dimanche 13 octobre 2024

mar uneLe 23 juin 2020, le gouvernement burkinabè a procédé à la remise du premier lot des 300 ambulances du projet présidentiel au profit des communes du Burkina. Dans son n°206 du 26 juin 2020, le journal « Courrier Confidentiel » s’est penché sur le mode et le coût d’acquisition de ces ambulances. « Ce marché de 300 ambulances à 14,1 milliards aux relents de surfacturation est un endettement aveugle du contribuable au profit d’entreprises avec lesquelles le pouvoir a des intérêts financiers », a écrit le journal. Radars Info Burkina s’est entretenu avec Yacouba Ladji Bama, rédacteur en chef dudit journal. Lisez plutôt.

« Quand nous avons eu les comptes rendus de nos confrères sur cette cérémonie de remise d’ambulances il y avait des choses qui interpellaient les consciences. On a présenté l’opération comme une largesse du président du Faso à l’endroit de ses administrés. Et pour une opération aussi grande, si l’on s’en tient aux chiffres, ils s’élèvent à 14,1 milliards de francs CFA. Mais des éléments essentiels ne ressortent pas des comptes rendus qu’on a pu lire. Par exemple, on ne précise pas quelle procédure a été utilisée pour acquérir ces ambulances, on n’a pas dévoilé non plus le coût des ambulances au cours de la cérémonie. Or généralement à ce genre de cérémonies, ce sont des choses qui se disent de façon très naturelle. Cela nous a donc amenés à nous interroger et à ne demander s’il n’y a pas des choses qu’on cherche à cacher dans cette affaire», a expliqué Yacouba Ladji Bama.

C’est ainsi que le journal, dans ses investigations, a découvert qu’il s’agissait d’un crédit-bail. «C’est le même procédé qui a été utilisé pour l’acquisition des 77 véhicules par la mairie de Ouagadougou. Et quand on a vu les chiffres concernant le coût de ces ambulances et les acteurs qui sont impliqués dans l’opération, notamment FIDELIS Finances, qui a piloté cette affaire de la mairie, ainsi que la maison d’assurances qui est Raynal assurances, citée également dans l’affaire de la mairie, nous nous sommes dit qu’il y avait quelque chose qu’il fallait chercher à comprendre dans cette affaire. Nous avons donc creusé et découvert ce que nous avons écrit dans le n°206 de notre journal qui vient de paraître », a soutenu le rédacteur en chef de « Courrier confidentiel ».  

mar 2L’attitude du ministère de la Santé lors de l’investigation sur les conditions d’exécution de ce marché a « vraiment intrigué CC ». « A la fin, on a estimé qu’il ne pouvait pas en être autrement. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’après plusieurs jours d’attente, le ministère a fini par nous dire que ce marché n’a pas été géré par lui ; que c’est un marché du gouvernement de façon beaucoup plus élargie et qu’à ce titre, c’est le ministère des Finances qu’on devait voir pour obtenir des informations sur ce marché d’acquisition d’ambulances. Cela nous a paru assez ahurissant. On s’est adressé au ministère des Finances, qui s’est étonné que celui de la Santé ait dit que c’est le département des Finances qui a exécuté ce marché. En réalité, le ministère de la Santé ne sait pas comment se défendre dans ce dossier et il a voulu refiler la patate chaude à d’autres acteurs qui n’ont rien à voir dans le dossier », a-t-il confié.

Selon l’enquête du bimensuel d’investigation, il y a des membres du gouvernement qui tirent des dividendes économiques importants de ce marché. « C’est une imbrication d’intérêts particuliers qui s’entrechoquent. On a compris que c’était une affaire où le conflit d’intérêts était vraiment manifeste », a souligné M. Bama.

S’agissant de la suite à donner à cette affaire, le journaliste d’investigation a affirmé : « Nous avons fait notre part du boulot, nous attendons que la justice prenne le relais pour situer les responsabilités et s’il y a des fautifs dans cette affaire, qu’ils répondent de leurs actes. »

Aly Tinto

yelhy uneAprès avoir fini les travaux de pavage de la rue 12.7 du quartier Dapoya, l’entreprise Yelhy Technology Africa est revenue dans l’arrondissement 2, cette fois-ci pour aménager le terrain ayant servi aux travaux. Radars Info Burkina s’est rendu sur les lieux pour un constat.

