le communiqué de la délégation de l’Union européenne déplorant l'absence de réaction appropriée des services de sécurité burkinabè n’est qu’une manière d’intimider la jeunesse pour qu’elle arrête de soutenir le capitaine Ibrahim Traoré. Ladite délégation, dans le même communiqué, invite les autorités burkinabè à une bien plus grande réactivité « au cas où des événements similaires arriveraient à se reproduire, et que les auteurs de ces violences soient condamnés ».

Voici la réaction du président de la Coalition Burkina-Russie à ce propos : « Ils veulent nous empêcher de marcher afin de pouvoir détourner le regard de la jeunesse et déstabiliser le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré. »

  1. M. Haïdara s’est également prononcé sur la présente transition. Pour lui, on n’a pas besoin d’organiser des élections tant que le capitaine Ibrahim Traoré répondra aux aspirations du peuple. « Tant que le peuple sera sa boussole, que la CEDEAO n’y pense même pas», a-t-il soutenu.

Flora Sanou

agriburkL’année 2021-2022 a été particulièrement douloureuse pour les populations burkinabè qui ont dû faire face, en plus de l'hydre terroriste, à une pénurie alimentaire associée à une flambée exacerbée des prix. Malgré la bonne pluviométrie, de nombreuses personnes feront encore face à une insécurité alimentaire en 2022. Ce qui a amené l'Etat burkinabè à s'engager aux côtés des populations avec le ministère de l'Agriculture au premier plan. La direction des Etudes et de la Statistique de ce ministère s'est ouverte à Radars Info Burkina.

« Les études sur la campagne agricole sont un travail de plusieurs équipes et plusieurs sources d'information. C'est l'analyse de ces sources d'information qui a permis d'obtenir des résultats actualisés et permettra à l'autorité d’orienter son action sur le terrain », a expliqué Yves Gérard Bazié, directeur général des Etudes et de la Statistique sectorielle du ministère de l'Agriculture, des Ressources animales et halieutiques. Selon lui, c'est un ensemble de résultats qui intègre les données nutritionnelles produites par le ministère de la Santé, les données sur les PDI produites par le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR), mais aussi les données de production agricole produites par le ministère de l'Agriculture et autres sources de données telles que les prix.

Ainsi on note, en termes de défis, 1 761 915 déplacés internes à la date du 31 octobre 2022. Les inondations survenues au cours de la campagne agricole 2022 ont affecté plus de 10 000 ha, dont 80% dans la région de la Boucle du Mouhoun. Par ailleurs, la 2e session du comité de prévision de la situation alimentaire et nutritionnelle du ministère de l'Agriculture souligne que les régions du Sahel, de l’Est, du Centre-Nord, du Nord et de la Boucle du Mouhoun concentrent 70% des populations en insécurité alimentaire au Burkina. Et si rien n'est fait, le nombre de personnes en situation de crise à pire passera de 2 618 638 à 3 533 220, soit de 12%  à 16% de la population totale pendant la période de soudure (d'octobre à décembre 2022). La situation nutritionnelle, quant à elle, est caractérisée par une prévalence de la malnutrition aiguë globale de 7%.

La bonne campagne pluvieuse 2022 cache des disparités entre régions

Par rapport à la campagne 2021, on note des hausses annuelles de 5,46% ; 8,34% et 28,05%, respectivement pour les productions céréalières, de rente et les autres cultures vivrières, selon Gérard Yves Bazié. Le bilan alimentaire révèle une disponibilité énergétique apparente de 2 728 Kcal par personne et par jour. Yves Gérard Bazié précise que ces résultats cachent des disparités entre régions dues aux chocs variables. En effet, 19 provinces sont déclarées déficitaires et 59% des ménages agricoles ne pourront pas couvrir leurs besoins céréaliers sur la base de leur propre production. Le bilan céréalier, non compris les importations et les exportations, montre un déficit brut de 297 812 tonnes contre 539 364 tonnes l’an dernier.

C'est pourquoi le gouvernement burkinabè s'est vu obligé d'intervenir à travers des mesures fortes afin de contrer l'insécurité alimentaire. Le directeur général des Etudes et de la Statistique sectorielle, Yves Gérard Bazié, cite l'adoption d'un rapport en Conseil des ministres de plus de 11 milliards de F CFA pour anticiper sur la campagne sèche. Il ajoute que la pluviométrie a été très bonne et que l'eau mobilisée à travers les barrages et autres réseaux permet d'assurer une production pour la campagne sèche pour appuyer la production de la campagne pluviale. « En dehors de cela, en termes d'interventions au niveau du ministère, il y aura la mise à disposition d'engrais et de semences améliorées pour permettre aux producteurs d'avoir des rendements beaucoup plus élevés », a-t-il souligné.

