jeudi 21 novembre 2024

cicrr uneCes derniers temps, les armées du Sahel sont accusées de graves abus, d'exactions et de violations des droits de l'homme. Selon Florence Parly, ministre française des Armées, le soutien international aux pays du Sahel pourrait être remis en cause si ce non-respect du DIH devait se développer. Radars Info Burkina s'est entretenu avec Laurent Saugy, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Burkina au sujet du DIH dans un contexte d’insécurité.

 

Radars Info Burkina (RB) : Après les accusations d’exactions portées ces dernières semaines contre les FDS du Burkina Faso comme d’autres pays du Sahel, dans un communiqué le 2 juillet le CICR a appelé toutes les parties et acteurs de violence à faire preuve de retenue, notamment auprès des personnes qu’ils capturent. Vous dites que toute personne arrêtée doit être traitée avec humanité et dignité et que le pouvoir des armes ne donne pas un droit illimité sur les personnes ; au contraire, il donne de la responsabilité. Quelles sont les règles essentielles du DIH ?

Laurent Saugy (LS) : Dès 2006, le CICR s’est attelé à promouvoir le DIH. C’est une organisation neutre, impartiale et humanitaire. La promotion du DIH consiste à s’assurer qu’un Etat comme le Burkina Faso ratifie les instruments juridiques principaux du DIH mais également que les porteurs d’armes en particulier les FDS sont sensibilisés et formés sur les obligations qui leur incombent en ce qui concerne le DIH. C’est quelque chose que nous avons fait et continuons de faire depuis notre arrivée au Burkina.  Le DIH est d’une importance cruciale aujourd’hui étant donné que le Burkina Faso est entré dans une situation de conflit armé non international.

Dans les 4 Conventions de Genève du 12 août 1949, il y a l’article 3 qui fait référence aux situations de conflits armés non internationaux. Cet article en lui seul est en quelque sorte une mini-convention et contient les principes essentiels du DIH.

On fait la distinction entre les populations civiles ou celles qui ne participent pas ou plus aux hostilités et les combattants. Cette distinction est centrale dans l’application du DIH.

Un 2e principe, au-delà de la distinction, c’est effectivement le principe d’humanité et un certain nombre de règles qui indiquent que toute personne à tout moment dans toute circonstance doit être traitée avec humanité. Par exemple, le mauvais traitement tout comme la torture ne sont pas tolérés par le DIH. La proportionnalité du DIH aussi tente de limiter les moyens mis à la disposition ou pris par les partis au conflit pour mener leurs actions. Ce principe est absolument fondamental. Il contribue effectivement à la protection des populations civiles qui se retrouvent dans une situation de conflit.

Cet article dispose que sont et demeurent prohibées, les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le meurtre sous toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices ; les prises d’otages ; les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements humiliants et dégradants ; les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement préalable rendu par un tribunal régulièrement constitué.

cicrr 2Cet article 3 a un aspect de référence qui est extrêmement proche au mandat du CICR quant à la situation des personnes blessées et malades. Il dispose que les blessés et malades sont recueillis et soignés. Un organisme humanitaire impartial tel que le CICR pourra offrir ses services aux parties au conflit.

Ces passages donnent une idée de l’importance du DIH dans une situation telle qu’aujourd’hui au Burkina. Le DIH stipule dans son esprit mais aussi à la lettre que même les guerres ont des limites. Donc le DIH donne un cadre juridique quant aux situations de conflits. Raison pour laquelle nous avons tenu à le répéter dans le communiqué de presse récent.

Le communiqué de presse récent ne faisait pas réponse à un quelconque rapport d’une autre organisation. Ce communiqué est important pour le CICR. Le précédent communiqué date de janvier 2020. Notre mode opératoire de dialogue avec les parties au conflit est principalement basé sur la confidentialité et le dialogue bilatéral. Là effectivement, quelques mois après la conviction que le Burkina Faso traverse une situation de conflit armé non international il apparaissait important de rappeler un certain nombre d’éléments extrêmement importants, traduisant aussi notre préoccupation qui se veut par définition humanitaire. Donc c’est un communiqué humanitaire, neutre étant donné qu’il rappelle les obligations à toutes les parties quelles qu’elles soient au conflit, aux acteurs de violence.  

RB : Après votre communiqué du 2 juillet, le Premier ministre Christophe Dabiré vous a  accordé une audience le 10 juillet. Est-ce qu’avec le chef du gouvernement vous avez évoqué la sensibilisation et la formation des FDS  dans le domaine du DIH ?

