Incompatibilité de rhésus : Un facteur de risques pour la mère et le fœtus
Le groupe sanguin comprend une lettre A, B ou O et un signe (+ ou -). Ce signe correspond au rhésus. On dit qu'une personne est de rhésus positif lorsque ses globules rouges portent à leur surface une certaine molécule, appelée molécule D ou molécule rhésus. Lorsque cette molécule est absente, on est rhésus négatif. L'incompatibilité de rhésus peut intervenir dans les cas où la mère a un rhésus négatif et le père un rhésus positif, et l'enfant hérite du rhésus positif de son père. L’organisme de la femme produit alors des anticorps dirigés contre les globules rouges du fœtus qu’elle porte en elle.
L’incompatibilité de rhésus ne se produit que si la femme est du rhésus négatif et son conjoint du rhésus positif. Si la femme est rhésus positif et son conjoint rhésus négatif, il n'y a pas de risque. Si les deux sont du rhésus négatif ou si tous les deux sont du rhésus positif, il n'y a pas de risque non plus. Mais lorsque la mère est du rhésus négatif, le père du rhésus positif et que le fœtus hérite du rhésus paternel, ses globules rouges peuvent passer dans le sang de la maman lors de l'accouchement avec le détachement du placenta. Ainsi, ce sang rhésus positif sera considéré par le sang maternel comme un intrus car il ne reconnaît pas le facteur rhésus. Le sang de la mère va alors créer des anticorps anti-rhésus qui vont rester dans le sang maternel, et lors de la prochaine grossesse, si le fœtus est du rhésus positif, ils vont l'attaquer très tôt, ce qui peut créer un avortement ou la mort du fœtus. C’est ce qu’on appelle l’immunisation rhésus.
Afin de prévenir cette immunisation rhésus, François Xavier Kaboré, gynécologue obstétricien, recommande de faire le dépistage du groupe sanguin de la femme enceinte. Ainsi, si elle est de rhésus négatif, on doit s’assurer qu’elle n’est pas immunisée et si c’est le cas, elle doit être suivie au cours de la grossesse. « Pour prévenir l’immunisation, il est recommandé actuellement d’administrer du sérum anti D à titre de prophylaxie à partir du sixième mois de grossesse. Mais au cours de la grossesse, si elle a fait un avortement, une grossesse extra-utérine, toute situation où il peut y avoir passage des globules rouges dans son sang, on doit faire une prophylaxie en lui injectant du sérum anti D », précise-t-il. La prévention va également consister à déterminer le groupe sanguin du père. Au cas où le fœtus prendrait le rhésus positif de son père alors que sa mère est de rhésus négatif, c’est à ce niveau qu’il y a risque d’immunisation. « A la naissance, il faut systématiquement en salle d’accouchement, après la sortie du fœtus, faire un prélèvement au niveau du sang du cordon pour faire le groupage sanguin de l’enfant. S’il se trouve que le nouveau-né est du rhésus négatif, il n’y a pas lieu de faire la prévention. Mais s’il est du rhésus positif il faut, dans les 72h, administrer à la mère le sérum anti D pour prévenir l’immunisation ». Le sérum anti D permet de détruire d'éventuels anticorps qu'elle aurait créés.
Armelle Ouédraogo