Etienne Lankoandé

bbsécuL’évènement s’est déroulé à Liptougou, une commune de la province de la Gnagna, où une accoucheuse auxiliaire a reçu la visite d’hommes armés non identifiés, dans la soirée du 20 novembre 2022. Après l’avoir extorquée, l’un des visiteurs a agressé sexuellement la bonne dame. Joint au téléphone par Radars Info Burkina, le major du CSPS est revenu sur l’incident et l’expérience que lui et ses hommes vivent dans cette localité. Il a aussi exprimé son mécontentement du traitement que leur a réservé l’autorité, quand lui et ses collègues ont décidé de quitter les lieux.

Le major du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Liptougou a confié à Radars Info Burkina que les HANI ont d’abord débarqué dans la journée avec des armes au siège du CSPS. Ils l’ont trouvé sur place avec l’Agent itinérant de santé (AIS) qui allait être leur victime la nuit tombée, mais cette fois-ci à son domicile. Il y avait un véhicule que la sage-femme avait amené et ces hommes étaient venus voir si ce n’était pas une ambulance pour le récupérer le cas échéant. « C’est ce même jour dans la soirée que l’AIS a reçu la visite des bandits armés », raconte le major. « Quand elle a été agressée, elle m'a appelé en pleurs. Donc immédiatement je suis allé sur les lieux avec une équipe pour la ramener puisqu'elle ne dort pas au CSPS par manque de logement. Quand on est arrivé, c'était désagréable à voir. Ils avaient tout retourné, avaient pris son argent et saccagé sa maison», a-t-il raconté. Et de renchérir : « Elle a dit qu'elle a subi une agression sexuelle de la part d'un des visiteurs ». Profitant de l’occasion, le major a démenti les informations relayées sur les réseaux sociaux et selon lesquelles ce sont tous les assaillants qui l'ont agressée sexuellement. « Il s’agissait d’un seul », a tenu à préciser notre interlocuteur.

Cette agression a obligé les agents dudit CSPS à abandonner les lieux pour trouver refuge à Bogandé, le chef-lieu de la province, situé à 70 km environ de Liptougou. « Actuellement, mes collègues et moi sommes à Bogandé. On nous a appelés à la gendarmerie, la victime et moi, pour nous auditionner. On est allé donner notre version des faits et on attend », a confié le major à Radars Info Burkina.

L’autorité a manqué d’attention et de tact face à des agents traumatisés

Le major dit avoir contacté le premier responsable la nuit, même de l’incident, qui a voulu lui faire croire que c'était de simples bandits et non des terroristes. « Je lui ai fait savoir que ce n’était pas ce qui m’intéressait, l'incident s'est produit et donc il fallait gérer la nouvelle situation », a-t-il expliqué. L’idée que ce ne sont pas des terroristes mais de simples bandits ne passe pas pour le major et ses agents, parce que pour eux, c’est la même équipe qui était venue au CSPS au sujet du véhicule de la sage-femme, qui est revenue agresser l’AIS. « La nuit quand l’incident est arrivé, nous on s’est dit que c’était eux, puisque pendant l’agression ils ont encore évoqué le cas du véhicule », raconte le major. Selon ses propos, ils ont dit à la dame « qu'ils savent que la sage-femme avait menti en disant que c'est sa maman qui a payé le véhicule alors c'est plutôt un gendarme ». C’est pourquoi pour le major, il faut en avoir le cœur net à propos des agresseurs avant de voir la conduite à tenir. A l’en croire, quand les terroristes, maîtres des lieux, ne sont pas responsables d’une pareille situation, ils trouvent toujours l’intéressé ou du moins font un retour. « Jusqu'à présent on n'a pas de retour, on ne sait pas c'est qui. Si c'était de simples bandits, les terroristes allaient se rendre au CSPS pour dire que ce n'est pas eux. Mais jusque-là rien n’est fait », s’explique-t-il. Pour lui, il faut d’abord être situé avant d’envisager retourner sur les lieux.

Il salue le fait que la victime ait pu bénéficier pour l’instant d’une prise en charge médicale et aussi qu’elle ait été jointe par le Secrétaire général du ministère de la Santé, qui a évoqué son affectation et sa prise en charge. Mais pour le reste de l’équipe, il regrette que l'autorité donne l’impression de s’intéresser uniquement à la réouverture du CSPS, sans se soucier de leur sécurité, encore moins de leur état psychologique. Selon lui, l'autorité évoque l'idée que l'incident ne s'est pas produit au CSPS, ce qui ne nécessite pas une fermeture. « Pourtant, s'insurge-t-il, c'est parce qu'il n'y a pas beaucoup de logements qu'elle a été obligée d'aller en communauté prendre une maison ». Il souhaite donc que l'autorité fasse preuve de compréhension. « Nous n'avons jamais refusé de travailler. Depuis longtemps nous sommes là-bas malgré le danger, donc si un cas survient et bouleverse la situation, il faut être compréhensif », a-t-il requis. Il souhaite aussi qu’en pareilles circonstances, certaines personnes puissent bénéficier d’un accompagnement psychologique, particulièrement les femmes, pour qui c'est plus difficile. Il informe que la sage-femme, qui n'a pas été une victime directe, est dépassée par la situation, ce qui, pour lui, nécessitait tout au moins un soutien moral.