Un terrain libre bien aménagé, des domiciles et un restaurant du côté ouest ainsi qu’un lycée du côté sud, à l’ouest un grand canal et au nord la rue 12.7. C’est le lieu où étaient stationnés les engins de l’entreprise Yelhy Technology Africa et où certains de ses travaux dans le cadre du pavage de la rue 12.47 du quartier Dapoya ont été réalisés. Un site bien aménagé et dont les populations riveraines sont admiratives.

«C’est parfait. C’est très bien fait .Nous remercions le gouvernement et le premier responsable de Yelhy Technology Africa ainsi que l’ensemble des travailleurs de cette entreprise pour tout ce qu’ils ont fait pour nous.  Nous voulons que le terrain soit accessible. C’est un terrain de loisirs appelé communément ‘’terrain Dim’’. Les élèves du lycée qui y fait face font du sport ici.  De plus, c’est un lieu de prière pour les musulmans lors des fêtes de Ramadan et de Tabaski. En outre, les enfants du quartier viennent y jouer au Maracana chaque week-end. Des hommes politiques y viennent aussi pour battre campagne à travers des meetings », s’est réjoui Christophe Nignan, représentant de tous des riverains du site au niveau de l’arrondissement.

yelhy 2M. Kaboré est tenancier d’un restaurant situé à proximité dudit terrain et voici ce qu’il nous a confié, visiblement content : « Nous sommes vraiment satisfaits. Avoir aménagé ainsi le terrain nous épargne beaucoup de désagréments. Les jeunes du quartier y jouent au football par exemple », a-t-il affirmé.

yelhy 3Yelhy Technology Africa est une société de droit burkinabè fondée en octobre 2006. Spécialisée dans la production et la pose de pavés vibrés, sa spécificité́ est d’utiliser des techniques à haute intensité́ de main-d’œuvre ainsi que le transfert de cette technologie par l’installation d’usines «clé en main» et leur exploitation au profit de la population locale. Pour ce faire, Yelhy Technology Africa a développé le programme YELHY HIMO (Haute Intensité́ de Main-d’œuvre).

A travers de grandes opérations de pavage dans les villes africaines, YELHY HIMO développe la formation et l’emploi des jeunes africains avec la complicité et l’implication des Etats et/ou des municipalités.

Aly Tinto

 

investig uneDans la matinée du samedi 6 juin 2020, l’on apprenait sur les réseaux sociaux la mort du jeune Lionel Kaboui la veille, dans la nuit, au quartier Ouaga 2000 devant un hôtel. Plusieurs versions du drame étaient données. Le même jour dans la soirée, le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, dans un communiqué, a annoncé que la mort de Lionel Kaboui serait due au fait qu’il aurait heurté un panneau publicitaire au volant de sa voiture et qu’une autopsie serait pratiquée sur le défunt. Dans son tout dernier numéro, le bimensuel « Courrier confidentiel », à l’issue d’une enquête, est formel : « Il s’agit d’une bavure d’éléments de la gendarmerie ». La rédaction de Radars Info Burkina s’est entretenue avec Yacouba Ladji Bama, le journaliste d’investigation auteur de cette enquête, par ailleurs rédacteur en chef dudit journal. Lisez plutôt.

Selon le journal burkinabè d’investigation « Courrier confidentiel », Lionel Kaboui a été « tué par une balle de gendarmes ». Cette information tombe avant les résultats de l’autopsie. « En tant que journalistes d’un journal indépendant qui n’a pas d’agenda commun avec les institutions étatiques, nous ne sommes pas obligés d’adapter notre périodicité de parution aux travaux que mènent les structures étatiques. Nous n’avons donc pas jugé nécessaire d’attendre les résultats d’une autopsie pour faire notre travail », a dit d’entrée de jeu Yacouba Ladji Bama.