LS : J’ai eu l’occasion de mentionner à Son Excellence le Premier ministre que la promotion du DIH est quelque chose que le CICR fait parce que c’est son rôle. Mais aussi que le CICR invite les forces armées elles-mêmes à l'appliquer. Depuis plusieurs années, nous travaillons avec les services du ministère de la Défense dans leur propre travail de diffusion et de formation en la matière. J’ai eu l’occasion de mentionner ça non seulement comme une activité menée par le CICR, mais comme une nécessité pour tout chef de gouvernement de s’assurer que les Forces armées et de sécurité soient sensibilisées et formées dans ce domaine.

RB : Quelle appréciation faites-vous de l’initiation des soldats du Sahel aux notions du DIH ?

LS : Ce n’est pas le rôle du CICR de faire une appréciation ou de donner des notes. Ce que le CICR sait par expérience depuis sa naissance est que le DIH requiert de sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier. On ne peut pas conclure du jour au lendemain qu’il y a une connaissance suffisante du DIH. L’aspect connaissance est absolument essentiel. Par la suite, l’évaluation du respect du DIH est une deuxième question qui fait l’objet d’un dialogue principalement bilatéral et confidentiel avec les autorités concernées.

Interview réalisée par Aly Tinto

crw uneLe Burkina Faso traverse une crise sécuritaire sans précédent accompagnée d’une crise humanitaire. 921 471 personnes déplacées internes à la date du 7 juin 2020. Pour une assistance de ces personnes, des organisations humanitaires viennent en appui à l’Etat burkinabè. C’est le cas du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)  au Burkina, qui vient en aide aux personnes touchées par les conflits armés et agit pour le respect du droit international humanitaire. Radars Info Burkina s'est entretenu avec Laurent Saugy, chef de la délégation CICR Burkina,  pour en savoir davantage sur les activités de cette institution humanitaire sur le terrain.

Radars Info Burkina (RB) : Les principaux domaines d’intervention du CICR sont les questions sanitaires et sécuritaires. Dans un contexte de crise sécuritaire, en quoi consiste concrètement l’intervention du CICR dans les zones sous menace ?

Laurent Saugy (LS) : Le CICR est une organisation par définition multidisciplinaire. En effet, les besoins des populations sont divers.   En ce qui concerne la santé, le CICR intervient en soutien aux autorités du ministère de la Santé, mais aussi directement auprès des centres de santé de base. Il y a la fourniture en médicaments, la réhabilitation des infrastructures des centres de santé, l’accès à l’eau et la formation du personnel dans les formations sanitaires.

Le CICR a l’occasion de faire des forages pour améliorer l’accès à l’eau des personnes déplacées ainsi que des populations hôtes. Puisqu’on s’est aperçu que les déplacés doivent faire un long chemin avant d’avoir accès à l’eau. Donc il a été nécessaire de réaliser des forages, que ce soit à l’Est, au Nord ou au Sahel. Récemment au Centre-Nord, précisément à Kaya, nous avons fait de nouveaux forages.

Au niveau des infrastructures urbaines, on s’aperçoit que l’arrivée de dizaines de milliers de personnes déplacées représente une pression sur le système de l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA). Donc il faut du soutien pour renforcer, voire réhabiliter ces infrastructures. L’intervention d’urgence humanitaire dans des situations telles que celle du Burkina Faso aujourd’hui est absolument nécessaire  pas seulement dans l’immédiat mais aussi dans une vision à long terme. Si on laissait les systèmes de santé et d’eau partir en complète décrépitude, on n’aurait aucune chance d’envisager un quelconque développement pour les régions concernées.

En plus, il y a la contribution à la fourniture de vivres et de non-vivres aux personnes déplacées. Dans l’Est, c’est plutôt des non-vivres (ustensiles de cuisine, bâches, couvertures,  seaux). Dans le Soum et dans le Yatenga, et dans d’autres parties du Sahel, c’est l’assistance en vivres. Aujourd’hui le CICR fournit de l’assistance ciblée aux personnes les plus vulnérables, estimées à environ 120 000. Ce qui est une contribution significative proportionnellement au nombre de personnes déplacées.

crw 2Le CICR est au Burkina Faso depuis 2006. Dès notre arrivée, on a approché du ministère de la Justice et celui de l’Administration pénitentiaire de façon à avoir accès et à visiter les personnes détenues dans les Maisons d’arrêt et de correction (MAC) et récemment à la prison de haute sécurité. C’est une activité relativement traditionnelle du CICR en particulier en situation de conflit et autres situations de violences.

La détention, j’ai eu l’occasion d’en parler avec Son Excellence le Premier ministre récemment, c’est un domaine extrêmement important. En effet en situation de conflit,  doublée d’une situation sanitaire difficile, le CICR sait par expérience, que les systèmes carcéraux subissent une pression supplémentaire en termes de budget, de conditions générales de détention. Tous les délégués du CICR se penchent également sur les questions de traitement.

