Nombreux sont les fidèles musulmans qui ont bravé la pluie matinale de ce vendredi 31 juillet pour prendre part à la prière de l'Aïd el-kébir à la place de la Nation à Ouagadougou. Cette année, c’est El hadj Abdallah Ouédraogo, imam de la Patte-d'oie, qui a dirigé la prière, l'imam Aboubacar Sana étant présentement en soins.
C'est à 9h, sous une pluie commencée quelque 3 heures plus tôt, que la prière de l’Aïd el-kébir a débuté à la place de la Nation. Si certains fidèles, grâce aux tentes dressées pour la circonstance, étaients à l'abri des gouttes qui tombaient du ciel, d'autres par contre étaient exposés à l'intempérie.
Parmi les personnalités présentes à la célébration de cette fête hautement importante pour la communauté musulmane, il y avait le président de l'Assemblée nationale burkinabè, Alassane Bala Sakandé, le ministre de l'Administration territoriale, Siméon Sawadogo, celui de la Sécurité, Ousseni Compaoré, le maire de la ville de Ouagadougou, le gouverneur de la région du Centre, le Moogho Naaba et le cardinal Philippe Ouédraogo.
L’imam Abdallah Ouédraogo, celui-là même qui a dirigé la prière du jour, a évoqué la « nécessaire cohésion au sein de la communauté musulmane ». L'homme de Dieu a, en outre, longuement insisté sur le vivre-ensemble, la cohésion sociale et la paix au Burkina Faso. « Nous sommes des frères et sœurs et nous vivions ensemble dans la solidarité bien avant l'arrivée des religions. La preuve ? L'existence de plusieurs confessions dans une même famille. Nous devons donc cultiver au quotidien le vivre-ensemble. La violence n'a jamais été la solution à un problème. Ce n'est que dans le dialogue qu'on peut aplanir les divergences », a-t-il insisté.
Il a aussi eu une pensée pour les personnes déplacées internes. Et comme on est en pleine saison pluvieuse, l'imam a profité de l'occasion pour demander à Allah de donner à notre pays une bonne pluviométrie, non sans avoir prié, par ailleurs, pour des élections apaisées.
«Ce que les musulmans commémorent, c'est le sacrifice d'Abraham. Pour les chrétiens comme pour les musulmans, Abraham, c'est le père des croyants. Il a obéi à Dieu jusqu'à accepter de lui sacrifier son fils. C'est vraiment une grande leçon d'humilité pour les croyants du monde. Le prêche de l'imam m'a beaucoup marqué. Son message pour la paix et le vivre-ensemble était très fort. Nous souhaitons que cette fête fortifie notre union entre croyants, entre citoyens, et ensemble nous prions pour une société réconciliée dans la justice et dans la paix véritable et durable. Bonne fête à tous nos frères et sœurs musulmans », a souhaité le cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou.
La pandémie de COVID-19 a eu un grand impact sur beaucoup de secteurs au nombre desquels celui de l’éducation, où les cours de l’année scolaire 2019-2020 ont été suspendus au mois de mars. Pour combler un tant soit peu le retard accusé, des parents d’élèves font recours pendant cette période de vacances à des répétiteurs afin qu'ils effectuent à domicile des séances de rattrapage avec leurs enfants. Radars Info Burkina s'est entretenu avec Alikou Ouédraogo, instituteur adjoint certifié, qui exerce cette activité actuellement à Ouagadougou.
«Les cours dans les établissements ont été suspendus depuis le mois de mars et cette situation va inéluctablement impacter le cursus scolaire des élèves des classes intermédiaires, d'autant plus qu’ils n’ont pas pu terminer leurs programmes scolaires. C'est pourquoi certains parents qui sont très soucieux de l'instruction de leurs enfants font appel à des répétiteurs pour terminer le programme et si, possible, faire des exercices d’application afin que leurs enfants aient le niveau», a expliqué Alikou Ouédraogo.
Certains de ses collègues s’adonnent à cet exercice actuellement. «Un enfant en classe de CP2 qui doit forcément passer avec un bon niveau en classe de CEI doit commencer à mémoriser les leçons et les restituer en classe. La classe de CEI est une classe intermédiaire compliquée. Donc certains parents nous font appel pour rehausser le niveau de leurs enfants», a poursuivi l'instituteur.
Une tâche qui n’est pas du tout aisée, à l'en croire car, précise-t-il, « il faut essayer de comprendre l’élève. Il faut d’abord constater ses acquis au cours de l’année scolaire inachevée. L’élève doit rester de 7h à 12h à la maison, concentré sur ses cahiers ou sur le tableau en présence d'un instituteur. Pourtant, certains mômes veulent profiter de leurs vacances et s'amuser ».
Pour l’année scolaire à venir, la nécessité de terminer le programme de l’année écoulée s’impose. « Par exemple pour une classe comme le CPI où en calcul on doit se limiter au nombre 20, pour un apprenant qui s’est limité au nombre 5 il faut nécessairement rattraper ce retard. Automatiquement en classe de CP2 il faut faire, si possible, une révision générale de l’année scolaire inachevée avant d’entamer le programme de l’année en cours. Il faudra donc deux à trois ans pour rattraper le retard en fonction du niveau de certaines promotions »,a conclu l’instituteur adjoint certifié.