Dans le journal il est écrit que selon la gendarmerie, c’est le propriétaire du téléphone volé (NDLR : Tout serait parti du vol d’un téléphone portable cette nuit-là) qui serait l’auteur d’un coup de feu, et c’est la riposte des gendarmes à ce tir qui a causé la mort du jeune Kaboui. Mais l’intéressé ainsi que ses amis témoins des faits démentent cette version de la maréchaussée. investig 2A les en croire, la gendarmerie, par ces allégations, veut trouver des circonstances atténuantes à sa bavure. « Selon les témoignages recueillis, d’abord le principal mis en cause, à savoir celui présenté comme étant l’auteur du premier coup de feu qui était la première personne qu’on estimait nécessaire d’entendre, nie catégoriquement avoir tiré un coup de feu cette nuit-là. Un de ses amis, qui était avec lui sur les lieux, celui avec qui il est descendu de la voiture pour aller prendre le téléphone, dit que ce jour-là son copain n’avait pas d’arme sur lui. En plus quand ils se sont retrouvés en garde à vue pendant 5 jours à la gendarmerie, c’est le témoignage de son ami en question, qui dit qu’il a eu à poser la question à son copain qui lui a répondu qu’il n’avait pas d’arme, qui est ressorti. Nous avons eu un entretien avec le responsable de la communication de la gendarmerie, qui maintient que l’intéressé a tiré un coup de feu et que parmi les témoins qui attestent cela, il y a le même ami en question. investig 3Cela nous a donc amenés à repartir chez cet ami pour comprendre. Comment est-ce qu’il peut nous dire qu’il n’a pas vu d’arme sur son ami et l’ami lui-même lui a dit qu’il n’avait pas d’arme et il va dire à la gendarmerie que ce dernier avait une arme ? Sa réponse nous a convaincus qu’il n’y avait rien de sérieux dans ce qui se raconte sur cette affaire. Il est revenu sur ses propos et a dit qu’en réalité, ce qu’il a eu à dire à la gendarmerie, c’est pendant qu’il était dans un certain état d’esprit, si bien qu’il ne savait plus ce qu’il faisait ni disait. Toutefois, il assure que son ami n’avait pas d’arme et qu’il n’a pas vu d’arme sur lui», a détaillé le journaliste.

Certains mis en cause dans l’affaire, notamment le propriétaire du téléphone volé et ses conseils, demandent le dessaisissement de la gendarmerie de l’enquête. « Ils disent que ce n’est pas à la gendarmerie de mener cette enquête d’autant plus qu’elle est elle-même impliquée dans l’affaire à travers ses éléments qui ont été à l’origine de cette riposte mortelle. Ils estiment que si c’est la gendarmerie doit mener l’enquête, elle sera juge et partie à la fois», a dit pour conclure le journaliste d’investigation.

Aly Tinto

depp uneLe personnel de l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB) est toujours dans l’attente d’une clarification de sa situation professionnelle. Le moins qu’on puisse dire est que l’un des 5 points de la plateforme revendicative des agents dudit Office, à savoir celui relatif à leur âge de départ à la retraite, fait couler beaucoup d’encre. Radars Info Burkina a approché les agents et le DG de la structure susnommée pour en savoir davantage.

Le décret n°2005-024/PRES/PM/MTEJ/MFP du 31 janvier 2005 fixe l’âge de départ à la retraite à 63 ans pour les catégories PA, PB, PC, à 60 ans pour les classes A et I. Les B, C, II et III partent à la retraite à 58 ans et les agents des catégories D, E et IV à 55 ans. Ce décret abroge celui de 2004. En son article 1 il est mentionné que les dispositions du présent décret fixant les limites d’âge pour l’admission à la retraite des agents publics s’appliquent aux fonctionnaires de l’Etat, aux personnels des cadres paramilitaires et au corps des greffiers.

Selon le délégué du personnel, Ibrahim Sanon, l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB) est un Etablissement public de l’Etat (EPE) et ce n’est, en principe, pas ce décret qui doit être appliqué aux agents des EPE mais plutôt celui de 2005. depp 2« Lors de notre mouvement d’humeur, nous avons demandé à la direction générale de l’ONTB l’application du décret de 2005, qui concerne purement et simplement les agents des EPE », a soutenu le délégué du personnel. Pour Mme Léonie Da, contractuelle à l’ONTB, les contractuels des EPE cotisent à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et les agents de la fonction publique à la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO). « Si vous faites un calcul, vous verrez que le taux à la CNSS est plus élevé qu’à la CARFO. Par conséquent, les deux ans de cotisation qui restent peuvent beaucoup aider à la retraite », a-t-elle ajouté. Et de terminer en disant que ce n’est pas une note de service qui met les gens à la retraite mais plutôt l’application des textes. 

depp 3Le directeur général de l’ONTB, Nelson Congo, pour sa part, a affirmé qu’il se prononcerait sur la question en temps opportun. En attendant, les agents de l’ONTB sont dans le flou total et le désarroi. Le délégué du personnel dit que les lignes n’ont pas bougé jusque-là et qu’ils n’ont même pas encore été reçus par la direction. Certains des agents connaissent déjà des suspensions de salaires parce que considérés comme étant à la retraite, d’autres ont été informés à seulement 48 heures de leur mise à la retraite.

