Ce 6 février, est célébrée la Journée mondiale de lutte contre les Mutilations génitales féminines (MGF). Elles sont certainement nombreuses, les filles et femmes qui vivent sous nos cieux avec des séquelles de ces pratiques. A l’occasion de cette journée, Radars Info Burkina a tendu son micro à Zourata Zagré, victime d’excision depuis le bas âge. Sur le sujet, certains citoyens ont également opiné.
Zourata Zagré, cette jeune dame de 28 ans, est passée dans les mailles de l'excision. En effet, c'est en République de Côte d'Ivoire, à Derrière Wharf (Port Bouet), alors qu'elle était en bas âge, que ses parents lui ont fait subir cette mutilation. Ayant grandi dans l'ignorance, c'est à travers une causerie des parents qu'elle apprendra qu'elle était excisée.
"Je ne savais pas que j'étais excisée. J'entendais les parents dire en langue mooré : "òb kiënsa zagla bangwa" ce qui veut dire "telle personne a été excisée". On me montrait du doigt. C'est suite à cela que j'ai su que j’étais excisée", relate-t-elle.
Mais, c'est précisément à l'âge de 15 ans qu'elle va découvrir que la morphologie de sa partie génitale était différente de celle de son amie après une douche.
"Quand j'ai vu sa partie intime j'ai crié. C'est là que j'ai vu réellement la différence entre une fille excisée et celle non excisée. Je venais de découvrir que je n'étais pas pareille aux autres. Et comme à l'école, on nous enseigne que l'excision n'est pas une bonne pratique, je me suis dit qu'on m'a fait du mal. Je me sentais inférieure à celles qui n'étaient pas excisées. Je me sentais frustrée parce que je n'étais pas entière", dit-elle.
Ainsi, avec le mariage, Zourata Zagré faisait face à d’autres réalités, étant femme au foyer qui doit remplir son devoir conjugal.
Aujourd'hui reconstituée (après une chirurgie réparatrice) et mère d'un enfant, elle soutient que cela lui redonne confiance. « Cette réparation me redonne un peu confiance en moi, me fait me sentir entière et me redonne le courage de ne plus me sentir ruinée. Ça me donne une certaine satisfaction », a-t-elle confié.
Désormais, elle lutte pour la cause des « survivantes des mutilations génitales féminines » et pour l’abandon de cette pratique. « On nous a fait du tort. On se sent vraiment mal. Il faut que cela serve de leçon, il faut que cela puisse conscientiser ceux qui sont toujours dans la pratique. Aux femmes victimes, je demande de vous battre. N’abandonnez pas. Peu importent les difficultés qu’on traverse actuellement, il faut que nous ayons un mental fort, pour protéger nos enfants de ce fait ».
L’excision ne guérit pas un mal ; elle est un mal en soi, déclare Carine Tapsoba. « Cette pratique n’est pas bonne au regard des conséquences qu’elle engendre dont la plus grave est la mort. "Cela fend le cœur. De ce fait, pourquoi ne pas arrêter complètement ?" interroge-t-elle
À l'en croire, des familles dans la capitale burkinabè continuent de faire cette pratique clandestinement. Donc, je lance vraiment un appel à l'arrêt de cette pratique. Ce n'est pas écrit quelque part que si on ne mutile pas on a des problèmes. Au contraire c’est quand on excise qu’on court un grand risque », a-t-elle martelé.
Cependant, certains estiment que c’est une bonne pratique qu’il faut améliorer.
Pour R.S., « On n’a jamais entendu qu’il y a une excision moderne. Les actions sont faites pour rompre complètement avec cette pratique ». Or, « l’effet de l’excision bien faite dans la société est positif », à son avis.
C’est pourquoi il suggère « qu’on modernise la pratique pour qu'elle se fasse dans les hôpitaux. Cela permettra d’éviter les énormes conséquences issues des pratiques clandestines », selon lui.
Flora Sanou