La tribune ci-dessous est un coup de gueule d'un citoyen parvenu à notre rédaction. L'intéressé y plaide la cause des déplacés internes et dénonce sans fioriture l'affairisme qui entoure la gestion des vivres et des tentes destinés à ceux de la région du Centre-Nord. Il invite par ailleurs les autorités compétentes à sévir contre les individus sans scrupules qui s'adonnent à cette pratique.
Depuis l’avènement de l’insécurité au Burkina Faso en général et en particulier dans la région du Centre-Nord, des villages entiers se sont vidés de leurs habitants après les massacres commis par des individus parfois armés jusqu’aux dents. Fuyant les zones de terreur, certaines populations, devenues par la force des choses des déplacés internes, ont trouvé refuge dans des localités relativement plus sûres. Mais à la lumière de certaines situations déplorables que vivent ces déplacés à Barsalogho, Foubé et Kaya, on peut se permettre d'affirmer qu'ils ne sont pas sortis de l'auberge.
En effet, l'accès aux vivres et aux tentes destinés à ces Personnes déplacées internes est problématique, car selon la plupart des bénéficiaires il y a de l'affairisme dans l’établissement des listes, dans le stockage desdits vivres ou encore sur les sites de distribution.
Tenez : cette famille de réfugiés compte 19 personnes qui dorment dans une maisonnette de 6 tôles ; à côté d’elle, vit une autre famille de 23 personnes dans une maisonnette de 12 tôles ; tous sont dans une cour dépourvue d'eau courante, de toilettes... Ces infortunés vivent dans cette cour depuis plus de 9 mois mais ils disent n'avoir jamais reçu de vivres ni autre chose bien qu'ils aient été enregistrés sur la liste des bénéficiaires. Au regard de cette regrettable situation, le chef de ménage, Ahmadou, supplie qu'on plaide leur cause car lui et les siens n'ont rien à manger et manquent de beaucoup de choses. Sans compter qu'en raison de leur appartenance ethnique, ils sont stigmatisés.
Outre le cas touchant de cette famille de déplacés, il y a celui non moins interpellateur de Catherine, une infirme venue de Kongoussi qui s'est retrouvée à Kaya avec ses quatre enfants en raison de la situation sécuritaire. Orpailleur, son mari est parti à la recherche du métal jaune sur elle ne sait sur quel site. Arrivée à Kaya depuis plus d’un an, elle dit être obligée de mendier pour pouvoir nourrir ses enfants. La handicapée moteur implore donc les autorités concernées de l’aider afin qu’elle puisse subsister avec ses rejetons.
Selon une source proche des autorités locales, les 150 tonnes de vivres offerts par le président de l'Assemblée nationales au profit des PDI de la région du Centre-Nord ont été répartis et la commune de Kaya recevra 50 tonnes pour plus de 300 000 PDI, ce qui, il faut bien l'admettre, est largement insuffisant. Quant à Foubé, en raison de son inaccessibilité, les personnes déplacées internes qui s'y trouvent n'ont plus rien à manger. Et comme c'est la saison pluvieuse, le problème d'abri se pose avec acuité pour ces pauvres hères.
Nous voudrions donc interpeller vivement les autorités concernées et attirer leur attention sur le fait qu'en dépit de leurs efforts, la situation des PDI est désespérée dans la région du Centre-Nord. Nous les exhortons à quitter un tant soit peu leurs bureaux feutrés et à se rendre sur le terrain pour s'imprégner de la situation de détresse de ces personnes qui ont déjà tout perdu et aussi à procéder à des investigations afin de mettre hors d'état de nuire les individus peu scrupuleux qui "dealent" dans la distribution des vivres et des tentes destinés à ces infortunés.
Dans le cadre de la mise en œuvre de son plan d’action local 2020, la Jeune Chambre Internationale Universitaire Ouaga Soleil (JCI UOS) a organisé les 24 et 25 juillet 2020 à Ouagadougou la 3e édition du « Speaker’s Days », une formation aux techniques de prise de parole en public, sous le thème « S’exprimer en public devrait être un plaisir ». La cérémonie officielle de clôture de cette édition a eu lieu le samedi 25 juillet dans la soirée au Cercle des arts vivants, où s'est tenue ladite formation.
Le public a été accueilli par des prestations d’artistes slameurs et humoristes lors de cette cérémonie au Cercle des arts vivants à Gounghin. Un concours d’art oratoire a été organisé à l’occasion de cette 3e édition du « Speaker’s Days ». Le jury a été présidé par l’artiste comédien GSK et le premier prix est revenu à Tahibou Sawadogo.