En rappel, en plus de la revendication ayant trait à l’application du décret 2005 fixant l’âge de départ à la retraite des agents des EPE, le personnel, dans sa plateforme revendicative minimale, demandait une gestion et un suivi rigoureux de la carrière des agents, la relecture des textes et statuts de l’ONTB dans les meilleurs délais, la correction des indemnités spécifiques accordées aux agents de l’ONTB et la gestion transparente des ressources financières de l’Office.

 Obissa

cni uneDans la matinée du vendredi 26 juin 2020, des opérateurs de kits (OPK) retenus pour l’enrôlement en vue de la révision du fichier électoral dans la perspective des élections de 2020 se sont retrouvés devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour désapprouver « une injustice » dans leur déploiement sur le terrain. Le constat de Radars Info Burkina.

Les côtés opposés de la rue passant devant le siège de la CENI étaient barricadés à l’aide de barrières de sécurité. A quelques mètres du siège, étaient regroupés des jeunes. « On a des problèmes. On s’est donc retrouvé pour constituer une délégation de quelques personnes pour rencontrer un responsable de la CENI et lui exposer la situation. Il était prévu, sur la base de l’équité, que chaque opérateur fasse trois sous-zones, le territoire étant divisé en trois grandes zones à cet effet à raison de trois sous-zones par zone. Nous sommes à la dernière grande zone et il se trouve qu’il y a certains opérateurs qui ont été déployés plusieurs fois (6 voire 7 fois), alors qu’à l’inverse il y en a qui n’ont jamais été déployés. C’est par exemple mon cas. C’est cet état des choses que nous voulons  comprendre », a expliqué Dieudonné Boéna, OPK.

A l’en croire, les OPK qui sont dans cette situation sont au nombre de 200. « On avait espéré être reçu par quelqu’un de plus avisé. On a trouvé une oreille attentive qu’on a appréciée pour sa disponibilité, à savoir le chef de la sécurité. Mais on aurait préféré être reçu par quelqu’un de mieux placé que lui, qui pouvait, au-delà des questions sécuritaires, nous renseigner sur la situation dans laquelle nous sommes. Il nous a fait savoir que l’enrôlement n’est pas fini, qu’on n’avait pas à se plaindre. Selon lui, il y a des gens qui n’ont pas été retenus en raison de leurs propos dans les différents groupes WhatsApp. Pourtant lesdits groupes sont privés et les conversations également. En plus, il nous a dit que la CENI n’a aucun engagement vis-à-vis d’un opérateur.  cni 2Mais demander à quelqu’un lors de son recrutement de rester disponible durant une certaine période, je trouve que c’est un engagement puisque cette personne est amenée à renoncer à certaines de ses activités. Ils nous ont dit en plus que des gens ont été affectés en tenant compte de leurs compétences. J’ai fait l’enrôlement de 2012, celui de 2014 et celui de 2015. Est-ce qu’on peut me dire que je suis moins compétent qu’un opérateur qu’on vient de recruter ?» a poursuivi M. Boéna.

Pour lui, des faveurs sont accordées injustement à certains OPK au détriment d’autres. « Ce qui est malheureux, c’est que nous avons constaté que bien que la CENI soit une institution indépendante, certains de ses membres y font les choses par affinité. Et c’est grave pour une structure supposée organiser des élections libres et transparentes », a dénoncé notre interlocuteur.

cni 3En outre, parmi les plaignants du jour il y en a qui « réclament depuis un certain temps de l’argent que la CENI leur doit » puisqu’ils ont été déployés dans des zones où ils n’ont pas pu travailler. Par contre, des « OPK qui étaient dans la même situation ont pu percevoir leur argent ».

« C’est ainsi que nous avons décidé de venir ce matin au siège de l’institution pour comprendre ce qui se passe. Ils nous ont encore dit de rentrer et de rester à l’écoute parce qu’il y a des zones rouges où les travaux n’ont pas pu se tenir et qu’il est probable que nous soyons affectés dans ces zones», a fait savoir Lucien Bationo, un autre OPK.

Des agents de sécurité près de la barrière, au milieu de la voie, nous ont refusé l’accès à l’administration de la CENI. Ils ont contacté le responsable à la communication de ladite structure tout en nous signifiant de patienter devant un kiosque à proximité. « Monsieur le responsable à la communication n’est pas disponible», nous ont informé par la suite ces agents de sécurité.