Le CICR, c’est un soutien et une collaboration très étroite avec la Croix-Rouge du Burkina. Aujourd’hui en situation de pandémie, la Croix-Rouge est en première ligne et juste à ses côtés il y a le CICR.

RB : Depuis le 1er janvier 2020, le CICR a renforcé sa présence au Burkina avec la transformation de sa Mission en Délégation et l’ouverture de deux bureaux à Djibo et Fada N’Gourma. Peut-on en savoir davantage sur ce projet ?

LS : Cette situation répond à la question de la proximité du CICR. La proximité avec les populations affectées par la crise nous a amenés à ouvrir effectivement ces deux structures à Djibo et Fada N’Gourma et également à Ouahigouya. Les trois structures nous permettent de rayonner dans ces trois régions qui sont les plus affectées par l’insécurité.

L’objectif de transformation d’une mission en délégation, c’est de gagner en autonomie. Ça veut dire de l’agilité au niveau de réponse et aussi une capacité d’augmenter notre dispositif. En particulier en ce qui concerne les personnes déplacées, l’accroissement des besoins a été exponentiel ces dernières années. Le CICR tient à être un acteur humanitaire pertinent, présent. Si on veut que les personnes affectées par les conflits et les situations de violences soient au centre de notre intervention, évidemment il faut être sérieux. Il faut se doter des moyens nécessaires. Raison pour laquelle au Burkina Faso et dans le reste de la région du Sahel le CICR augmente ses moyens pour améliorer sa réponse.  

RB : Quelles sont les difficultés rencontrées dans l’accès humanitaire ?

LS : La difficulté principale, je dirais, est qu’on ne peut pas être partout alors que géographiquement les besoins sont partout. Donc il y a une nécessité de coopération et de coordination avec d’autres acteurs humanitaires. Les défis principaux en termes d’accès, c’est de s’assurer que le niveau de risque que nous devons possiblement prendre pour accéder aux personnes affectées par la situation est acceptable dans la mesure où, en tant que chef de la Délégation du CICR, je n’ai évidemment aucun intérêt à ce que mes collègues qui vont directement assister ou protéger ces personnes soient eux-mêmes affectés par la situation de violence. Donc il est important pour nous que les parties en conflit, les acteurs de violences sachent avec précision qui on est, quelle est notre mission afin qu’il n’y ait pas de confusion sur notre rôle. Les principes humanitaires que sont la neutralité, l’indépendance, l’impartialité, c’est vraiment primordial que le CICR ait la possibilité d’accéder aux personnes qui sont le plus dans le besoin.

Evidemment lorsqu’on regarde les zones reculées comme le Soum, le Lorum ou d’autres parties du Sahel et de l’Est, la tâche est ardue et consiste justement à s’assurer que l’environnement sécuritaire nous permet de mettre en œuvre nos activités de manière sécurisée.  

Interview réalisée par Aly Tinto

 

enfsol uneLe général Pascal Facon, commandant de la force Barkhane, a déploré le jeudi 9 juillet que la branche sahélienne du groupe État islamique ait recours à des « enfants-soldats endoctrinés et entraînés » qui se retrouvent exposés aux opérations militaires françaises. « Cette exploitation abjecte nous met en difficulté dans le cadre de nos opérations », a-t-il souligné. Pour cerner les différents contours de cette question, Radars Info Burkina a pris contact, tour à tour, avec Philippe Chapleau, écrivain et journaliste français, spécialiste des questions de défense, et Mahamoudou Sawadogo, ancien gendarme et spécialiste de l'extrémisme violent dans le Sahel. 

Philippe Chapleau est l’auteur du livre Enfants-Soldats, victimes ou criminels de guerre ? paru en 2007. Pour lui, cette déclaration du général Facon est assez surprenante. « Dès le lancement de l’opération Serval en janvier 2013, il est apparu que des mineurs combattaient dans les rangs des groupes armés. Certains de ces enfants ont été tués lors des combats dans le massif des Ifoghas, par exemple, quelques autres ont été capturés. Donc il y a des antécédents », affirme-t-il.

En revanche, il y a peut-être une recrudescence des recrutements d’enfants-soldats par les groupes armés sahéliens, ce qui ne serait absolument pas surprenant. Le général Facon a dû recevoir des rapports des services de renseignements qui confirment ce que les troupes africaines et françaises ont dû constater lors des affrontements récents », a-t-il indiqué.

enfsol 2Il a en outre déclaré que les raisons de ces recrutements sont multiples. « Problème d’effectifs des Groupes armés terroristes (GAT) qui enrôlent des mineurs, adhésion de jeunes désœuvrés et démunis dans les rangs de ces groupes où ils sont nourris et certainement payés, recrutements forcés de jeunes garçons », a précisé M. Chapleau. 