Samia Nikiéma, étudiante en pharmacie à l’Université Joseph Ki-Zerbo, est directrice du projet de cette édition. « Dans la journée du 24 juillet, il y a eu des formations sur comment réussir une présentation et également une formation sur la voix off. Ce jour samedi, il y a eu une formation sur le théâtre, l’improvisation et le public speaking. Nous avons eu une quarantaine de participants. Le public cible, ce sont les étudiants, les entrepreneurs, les leaders d’association, bref toute personne qui désire améliorer sa prise de parole en public », a-t-elle expliqué.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que la satisfaction des bénéficiaires de la formation est grande. « J’ai beaucoup appris tout au long de cette formation. Au départ, j'avais beaucoup de lacunes. Mais on m’a appris à parler avec le public, à le convaincre, à moduler ma voix. On m’a également appris à avoir confiance en moi. On m’a appris à faire du théâtre, à danser, à chanter. C'était très instructif », se réjouit en effet Augustin, étudiant en journalisme et communication, membre sympathisant de la JCI.
«Le fait de choisir un théâtre pour venir faire votre formation déjà cela nous touche beaucoup. En effet ce sont des méthodes qui se ressemblent. Au théâtre nous avons des méthodes pour permettre aux gens de s’exprimer aisément sur scène. Je pense qu’on se complète. C’est vraiment un honneur pour moi également de parrainer cette formation. Je profite de l’occasion pour dire merci à tous les artistes qui sont venus et à tous les formateurs. Je suis très heureux de l’engagement des jeunes. Ils devront continuer dans les exercices. J’étais très content des exercices. Il ne faut jamais avoir peur d’affronter le public. Concernant la langue de Molière, il faut toujours partir du fait que ce n’est pas notre langue maternelle. Donc on ne doit pas être complexé quand on la parle», a indiqué Gérard Ouédraogo, directeur du Cercle des arts vivants.
Cette cérémonie était placée sous la présidence du sénateur Bouba Yaguibou, lequel a déclaré : « Votre organisation a été bien inspirée de concevoir le projet « Speaker’s Days ». Je loue vivement cette initiative et je vous exhorte à la réaliser chaque année au profit de vos membres et sympathisants ».
La soirée s’est terminée par une remise d’attestations aux participants à cette formation de 48h. S'agissant des perspectives, «nous souhaitons pouvoir poursuivre le projet l’année prochaine, renforcer les différents modules et trouver encore des formateurs plus éloquents», a conclu Nestor Nougtara, président exécutif de de JCI Ouaga Soleil.
Carol McQueen, ambassadrice du Canada au Burkina Faso, et le Pr Séni Ouédraogo, ministre de la Fonction publique, ont procédé ce 23 juillet à la remise symbolique de bourses d’excellence « Pr Kevin McCormick du Canada » à 62 étudiants des universités Pr Joseph Ki-Zerbo et Thomas Sankara de Ouagadougou et Norbert Zongo de Koudougou. Ces heureux bénéficiaires sont en fin de formation dans des filières scientifiques et littéraires.
D’une valeur de plus de 25 millions de francs CFA, ces bourses vont permettre à ces étudiants, dont certains sont en année de doctorat et d'autres en année de spécialisation, de renforcer leurs capacités en matière de recherche. « Ce sont au total un peu plus de 25 millions FCFA qui seront distribués aux étudiants ce jour, dont un peu plus de 15 millions FCFA ont été collectés auprès de donateurs nationaux », a annoncé le Pr Séni Ouédraogo.
Ces donateurs nationaux sont le Dr Beli Biyen, président du conseil d’administration (PCA) de Yelhy Technology Africa, et Moussa Kouanda, administrateur général d'Eco Oil.
« En plus de cette subvention financière de 300 000FCFA qui sera allouée à chaque étudiant, les étudiants auront droit à un parchemin officiel qui les aidera à poursuivre leur cursus académique. Par ailleurs, des accompagnements pour des séjours de recherche à l’extérieur seront mis en place. Je réaffirme ma disponibilité ainsi que celles du partenaire qu'est le Pr McCormick et des généreux donateurs à accompagner les efforts que déploient notre jeunesse et nos scientifiques pour non seulement acquérir des connaissances et des compétences en vue de faire avancer la science, mais également pour une meilleure insertion des étudiants dans le tissu social et économique burkinabè », a poursuivi le ministre.
Selon l’ambassadrice du Canada, la promotion de l’éducation est un thème cher à son pays. « C’est une action rendue possible grâce à la générosité du Pr Kevin McCormick, champion passionné de l’éducation et humaniste canadien. Il est le président du Huntington University, spécialisée dans les études en communication, gérontologie et en étude religieuse. Notre pays est à l’avant-garde des questions d’éducation au Burkina Faso. Vous comprenez donc que cette cérémonie de remise de bourses offertes par un compatriote soit un réel motif de fierté pour moi», s’est réjouie Carol McQueen.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ces bourses sont les bienvenues pour leurs bénéficiaires. «Je voudrais exprimer notre gratitude et notre reconnaissance au Pr Séni Ouédraogo et au Pr McCormick qui ont bien voulu nous décerner des prix d’excellence pour encourager la recherche doctorale. C’est un apport inestimable pour la recherche, vu les conditions dans lesquelles nous travaillons ici. Vous savez sans doute que l’accès aux ressources n’est pas toujours facile », a en effet affirmé Lassiné Diomandé, doctorant en droit, qui travaille sur les contrats de partenariat public-privé en Afrique de l’Ouest francophone.