Aly Tinto

plan 3Le 3 juin 2020, le Conseil des ministres, au titre du ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles, a adopté un rapport relatif au Plan de réponse et de soutien aux populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition (PRSPV) de 2020. L’analyse de la vulnérabilité alimentaire fait ressortir en situation projetée (juin à août 2020), 16 provinces qui seraient en phase 2 (sous pression) et 12 provinces en phase 3 (crise). Au cours de cette période, 2 151 970 personnes réparties dans toutes les régions seront en insécurité alimentaire sévère et 137 175 personnes dans les régions du Sahel, du Centre-Nord, de l’Est et de la Boucle du Mouhoun pourraient tomber en situation d’urgence alimentaire. Pour comprendre en quoi consiste concrètement la mise en œuvre de ce plan, Radars Info Burkina a rencontré   le Dr Léopold Nanéma, chef du département de la gouvernance institutionnelle au Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (SE-CNSA).

Selon le Dr Nanéma, depuis 2012, lorsque le dispositif national de sécurité alimentaire arrive en fin de campagne, il élabore un plan de réponse pour faire face à l’insécurité alimentaire probable. « Cela en tenant compte du programme de validation des résultats de la campagne agricole, à savoir en octobre pour des résultats prévisionnels et en mars pour les résultats définitifs. En fonction de ces deux périodes, un plan de réponse est élaboré en octobre et actualisé en mars pour permettre de prendre en charge les personnes vulnérables durant la période de consommation », a-t-il précisé. 

plan 2Il a fait savoir que ce plan de réponse est simplement un document d’orientation en matière de sécurité alimentaire validé par le comité technique du CNSA avant d’arriver sur la table du Conseil des ministres. Ce comité comprend l’ensemble des partenaires techniques et financiers, les acteurs de la société civile ainsi que les structures techniques étatiques. La mise en œuvre de ce plan est confiée à l’ensemble de ces structures. Chacune, selon son domaine d’expertise, contribue par des actions concrètes à répondre à cette situation élaborée.

«Il y a un certain nombre d’actions variées qui sont prévues dans ce plan de réponse. Si nous prenons le cas de l’appui alimentaire, qui relève d’un certain nombre de structures dont le SE-CNSA, il vise à apporter de la nourriture à ceux qui en ont le plus besoin. En plus de ça, dans certains états de vulnérabilité, l’appui alimentaire ne suffit pas. Il faut l’accompagner donc par des ressources financières qui permettent aux ménages de s’approvisionner en éléments essentiels pour un complément aux vivres qu’ils auraient reçus. Nous avons également la résilience des ménages pauvres à travers l’appui en petits ruminants ou en volaille. En début de campagne, tous ces ménages doivent bénéficier de l’appui en intrants agricoles pour faire face à la campagne. En plus, il y a les enfants en situation de malnutrition qui deviennent de plus en plus nombreux. Cet appui consiste en la prise en charge de ceux qui sont déjà dans un cas sévère. Il y a, par exemple, des actions de prévention à travers des jardins nutritifs et la réhabilitation des forages pour permettre d’améliorer l’état nutritionnel par l’eau potable. Enfin, on peut citer  la vente à prix social des vivres pour ceux qui sont dans une situation d’insécurité alimentaire modérée », a longuement développé le chef du département de la gouvernance institutionnelle au SE-CNSA, Léopold Nanéma.

Aly Tinto

 

agroec unePour faire face à la désertification et à la sécheresse, des pratiques agroécologiques ont vu le jour dans les pays du Sahel. Radars Info Burkina a rencontré Zoumana Tou, conseiller technique auprès de la Chambre nationale d’agriculture (CNA), chargé des questions de l’environnement, du changement climatique et de la communication, pour s’imprégner de l’état de l’adoption de la pratique agroécologique par les producteurs burkinabè.

Selon M. Tou, l’agroécologie se présente aujourd’hui comme une réponse pertinente permettant aux acteurs, notamment aux producteurs, d’améliorer leur résilience au changement climatique et de travailler dans une dynamique de gestion durable des ressources.

