Les sympathisants du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, en détention depuis janvier 2022, ont tenu une conférence de presse aujourd’hui, mercredi 19 octobre 2022, à Ouagadougou. Objectifs : attirer de nouveau l’attention des autorités politiques et judiciaires pour un traitement diligent du dossier Emmanuel Zoungrana et inviter la population à la solidarité morale envers l’accusé. Me Paul Kéré, membre du conseil de l’officier militaire, a pris part à cette conférence. En raison de la réaction peu courtoise de l’avocat à la question d’un journaliste, la conférence s’est terminée en queue de poisson.
Après la déclaration liminaire des sympathisants, lue par leur porte-parole en la personne d’Hervé Kiswensida Zoungrana, place aux questions des journalistes. Mais auparavant, Me Kéré s’est exprimé. Dès l’entame de son intervention, l’avocat du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana a prévenu les journalistes qu’ils ne sauraient rien du contenu du dossier de son client parce que c’est un secret d’instruction qui doit être respecté en ces termes : « Je voudrais porter à la connaissance des journalistes que la procédure judiciaire est secrète et que vous ne saurez absolument rien du fond du dossier parce qu’il faut respecter le secret de l’instruction. »
Ensuite, l’auxiliaire de justice a dit sa disponibilité à répondre aux éventuelles questions des journalistes. « Je suis à votre disposition, au nom de la liberté de la parole de l’avocat. Je suis à votre disposition pour toute question que vous aurez à poser, sauf le fond du dossier que je ne vais pas évoquer avec vous » : tels ont été les propos de l’avocat Kéré avant les questions des hommes de médias.
Les deux premières questions, posées par un journaliste de la télévision BF1, ont porté essentiellement sur le refus de la chambre de contrôle du tribunal militaire d’accorder la liberté provisoire au lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana et la solidarité morale dont les conférenciers ont fait cas dans leur déclaration.
L’avocat a répondu à ces deux questions. Ainsi, il a dit attendre une décision favorable de la Cour de cassation le 27 octobre prochain qui, nécessairement, va « casser la décision de la chambre de contrôle du tribunal militaire » sur la question de la liberté provisoire de son client. Il entend donc saisir la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja si jamais la Cour venait à donner un avis défavorable à la requête de mise en liberté provisoire de son client car, selon lui, un certain nombre de moyens ont été soulevés et lorsqu’une juridiction de fond ne répond pas à des prétentions, c’est un moyen de cassation.
Quand ce fut le tour du journaliste Sékou Zongo de la Radiotélévision du Burkina (RTB) de poser sa question, celui-ci, qui était à la porte au regard de la petitesse de la salle qui n’a pas pu contenir les journalistes, a voulu savoir le lien qui existe entre les conférenciers et le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana. Mais illico presto, la question a été qualifiée « d’inutile » par l’avocat, qui a même refusé d’y répondre et cela, de manière discourtoise.
De ce fait, on est en droit de se demander si la question du journaliste Sékou Zongo de la RTB, à savoir « quel lien existe entre les organisateurs de la conférence et le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana », n’est pas une interrogation qui touche le fond du dossier, au regard de la réaction de l’avocat qui l’a qualifiée d’inutile et a même refusé d’y répondre.
En tout cas le moins qu’on puisse dire, c’est que cette réaction de Me Kéré n’a pas du tout été du goût des journalistes, lesquels ont d’ailleurs unanimement, et de façon solidaire, décidé de quitter la salle.
Par ailleurs, alors que les journalistes vidaient la salle de conférences, Me Kéré exprimait aux conférenciers toute sa solidarité et disait être prêt à s’assumer. « Quelle est l’utilité de savoir la nature des relations entre le LCL Emmanuel Zoungrana et vous ? Je suis solidaire de vous et je l’assume », a-t-il-martelé.
C’est donc en queue de poisson que s’est terminée cette conférence de presse.
Flora Sanou