Le E-commerce est un système qui permet d’échanger des biens, des services ou de l’information par le truchement d’une plateforme électronique, en général Internet. Le paiement se fait par voie mobile, par virement bancaire ou en espèces à la livraison. Au Burkina Faso, il existe plusieurs sites dédiés au commerce en ligne. Radars Info Burkina a pris langue avec Maxime Da, directeur des expertises techniques et de contrôle à la Commission de l’informatique et des libertés (CIL), et Bantida Samire Yoni, commandant de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC), pour savoir la procédure en la matière et les risques éventuels dans la pratique.
La CIL est investie d’une mission générale d’information des personnes de leurs droits et de leurs obligations en matière de traitement de données personnelles. La régulation du traitement des données personnelles fait également partie de ses attributions. « La régulation du traitement consiste à faire en sorte que les personnes morales, notamment les responsables des structures qui veulent mettre en place des bases de données qui portent sur des collectes de données personnelles, viennent les déclarer auprès de la CIL. Lorsque la déclaration est faite, les équipes techniques de la CIL apprécient la conformité du traitement qui en est fait avec les dispositions de la loi », a précisé Maxime Da. La CIL accompagne les structures de retraitement de données, y compris les structures de E-commerce, pour s’assurer que la collecte de données personnelles est conforme aux principes édictés et que la garantie de sécurité mise sur la plateforme est réelle. Selon M. Da, beaucoup de sites existent sans déclaration.
Vient ensuite la mission de contrôle de l’effectivité de la mise en œuvre de ce traitement. A ce propos, il y a le contrôle en ligne et le contrôle inopiné ou programmé. En matière de gestion des plaintes, selon lui, la CIL procède souvent par l’audition du responsable de traitement de données personnelles. Le directeur des expertises techniques et de contrôle de la Commission avoue cependant qu’elle n’a pas de pouvoir d’investigation.
« Le business qui se fait sur les réseaux sociaux est différent de celui sur les sites développés spécifiquement en tant que plateformes de E-Commerce. Donc c’est beaucoup plus sérieux de faire des transactions sur les dernières citées. Il y a eu des cas où des gens ont vu des articles sur des pages de réseaux sociaux, ont passé commande et, malheureusement, se sont fait gruger. Ceux qui achètent des articles sur les réseaux sociaux doivent savoir qu’ils le font à leurs risques et périls, même s’il convient de souligner qu’il y a aussi des vendeurs sur lesdits réseaux qui sont de bonne foi », a ajouté Maxime Da.
Bantida Samire Yoni, commandant de ladite brigade, affirme que la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) enregistre plusieurs cas d’infractions liées au E-commerce pour le cas du Burkina Faso.
« 80% des structures qui offrent des services de E-commerce le font par les réseaux sociaux. C’est à ce niveau que les problèmes se posent. Nous avons des situations où des personnes reproduisent des pages de certaines structures sur les réseaux sociaux. Des clients font donc des commandes de produits, mais ils ne seront jamais livrés. D’autres personnes créent des pages fictives de vente en ligne d’articles avec des offres alléchantes et beaucoup d’internautes tombent malheureusement dans leur piège. Sur notre page Facebook, des gens grugés nous exposent des situations de ce genre dont ils ont été victimes. Nous les invitions alors à venir dans notre service pour mieux formaliser leur plainte », a-t-il détaillé.
En matière d’investigations, la BCLCC a déjà procédé à des arrestations. « Des malfrats ont été déférés au parquet et d’autres enquêtes sont toujours en cours. Certains malfrats s’y connaissent en matière d’arnaque de ce type, donc il y a des cas assez complexes à traiter », a précisé M. Yoni, qui donne le conseil suivant aux internautes : « Il faut que les gens sachent que la confiance à 100% n’existe pas. Tant qu’on n’a pas reçu la marchandise, on ne doit pas se risquer à payer. Le E-commerce a de l’avenir au Burkina mais il y a un vide : il s’agit de l’absence d’un tiers de confiance dans le processus de E-commerce. Il faut une personne tierce de confiance (NDLR : Une sorte d’intermédiaire entre les deux) qui sera le garant entre le client et le vendeur. En attendant, nous conseillons aux clients de n’effecteur le paiement que s’ils ont la marchandise commandée entre les mains. »
Aly Tinto