« Elle se caractérise par des pratiques telles que la production et l’utilisation de la fumure organique dans les exploitations agricoles, des actions de restauration des sols à travers l’aménagement des sites antiérosifs. Le Zaï et la demi-lune sont des pratiques qui permettent de restaurer le potentiel productif. La pratique agroécologie se matérialise également par l’utilisation des bios fertilisants, notamment l’engrais liquide et des bios pesticides », a fait savoir l’ingénieur en développement rural.

agroec 2Zoumana Tou a déploré que cette pratique ne soit pas au rendez-vous dans certaines zones au Burkina. «Actuellement l’agroécologie est vraiment dans une situation où beaucoup de choses restent à faire. Certes, des efforts sont faits en la matière par les acteurs à la base ainsi que l’autorité, mais aujourd’hui beaucoup reste à faire. Selon les zones agroécologiques du pays, c’est pratiquement dans les zones Nord et Centre-Nord où cette pratique est adoptée par les producteurs. Par contre vers l’Ouest, pour le moment l’agroécologie n’est pas très développée. Les producteurs pensent qu’ils ont toujours le potentiel productif de la terre. Mais on remarque actuellement la disparition d’un certain nombre d’espèces végétales. Ce constat doit amener les producteurs de cette zone à se rendre compte qu’il faut qu’ils essaient d’adopter la pratique agroécologique. Un des combats et des défis des organisations comme la Chambre nationale d’agriculture est d’informer et de sensibiliser les acteurs à la base à une adoption de cette pratique imposée par les aléas climatiques», a-t-il indiqué.

A l’en croire, l’accompagnement des paysans en la matière se traduit par des actions d’information et de sensibilisation. « Il y a également des actions de renforcement des capacités techniques à travers la dotation en équipements et les formations avec l’appui des partenaires techniques et financiers. En plus, il y a des voyages d’échanges sur des initiatives individuelles de producteurs. Enfin, on identifie les bonnes pratiques agroécologiques pour les documenter afin d’élaborer des fiches techniques qui sont par la suite diffusées en langues nationales auprès des producteurs », a-t-il conclu.   

Aly Tinto

 

sne uneLes animateurs télé et radio ont pour mission de vendre du rêve, du mythe mais aussi de la joie. C’est une façon pour eux de contribuer à l’épanouissement social des auditeurs et téléspectateurs. Jacques Bassono, premier jumeau, plus connu sous le sobriquet de Jacky El Féno, et Daouda Sané sont de ceux-là. Mais derrière ces émissions télés et radios qu’on écoute et regarde avec boulimie, il y a toute une préparation. Quelles sont les coulisses de la préparation de ces émissions ? Jacky El Féno et Daouda Sané nous en disent plus.

Jacques Bossono premier jumeau est animateur télé et radio depuis 2003.  A la radio, il amine des émissions à caractère culturel comme « Burkina fever », «maximum », « Résilience », entre autres. A la télévision, du lundi au vendredi, il conduit l’émission « Apéro » qui est une émission oscillant entre information et divertissement.

Pour la diffusion de « Apéro », le choix des invités se fait selon les critères et les profils laissés au bon soin de l’équipe. « Nous travaillons par comité. Nous proposons des invités pour toute la semaine et la direction les valide », dit-il. 

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El Féno précise tout de même : cela ne se fait pas forcément par rapport à la position sociale de l’individu, pourvu qu’il y ait une histoire intéressante à raconter. Dès que le choix est validé, Jacky El Féno entre en contact avec les invités individuellement pour s’assurer de leur disponibilité.

Des difficultés ne manquent pas, déclare l’animateur. « On a eu plusieurs fois des situations où l’invité se désiste au dernier moment. Pire, le jour même de l’émission. Tenez-vous bien, n’eût été l’inspiration divine qui nous habite, on serait passé à côté. A chaque fois que ces situations se sont présentées, on a pu gérer », relève-t-il.

Il attire l’attention des promoteurs de medias sur les conditions de vie et de travail des animateurs télé et radio. Car, pour lui, on ne peut pas vendre du rêve, du mythe aux téléspectateurs et aux auditeurs si on est soi-même dans la misère. sne 3« Malheureusement c’est ce que beaucoup d’hommes de medias vivent aujourd’hui. C’est un constat. Ils ont pour mission de faire rêver mais au fond, eux-mêmes ne vivent pas dans de bonnes conditions. Le téléspectateur ou l’auditeur qui t’écoute se  fiche de tes conditions de vie ; ta mission, c’est de lui servir ce qu’il veut. Pour faire ce métier, on doit toujours être de bonne humeur et dans la joie », affirme-t-il.  

