dimanche 13 octobre 2024

grv uneAprès avoir suspendu ses activités à cause des décisions gouvernementales relatives à la lutte contre la COVID-19, la coalition syndicale a tenu une assemblée générale le jeudi 18 juin 2020 dans la soirée à la Bourse du travail. A l’issue de cette AG, les syndicats ont annoncé la tenue d’un meeting le samedi 4 juillet 2020 sur l’ensemble du territoire national et lancé un mot d’ordre de grève de 48h, du mercredi 8 au jeudi 9 juillet 2020, sur l’ensemble du territoire national pour réclamer la satisfaction de leur plateforme revendicative.

Dans l’après-midi du 18 juin, les travailleurs ont pris d’assaut la cour de la Bourse du travail. Un militant martelait des slogans sur le podium et l’artiste musicien Almamy Kj aussi prestait. Ils ont ainsi tenu le public en haleine jusqu’à la sortie des premiers responsables des mouvements syndicaux.

Selon les termes même de Bassolma Bazié, porte-parole de la coalition syndicale, à un moment donné la COVID-19 a été utilisée comme une enveloppe forestière dans laquelle le gouvernement s’est englué pour taper sur le mouvement démocratique. « Suspension des salaires de femmes, même en congé de maternité, affectations de journalistes même décédés, convocation de journalistes dans des centres de sécurité et gendarmerie ; pour tout cela, nous avons estimé qu’il était essentiel qu’on ressorte. On n’avait pas déposé nos armes, mais au vu du fait qu’il fallait compatir avec l’ensemble des populations, il fallait trouver des stratégies pour rester au front sans pour autant ajouter un certain niveau de douleur », a-t-il soutenu.

grv 2Par conséquent « le samedi 4 juillet 2020 matin nous allons doser sur l’ensemble du territoire le niveau de mobilisation des travailleurs et les mercredi 8 et jeudi 9 juillet, nous allons engager une grève dans l’ensemble des secteurs. Par la suite, nous allons voir les autres actions qu’il faudra poser de part et d’autre pour que ce mouvement connaisse une réussite totale », a déclaré le porte-parole de la coalition.

Quant à Souleymane Badiel, secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER), il est revenu sur la « répression abattue sur les travailleurs engagés dans la lutte au sein de la coalition et les mesures prises par la coalition pour faire face à cette répression ».

grv 3A l’en croire, la suspension de salaires a concerné deux ministères, à savoir celui de l’Education nationale et celui de l’Economie et des Finances dans des proportions différentes. « Au ministère de l’Economie, les responsables, par la suite, ont indiqué que l’opération a été une erreur et la situation a été corrigée.  Par contre en ce qui concerne le ministère de l’Education, nous avons fait appel à la générosité de notre peuple, de nos militants pour pouvoir accompagner les camarades touchées par lesdites suspensions. Nous avons pris en charge en fin mars 727 travailleurs et 23 autres en fin avril. Le nombre total de travailleurs pris en charge est de 740, rien que dans ce ministère. Comme accompagnement, à la date de 26 mai nous étions à 73 800 000 francs CFA », a expliqué Souleymane Badiel.

Pour ce qui concerne la révocation des trois agents du ministère de l’Economie, M. Badiel a martelé que « le traitement politique du dossier est inacceptable ».    Selon Bassolma Bazié, chacun sera rattrapé par ses actes. « Nous lançons un appel au gouvernement en disant qu’il y a eu des dizaines de gouvernements qui se sont succédé dans notre pays mais ils n’ont jamais pu mettre le mouvement syndical à genoux. Donc si quelqu’un vient de parachuter à un poste de responsabilité et qu’il n’a pas une capacité politique d’analyse de notre histoire, qu’il se ressaisisse parce que chacun sera rattrapé par ses actes. Tous ceux qui signent des actes de révocations, d’affectations, un moment viendra où, individuellement ou collectivement, chacun d’eux va répondre. Nous sommes sereins», a-t-il affirmé.

En rappel, la coalition syndicale a déposé un préavis de grève auprès du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, lequel porte sur des exigences comme « l’arrêt du pillage du patrimoine national, le respect des libertés, la question de la vie chère avec l’annulation du prélèvement de l'Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) sur les primes et indemnités des travailleurs et la bonne gouvernance au Burkina ».

Aly Tinto  

tek uneLe mercredi 17 juin 2020, a été célébrée la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse. Beaucoup de terres agricoles au Sahel sont affectées par la désertification. Cette dégradation des sols impacte grandement les rendements agricoles.  Pour faire face à cette situation, des techniques sont développées. C’est le cas du tapis herbacé. Pour connaître davantage cette technique, Radars Info Burkina a pris langue avec Oumarou Ouédraogo, dit Roba, technicien dans le domaine de la Conservation des eaux et des sols et l’agroforesterie (CES/AGF) de la Fédération nationale des groupements Naam (FNGN).

