Selon le rapport statistique mensuel de l'Education en situation d'urgence (ESU), en fin février 2024, le nombre d'établissements scolaires fermés est de 5 336 contre 5 365 en fin janvier 2024. Les élèves affectés passent de 833 818 en fin janvier 2024 à 823 340 en fin février 2024 ; les enseignants touchés par la crise passent de 23 308 en fin janvier 2024 à 24 158 en fin février 2024. Ainsi, pour assurer la continuité éducative des élèves déplacés internes dans les zones à forts défis sécuritaires et les zones de repli, le ministre de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales a annoncé au Conseil des ministres du 20 mars 2024 l’instauration des Classes alternées d’urgence (CAU). Que faut-il comprendre par classes alternées d'urgence ? Dans une interview accordée à Radarsburkina.net, Tahirou Traoré, coordonnateur national de la Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Burkina Faso (CNEPT-BF), en parle.
Radars Info Burkina: Que pensez-vous de l'instauration des classes alternées d'urgence au profit des élèves déplacés internes ?
Tahirou Traoré : Je pense que la mesure concernant les classes alternées a été précédée d'un processus. Il y a eu d'abord des ateliers sur la question. Elle permettra aux nombreux enfants déplacés internes qui sont dans les camps ou des écoles d'accueil cohortes de poursuivre les études et comme il y a assez d'enseignants, cela permettra de les occuper à prendre en charge ces enfants. La mesure permettra un encadrement beaucoup plus efficace des élèves déplacés internes qui sont en difficulté suite à la crise sécuritaire. Elle permettra aux enseignants d'avoir un effectif réduit et d'offrir un enseignement qualitatif aux élèves.
Radars Info Burkina : Que faut-il entendre par classes alternées d'urgence ?
Tahirou Traoré : Ce sont des classes avec des effectifs pléthoriques. Les classes alternées d'urgence sont autrement appelées classes à double flux. C'est une classe constituée de deux groupes, c'est-à-dire deux cohortes : l’une vient le matin et l'autre le soir avec des emplois du temps différents. Ça peut être le même enseignant ou ça peut être deux enseignants. Il y a deux systèmes à cet effet : le 112 et le 212.
Lorsqu'il s'agit d'un seul enseignant, cela corrrespond au système 112 : un enseignant-une classe-deux groupes (cohortes). Dans ce cas, l'enseignant tient un premier groupe le matin et le soir, il prend l'autre groupe.
Mais avec le système 212, il s'agit de deux enseignants-une classe-deux cohortes. Là, un enseignant tient une cohorte le matin et l'autre enseignant s'occupe du deuxième groupe le soir puis les deux alternent.
Radars Info Burkina : Comment cette mesure pourrait être mieux exploitée avec ces systèmes ?
Tahirou Traoré: Dans la pratique, si les infrastructures existent, ce qui serait intéressant, c'est de faire en sorte que pendant que le premier groupe est en classe le matin avec le maître, le second groupe puisse être occupé par un autre enseignant à des activités pratiques. Puis le soir, lorsque le second groupe sera en classe, le premier groupe, lui, vaquera à des activités pratiques.
Dans le cas présent, ça dépendra de la situation réelle des écoles et des enseignants, effectivement, et le nombre d'élèves. L'organisation pratique permettra à chaque école de penser le système qui conviendra le mieux à sa situation. De plus, les enseignants qui doivent encadrer les élèves doivent être mis à jour et accompagnés.
Radars Info Burkina : Si le processus de mise en application des CAU doit débuter pendant l'année scolaire en cours, serait-il bénéfique pour les élèves quand on sait qu'on est à quelques pas des vacances ?
Tahirou Traoré : C'est vrai que nous sommes à la fin du deuxième trimestre, que nous tendons vers le troisième trimestre et qu’il ne reste qu'un ou deux mois de cours pratiquement, mais mieux vaut tard que jamais. Donc la mesure où il serait plus efficace à partir de la rentrée à venir, mais ça peut être un apport pour l'année en cours pour les élèves PDI en classe d'examen, parce que si les élèves de la classe sont répartis en groupes et qu’on a plusieurs enseignants, les élèves seront mieux encadrés.
Propos recueillis par Flora SANOU