Mais quelles peuvent être les éventuelles conséquences de cette situation dans la poursuite des actions militaires françaises au Sahel ?

«L’armée française a déjà été confrontée à des enfants-soldats, par exemple lors de l’opération Artémis en Ituri (dans l’est de la RDC) en 2003. Il y a donc des consignes et des procédures qui ont été mises en place pour tenter d’épargner ces enfants que le droit international humanitaire protège. Par exemple, s’ils sont capturés, ils sont remis à des ONG comme la Croix-Rouge », a-t-il expliqué.

enfsol 3«En revanche, il reste difficile dans les phases de combat de discriminer les enfants-soldats des combattants adultes et de neutraliser sans les blesser ou les tuer des assaillants mineurs. Toutes les armées ne prennent pas nécessairement en compte l’âge de ceux qui les combattent. En France, l’âge de l’ennemi (lorsque l’on peut le connaître ou l’estimer) est pris en compte,  même si ce paramètre complique les formes de combat au risque même de faire annuler certaines frappes ou actions. Je ne pense donc pas qu’il y aura des conséquences sur les modes opératoires de la force Barkhane », a poursuivi le spécialiste des questions de défense.

Mais de l’avis de Mahamoudou Sawadogo, ce n’est pas évident que nos armées nationales prennent nécessairement en compte l’âge de ceux qui les combattent. « Etant donné qu’ils ne sont pas en position de force et sont plutôt dans la défense, ils n’ont vraiment pas le discernement nécessaire pour le faire pendant les combats », a-t-il analysé. Cette situation explique-t-elle la réticence de certains pays européens à s’engager dans la force Takuba ?

«Sur certains théâtres d’opérations, en particulier en Afrique mais aussi au Moyen-Orient, il existe toujours un risque d’être confronté à des combattants mineurs. Les forces américaines en ont fait l’expérience en Irak. Les armées des pays européens qui s’engagent ou hésitent à s’engager dans Takuba doivent connaître ce paramètre. Et je suis sûr qu’ils le connaissent. S’il y a des réticences, elles tiennent davantage à la crainte des opinions publiques de voir les troupes nationales engagées dans des opérations sans fin. Des opérations qui peuvent s’avérer coûteuses aussi en termes politiques. D’où le refus de certains gouvernements et de certains Etats de s’engager dans cette force alliée au Mali », a conclu Philippe Chapleau.

Quand tirer sur un enfant-soldat ? Lorsqu’en opération les militaires devront choisir entre tuer ou être tués. En 2017, le Canada a été le premier pays à avoir doté ses militaires d’un guide pour faire face aux enfants-soldats sur les champs de bataille. Pour l’auteur Philippe Chapleau, « l’enfant-soldat est une réalité incontournable de la guerre contemporaine et un défi à la formation et à l’éthique ».

Aly Tinto

dcoupl uneL’Assemblée nationale a remis le mercredi 8 juillet 2020 au président du Faso un rapport de 19 recommandations. Au nombre de celles-ci figure le report des élections législatives d’un an pour « des raisons d’insécurité, de représentativité et de légitimité ». Mais du côté de la classe politique ainsi que des organisations de la société civile, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre un éventuel « lenga », c’est-à-dire toute prolongation du mandat des députés. Pour s’enquérir de l’appréciation du citoyen lambda de ce projet de découplage des échéances électorales à venir, Radars Info Burkina a promené son micro dans la ville de Ouagadougou. Lisez plutôt.

Hamado Compaoré, sexagénaire, a affirmé sans détour ceci à propos du projet de prolongation de la mandature des élus nationaux : « Nous n’allons pas accepter cette recommandation des députés. Le 22 novembre prochain, il est prévu des élections couplées. Pourquoi vouloir dissocier les législatives des autres échéances électorales ? Dans ce cas, pourquoi ne pas reporter l’élection présidentielle également ? Ce serait plus logique ! De toute façon, le 22 novembre, c’est presque arrivé donc il faut s’en tenir au couplage des élections.»