Selon Oumarou Ouédraogo, dans la région du Nord, le tapis herbacé est une initiative de feu Dr Bernard Lédéa Ouédraogo, fondateur des Groupements Naam, qui, après avoir fait des constats sur tous les différents sites dégradés, a proposé plusieurs techniques agricoles parmi lesquelles le tapis herbacé. Le premier chantier pour mettre cette technique en application s’est réalisé en 1987 dans la commune de Namissiguima, précisément dans le village de Noogo.

En quoi consiste cette technique ? «Le tapis herbacé est une des techniques de récupération des terres totalement dégradées et dénudées. Pour son application, il y a plusieurs techniques combinées. C’est un système mécanique et végétal. On fait d’abord des ouvrages mécaniques, c’est-à-dire la confection  de cordons pierreux sur le sol à récupérer pour lutter contre l’érosion hydrique. tek 2Après cette opération, on casse la croûte de terre à la surface via un outil mécanique : à l’aide d’une sous-soleuse, par attraction animale ou encore avec un tracteur. Une fois que cette opération est terminée, on sème les graines d’herbes locales dans les raies de sous-solage. Ensuite, on attend  l’approche de l’hivernage pour planter des espèces d’arbres de la localité, généralement des épineux, sur les alignements cordons pierreux.  Les herbacés vont partir en hauteur pour constituer un couvert végétal pour la partie dénudée. Les espèces d’arbres plantées  contribuent à la régénération des sols. Une fois que ces arbres sont en hauteur, ils luttent également contre l’érosion éolienne », a expliqué le technicien CES/AGF.

Cette technique permet donc entre autres : une diminution de la force d’écoulement des eaux de pluie, donc une disparition progressive de l’érosion, d’alimenter la nappe phréatique et une reconstitution du sol. « Au bout de deux ou trois ans, étant donné que le sol est devenu riche, le paysan peut exploiter le site par une production céréalière ou de fourrage pour le bétail.  Non loin de ces sites, il y a la possibilité d’avoir des ouvrages hydrauliques. Cela favorise une augmentation des rendements », a affirmé M. Ouédraogo, qui a précisé que la FNGN dispose d’importants stocks de semences d’herbes, surtout de l’Andropogon gayanus.

S’agissant de la vulgarisation de cette technique à la FNGN, il faut dire qu’à la sortie de chaque campagne il y a des rencontres dans les villages pour des programmes  d’aménagement CES/AGF. « L’expression des besoins émane de la base et c’est nous, les techniciens et les animateurs, qui les aidons à trouver la démarche et les mécanismes appropriés », a-t-il ajouté.  

Dans les quatre provinces de la région du Nord, il y a eu des aménagements en la matière. « On a au minimum 1 400 hectares de terres récupérées par cette technique. La technique se poursuit avec actuellement des moyens limités. En effet, les producteurs qui ont toujours des portions de terres dénudées réalisent la technique par traction animale. Par le passé, un projet nous a soutenus pour le sous-solage à travers un tracteur. Ce qui fait qu’on engrangeait beaucoup plus de superficies. A présent, cela se fait par traction animale », a conclu Oumarou Ouédraogo, dit Roba.

Aly Tinto

    

lkm une15 juin 2019-15 juin 2020 : l’Appel de Manéga a 1 an. Les initiateurs ont fait une halte pour faire le point afin d’entamer les prochaines étapes. Lockmann Sawadogo, à travers cette interview qu’il a bien voulu accorder à Radars Infos Burkina, nous livre sa lecture, une année après l’Appel de Manéga, des prochaines étapes, la commémoration passée.

RB : Quelle est la prochaine étape ?

LS : La commémoration finie, nous allons passer à la structuration de l’ « Appel de Manéga » avec l’installation des » tuteurs de l’Appel de Manéga ». Parce que c’est avec ces tuteurs que nous comptons atteindre les masses. Nous, on veut que ce soit un mouvement de conscience. Que les gens comprennent la nécessité du vivre-ensemble. Qu’ils comprennent que l’Etat est menacé. La prochaine étape va consister à chercher des partenariats. Il y a certains qui se sont déjà annoncés. 

RB : Est-ce que vous pouvez revenir sur les motivations qui vous ont amenés à choisir ce thème pour l’an 1 de « l’Appel de Manéga » ?