Daouda Sané est aussi animateur télé et radio. Son émission le « 9.12 » draine autant d’auditeurs qu’un match des Etalons au Stade du 4-Août. « L’émission le 9.12 se porte bien, on fait au mieux pour que les choses se passent bien. On a de bons retours donc ça va bien », se réjouit-il.

Pour Daouda Sané, le choix de ses invités se fait en fonction des coups de cœur et des albums qu’on reçoit en rapport aussi avec l’actualité et surtout de la demande. A son niveau, il dit ne pas rencontrer de difficultés particulières. Le plus important, selon lui, c’est l’inspiration qui doit être présente, le reste se prépare et peut s’arranger.

« On ne sait jamais quand une émission marche ou réussit. On se base juste sur la sensation qu’on a. On est satisfait parce que peut-être on a ressenti de belles choses au cours de l’émission. Ça nous rend heureux mais pas forcément fier. Tu peux penser avoir fait une bonne émission alors que l’auditeur ou les auditeurs ne l’ont pas vécu de la même manière. J’ai eu des cas qui étaient contradictoires. Le plus important, c’est la sensation, c’est de passer un bon moment. C’est sur cela que moi, personnellement, je me base », affirme-t-il sur la question de savoir les critères sur lesquels il se base pour juger la réussite ou non d’une émission.

Obissa

jmr uneChaque 20 juin, c’est la Journée mondiale dédiée au réfugié (JMR). L’insécurité dans les pays du Sahel a provoqué une crise humanitaire sans précédent. Le Burkina compte, à la date du 07 juin 2020, 921 471 personnes déplacées internes (PDI) et accueille également sur son territoire des réfugiés. A l’occasion de la JRM 2020, Radars Info Burkina a rencontré Shelubale Paul Ali-Pauni, représentant adjoint du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) Burkina, pour savoir quelle est la situation de ces personnes au Burkina.

Selon Shelubale Paul Ali-Pauni, 21 000 réfugiés sont enregistrés sur le sol burkinabè. 98% de ces réfugiés sont des Maliens. Les 2% sont des réfugiés d’autre pays comme le Burundi, la Centrafrique, le Congo, le Tchad et le Togo. « Les 2 % sont des réfugiés urbains. Ils habitent principalement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Quant aux réfugiés maliens, ils se localisent principalement dans le Sahel, précisément à Djibo, à travers le camp de Mentao, et à Dori à travers le camp de Goudebou. Le reste de ces réfugiés habitent avec la population locale  dans les villages en dehors du camp », a-t-il ajouté.

La gestion de  ces réfugiés consiste principalement pour le HCR à aller apporter la protection internationale auprès du gouvernement burkinabè. « En effet, c’est le gouvernement burkinabè qui est le premier à donner asile aux réfugiés. Le HCR vient en appui au gouvernement pour une assistance aux réfugiés. Cette assistance est multisectorielle. On leur donne presque tout, surtout lorsqu’ils arrivent nouvellement. S’ils sont dans un camp de réfugiés on s’assure qu’il y a de l’eau, qu’ils ont des abris, des latrines, qu’il y a l’école, qu’ils ont un centre de santé. jmr 2Mais avec le temps, on les pousse à l’autonomisation, à savoir qu’ils puissent se prendre en charge et également qu’ils commencent à s’intégrer dans la vie du pays hôte et vivent comme tout citoyen de ce pays », a expliqué le représentant adjoint du HCR/Burkina.

La prise en charge de ces réfugiés au Sahel dans un contexte d’insécurité grandissante n’est pas sans difficultés. «Cette situation nous a limité l’accès à ces réfugiés. Depuis janvier, le HCR ne met plus pied à Djibo comme la plupart des populations du Burkina qui ont quitté la ville à cause de l’insécurité. Donc cette situation est vraiment une grande préoccupation. Mais avec le gouvernement à travers les Forces de défense et de sécurité (FDS), nous sommes en train de travailler pour que d’ici là nous puissions être en mesure d’arriver à Mentao et à Djibo pour pouvoir continuer à apporter notre assistance et notre protection aux réfugiés », a confié Ali-Pauni.

jmr 3«Certes, nous déplorons l’insécurité, mais nous déplorons à plusieurs titres puisqu’à un moment elle a porté une sorte de stigmatisation sur nos réfugiés.  Il y a eu des rumeurs sur eux. Parfois ils étaient accusés à tort. Heureusement au-dessus de toute cette situation, le gouvernement, par les FDS, a toujours fait en sorte que les réfugiés continuent à bénéficier de sa protection », a-t-il poursuivi.