« Ce n’est pas dans l’intérêt du peuple que nos parlementaires ont fait cette recommandation, c’est dans leur seul intérêt. dcoupl 2Beaucoup d’entre eux espèrent pouvoir ainsi achever leurs chantiers si cette prolongation d’une année est validée. S’ils étaient sincères, vu la situation d’insécurité du pays ils auraient démissionné. S’ils savent ce qu’est la honte, ils doivent renoncer à ce projet de prolongation de la durée de leur mandat. Personnellement, je pense que c’est un plan du parti au pouvoir d’autant plus qu’à l’Assemblée nationale, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) est majoritaire. Si d’aventure au soir du 22 novembre Roch Kaboré perdait le pouvoir, ce serait la désolation totale pour eux. C’est pourquoi ils veulent qu’on aille d’abord à la présidentielle. Ainsi si le président Kaboré n’est pas réélu, son successeur devra dissoudre l’AN ; autrement il ne pourra pas diriger. Donc leur plan, à mon avis, c’est que même si Roch n’est pas réélu le MPP puisse rester aux affaires», analyse pour sa part Madi RCK, couturier.

Salif Ouédraogo, qui est en train de faire des achats au bord de la voie, nous lance : « Ce n’est pas normal. Ils n’ont même pas droit à un mois de plus à l’hémicycle ». « Qu’est-ce qui prouve que dans une année la crise sécuritaire sera terminée ? Il faut la tenue des élections couplées. Ou alors on n’organise aucune élection», estime, quant à lui, Mahamadi.

dcoupl 3

Aly Bilgo, attablé dans un restaurant où il prend son déjeuner avec des camarades, martèle : «Ils (NDLR : les députés) devront partir à la fin de leur mandat. Eux-mêmes savent qu’une prolongation n’est pas possible. Nous ne voulons pas qu’ils fassent un seul jour de plus à la fin de leur mandat. Ils vont partir et nous allons désigner, par le truchement des élections, ceux que nous voulons qu’ils les remplacent à l’hémicycle».

Quant à M. Traoré, il adhère à ce projet de découplage des élections. « C’est mieux de reporter les législatives en ce sens que dans certaines localités si les maires n’ont pas fui à cause de l’insécurité, ils sont morts. Donc ce serait très important de pacifier ces zones et permettre le retour des déplacés avant la tenue des législatives », argumente-t-il.

«Je suis favorable à cette proposition de l’AN. C’est la situation d’insécurité qui commande cela. Effectivement, il y a des localités où on ne peut plus mettre pied. Il faut voir la réalité en face. Si les législatives se tiennent à la même date que la présidentielle, l’opposition politique dira par la suite qu’il n’y a pas de représentativité. Les gens doivent se rappeler que le système de couplage des élections est récent », soutient un autre citoyen, M. Dianda.

Aly Tinto

onea 11« Suite aux perturbations des relevés des mois d’avril et mai 2020 liées aux mesures barrières internes prises dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, des anomalies sont survenues dans la facturation. Conscient de cette situation, l’ONEA procède actuellement au retraitement des factures des mois d'avril et mai 2020 comportant des anomalies », a indiqué le lundi 6 juillet 2020, l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA).

«Les factures corrigées vous seront donc remises dans les meilleurs délais en remplacement des précédentes, avec de nouvelles dates limites. Les abonnés concernés, ayant déjà effectué des paiements, bénéficieront d'un avoir qui sera positionné sur leurs comptes clients », a poursuivi l’ONEA.

« Dans la dynamique de la transparence, une série de rencontres est programmée avec les associations de consommateurs pour vous rendre compte des actions correctives entreprises et mieux prendre en compte vos différentes attentes », a conclu le communiqué.

grvg uneAprès son meeting le samedi 4 juillet 2020, la coalition syndicale a lancé un mot d’ordre de grève générale de 48h qui a débuté aujourd’hui, 8 juillet 2020, en vue d’exiger la satisfaction de sa plate-forme revendicative. Radars Info Burkina s’est rendu dans quelques services. Lisez son constat.

Dans la cour du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO), les mouvements de personnes sont ceux habituels. Une ambulance des sapeurs-pompiers est en train de quitter le service des urgences. Au niveau de la maternité, la salle d’accouchements est fonctionnelle.

«Je suis venue pour mon pansement post-césarienne, mais on m’a fait savoir qu’il y a grève aujourd’hui et demain. Je vais donc revenir vendredi », nous confie Mme Ilboudo, tenant son bébé dans les bras. Une autre femme est assise à même le sol, adossée à un des murs du bâtiment. « Je suis venue rendre visite à une femme qui a accouché récemment. On lui a donné des examens à faire mais à cause de la grève, elle n’a pas pu les effectuer pour le moment », nous dit-elle.