La Tabaski 2020 sera célébrée le vendredi 31 juillet au Burkina Faso. A quelques jours de cette fête musulmane, Tigme Zanma, manager d’artistes qui excelle aussi dans la commercialisation du bétail, met les bouchées doubles pour satisfaire la clientèle, l’engouement étant grand. Radars Info Burkina est allé à sa rencontre. Lisez plutôt.
A Saaba, quartier périphérique de Ouagadougou, Ibrahim Nébié, plus connu sous le nom de Tigme Zanma, a fait escale au bord d’une route menant au lieu de son activité d’élevage pour acheter du fourrage pour ses bêtes. Par la suite, c’est devant un moulin qu’il marque un arrêt. Là-bas, c’est pour s’approvisionner en son de maïs. «Pour faire ce travail, il faut de la passion, du temps et de l’amour. J’exerce cette activité depuis longtemps mais le déclic de ce business, je l'ai eu en 2016 », a-t-il expliqué.
Il précise que les difficultés, elles, ont surtout trait aux aliments et au ravitaillement. «Pour les tourteaux, il te faut un gros budget dont nous ne disposons pas. Donc il faut associer le son aux petites quantités de tourteaux. Quant au son, il faut être à chaque fois le premier au moulin pour la réservation, puisque les petits ménages pratiquent aussi l’élevage. Pour la paille fraîche, il faut l'acheter ou aller soi-même la couper. En saison sèche, on est obligé de payer le fourrage avec les revendeurs », a précisé Tigme Zanma.
Dans la cour de Tigme Zanma, les moutons sont dans un espace bien clôturé. Après avoir déposé le son dans le magasin, il fait sortir une bâche, un couteau et un tronc d’arbre. C’est pour découper les tiges de maïs afin de les servir aux ruminants. « Ici, je dispose d’une vingtaine de têtes de moutons. Les autres, particulièrement les plus gros, sont à Wemtenga», dit-il.
«Par exemple ce que je suis en train de faire est un travail très difficile. Il y a un broyeur de végétaux. Si j’avais la possibilité d’avoir cette machine, je ne souffrirais pas ainsi et la production s’accélérerait. La machine est très rapide. En plus, il y a la possibilité de broyer l'herbe et de la conserver. Actuellement, il n’y a pas beaucoup d’herbe dans la nature à cause de l’arrivée tardive des pluies. Une situation qui coïncide avec la fête de Tabaski », a indiqué le manager d’artistes et entrepreneur.
En ce qui concerne l’écoulement, il se déroule bien. « Il y a certains de mes clients de longue date qui me sont restés fidèles en raison de la qualité de mes services. Le plus grand nombre de clients aujourd’hui, c’est grâce aux réseaux sociaux, notamment Facebook, que je les ai. Actuellement, les prix des animaux à notre disposition varient de 50 000 à 400 000 F », a fait savoir Tigme Zanma.
«Pour la Tabaski 2020 l’engouement est déjà grand. Nous recevons beaucoup d’appels de clients pour la réservation. Notre objectif, c’est de pouvoir satisfaire notre clientèle », a-t-il relevé.
Il a en outre souligné que cette année, le ravitaillement est difficile à cause de l’insécurité. « En effet, ce sont les grandes villes du Sahel qui nous ravitaillaient. Actuellement, c’est le marché de Dori qui nous ravitaille mais les gens ont peur d’y aller à cause de l'insécurité», a regretté M. Nébié.
«Le gros problème, c’est l’accès aux fonds. Comme d’habitude, nous transformons les difficultés en opportunités. Depuis 2017, Radars Info Burkina nous accompagne. Cette visibilité que votre média nous donne a contribué à l’évolution de notre activité. Mais s’il y a la possibilité d’avoir des financements, c’est encore mieux. Au niveau des banques, l’obtention des prêts n’est pas chose aisée. Au niveau des projets et programmes étatiques pour jeunes, j’aimerais vraiment qu’on mette l’accent sur les projets méritants et non sur les militants. On ne peut pas mettre en compétition quelqu’un qui est déjà en activité et quelqu'un qui vient de commencer à exercer», a-t-il conclu.
Ces derniers temps, les armées du Sahel sont accusées de graves abus, d'exactions et de violations des droits de l'homme. Selon Florence Parly, ministre française des Armées, le soutien international aux pays du Sahel pourrait être remis en cause si ce non-respect du DIH devait se développer. Radars Info Burkina s'est entretenu avecLaurent Saugy, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Burkina au sujet du DIH dans un contexte d’insécurité.
