samedi 23 novembre 2024

gardedenfCertains couples séparés en viennent à être opposés sur la garde de leur(s) enfant(s). Généralement, c’est le père qui assure la prise en charge des enfants lorsque leur garde est confiée à la mère. Que dit la loi à ce propos sur les charges ? Entretien avec maître Abdoul Sawadogo.

Radars Info Burkina : A qui revient la garde de l’enfant en cas de séparation des parents ?

Abdoul Sawadogo : Pour la garde des mineurs non émancipés, l’article 516 du Code des personnes et de la famille dispose que lorsque la filiation de l’enfant est établie à l’égard des deux parents, il n’y a pas de problème ; la loi laisse le loisir aux parents d’aménager les questions de garde. Ils peuvent choisir entre eux celui ou celle qui assurera la garde de l’enfant. Lorsqu’ils n’arrivent pas à s’entendre, le parent le plus diligent saisit le juge pour qu’il tranche la question.  Le juge va donc voir certaines conditions que les parents remplissent. Il décidera donc d’attribuer la garde soit à la mère soit au père en tenant compte de l’intérêt supérieur de l’enfant.

En cas de décès, s’il y a un conjoint survivant, c’est ce dernier qui assure la garde de l’enfant. Mais si celui-ci n’est pas apte à le faire pour des raisons professionnelles, éthiques, de santé ou de bonnes mœurs, on peut attribuer la garde à une tierce personne de la famille en tenant compte de l’intérêt supérieur de l’enfant. Par exemple, on ne va pas attribuer la garde d’un enfant à une mère prostituée ou à un acteur de cinéma s’ils n’ont pas le temps de s’occuper de l’enfant ! Mais lorsque la filiation est établie à l’égard d’un seul parent, c’est ce parent-là qui assure l’autorité parentale sur l’enfant et, partant, la garde de ce dernier.

Radars Info Burkina : Peut-il arriver que la mère verse une pension pour son enfant ? Si oui, dans quel(s) cas ?

AS : L’une des innovations majeures du Code des personnes et de la famille, c’est de ne pas faire de distinction entre entre l’homme et la femme. Dans plusieurs de ses dispositions, ledit Code a désigné les deux entités (père-mère) par le terme « conjoints » ; Dans le cas des couples mariés, lorsque c’est la mère qui assure la garde de l’enfant, elle peut faire une demande judiciaire afin que le père soit condamné à lui verser une pension alimentaire.  Si c’est le père qui assure la garde de l’enfant, il peut lui aussi demander au juge de condamner la mère à lui verser une pension alimentaire parce que dans tous les cas, la loi dispose que ce sont les père et mère qui s’occupent de l’enfant. Le père peut aussi décider d’assurer tout seul toutes les charge de l’enfant lorsque la garde de celui-ci lui revient. Il en est de même pour la mère. C’est en fonction des revenus du parent que la pension alimentaire est fixée. Donc la mère peut bien être condamnée à payer une pension alimentaire.

Radars Info Burkina : L’enfant peut-il choisir de vivre chez l’un de ses deux parents ?

AS : L’ensemble des textes relatifs à l’enfant ont décidé que le juge attribue prioritairement la garde de l’enfant à sa mère lorsque celui-ci a moins de 7 ans, car on suppose qu’à cet âge l’enfant est toujours petit et que la mère est plus apte à s’occuper de lui. Mais c’est juste une préférence, ce n’est pas une obligation pour le juge d’aller dans ce sens. Comme je l’ai dit, lorsque la mère en elle-même ne présente pas toutes les garanties pour assurer un plein épanouissement à l’enfant, on ne peut pas lui attribuer la garde de l’enfant.

Lorsque l’enfant a au moins 15 ans, il est possible de recueillir son avis dans le choix de la garde. Les parents mêmes doivent en tenir compte. Lorsqu’ils n’arrivent pas à s’entendre et qu’ils entament une procédure pour l’attribution de la garde de l’enfant, le juge peut appeler l’enfant parce qu’il estime qu’il a une certaine maturité pour savoir chez lequel des deux il souhaite aller. Toutefois, cela reste simplement un avis. Lorsque l’enfant décide d’aller vivre chez son père alors que ce dernier n’a pas un foyer pour l’accueillir ou qu’il voyage beaucoup, le juge peut décider de ne pas tenir compte de l’avis de l’enfant parce que ça ne va pas garantir son épanouissement. Il peut se retrouver à être seul sans personne pour le canaliser en cas de débordement. Dans un tel cas de figure, le magistrat sera plus enclin à attribuer la garde de cet enfant à sa mère. Dans tous les cas, lorsque la garde est attribuée à l’un des parents, l’autre a forcément un droit de visite et d’hébergement.

Radars Info Burkina : Quelle est la procédure à suivre pour réclamer la garde d’un enfant ?