Aux urgences pédiatriques, plusieurs salles sont occupées par des personnes en blouse blanche. Des soins sont administrés à des enfants et le service minimum y est assuré. Selon une source proche de la direction, la néonatalogie n’est pas concernée par la grève. Le service minimum est assuré dans les autres services.

grvg 2Aux urgences traumatologiques, nous constatons qu’il y a beaucoup de monde. M. Sawadogo, qui y est avec un patient, nous confie : « Ils ont prévu de nous libérer aujourd’hui. Le major était de passage. Nous attendons le médecin mais apparemment il est pris. Le problème est qu’ils sont débordés. Les accidentés sont nombreux». Aux urgences psychiatriques nous croisons Modeste Méda, secrétaire général adjoint du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) au CHU-YO. « Nous sommes en train de faire le tour des différents services pour voir comment la grève est suivie. Nous avons mis en place un dispositif au niveau des urgences et des blocs opératoires, où le service doit se poursuivre. Nos militants y sont pour assurer le service minimum. Nous nous assurons que les agents sont présents pour le travail. Le constat est que dans les services où nous avons décidé de ne pas travailler, le mot d’ordre est respecté. grvg 3C’est le même cas dans les services où nous assurons le service minimum. Mais à ce niveau, nous avons des difficultés avec nos militants puisque nous leur disons de rester travailler alors que par la suite ils sont victimes de coupures de salaire. Néanmoins nous leur avons demandé de rester travailler. Nous sommes satisfaits que les dispositions que nous avons prises soient bien respectées », a-t-il affirmé.

Après le CHU-YO, nous nous rendons au Trésor public. Dans la première salle d’accueil, tous les guichets sont fermés. Les sièges sont vides de clients. Mais un peu plus loin, nous remarquons la présence de quelques clients dans une autre partie du bâtiment. Beaucoup d’entre eux ont des chèques en main. A cette aile du bâtiment, 5 guichets sont fonctionnels.

Selon la coalition syndicale, « cette grève vise, une fois de plus, à interpeller le gouvernement sur la nécessité d’une résolution diligente et correcte de la plate-forme contenue dans le préavis de grève du 27 février 2020 ainsi que de la levée et de l’arrêt des mesures répressives contre les travailleurs en lutte ».

Aly Tinto

rmb uneLa ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Hélène Marie Laurence Ilboudo/Marchal, a présidé ce mardi 7 juillet la cérémonie de remise officielle de bourses d’excellence au profit de 72 élèves et étudiantes et de fonds d’accompagnement à 10 associations et groupements féminins. Les élèves ont reçu chacun un chèque d’un montant de 275 000F CFA, les étudiantes un chèque d’un montant de 500 000F francs et les groupements/associations féminins un chèque d’un montant de 1 000 000 F.

Le gouvernement burkinabè bénéficie depuis 2010 de l’appui de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), à travers son Centre pour le développement du genre (CDDG), de subventions dans le but de lever les contraintes auxquelles les filles et les femmes sont confrontées dans les domaines de l’éducation  et de l’entrepreneuriat.

«Au titre de l’année scolaire 2019-2020, 72 bénéficiaires, à savoir 24 étudiantes et 48 élèves, dont 2 garçons, tous issus de différents établissements d’enseignement secondaire et supérieur du pays, ont été sélectionnés. En outre, au titre de l’année budgétaire 2019, 10 associations et groupements féminins ont été sélectionnés pour bénéficier du programme entrepreneuriat. Ils l’ont été sur la base de leur dynamisme, de leur visibilité et de leur efficacité sur le terrain », a indiqué la ministre de la Femme.

rmb 2Tièna Coulibaly, représentant résident de la CEDEAO au Burkina Faso, était aux côtés du ministre de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur, Toussaint Tiendrébéogo, à cette cérémonie. « Convaincue que le développement souhaité ne peut se réaliser sans les femmes, qui représentent plus de la moitié de la population de notre espace, la CEDEAO a adopté une stratégie genre pour la période 2010-2020. Pour la réalisation de cette stratégie, le CCDG accompagne les Etats membres à travers divers projets et programmes prenant en compte des catégories sociales victimes d’inégalités liées au genre. Au Burkina, le CCDG accompagne trois programmes, à savoir le programme de soutien médical et financier aux femmes et filles souffrant de la fistule obstétricale, le programme d’appui aux associations et groupements  féminins œuvrant dans le domaine de la transformation des produits agricoles, halieutiques et artisanaux et le programme de bourse pour les filles et garçons issus des familles défavorisées» , a déclaré M. Coulibaly.