Radars Info Burkina (RB) : Après les accusations d’exactions portées ces dernières semaines contre les FDS du Burkina Faso comme d’autres pays du Sahel, dans un communiqué le 2 juillet le CICR a appelé toutes les parties et acteurs de violence à faire preuve de retenue, notamment auprès des personnes qu’ils capturent. Vous dites que toute personne arrêtée doit être traitée avec humanité et dignitéet que le pouvoir des armes ne donne pas un droit illimité sur les personnes ; au contraire, il donne de la responsabilité. Quelles sont les règles essentielles du DIH ?
Laurent Saugy (LS) : Dès 2006, le CICR s’est attelé à promouvoir le DIH. C’est une organisation neutre, impartiale et humanitaire. La promotion du DIH consiste à s’assurer qu’un Etat comme le Burkina Faso ratifie les instruments juridiques principaux du DIH mais également que les porteurs d’armes en particulier les FDS sont sensibilisés et formés sur les obligations qui leur incombent en ce qui concerne le DIH. C’est quelque chose que nous avons fait et continuons de faire depuis notre arrivée au Burkina. Le DIH est d’une importance cruciale aujourd’hui étant donné que le Burkina Faso est entré dans une situation de conflit armé non international.
Dans les 4 Conventions de Genève du 12 août 1949, il y a l’article 3 qui fait référence aux situations de conflits armés non internationaux. Cet article en lui seul est en quelque sorte une mini-convention et contient les principes essentiels du DIH.
On fait la distinction entre les populations civiles ou celles qui ne participent pas ou plus aux hostilités et les combattants. Cette distinction est centrale dans l’application du DIH.
Un 2e principe, au-delà de la distinction, c’est effectivement le principe d’humanité et un certain nombre de règles qui indiquent que toute personne à tout moment dans toute circonstance doit être traitée avec humanité. Par exemple, le mauvais traitement tout comme la torture ne sont pas tolérés par le DIH. La proportionnalité du DIH aussi tente de limiter les moyens mis à la disposition ou pris par les partis au conflit pour mener leurs actions. Ce principe est absolument fondamental. Il contribue effectivement à la protection des populations civiles qui se retrouvent dans une situation de conflit.
Cet article dispose que sont et demeurent prohibées, les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le meurtre sous toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices ; les prises d’otages ; les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements humiliants et dégradants ; les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement préalable rendu par un tribunal régulièrement constitué.
Cet article 3 a un aspect de référence qui est extrêmement proche au mandat du CICR quant à la situation des personnes blessées et malades. Il dispose que les blessés et malades sont recueillis et soignés. Un organisme humanitaire impartial tel que le CICR pourra offrir ses services aux parties au conflit.
Ces passages donnent une idée de l’importance du DIH dans une situation telle qu’aujourd’hui au Burkina. Le DIH stipule dans son esprit mais aussi à la lettre que même les guerres ont des limites. Donc le DIH donne un cadre juridique quant aux situations de conflits. Raison pour laquelle nous avons tenu à le répéter dans le communiqué de presse récent.
Le communiqué de presse récent ne faisait pas réponse à un quelconque rapport d’une autre organisation. Ce communiqué est important pour le CICR. Le précédent communiqué date de janvier 2020. Notre mode opératoire de dialogue avec les parties au conflit est principalement basé sur la confidentialité et le dialogue bilatéral. Là effectivement, quelques mois après la conviction que le Burkina Faso traverse une situation de conflit armé non international il apparaissait important de rappeler un certain nombre d’éléments extrêmement importants, traduisant aussi notre préoccupation qui se veut par définition humanitaire. Donc c’est un communiqué humanitaire, neutre étant donné qu’il rappelle les obligations à toutes les parties quelles qu’elles soient au conflit, aux acteurs de violence.
RB : Après votre communiqué du 2 juillet, le Premier ministre Christophe Dabiré vous a accordé une audience le 10 juillet. Est-ce qu’avec le chef du gouvernement vous avez évoqué la sensibilisation et la formation des FDS dans le domaine du DIH ?
LS : J’ai eu l’occasion de mentionner à Son Excellence le Premier ministre que la promotion du DIH est quelque chose que le CICR fait parce que c’est son rôle. Mais aussi que le CICR invite les forces armées elles-mêmes à l'appliquer. Depuis plusieurs années, nous travaillons avec les services du ministère de la Défense dans leur propre travail de diffusion et de formation en la matière. J’ai eu l’occasion de mentionner ça non seulement comme une activité menée par le CICR, mais comme une nécessité pour tout chef de gouvernement de s’assurer que les Forces armées et de sécurité soient sensibilisées et formées dans ce domaine.
RB : Quelle appréciation faites-vous de l’initiation des soldats du Sahel aux notions du DIH ?
LS : Ce n’est pas le rôle du CICR de faire une appréciation ou de donner des notes. Ce que le CICR sait par expérience depuis sa naissance est que le DIH requiert de sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier. On ne peut pas conclure du jour au lendemain qu’il y a une connaissance suffisante du DIH. L’aspect connaissance est absolument essentiel. Par la suite, l’évaluation du respect du DIH est une deuxième question qui fait l’objet d’un dialogue principalement bilatéral et confidentiel avec les autorités concernées.