LS : Le thème de cette commémoration est : « Construire les modèles endogènes pour pacifier et réconcilier », parce que la question de la paix et de la réconciliation repose d’abord sur le bon vouloir, le savoir-faire et le vouloir faire de l’être sur la culture des uns et des autres. lkm 2Nous sommes dans un espace, un milieu où il y a des valeurs de réconciliation et de pacification qui sont surtout endogènes. Il y a, par exemple, l’alliance par le mariage, la parenté à plaisanterie et les pactes qui existent entre les communautés. Ce sont des valeurs qu’il faut réveiller. Certaines sont plus connues, d’autres oubliées. Par exemple, entre le royaume de Boussouma et celui de Ouagadougou, il y a un pacte de paix pour la simple raison que ce sont les deux royaumes qui se sont le plus combattus dans le passé. Chez les Mossis, on parle de « Wemba » mais à Bobo-Dioulasso on parle de « Guimbi Ouattara » qui a été un précurseur de la paix. A Bobo-Dioulasso, l’étranger est chez lui et on lui donne à manger. Ce sont des valeurs endogènes qu’il faut essayer de faire ressortir. Vous verrez que si on le fait, les distanciations ou les différences culturelles, politiques et sociales vont disparaître parce qu’il y a quelque chose de plus fondamental. On a pris l’exemple de Kaya et de Manga qui ont construit un modèle à partir de la parenté à plaisanterie après 32 ans de conflit de différend. Les gens de Manga et de Kaya ne se mariaient pas entre eux. Chaque fois qu’ils se rencontraient, ils changeaient d’identité pour éviter l’hostilité. 32 ans après, ils se sont réconciliés en instituant la parenté à plaisanterie qui n’existait pas entre les deux communautés. C’est un modèle qu’on peut dupliquer ailleurs.

RB : Pourquoi avez-vous misé sur la parenté à plaisanterie comme mécanisme de réconciliation endogène ?

LS : La parenté à plaisanterie a l’avantage d’être transversale et pratiquée partout au Burkina Faso. Par exemple, entre les Bissas du Centre-Est et les Gourounsi du Centre-Ouest, la parenté à plaisanterie existe, bien que ce soient des aires géographiques différentes. Idem entre les Samo dans le Sourou et les Mossis au Plateau central. Comment se fait-il que malgré la distance, il y ait toujours un lien entre ces communautés ? Imaginez qu’on arrive à créer une dynamique avec la parenté à plaisanterie et qu’on l’institutionnalise, qu’on trouve des moyens de la formaliser dans des textes de la loi ! Ce serait un autre texte à côté de la Constitution.

Propos recueillis par Obissa

rattach uneDepuis un certain temps, des voix s’élèvent parmi les artisans pour protester contre un projet de rattachement des villages artisanaux au Salon international de l'artisanat de Ouagadougou (SIAO). Radars Info Burkina s’est rendu au village artisanal de Ouagadougou pour rencontrer des artisans afin d’en savoir davantage sur cette question qui oppose ces derniers à leur ministère de tutelle, celui du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat (MCIA).

Moussa Tapsoba, artiste bronzier, est en activité dans son atelier. Selon lui, la Chambre des métiers de l'artisanat du Burkina Faso (CMA-BF), lors d’une conférence de presse, leur a fait cas d’un projet de rattachement des villages artisanaux au SIAO. « C’est une initiative à laquelle nous n’adhérons pas. Jusqu’à présent nous ne sommes pas d’accord. Selon elles (Ndlr : les autorités), les villages artisanaux ne prospèrent plus comme avant. Cette situation se manifeste par le manque de moyens financiers. Si l’Etat mettait les moyens à la disposition de la CEMA-BF, elle pourrait nous accompagner dans tous les sens. En plus, l’Etat n’honore pas les subventions à l’endroit de l’administration, ce qui est vraiment difficile pour nous. En plus, le SIAO se tient tous les deux ans et regorge d’artisans internationaux. Etant les acteurs principaux, nous sommes au village à tout moment pour l’exposition et le travail. Si on nous rattache au SIAO, en dehors de l’évènement, qu’est-ce que nous, les artisans, allons devenir ? S’il y a rattachement, il faudra nous laisser avec notre maison mère », a expliqué Moussa Tapsoba.

rattach 2Salfo Bonkoungou est artiste modeleur-fondeur. Pour lui, ce projet n’est pas la meilleure solution. « Le SIAO est un évènement international, alors que les villages artisanaux évoluent au niveau national », a-t-il soutenu.