AS : Lorsque les parents n’arrivent pas à s’entendre sur la question de la garde, ils saisissent le tribunal civil. Autrement dit, l’un des parents, à travers une demande, saisi un juge aux affaires familiales et la procédure va suivre son cours. Dans tous les cas, les parents doivent discuter pour se comprendre parce que lorsqu’on en vient à saisir les tribunaux pour le cas des enfants, en Afrique cela peut être mal vu.

Entretien réalisé par Nafisiatou Vébama

confdepr« Il n’y aura jamais 2 Sankara au monde, il n’y en aura qu’un seul. De même, il n’y aura jamais 2 Ibrahim Traoré au monde. » C’est ce qu’a clamé le Comité international du mémorial Thomas Sankara au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue ce jeudi 13 octobre à son siège à Ouagadougou. Il s’est dit engagé à assurer la transmission du flambeau de la révolution à la jeunesse qui fait montre de courage dans la lutte pour la libération. Cette conférence se tient en prélude à la célébration du 35e anniversaire de l’assassinat du père de la révolution et de ses compagnons, passés à 28 à la lumière du procès.

« Cette 35e année de l’assassinat du président Thomas Sankara et de 28 de ses compagnons est placée sous un double signe : celui de la justice rendue dans le dossier de l’assassinat et celui de l’augmentation croissante des héritiers se réclamant de l’idéal de Thomas Sankara », a déclaré en guise d’introduction le colonel à la retraite Pierre Ouédraogo, président du comité international du mémorial Thomas Sankara. S’agissant du premier signe, il note que la tenue jusqu’à son terme du procès Thomas Sankara et ses compagnons a été une grande victoire des luttes multiformes de 35 ans. Grâce à ce procès, d’après lui, les noms et les visages de ceux qui ont commandité, planifié, exécuté le coup d’Etat du 15 octobre ou qui en ont bénéficié sont désormais connus. Pour ce qui est du second signe, l’officier supérieur à la retraite trouve que l’heure est venue pour les anciens qui ont encore la chance d’être de ce monde de passer le relais à la jeunesse, d’où le thème « Passer le flambeau de la révolution à la jeunesse » qu’ils ont choisi pour ce 35e anniversaire. Il ajoute que le comité a lancé une initiative mensuelle depuis le 4 août 2022 dénommée « A la découverte de la révolution démocratique et populaire (RDP) » pour que les anciens expliquent aux jeunes les grands rêves et surtout ce qui a été réalisé de manière concrète durant les 4 années de la Révolution démocratique et populaire (RDP).

Interrogé sur la capacité de cette même jeunesse à porter le flambeau, le colonel lance Ouédraogo a répondu : « La jeunesse d’aujourd’hui est meilleure ; c’est juste une question d’organisation pour permettre à cette jeunesse de montrer de quoi elle est capable. J’aurais voulu avoir la jeunesse d’aujourd’hui pendant la révolution. La jeunesse continue de faire l’histoire et est vraiment à féliciter ».

Concernant le cas du capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir à l’âge de 34 ans, le colonel n’a pas manqué de préciser que l’histoire ne se répète jamais deux fois de la même manière. « Il n’y aura jamais 2 Sankara au monde, il n’y en aura qu’un seul. De même, il n’y aura jamais 2 Ibrahim Traoré au monde », a-t-il martelé. « Le capitaine Ibrahim aura l’occasion de faire ses preuves », a renchéri Jean Hubert Bazié, co-animateur de la conférence, qui a ensuite demandé aux Burkinabè d’éviter de chercher du 100% dans les comparaisons ou de prendre du 2% pour du 100%. Quant au colonel Pierre Ouédraogo il est allé plus loin en déclarant : « Si Sankara revenait aujourd’hui, il n’allait pas agir de la même façon qu’en 1983. C’était quelqu’un d’extrêmement intelligent et il l’a dit, il faut savoir inventer l’avenir et il sait faire avec le contexte ». Pour lui, Ibrahim Traoré doit se garder de commettre les mêmes erreurs qu’eux pendant la révolution.

Pour la journée du 15 octobre, le contexte politique et sécuritaire impose au comité des activités a minima, selon les animateurs de ce point de presse. Il sera organisé une cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs et un recueillement le samedi 15 octobre à partir de 15h, ont-ils précisé.

Etienne Lankoandé

geoffroyvaha« Avec les réseaux sociaux, le journaliste qui était le personnage central dans la diffusion de l’information devient par moments une personne qui se fait dépasser par d’autres acteurs. Et lorsque vous commencez à entrer dans une course folle, alors que vous n’avez pas les mêmes obligations, vous risquez de vous retrouver piégés », a indiqué le journaliste Geoffroy Vaha, directeur de rédaction de WAT FM et 3TV, dans cette interview sur le rôle de la presse en temps de crise qu’il a accordée à Radars Info Burkina.