Assiéta Ouattara fait partie des étudiantes bénéficiaires d’une bourse. Tout en saluant cette initiative, elle relève toutefois que les bénéficiaires rencontrent des difficultés dans l’utilisation de ladite bourse. rmb 3« En effet, certains parents ne demandent pas notre avis avant d’utiliser l’allocation, si bien qu’elle est parfois utilisée à d’autres fins. Pour une gestion efficace et efficiente de notre bourse, nous recommandons, entre autres, au ministère de la Femme et à la CEDEAO la sensibilisation des parents à un usage à bon escient de la bourse, le suivi régulier des bénéficiaires en cours d’année scolaire, la remise de la bourse aux bénéficiaires dans les meilleurs délais pour leur permettre de payer la scolarité en début d’année et l’augmentation du montant alloué », a-t-elle souhaité.  

« Ce sont des cas isolés d’immixtion des parents dans l’utilisation de la bourse, mais cela est dû au fait que ces parents vivent dans la précarité. Pour faire des études, il faut bien manger. D’où la nécessité d’avoir un accompagnement global. Ces personnes qui ont besoin d’accompagnement peuvent nous contacter et nous allons leur venir en aide au lieu d’utiliser les ressources allouées aux études de leurs enfants à d’autres fins», a réagi Hélène Marie Laurence Ilboudo/Marchal.

Aly Tinto

  

mdia uneDans le cadre de la promotion du vivre-ensemble, Radars Info Burkina a effectué un déplacement au sein de la radio-télé confessionnelle Al Houda (radio et télé islamiques de Ouagadougou) pour savoir ce qui est fait en matière de culture de la tolérance et de la paix au sein de ce média. 

Lassané Sanfo est chargé des programmes de la télé Al Houda. Selon lui, beaucoup d’émissions sont réalisées pour la promotion du vivre-ensemble. «Dans la majeure partie de nos émissions, la question du vivre-ensemble est abordée. Souvent, nous entrons en contact avec des personnes-ressources pour parler du renforcement de la paix et de la cohésion sociale. Les animateurs des émissions abordent le sujet de la tolérance religieuse à tout moment. A travers les émissions interactives, nous avons un écho favorable des auditeurs qui nous encouragent à aller dans ce sens », a-t-il indiqué.

Quant à Abdoul Ganio Sanfo, chef des programmes de la radio Al Houda, il affirme qu’à la radio également, beaucoup d’émissions sont consacrées à la culture de la tolérance religieuse et de la paix. «Les émissions ou les prêches que nous diffusons sont contrôlés. S’il y a un prêche dans lequel le prêcheur tient des propos de nature à porter atteinte à l’entente entre les musulmans et les non-musulmans, si nous pouvons censurer cette partie nous le faisons. Autrement, si nous trouvons que cela va dénaturer le prêche, nous ne le diffusons simplement pas. C’est, à mon avis, déjà un pas en matière de tolérance religieuse », a-t-il souligné.

mdia 2Selon lui, la radio accompagne ceux qui font des activités sur le vivre-ensemble. « Par exemple, il y a le Centre culturel islamique du Burkina (CCI-B) qui travaille  beaucoup pour le vivre-ensemble au Burkina Faso. C’est un centre qui regroupe la plupart du temps d’autres confessions pour beaucoup d’activités. Chaque fois que ces personnes ont une activité sur le vivre-ensemble, nous n’hésitons pas à les accompagner. Nous pensons que cela est vraiment notre rôle. En plus de cela, je peux dire qu’on a une bonne collaboration avec les autres religions, surtout les médias. Par exemple à TV Maria et Radio Ave Maria (la télé et la radio catholiques de Ouagadougou), on a des collaborateurs avec qui on travaille sans problème », a ajouté Abdoul Ganio Sanfo. 

Abdoul Salam Tiendrébéogo est animateur-diffuseur à Al Houda TV. Voici ce qu’il nous a confié : «En matière religieuse, gérer des émissions, surtout celles interactives, n’est souvent pas facile. Si toutefois nous constatons que l’auditeur ou le téléspectateur veut déborder le sujet du jour, on essaie de le lui faire comprendre et on lui demande de rester sur le sujet. Si un intervenant s’obstine à ne pas rester sur le sujet donné, alors on l’interrompt. Mais la plupart de nos auditeurs et téléspectateurs sont compréhensifs. Parmi eux, il y a des musulmans mais aussi des non-musulmans».

Aly Tinto

 

iperm uneLes étudiants de l’Institut panafricain d’études et de recherche sur les médias, l’information et la communication (IPERMIC) ont organisé le samedi 4 juillet 2020 au sein de cet établissement supérieur une journée dédiée aux aînés de l’ex-département de journalisme et communication de l’Université Joseph Ki-Zerbo et de l’IPERMIC. Les étudiants ont exposé leurs préoccupations aux aînés. Les échanges et le partage d’expériences ont duré des heures et ont été fortement appréciés.

