Après l’accouchement, vient le moment où toute mère souhaite voir son enfant faire ses premiers pas. A quel moment une mère doit commencer à s’inquiéter quand son enfant ne marche pas ? Quelles peuvent en être les causes ? Quels peuvent être les éventuels soins à y apporter ? Pour des éléments de réponse à ces interrogations, Radars Info Burkina a rencontré le Professeur Fla Koueta, chef du département Pédiatrie au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO).
Selon le Pr Koueta, le développement psychomoteur de l’enfant est un processus continu. « Naturellement, ce processus commence dès l’âge de deux ou trois mois, où l’enfant normal doit tenir la tête. Ensuite il y a du tonus qui entre dans l’axe qui est en réalité au départ hypotonie. Les quatre membres sont en flexion alors que l’axe est hypotonie. Donc au fur et à mesure que l’enfant va grandir, le tonus va s’installer au niveau de l’axe et diminuer au niveau des segments. Cela va lui permettre d’avoir en définitive d’abord la posture assise, puis arrêtée liée au tonus de l’axe. Déjà à partir de deux ou trois mois, surtout après cinq mois, si un enfant ne tient pas la tête, il y a problème », a-t-il expliqué. Ensuite on a la position assise qui va commencer autour de quatre mois jusqu’à six mois.
« L’enfant doit pouvoir, au départ, s’asseoir avec appui et ensuite sans appui. Dans ces périodes également, il commence la marche à quatre pattes. Pour la position assise, autour de quatre à six mois, surtout à huit mois, si un enfant ne peut pas s’asseoir, il y a problème. Enfin autour de neuf mois il doit pouvoir d’abord s’arrêter avec appui et naturellement au fur et à mesure vers onze mois il peut marcher prenant les objets quotidiens pour pouvoir s’appuyer dessus. Normalement autour de 12 mois en moyenne, l’enfant doit pouvoir marcher. Mais si un enfant arrive naturellement à 18 mois sans pouvoir marcher, il y a problème », a continué le pédiatre. Les causes du retard de l’acquisition psychomotrice sont nombreuses. « Il y a généralement les causes acquises déjà dans le ventre de la mère. Toutes les pathologies que la maman va faire peuvent se ressentir sur le développement psychomoteur de l’enfant. Il y a aussi certaines anomalies génétiques. Dès la conception, un enfant peut avoir une anomalie. L’une de ces anomalies qui est de plus en plus fréquente est la trisomie », a fait savoir Fla Koueta.
En plus la souffrance du nouveau-né pendant la période de naissance est l’une des causes les plus fréquentes. « Quand l’accouchement ne se fait pas bien, un enfant qui a eu des difficultés au moment de l’expulsion sort avec un cerveau qui n’a pas bénéficié d’oxygène ni de sang pendant un certain temps. A partir de six minutes de réanimation, certaines cellules cérébrales commencent à mourir. Et plus la réanimation dure, plus le nombre de cellules qui vont mourir est élevé. Naturellement, cela va se ressentir plus tard sur le développement psychomoteur de l’enfant. Après la naissance, il y a toutes les anomalies qui peuvent survenir dans la tendre enfance. Une infection sévère du nouveau-né lorsqu’il y a une atteinte cérébrale aura par exemple des répercussions sur son développement », a précisé le chef du département Pédiatrie du CHU-YO.
En matière de soins dans cette situation, généralement c’est la rééducation qui est réalisée. « C’est pour permettre aux cellules qui ne sont pas mortes de se développer et de prendre une partie des fonctions des cellules mortes. Il faut que cette rééducation soit précoce. Mais encore faut-il que le nombre de cellules cérébrales mortes ne soit pas trop élevé pour permettre une récupération du nouveau-né», a conclu le spécialiste.
Aly Tinto