Il n’y a pas de zone plus dangereuse que celle de Liptougou

D’après le major du CSPS de Liptougou, actuellement il n'y a pas de zone plus dangereuse que celle de la commune de Liptougou. Les terroristes sont partout et contrôlent tout dans la zone. Pourtant il n’y a aucun service de sécurité, ni même une autre administration dans un rayon de 60 km. Ce sont les services de santé seuls qui officient dans la localité avec tout les risquent que cela comporte. « Moi, je reçois des visites de ces gens à n'importe quel moment. Même sur la voie, ils veulent souvent prendre ma moto. Mais on arrive à discuter et quand tu expliques que tu es un agent de santé on te laisse passer ». Donc pour lui, dans une zone où il y a des armes, où les hommes craignent pour leur sécurité, ce n'est jamais simple de résider et il faut toujours prendre en compte ce paramètre. Il souhaite que la commune bénéficie d’une prise en charge sécuritaire.

Etienne Lankoandé

aaprimoLe Centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles de Gaulle (CHU-CG), dans le cadre de la lutte contre le cancer du sein, a lancé une campagne de sensibilisation et de dépistage s’étendant du 14 au 25 novembre 2022. L’opération se déroule dans ses locaux, au service imagerie. Une équipe de Radars Info Burkina s’est rendue sur les lieux ce mercredi 23 novembre pour rencontrer les responsables de cette initiative et constater la mobilisation des femmes autour de cette campagne.

Selon la directrice de la pédiatrie Charles de Gaulle, Cyrille Priscille Kaboret/Ouédraogo, cette campagne a été organisée dans le cadre du mois d’Octobre rose pour encourager les femmes à venir se faire dépister à temps, de manière précoce, pour éviter la maladie ou pour commencer les soins rapidement s’il le faut. La pédiatrie a subventionné cette campagne dans le but d’accompagner les femmes. Et toute femme dépistée positive est prise en charge de manière holistique, à en croire la DG. Elle s’est réjouie de la tenue de cette 2e campagne et de la mobilisation des femmes.

Selon la cheffe du service d’imagerie médicale du CHU-CG, médecin radiologue, le professeur Madina Napon, cette campagne a été initiée d’autant plus que le cancer est une maladie grave. Précocement dépisté, il se guérit mieux et les conséquences sont moindres, tant socialement que financièrement, pour les patientes, a-t-elle notifié.

aasecundoLe dépistage comporte deux volets et concerne les femmes de 45 ans et plus, selon le professeur Madina Napon.

Il s’agit de la radiographie (qui est ici une mammographie) et du volet échographique. L’échographie est réalisée au cas par cas, donc deux examens sont réalisés éventuellement pour chaque patiente. Ces deux examens sont faits à 7 500 FCFA au cours de la campagne, soit la moitié du prix normal, a précisé la cheffe de service.

Il y a un fort engouement des femmes. Donc, tout le personnel d’imagerie médicale travaille, faisant même des heures supplémentaires, pour offrir le service qui sied, a rassuré la responsable du service d’imagerie, Madina Napon.

aatertioAu dire de cette dernière, un accompagnement est prévu sur tous les plans pour les femmes qui viendraient à être dépistées porteuses de lésions cancéreuses. « D’abord on est en rapport avec les médecins qui prennent en charge les atteintes morales du cancer. Donc il s’agira de mettre les patientes en contact avec ces médecins pour qu’ils les préparent psychologiquement. En plus de ce service psychologique, il y a le service social qui va les  accompagner pour les soins éventuels si les examens confirment la présence du cancer. Nous allons intervenir après cela dans le suivi en matière d’imagerie de ces patientes », a-t-elle expliqué.

aaquadroSi le dépistage révèle des lésions, la prise en charge sera précoce puisqu’elle sera faite avant la manifestation clinique du cancer, a fait remarquer le professeur Madina Napon

« Il ne faut pas avoir peur. Il faut venir se faire dépister, savoir qu’on n’a pas de pathologie et être tranquille pendant deux ans », a conclu le Pr Napon en invitant les femmes à davantage se faire dépister, surtout celles qui ne l’ont jamais fait.

Selon Adjara Paga, patiente venue de Fada N’gourma, cette campagne est une opportunité au regard de la réduction du coût des examens. Donc, elle est venue dans le but de voir si éventuellement elle a des lésions qui pourraient faire suspecter un cancer.

Une autre patiente du nom de Fatoumata Eudoxie Bara, qui est à son deuxième dépistage, a apprécié l’initiative car pour elle, cette opération permet aux femmes de connaître leur statut sémiologique. Mais pour cette dernière, l’État doit s’impliquer pour que ces examens médicaux soient gratuits pour les femmes car toutes n’ont pas les moyens pour supporter les frais d’examens.

Environ 500 patientes sont attendues pour cette campagne dont la fin est prévue pour le 25 novembre. A la date d’aujourd’hui, ce sont près de 300 femmes qui ont déjà été dépistées, soit une moyenne de 30 femmes par jour.

Flora Sanou

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