Le Burkina Faso traverse une crise sécuritaire sans précédent accompagnée d’une crise humanitaire. 921 471 personnes déplacées internes à la date du 7 juin 2020. Pour une assistance de ces personnes, des organisations humanitaires viennent en appui à l’Etat burkinabè. C’est le cas duComité international de la Croix-Rouge (CICR) au Burkina, quivient en aide aux personnes touchées par les conflits armés et agit pour le respect du droit international humanitaire. Radars Info Burkina s'est entretenu avec Laurent Saugy, chef de la délégation CICR Burkina, pour en savoir davantage sur les activités de cette institution humanitaire sur le terrain.
Radars Info Burkina (RB) :Les principaux domaines d’intervention du CICR sont les questions sanitaires et sécuritaires. Dans un contexte de crise sécuritaire, en quoi consiste concrètement l’intervention du CICR dans les zones sous menace ?
Laurent Saugy (LS) : Le CICR est une organisation par définition multidisciplinaire. En effet, les besoins des populations sont divers. En ce qui concerne la santé, le CICR intervient en soutien aux autorités du ministère de la Santé, mais aussi directement auprès des centres de santé de base. Il y a la fourniture en médicaments, la réhabilitation des infrastructures des centres de santé, l’accès à l’eau et la formation du personnel dans les formations sanitaires.
Le CICR a l’occasion de faire des forages pour améliorer l’accès à l’eau des personnes déplacées ainsi que des populations hôtes. Puisqu’on s’est aperçu que les déplacés doivent faire un long chemin avant d’avoir accès à l’eau. Donc il a été nécessaire de réaliser des forages, que ce soit à l’Est, au Nord ou au Sahel. Récemment au Centre-Nord, précisément à Kaya, nous avons fait de nouveaux forages.
Au niveau des infrastructures urbaines, on s’aperçoit que l’arrivée de dizaines de milliers de personnes déplacées représente une pression sur le système de l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA). Donc il faut du soutien pour renforcer, voire réhabiliter ces infrastructures. L’intervention d’urgence humanitaire dans des situations telles que celle du Burkina Faso aujourd’hui est absolument nécessaire pas seulement dans l’immédiat mais aussi dans une vision à long terme. Si on laissait les systèmes de santé et d’eau partir en complète décrépitude, on n’aurait aucune chance d’envisager un quelconque développement pour les régions concernées.
En plus, il y a la contribution à la fourniture de vivres et de non-vivres aux personnes déplacées. Dans l’Est, c’est plutôt des non-vivres (ustensiles de cuisine, bâches, couvertures, seaux). Dans le Soum et dans le Yatenga, et dans d’autres parties du Sahel, c’est l’assistance en vivres. Aujourd’hui le CICR fournit de l’assistance ciblée aux personnes les plus vulnérables, estimées à environ 120 000. Ce qui est une contribution significative proportionnellement au nombre de personnes déplacées.
Le CICR est au Burkina Faso depuis 2006. Dès notre arrivée, on a approché du ministère de la Justice et celui de l’Administration pénitentiaire de façon à avoir accès et à visiter les personnes détenues dans les Maisons d’arrêt et de correction (MAC) et récemment à la prison de haute sécurité. C’est une activité relativement traditionnelle du CICR en particulier en situation de conflit et autres situations de violences.
La détention, j’ai eu l’occasion d’en parler avec Son Excellence le Premier ministre récemment, c’est un domaine extrêmement important. En effet en situation de conflit, doublée d’une situation sanitaire difficile, le CICR sait par expérience, que les systèmes carcéraux subissent une pression supplémentaire en termes de budget, de conditions générales de détention. Tous les délégués du CICR se penchent également sur les questions de traitement.
Le CICR, c’est un soutien et une collaboration très étroite avec la Croix-Rouge du Burkina. Aujourd’hui en situation de pandémie, la Croix-Rouge est en première ligne et juste à ses côtés il y a le CICR.
RB : Depuis le 1er janvier 2020, le CICR a renforcé sa présence au Burkina avec la transformation de sa Mission en Délégation et l’ouverture de deux bureaux à Djibo et Fada N’Gourma. Peut-on en savoir davantage sur ce projet ?
LS : Cette situation répond à la question de la proximité du CICR. La proximité avec les populations affectées par la crise nous a amenés à ouvrir effectivement ces deux structures à Djibo et Fada N’Gourma et également à Ouahigouya. Les trois structures nous permettent de rayonner dans ces trois régions qui sont les plus affectées par l’insécurité.
L’objectif de transformation d’une mission en délégation, c’est de gagner en autonomie. Ça veut dire de l’agilité au niveau de réponse et aussi une capacité d’augmenter notre dispositif. En particulier en ce qui concerne les personnes déplacées, l’accroissement des besoins a été exponentiel ces dernières années. Le CICR tient à être un acteur humanitaire pertinent, présent. Si on veut que les personnes affectées par les conflits et les situations de violences soient au centre de notre intervention, évidemment il faut être sérieux. Il faut se doter des moyens nécessaires. Raison pour laquelle au Burkina Faso et dans le reste de la région du Sahel le CICR augmente ses moyens pour améliorer sa réponse.