Selon M. Tapsoba le premier responsable de leur ministère de tutelle n’a pas essayé de convoquer les artisans et la CMA-BF pour une discussion afin de trouver un terrain d’entente. « Depuis que notre ministre de tutelle a pris fonction, il n’est jamais venu au village artisanal s’enquérir de la situation que nous vivons ici. Au lieu que nos autorités nous soutiennent moralement et économiquement dans ce contexte difficile de COVID19, elles sont en train de nous casser le moral. On n’est pas du tout content.  J’aimerais que le ministre fasse tout pour nous réunir pour qu’ensemble, nous trouvions une solution définitive à la question », a-t-il martelé. 

rattach 3Le premier responsable de l’administration du village artisanal n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet « pour le moment ». Selon nos informations, tout est parti de la circulaire du Premier ministre portant réduction du train de vie de l’Etat. « Dans le souci de réduire le train de vie de l’Etat, le gouvernement a entrepris plusieurs actions dont celles édictées dans la circulaire N°2019-069 PM-17 octobre 2019. Dans le sens de poursuivre les autres réformes identifiées en la matière, je vous invite à entreprendre toutes les initiatives devant conduire à la rationalisation du nombre de structures publiques, notamment le nombre d’Etablissements publics de l’Etat (EPE) relevant de la tutelle technique de votre département ministériel », lit-on dans la circulaire du 29 novembre 2019.

La première mesure est la suppression ou la rationalisation des structures administratives par le regroupement de celles ayant des missions similaires pour une réduction des charges. « Au regard de la circulaire, les villages artisanaux ne sont pas concernés puisqu’ils n’ont pas de statut. Les villages artisanaux ne sont pas des EPE. Pourquoi ne pas rattacher les artisans à leur maison mère au lieu d’un événementiel ? Ce sont les artisans qui ont fait créer le SIAO. Au lieu de lier le marché à la production, on veut lier la production au marché. En quoi l’Etat nous prend en charge ? » s’est interrogée une source au sein de l’administration du village artisanal.

Du côté du ministère, on nous fait savoir que le ministre Harouna Kaboré a reçu le vendredi 12 juin 2020 le personnel du village artisanal.

« Au cours de la rencontre, le ministre a rappelé l'objectif principal de la réforme des villages artisanaux qui est de les doter d’un statut juridique. Il a rassuré l'ensemble du personnel que leurs intérêts seront préservés», peut-on lire dans le résumé disponible sur la page du ministère.

Aly Tinto

mangoro uneDes mangues à perte de vue aux abords de certaines rues de Ouagadougou. C’est la saison des mangues actuellement au Burkina Faso et la campagne 2020 de ce fruit est marquée par la faible production et la pandémie de COVID-19. Radars Info Burkina a contacté Paul Ouédraogo, président de l’Association interprofessionnelle de la filière mangue du Burkina (APROMAB), pour se faire une idée de l’organisation des acteurs de cette filière, de la transformation ainsi que de l’exportation de la production.

 

Selon Paul Ouédraogo, la filière mangue remonte aux années coloniales mais a connu son plein épanouissement il y a une seulement une vingtaine d’années avec la transformation par le séchage et avec l’exportation.

L’APROMAB a été créée en 2006 et regroupe trois maillons qui sont : la production, la transformation et la commercialisation.

En ce qui concerne les zones à fort rendement, elles sont localisées dans les Hauts-Bassins et les Cascades. « Par ordre de primauté de rendement, on peut citer les provinces du Kénédougou, du Houet, de la Léraba et de la Comoé. Il y a  d’autres zones qui sont Koudougou, Réo, Léo et Sapouy », a précisé le président de l’APROMAB.

S’agissant du maillon commercialisation, il y a 14 exportateurs internationaux qui se répartissent le marché de l’exportation à travers 6 centres de conditionnement (réception, traitement et emballage). C’est à travers ces centres qu’on peut exporter les mangues, selon la clientèle et la destination. Ces produits sont exportés dans des containers frigorifiques.

« La transformation au niveau national se fait à trois niveaux qui sont : les unités de séchage, de transformation en purée et de transformation en jus. Les unités de séchage et de transformation en jus sont les plus répandues. On en compte une centaine », a fait savoir M. Ouédraogo.

mangoro 2Pour ce qui est des retombées économiques, elles sont de plusieurs ordres. « Il y a l’aspect financier avec les exportations et la vente locale ainsi que la vente au niveau sous-régional (Ghana, Niger, Côte d’Ivoire) et ensuite à l’international (Europe, Etats-Unis et Asie). Les spécialistes des calculs de ces devises estiment cet impact financier à 16 ou 20 milliards de francs CFA. Ce qui est vendu localement n’est pas, pour le moment, quantifié en termes financiers mais économiquement nous savons que c’est important. En plus de l’aspect économique, il y a celui nutritionnel qui est important dans la production de la mangue », a-t-il indiqué.

