La fraude demeure une préoccupation majeure au Burkina Faso et constitue un poison pour l’économie nationale. Afin d’endiguer le phénomène sur les plans fiscal, douanier et environnemental, le gouvernement burkinabè a mis en place la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF). Dans une interview accordée à Radars Info Burkina, le Dr Yves Kafando, patron de ladite structure, dresse un bilan des opérations de l’année 2023. Entre opérations de démantèlement, importantes saisies et sensibilisation, le coordonnateur insiste sur l’importance de la collaboration citoyenne pour protéger les ressources du pays contre les méfaits de la fraude. Lisez plutôt.
Radars Info Burkina : L’année 2023 tire à sa fin, quel bilan faites-vous de vos opérations ?
Dr Yves Kafando : 2023 a été une année marquée par plusieurs opérations de fraude qui ont été observées dans de nombreux secteurs d’activités : commercial, industriel, etc. Parlant du bilan, nous pouvons dire qu’il est satisfaisant, d’autant plus que nous avons pu nous approcher de façon considérable des objectifs qui nous ont été assignés conformément à notre lettre de mission. En guise d’exemples, nous avons pu contrôler la réglementation de plus de 500 entreprises, tous secteurs d’activités confondus, et plus de 300 sorties de terrain ont été réalisées afin de contrôler la régularité de la détention des titres des marchandises sur le territoire national. Par ailleurs, les opérations menées ont permis d’intercepter plus de 244 tonnes de marchandises frauduleuses d’une valeur totale estimée à plus de 8 milliards de francs CFA
Radars Info Burkina : Quel est l’impact de la fraude sur l’économie du pays ?
Dr Yves Kafando : Son impact est extrêmement dommageable pour un pays comme le Burkina Faso qui, au regard de la crise sécuritaire, a besoin de suffisamment de ressources pour lutter contre le terrorisme et restaurer l’intégrité de son territoire. La fraude, qu’elle soit douanière, fiscale, environnementale ou économique, est un frein au développement. Notre Etat ne pourra pas faire face aux multiples besoins et préoccupations des populations si ses sources de financement sont entravées par ce fléau. C’est dire que la fraude est une gangrène pour l’économie d’un pays ; elle fausse les règles de la concurrence et asphyxie le développement socio-économique du pays, car il peinera à trouver des ressources pour relever ses défis majeurs. C’est pourquoi la CNLF entend jouer pleinement sa partition contre la fraude et les fraudeurs.
Radars Info Burkina : Qu’est-ce que vos opérations ont pu rapporter à l’État en 2023 ?
Dr Yves Kafando : Cette année, les actions de la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) permettront à la Direction générale des impôts de recouvrer des droits de plus de 7,5 milliards de F CFA et à la Direction générale des douanes de recouvrer plus de 800 millions F CFA, ce qui fait au total plus de 8 milliards de francs pour le budget de l’Etat.
Radars Info Burkina : Quels seront vos objectifs pour l'année 2024 ?
Dr Yves Kafando : C’est de faire en sorte que ceux qui s’adonnent à l’activité de fraude se rendent compte qu’ils n’ont rien à y gagner et que, pire, ils ont tout à perdre. Nous allons donc intensifier nos actions, multiplier nos approches de traque de ce fléau, tout en renforçant notre collaboration avec les structures partenaires de lutte. Dans cette dynamique, nous faisons une large place à la collaboration avec les populations, qui constituent l’alpha et l’oméga de ce combat contre la fraude.
Radars Info Burkina : Quel est votre message à la population burkinabè ?
Dr Yves Kafando : Notre message, c’est qu’elle sache que la lutte contre la fraude est l’affaire de tous et non uniquement celle de la Coordination nationale de lutte contre la fraude. C’est pourquoi, d’ailleurs, nous sollicitons son accompagnement constant. Lutter contre ce fléau, c’est aussi notre manière d’être des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) afin que l’économie de notre pays se porte mieux. Le Burkina Faso a un potentiel énorme. Pour tirer le pays vers le haut, il suffit que nous nous mettions tous au travail.
Propos recueillis par Flora Sanou