RB : Quelles sont les difficultés rencontrées dans l’accès humanitaire ?
LS : La difficulté principale, je dirais, est qu’on ne peut pas être partout alors que géographiquement les besoins sont partout. Donc il y a une nécessité de coopération et de coordination avec d’autres acteurs humanitaires. Les défis principaux en termes d’accès, c’est de s’assurer que le niveau de risque que nous devons possiblement prendre pour accéder aux personnes affectées par la situation est acceptable dans la mesure où, en tant que chef de la Délégation du CICR, je n’ai évidemment aucun intérêt à ce que mes collègues qui vont directement assister ou protéger ces personnes soient eux-mêmes affectés par la situation de violence. Donc il est important pour nous que les parties en conflit, les acteurs de violences sachent avec précision qui on est, quelle est notre mission afin qu’il n’y ait pas de confusion sur notre rôle. Les principes humanitaires que sont la neutralité, l’indépendance, l’impartialité, c’est vraiment primordial que le CICR ait la possibilité d’accéder aux personnes qui sont le plus dans le besoin.
Evidemment lorsqu’on regarde les zones reculées comme le Soum, le Lorum ou d’autres parties du Sahel et de l’Est, la tâche est ardue et consiste justement à s’assurer que l’environnement sécuritaire nous permet de mettre en œuvre nos activités de manière sécurisée.
Le général Pascal Facon, commandant de la force Barkhane, a déploré le jeudi 9 juillet que la branche sahélienne du groupe État islamique ait recours à des « enfants-soldats endoctrinés et entraînés » qui se retrouvent exposés aux opérations militaires françaises. « Cette exploitation abjecte nous met en difficulté dans le cadre de nos opérations », a-t-il souligné. Pour cerner les différents contours de cette question, Radars Info Burkina a pris contact, tour à tour, avec Philippe Chapleau, écrivain et journaliste français, spécialiste des questions de défense, et Mahamoudou Sawadogo, ancien gendarme et spécialiste de l'extrémisme violent dans le Sahel.
Philippe Chapleau est l’auteur du livre Enfants-Soldats, victimes ou criminels de guerre ? paru en 2007. Pour lui, cette déclaration du général Facon est assez surprenante. « Dès le lancement de l’opération Serval en janvier 2013, il est apparu que des mineurs combattaient dans les rangs des groupes armés. Certains de ces enfants ont été tués lors des combats dans le massif des Ifoghas, par exemple, quelques autres ont été capturés. Donc il y a des antécédents », affirme-t-il.
En revanche, il y a peut-être une recrudescence des recrutements d’enfants-soldats par les groupes armés sahéliens, ce qui ne serait absolument pas surprenant. Le général Facon a dû recevoir des rapports des services de renseignements qui confirment ce que les troupes africaines et françaises ont dû constater lors des affrontements récents », a-t-il indiqué.
Il a en outre déclaré que les raisons de ces recrutements sont multiples. « Problème d’effectifs des Groupes armés terroristes (GAT) qui enrôlent des mineurs, adhésion de jeunes désœuvrés et démunis dans les rangs de ces groupes où ils sont nourris et certainement payés, recrutements forcés de jeunes garçons », a précisé M. Chapleau.
Mais quelles peuvent être les éventuelles conséquences de cette situation dans la poursuite des actions militaires françaises au Sahel ?
«L’armée française a déjà été confrontée à des enfants-soldats, par exemple lors de l’opération Artémis en Ituri (dans l’est de la RDC) en 2003. Il y a donc des consignes et des procédures qui ont été mises en place pour tenter d’épargner ces enfants que le droit international humanitaire protège. Par exemple, s’ils sont capturés, ils sont remis à des ONG comme la Croix-Rouge », a-t-il expliqué.
«En revanche, il reste difficile dans les phases de combat de discriminer les enfants-soldats des combattants adultes et de neutraliser sans les blesser ou les tuer des assaillants mineurs. Toutes les armées ne prennent pas nécessairement en compte l’âge de ceux qui les combattent. En France, l’âge de l’ennemi (lorsque l’on peut le connaître ou l’estimer) est pris en compte, même si ce paramètre complique les formes de combat au risque même de faire annuler certaines frappes ou actions. Je ne pense donc pas qu’il y aura des conséquences sur les modes opératoires de la force Barkhane », a poursuivi le spécialiste des questions de défense.
Mais de l’avis de Mahamoudou Sawadogo, ce n’est pas évident que nos armées nationales prennent nécessairement en compte l’âge de ceux qui les combattent. « Etant donné qu’ils ne sont pas en position de force et sont plutôt dans la défense, ils n’ont vraiment pas le discernement nécessaire pour le faire pendant les combats », a-t-il analysé. Cette situation explique-t-elle la réticence de certains pays européens à s’engager dans la force Takuba ?