Nombreux sont ceux qui ont répondu à l’invitation de leurs « petits frères » de l’IPERMIC. Au nombre des journalistes on peut citer, entre autres, Simon Gongo de la télévision nationale, Stéphanie Zongo et Aubin Guébré de la télévision BF1, Kader Traoré de L’Observateur Paalga et Asmao Kaboré de Radio Oméga. S'agissant des communicateurs, il y avait Boureima Ouédraogo de l’Office national des télécommunications (ONATEL), Ousséni Badini de l’ONG Christoffel Blindenmission CBM (Mission chrétienne pour les aveugles), Christian Koné de la Maison de l’entreprise, Gabriel Kambou de Simisso communication, etc.

«L’IPERMIC, c’est la famille ; cette famille qui lie plusieurs générations brise les barrières et crée la convivialité entre les étudiants eux-mêmes et entre étudiants et enseignants. Cela passe d’abord par une prise de contact, la reconnaissance des efforts de nos prédécesseurs pour le travail abattu. C’est dans ce cadre que le club des étudiants en communication et journalisme de l’IPERMIC a eu l’idée d’initier cette journée spéciale des aînés. Une fois que la famille sera rassemblée, toutes les inquiétudes liées à cette famille deviendront l’affaire de tous », a indiqué Salif Zongo, président du club des étudiants de l’IPERMIC, dans son message de bienvenue.

iperm 2S'agissant des préoccupations, Salif Zongo a informé leurs aînés de la difficulté pour les étudiants d'obtenir un stage et de la question de l’orientation. «C’est l’occasion pour nous de vous solliciter de nous accompagner dans l’obtention de stages et de faciliter notre insertion socioprofessionnelle », a-t-il demandé.

Dr Firmin Gouba, directeur de l'IPERMIC, dans son mot de bienvenue, a déclaré : « C’est un réel plaisir de voir tous ces invités autour de la table. Ils constituent des exemples et je souhaiterais que vous, étudiants, leur emboîtiez le pas. Ce que nous demandons aux jeunes, c’est de la rigueur et du professionnalisme dans le travail. Cette rigueur a toujours été notre credo. Les personnes autour de cette table, si elles n’avaient pas fourni un minimum d'efforts, n’auraient pas eu le courage de venir ici aujourd’hui parce qu’elles ne seraient pas des modèles.  C’est un plaisir de voir qu’on a formé des cadres de ce pays. Vous, étudiants, sachez que la concurrence est aujourd’hui très rude, donc il vous faut faire l’effort  de vous mettre au-dessus de la mêlée.»

Passé ces exhortations, place aux échanges directs entre les étudiants et leurs aînés. Gabriel Kambou, après plusieurs années dans le journalisme, dit s'être reconverti dans l’entrepreneuriat agricole. « Je suis retourné à la terre. Aujourd’hui, je fais de l’élevage et de l’agriculture. Ce n’est pas vraiment la recherche du profit ou de la richesse mais la quête de l’autonomie et de l’indépendance personnelle qui m’a amené à faire tout et rien à la fois. Aujourd’hui, je suis très heureux où je suis. Communicateur, je suis toujours correspondant de presse », a-t-il confié.  Il a conseillé à ses jeunes frères de beaucoup lire.  

« De mon point de vue, l’option est certes importante mais le principal, c’est de s’assurer d’être bien formé. C’est essentiel. Cette formation passe par un investissement personnel au-delà du diplôme. S'agissant des demandes de stages, j’en reçois énormément de l’institut et nos portes restent ouvertes », a affirmé Mikaïlou Kéré, responsable de la communication de la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG).

«Je viens de lancer une plateforme en ligne qui s'appelle Repère Magazine. L’ambition, c'est justement d’aider les élèves et étudiants à choisir la filière ou l’option qui leur convient car cela est déterminant dans la suite de leur vie», a fait savoir Stéphanie Zongo.

En ce qui concerne les stages, « j’ai été déjà contacté en la matière, il y a un projet de contrat qui est en vue», a indiqué Alexis Yaméogo, responsable à la communication du Laboratoire national de santé publique (LNSP).

«Les échanges ont été très fructueux. Le parcours de certains aînés et l’abnégation avec laquelle ils ont travaillé pour arriver là où ils sont forcent l’admiration», s’est réjouie Sylvanie Thiombiano, étudiante en 3e année, option communication pour le développement, à l’IPERMIC.

Le moins qu’on puisse dire est que ces échanges, qui ont eu lieu dans une ambiance confraternelle et bon enfant, ont été très instructifs pour les journalistes et communicateurs en devenir.

Aly Tinto

  

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