En termes de difficultés, « il y a une dizaine d’années s’est développée la mouche de fruit qui est un fléau qui attaque chaque année et qui précipite un peu la fin des campagnes. Elle intervient quand la pluie commence à tomber. Elle est invasive et peut faire perdre la totalité d’une production d’un verger. Nous avons des moyens de lutte mais lorsque le phénomène démarre, c’est un peu difficile de l’endiguer », a expliqué Paul Ouédraogo.

Autre difficulté, c’est comment réorganiser le marché national pour déterminer et quantifier les mangues vendues. « Il faut répertorier le verger national. Nous l’avons fait en 2011 et il y avait 33 000 hectares avec 15 000 producteurs pour une production estimée à 300 000 tonnes », a-t-il avancé.

Pour lui, les perspectives sont liées en même temps à la résolution des contraintes ci-dessus citées. « Tout récemment, le maillon commercialisation, avec l’appui des autorités, a facilité l’atterrissage d’avions-cargos à Bobo-Dioulasso pour une exportation de mangues en Allemagne. C’est une nouveauté, c’est extraordinaire. Il a fallu la COVID 19 pour envisager cette solution alors qu’elle aurait dû être proposée en temps de paix », a dit, pour terminer, le premier responsable de l’APROMAB.

Aly Tinto

lial uneAprès six mois de mise en œuvre de la gratuité des soins et services de planification familiale dans deux régions pilotes, le Conseil des ministres du 3 juin a décidé d’étendre cette gratuité à l'ensemble des régions du Burkina Faso. Youssouf Ba, chargé de communication et de plaidoyer à l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF), et Marceline Tou, coordonnatrice régionale des associations féminines du Centre, donnent dans les lignes qui suivent leur appréciation de cette décision gouvernementale.

« L’ABBEF est satisfaite de cette gratuité de la planification familiale. En tant qu’acteur intervenant dans le domaine de la santé de la reproduction et de la planification familiale, cela faisait partie de notre plaidoyer auprès du gouvernement.   Que le gouvernement étende cette mesure de gratuité à l’ensemble du pays ne peut donc que nous réjouir. C’est pourquoi nous saluons cette décision. Le gouvernement va investir 6 milliards F CFA par an pour supporter cette gratuité qui vient en complément à la gratuité des soins au profit des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans. C’est donc le lieu pour nous de saluer le gouvernement et ses partenaires. Grâce à cet effort et à d’autres politiques, nous devrions pouvoir capturer le dividende démographique, ce qui va nous permettre véritablement d’enclencher notre développement économique et social », se réjouit Youssouf Ba.

Marceline Tou également était « très émue » quand elle a appris cette « très bonne décision »lial 3« Cela va aider un tant soit peu les femmes du Burkina Faso en matière de santé de la reproduction », a-t-elle affirmé. Selon elle, les moyens financiers nécessaires pour avoir accès à la planification familiale étaient une barrière majeure. « La pauvreté touche beaucoup plus les femmes », a déclaré la coordonnatrice régionale des associations féminines du Centre.

« Il y a quelques années, le gouvernement avait pris la décision de réduire de 50% le coût des services liés à la planification familiale. Nous avions salué cette décision. Mais nonobstant cela, il faut reconnaître que la barrière financière était toujours une préoccupation de certaines couches de la population. Naturellement, cela pourrait être un frein à l’accès de ces couches aux services de planification familiale. Avec cette décision gouvernementale, la barrière financière est ainsi levée et de nombreuses femmes pourront avoir accès à la planification familiale », a expliqué le chargé de communication et de plaidoyer à l’ABBEF.

lial 2A l’en croire, ce n’est pas seulement la barrière financière qui limite l’accès des femmes aux services de planification familiale. « Il y a un certain nombre de pesanteurs socioculturelles qui font que certaines familles n’ont pas accès aux services de planification familiale. Il y a des rumeurs sur la planification familiale. Dans certains contextes, la femme n’a pas le droit de décider par exemple de l’espacement des naissances. C’est l’homme qui en décide. En plus, les rumeurs ont un impact. Selon lesdites rumeurs, la planification conduit à des malformations, à la stérilité et peut amener des femmes à avoir des monstres. Or, il n’en est absolument rien », a soutenu M. Ba.

D’où la nécessité de continuer la sensibilisation et, surtout, de travailler à dissiper les rumeurs infondées. « Cette sensibilisation ne doit pas concerner les femmes uniquement. Il faut sensibiliser également les hommes pour un changement de comportement en la matière », a souligné Mme Tou.