«Sur certains théâtres d’opérations, en particulier en Afrique mais aussi au Moyen-Orient, il existe toujours un risque d’être confronté à des combattants mineurs. Les forces américaines en ont fait l’expérience en Irak. Les armées des pays européens qui s’engagent ou hésitent à s’engager dans Takuba doivent connaître ce paramètre. Et je suis sûr qu’ils le connaissent. S’il y a des réticences, elles tiennent davantage à la crainte des opinions publiques de voir les troupes nationales engagées dans des opérations sans fin. Des opérations qui peuvent s’avérer coûteuses aussi en termes politiques. D’où le refus de certains gouvernements et de certains Etats de s’engager dans cette force alliée au Mali », a conclu Philippe Chapleau.
Quand tirer sur un enfant-soldat ? Lorsqu’en opération les militaires devront choisir entre tuer ou être tués. En 2017, le Canada a été le premier pays à avoir doté ses militaires d’un guide pour faire face aux enfants-soldats sur les champs de bataille. Pour l’auteur Philippe Chapleau, « l’enfant-soldat est une réalité incontournable de la guerre contemporaine et un défi à la formation et à l’éthique ».
L’Assemblée nationale a remis le mercredi 8 juillet 2020 au président du Faso un rapport de 19 recommandations. Au nombre de celles-ci figure le report des élections législatives d’un an pour « des raisons d’insécurité, de représentativité et de légitimité ». Mais du côté de la classe politique ainsi que des organisations de la société civile, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre un éventuel « lenga », c’est-à-dire toute prolongation du mandat des députés. Pour s’enquérir de l’appréciation du citoyen lambda de ce projet de découplage des échéances électorales à venir, Radars Info Burkina a promené son micro dans la ville de Ouagadougou. Lisez plutôt.
Hamado Compaoré, sexagénaire, a affirmé sans détour ceci à propos du projet de prolongation de la mandature des élus nationaux : « Nous n’allons pas accepter cette recommandation des députés. Le 22 novembre prochain, il est prévu des élections couplées. Pourquoi vouloir dissocier les législatives des autres échéances électorales ? Dans ce cas, pourquoi ne pas reporter l’élection présidentielle également ? Ce serait plus logique ! De toute façon, le 22 novembre, c’est presque arrivé donc il faut s’en tenir au couplage des élections.»
« Ce n’est pas dans l’intérêt du peuple que nos parlementaires ont fait cette recommandation, c’est dans leur seul intérêt. Beaucoup d’entre eux espèrent pouvoir ainsi achever leurs chantiers si cette prolongation d’une année est validée. S’ils étaient sincères, vu la situation d’insécurité du pays ils auraient démissionné. S’ils savent ce qu’est la honte, ils doivent renoncer à ce projet de prolongation de la durée de leur mandat. Personnellement, je pense que c’est un plan du parti au pouvoir d’autant plus qu’à l’Assemblée nationale, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) est majoritaire. Si d’aventure au soir du 22 novembre Roch Kaboré perdait le pouvoir, ce serait la désolation totale pour eux. C’est pourquoi ils veulent qu’on aille d’abord à la présidentielle. Ainsi si le président Kaboré n’est pas réélu, son successeur devra dissoudre l’AN ; autrement il ne pourra pas diriger. Donc leur plan, à mon avis, c’est que même si Roch n’est pas réélu le MPP puisse rester aux affaires», analyse pour sa part Madi RCK, couturier.
Salif Ouédraogo, qui est en train de faire des achats au bord de la voie, nous lance : « Ce n’est pas normal. Ils n’ont même pas droit à un mois de plus à l’hémicycle ». « Qu’est-ce qui prouve que dans une année la crise sécuritaire sera terminée ? Il faut la tenue des élections couplées. Ou alors on n’organise aucune élection», estime, quant à lui, Mahamadi.
Aly Bilgo, attablé dans un restaurant où il prend son déjeuner avec des camarades, martèle : «Ils (NDLR : les députés) devront partir à la fin de leur mandat. Eux-mêmes savent qu’une prolongation n’est pas possible. Nous ne voulons pas qu’ils fassent un seul jour de plus à la fin de leur mandat. Ils vont partir et nous allons désigner, par le truchement des élections, ceux que nous voulons qu’ils les remplacent à l’hémicycle».
Quant à M. Traoré, il adhère à ce projet de découplage des élections. « C’est mieux de reporter les législatives en ce sens que dans certaines localités si les maires n’ont pas fui à cause de l’insécurité, ils sont morts. Donc ce serait très important de pacifier ces zones et permettre le retour des déplacés avant la tenue des législatives », argumente-t-il.
«Je suis favorable à cette proposition de l’AN. C’est la situation d’insécurité qui commande cela. Effectivement, il y a des localités où on ne peut plus mettre pied. Il faut voir la réalité en face. Si les législatives se tiennent à la même date que la présidentielle, l’opposition politique dira par la suite qu’il n’y a pas de représentativité. Les gens doivent se rappeler que le système de couplage des élections est récent », soutient un autre citoyen, M. Dianda.