Courant 2019, des réfugiés urbains ont occupé la devanture du HCR à Ouagadougou. « Ce sont des réfugiés qui essayaient de revendiquer des choses dont ils ne bénéficiaient pas. Ils voulaient tous se faire réinstaller. Ils veulent aller dans un pays autre que le Burkina. La réinstallation a des règles. Ce sont des réfugiés qui sont là depuis 20, voire plus de 25 ans. Normalement ils ne sont plus éligibles à une réinstallation. Malgré cela, ils ne voulaient rien entendre. Ils sont venus rester devant notre bureau, disant qu’ils ne partiraient que le jour où ils seraient réinstallés. Etant donné que nous avons épuisé toutes les solutions pour eux, nous avons saisi le gouvernement qui est en train d’étudier comment il pourra régler cette question », a expliqué le représentant adjoint du HCR/Burkina.

« A l’occasion de la JMR 2020, mon message est que le réfugié est une personne comme toute autre. Je voudrais également remercier le gouvernement burkinabè d’avoir ouvert ses frontières à ces réfugiés et de leur apporter assistance. C’est important. Le HCR vient en appui au gouvernement pour la protection internationale. Aux réfugiés nous demandons de s’intégrer dans le pays d’accueil. Nous avons ce qu’on appelle le pacte mondial des réfugiés, qui veut que tout réfugié soit inclus dans le programme national », a-t-il conclu.

Aly Tinto

 

 

 

rfg uneCe jour 19 juin 2020 dans l’après-midi, un avion-cargo émirati a atterri à Ouagadougou avec à son bord une cargaison de 88 tonnes de matériel d'aide d'urgence  pour les réfugiés et les déplacés internes, suite à l'appel de fonds urgent pour le Sahel lancé par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L'arrivée de ce matériel coïncide avec la Journée mondiale du réfugié, célébrée le samedi 20 juin.

Les premiers responsables du HCR/Burkina ont effectué ce jour un déplacement à l’aéroport de Ouagadougou pour accueillir un avion bienfaiteur. L’avion-cargo émirati a atterri avec à son bord 88 tonnes de matériel d'aide d'urgence  pour les réfugiés et les déplacés internes, suite à l'appel de fonds urgent pour le Sahel lancé par le HCR. « Ce matériel, composé essentiellement de 21 300 bâches en plastique, devrait fournir un abri ou renforcer les logements de quelque 30 000 personnes forcées de fuir, ce qui permettra également de décongestionner les sites les plus surpeuplés», a expliqué le HCR.  

L'avion a décollé de l'entrepôt de stockage mondial du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) hébergé par la cité humanitaire internationale de Dubaï. «Cette rotation  aérienne a été financée par Son Altesse Sheikh Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, vice-président et Premier ministre des Émirats arabes unis, et souverain de l'émirat de Dubaï », a fait savoir le HCR.

rfg 2Selon cet organisme onusien, la violence au Burkina Faso a déraciné 921 400 personnes tandis que le pays accueille également 21 000 réfugiés ayant fui la violence au Mali. « Les conditions de vie sont désastreuses pour ces personnes forcées de fuir leur foyer. Beaucoup dorment en plein air ou ont trouvé refuge dans des abris de fortune. Près de 70 000 déplacés internes vivent actuellement dans des zones en proie aux risques d’inondation dans les régions du Centre-Nord et du Sahel », a regretté l’organisme humanitaire.

Le pont aérien du jour est un premier volet de contributions, suite à l’appel lancé, d’un montant de 186 millions de dollars, pour aider les réfugiés et répondre à la crise de déplacements de populations au Sahel.

« Alors que le Sahel est confronté à une crise humanitaire et de protection d’une ampleur sans précédent, chaque geste compte. Grâce à ce pont aérien, des milliers de familles vulnérables et déracinées au Burkina Faso pourront désormais bénéficier d’un abri », s’est réjouie Loli Kimyaci, représentante du HCR au Burkina.

« Nous sommes très reconnaissants à Son Altesse Sheikh Mohammed Bin Rashid Al Maktoum et à la cité humanitaire internationale pour le financement de ce pont aérien nécessaire d’urgence qui vient à point nommé, alors que nous célébrons la Journée mondiale du réfugié à une époque de déplacements forcés sans précédent à travers le monde. Il montre ainsi l’exemple et nous espérons qu’il sera suivi par d’autres », a-t-elle conclu.

Aly Tinto

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