« S’agissant des aspects positifs de la planification familiale, il faut dire qu’elle a beaucoup d’avantages sur les plans économique et social non seulement pour la famille nucléaire mais pour la communauté entière et le pays », a conclu Youssouf Ba.

 Aly Tinto

smenc uneDepuis quelques jours, certaines localités du Burkina Faso ont reçu leurs premières pluies, signe de l’installation de la saison agricole. Après avoir labouré son champ, le paysan a le choix entre les semences améliorées et celles traditionnelles pour effectuer les semis. Suite à l’article sur les semences améliorées,  Radars Info Burkina a approché l’Association pour la protection de la nature au Sahel (APN-Sahel), qui lutte pour la sauvegarde des semences traditionnelles. Selon Richard Minougou, coordonnateur de l’APN-Sahel, la semence relève de la souveraineté du paysan et il n’y a pas de sécurité semencière ni alimentaire quand on est dépendant d’une source extérieure.

« Pour nous, acteurs de l’agroécologie paysanne, les semences paysannes comprennent à la fois les semences traditionnelles et celles locales ainsi que les nouvelles semences développées par les paysans à travers la sélection ou d'autres méthodes de sélection et qui sont adaptées, cultivées et entretenues localement. Ce sont les paysans qui ont le pouvoir et le contrôle sur la production, l'épargne, la réutilisation et l'échange libre de ces semences paysannes », a expliqué dans un premier temps Richard Minougou.

Selon lui, plus de 85% des agriculteurs en Afrique utilisent les semences paysannes. Depuis une trentaine d’années, APN-Sahel travaille avec les communautés et d’autres acteurs à la sauvegarde et à la valorisation des semences paysannes. smenc 2La raison principale en est que « les semences paysannes sont aujourd’hui menacées par les politiques agricoles nationales qui privilégient le système semencier formel (semences améliorées, hybrides et OGM), la biopiraterie, qui est l’une des pires formes de menaces pour les variétés traditionnelles de semences, et le changement climatique », a soutenu le coordonnateur de l’APN-Sahel.

Mais ceux qui prônent l’utilisation des variétés hybrides F1 attestent qu’elles sont  une réponse à l’insécurité alimentaire due au changement climatique.

«Les semences séculaires sont résilientes et se sont toujours adaptées à leurs contextes agroécologiques depuis des millénaires. Elles répondent au mieux aux besoins des communautés qui en sont les propriétaires et libres d’échange. Si vous n’avez pas d’argent, vous ne pouvez pas accéder aux variétés hybrides, et si les conditions climatiques changent vous devez aussi changer de variétés. Dans certains cas, vous devez toujours retourner à la boutique pour acquérir ces semences. Il n’y a pas de sécurité semencière ni alimentaire si on est dépendant d’une source extérieure. Nous allons plus loin, car la semence relève de la souveraineté du paysan», a répondu M. Minougou à ce propos.

smenc 3Les actions menées par l’APN-Sahel en vue de la sauvegarde des semences paysannes sont, entre autres, le développement de solutions de conservation in situ desdites semences (sur le site de production) grâce à la construction de banques de gènes et de banques de semences gérées de manière communautaire, la réalisation des évaluations participatives de la sécurité semencière dans différentes régions du Burkina  avec les villages partenaires, la  mise en œuvre, entre 2010 et 2020, dans quatre régions du  Burkina, du programme de rayonnement de l’approche SOS (semences de la survie) en partenariat avec l’ONG canadienne USC Canada (devenue Seed Change). Enfin, sur le plan politique, l’APN-Sahel a contribué au plaidoyer pour la révision de la loi sur les ressources phylogénétiques du Burkina, notamment pour la reconnaissance des systèmes semenciers paysans, la prise en compte du droit des paysans de disposer et d’échanger librement leurs semences, etc.

Aly Tinto

 

hvernage uneLa saison pluvieuse s'installe progressivement au Burkina Faso et la problématique d'évacuation des eaux pluviales se pose encore avec acuité. Il n’est un secret pour personne que l’une des principales causes des inondations est l'obstruction des caniveaux, voire leur absence. De Wemtenga à Ouagarinter en passant par Koulouba, la majeure partie des caniveaux sont bouchés par des ordures de toutes sortes, si bien que le pire est à craindre en cas d’averses.

Les caniveaux de la capitale du Burkina Faso ne respirent pas la pleine forme. C’est le moins qu’on puisse dire après avoir fait le tour de quelques canaux de drainage des eaux alors que la saison pluvieuse 2020 s'est installée. Ouagadougou a commencé en effet à recevoir ses premières pluies. Les risques d’inondation sont prévisibles. D’ailleurs, le gouvernement, à travers un communiqué du ministère de l'Action humanitaire, a prévenu que les risques d'inondation seraient élevés pendant cette période pluvieuse.

Sur la « circulaire », les travaux de voirie ne sont pas sans conséquences pour les riverains. Ils ont, du reste, commencé à se plaindre après la première pluie. Déjà, les caniveaux de la ville sont pour la plupart bouchés. C'est le cas du caniveau de Kwame Nkrumah, l'une des plus belles avenues de la capitale, où toutes sortes de déchets solides (assiettes jetables, sachets d'eau...) sont déversés. hvernage 2Le plus grand canal de Wemtenga a, lui aussi, des allures de décharge publique à ciel ouvert. Difficile de distinguer les déchets qui prédominent malgré sa grande taille. Le canal est visiblement rempli d’ordures ménagères qui y sont déversées. A Ouagarinter, difficile de déterminer les limites du caniveau, car il est déjà rempli et les déchets plastiques affleurent.

Joint au téléphone, le responsable à l'assainissement de la ville de Ouagadougou, Saïdou Nassouri, soutient que la commune est déjà sur le terrain pour curer les caniveaux et permettre à la capitale d’être prête à recevoir de fortes précipitations. hvernage 3Cette semaine, explique-t-il, les équipes d'assainissement sont sur deux axes : celui de Kalgondin et celui de Samandin. A la question de savoir pourquoi le service d'assainissement ne change pas son fusil d'épaule, c’est-à-dire pourquoi outre les sensibilisations il ne procède pas à des sanctions contre les contrevenants, M. Nassouri répond que la réflexion est en train d’être menée dans ce sens. Des propositions, annonce-t-il, seront faites aux autorités à ce propos.

Une chose est certaine, la tâche ne sera pas facile, vu le comportement peu civique de certains citoyens. A l'en croire, nombreux sont les riverains qui considèrent les caniveaux comme des dépotoirs. Cela fait que nous sommes chaque fois dans un perpétuel recommencement alors que selon les services météorologiques du pays, on aura de fortes précipitations, a conclu M. Nassouri.

Obissa

repz uneLa reprise des cours des élèves en classe d’examen a été effective le lundi 1er juin dans un contexte de pandémie du coronavirus. Une semaine après la reprise, Radars Info Burkina a fait la ronde de deux grands lycées de la ville de Ouagadougou pour s’enquérir du respect des mesures barrières et du déroulement des activités pédagogiques.

C’est l’heure de la pause au lycée Nelson-Mandela. La cour de l’école n’est pas animée comme elle l’était habitude avant COVID-19. Quelques élèves sans masque assis devant un kiosque sont en train de deviser. Moussa Zagré, élève de terminale, déclare : « En ce qui concerne les mesures de distanciation, on est toujours assis comme avant l’apparition de la maladie. Des tables-bancs sont même occupés par trois personnes. Les lave-mains à l’intérieur de la classe ne contiennent pas d’eau. Souvent, il y a des élèves en classe qui ne portent pas de cache-nez. Le professeur est obligé, en pareil cas, d’inviter ces derniers à en porter ».

Selon Victorien Bamon, proviseur du lycée Nelson-Mandela, les cours se déroulent normalement dans son établissement. « En ce qui concerne les mesures barrières, nous essayons de les faire respecter. Nous avons mis à la disposition des élèves, des enseignants et du personnel administratif des cache-nez. Je n’ai pas encore été saisi d’une difficulté relative à un quelconque non-respect du port du masque. Des lave-mains sont disposés dans les classes. Nous essayons également, dans les classes, de respecter la distanciation physique. Il y a quelques cas où ça pose problème mais nous n’avons pas le choix », a-t-il indiqué.

repz 2C’est le moment de la reprise du cours après la pause dans une classe de 3e. Un dispositif de lavage des mains est installé à l’intérieur, les élèves portent chacun un masque mais la distanciation physique n’est pas respectée.  Noël Tougma est un des élèves de cette classe : « Les cours se déroulent bien. Les professeurs appuient sur l’accélérateur pour pouvoir rattraper le retard. Les mesures barrières sont respectées dans l’ensemble. Mais s’agissant de la distanciation, ce n’est pas le cas. Les tables-bancs ne sont pas en nombre suffisant pour que soit respecté l’écart d’1 mètre.» M. Béogo est le professeur d’histoire-géo de cette classe de 3e. Il nous confie : « Nous faisons preuve de rigueur pour que les élèves respectent les mesures barrières car ils ont tendance à les négliger ces mesures. Certains disent que quand ils portent le masque, ils étouffent. On sait qu’il sera difficile de terminer le programme, vu le temps qui nous reste. Mais on souhaite faire le maximum. Nous ne savons pas les questions qui vont être posées à l’examen, donc on essaie de voir toutes les leçons du programme ».

repz 3Après « le Nelson », nous mettons le cap sur le lycée Philippe Zinda Kaboré. Dans la salle des professeurs, se trouvent Oumar Savadogo, Professeur de philosophie, et quelques-uns de ses collègues. Selon lui, les mesures ne sont pas respectées. « Il se trouve que les élèves ont des difficultés à respirer en portant les masques si bien qu’ils ne les portent pas. Le fait de mettre en avant la difficulté de respirer peut être un prétexte mais au fond, cette situation doit être liée à une banalisation de la maladie. Je tiens une classe de terminale A où les élèves sont au nombre de 60 mais il se trouve que si on veut respecter la mesure de distanciation physique d’1 mètre c’est difficile. Normalement, j’ai 6 heures de séance par semaine avec les élèves mais j’ai dû en ajouter 2, ce qui fait 8 heures, pour espérer pouvoir progresser dans les leçons et également réviser avec eux à travers des exercices », a souligné M. Savadogo.

Au niveau du corps professoral, le port du masque n’est pas systématique non plus. « Cela fait mal aux oreilles à un certain moment. En plus, quand on s’exprime les élèves disent qu’ils ont du mal à nous entendre. J’ai la chance d’avoir une voix qui porte loin. D’autres enseignants, par contre, doivent pratiquement hurler pour se faire entendre», a relevé Elisabeth Thiombiano, professeur de français.

Selon Oumar Savadogo, lors d’une assemblée générale, les professeurs ont échangé sur le non-respect des mesures barrières « pour voir quelle position adopter » pour y remédier.

Aly Tinto

levv uneLa levée du couvre-feu la semaine dernière a été accueillie avec joie par les tenanciers de bars, de maquis, de restaurants, etc. Après plus de deux mois de fermeture desdits lieux en raison de la pandémie de Covid-19, le moins qu’on puisse dire est que les Ouagavillois ne se font pas prier pour les prendre d’assaut. Le hic, c’est le non-respect des conditions d’ouverture édictées par le ministère du Commerce. Radars Info Burkina a fait le tour de quelques troquets de la capitale, Ouagadougou, pour un constat. Lisez plutôt.

Notre immersion commence dans le bar « Compressor », sis au quartier Wayalghin. Il est précisément 18h 14 quand nous y faisons notre entrée. Notre constat : aucun dispositif de lavage des mains ni de gel hydroalcoolique. Un client attire immédiatement notre attention. Nous décidons de l’observer. Assis dans un fauteuil de deux places, il finit les quelques centilitres de sa bière qui restaient d’un trait. C’est alors qu’il invite la serveuse, d’un ton plus ou moins courtois, à lui envoyer une deuxième bibine. « Enfin, il n’y a plus de couvre-feu. Les gens peuvent boire tranquillement leur bière et rentrer dormir », souffle ce client à la serveuse qui lui apporte sa bière et qu’il a invitée à lui tenir compagnie. « Toi-même tu sais que la bière n’est pas bonne à boire sans compagnie », dit-il. Balayant ce bar du regard, nous constatons qu’aucune des mesures n’y est respectée par les clients : pas de port du cache-nez, encore moins le respect de la distanciation physique. C’est comme si la levée du couvre-feu par les autorités était synonyme de fin de la pandémie de Covid.

levv 2200 m plus loin, toujours à Wayalghin, mais cette fois au maquis « Le champion », nous finissons par tirer la conclusion que « godets » et gestes barrières pour éviter un rebond de la maladie ne font pas bon ménage dans la capitale. Clients et tenanciers foulent aux pieds les « 10 commandements » du ministère du Commerce. Il est à peine 18h 45 minutes mais « Le champion » est déjà bondé, en témoigne le nombre de motocyclettes garées dans le parking jouxtant le goudron. 

Le constat est le même au « Yin Yang » à Wemtenga, où prend fin notre tournée. Là-bas non plus, il n’est pas question de respect de distanciation physique, de port systématique du masque, encore moins de prise de la température corporelle. Les quelques rares personnes qui avaient porté un cache-nez finissent par l’empocher ou à le descendre sur le menton. Un des clients nous confie d’ailleurs  que dès le début du « soi-disant coronavirus », lui, il a vu clair dans le jeu de nos autorités. « Je savais que c’était de la poudre aux yeux. Cette maladie, jusqu'à preuve du contraire, je n’y crois pas », déclare-t-il. « Et puis, comment on peut boire tout en portant un cache-nez ? », s’interroge-t-il.

Obissa

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