Radars Info Burkina : Comment peut-on qualifier la crise sociopolitique que nous vivons au Burkina ?

Geoffroy VAHA : On est au moins dans une double crise. D’abord une guerre contre un terrorisme avec une expansion qui empêche le contrôle d’une bonne partie du territoire national. Il y a aussi la crise d’un coup d’Etat dans un coup d’Etat. Le contexte, il est celui de l’incertitude. Le MPSR qui est dans une sorte de recadrage, avec ce qu’il a qualifié de déviation avec Damiba, nous replonge dans des assises nationales qui devraient déboucher sur une charte nouvelle et la désignation d’un président. Donc la situation sécuritaire reste préoccupante mais même une crise peut constituer une opportunité pour peu qu’on prenne de bonnes décisions.

Radars Info Burkina : Est-ce que la presse Burkinabè a une part de responsabilité dans la survenue de cette crise que nous vivons ?

Geoffroy VAHA : Avant d’y arriver, parlons de la presse de façon générale. Notre rôle en tant que média ou journaliste a évolué dans le temps. A un moment donné de notre époque, on était de simples témoins des conflits. Maintenant quand on dit un journaliste, il est perçu comme un acteur à part entière de ces crises. Parce que nous sommes des témoins de l’histoire, nous racontons notre époque, nous réagissons aux évènements et nous reflétons les divers courants de l’opinion publique. Aujourd’hui les médias exercent une influence sur l’opinion publique, sur la vie politique, sociale, culturelle et économique. Pour ce qui est du cas burkinabè, il faut dire qu’on a une presse assez responsable et qui, dans l’ensemble, fait un travail assez remarquable. Une presse qui a permis aux populations de savoir les décisions prises par les autorités pour elles, de décrypter l’impact ou les enjeux possibles et aussi permettre aux dirigeants, pour peu qu’ils aient été un peu attentifs, d’entendre la perception de la masse pour ce qui est des différents choix qu’ils font. Cela a été un rôle que les médias burkinabè ont bien assumé. Mais pour parler de responsabilité, dans la crise, moi je parlerai plutôt du rôle des médias parce que c’est un acteur.

Radars Info Burkina : Pourtant certains disent que ce sont nos démissions passées qui nous rattrapent. Vue sous ce contexte, est-ce que la presse burkinabè n’a pas, par le passé, démissionné sur certains aspects de la vie politique au Burkina ?

Geoffroy VAHA : Non je pense que la presse burkinabè a été à tous les rendez-vous. Beaucoup de choses ont changé après Norbert Zongo, qui est un journaliste dont on connaît l’engagement. Aujourd’hui on pourrait citer des journalistes qui continuent de porter ce flambeau. Et on a une presse qui est assez diversifiée et cette pluralité d’offre aux téléspectateurs, aux lecteurs et aux auditeurs leur donne un bon panel de choix pour se faire une idée d’un certain nombre d’éléments. Néanmoins, c’est clair que rien n’est parfait, donc il y a des éléments qu’on doit parfaire. Mais quand on regarde bien on a une presse aujourd’hui où on a beaucoup de jeunes qui sont venus, mais pour peu que vous ayez cinq ans ou dix années d’expérience au Burkina Faso, vous avez déjà connu des éléments assez sensibles et ça, ça aguerrit notre presse.  

Radars Info Burkina : Sur la distribution de la parole, est-ce que la presse au Burkina ne pèche pas très souvent ?

Geoffroy VAHA : Il y a peut-être la nécessité de poser la question de la qualité des personnes qui interviennent sur les plateaux ou auxquelles on donne souvent la parole. Mais je crois qu’il y a là aussi un devoir de vérité qu’il faut avoir. C’est que la nature a horreur du vide. Je suis d’accord que par moments, on trouve sur certains plateaux des experts, des personnes qui sont montrées ainsi. Mais la réalité aussi pour moi, c’est symptomatique de ce que nous avons comme offre. Il y a aussi souvent la pluralité des médias que nous avons, qui se battent sur le même vivier d’experts ou de personnes-ressources que nous avons, c’est vraiment une bataille pour les avoir sur des plateaux. Et dans cela, il y a aussi la difficulté à convaincre par moments les uns et les autres de venir parce que certains sont craintifs ou assez réticents. Et comme je le dis, la nature souvent a horreur du vide, mais pour moi ce n’est pas une excuse pour qu’on aille prendre tout le monde ou n’importe qui et qu’on le brandisse comme un expert ou une personne-ressource. Ça fait que quelquefois on finit par fabriquer des personnes qui au fond, quand on regarde, ne sont pas à la hauteur. Et quelquefois ça biaise le débat. Mais quand c’est comme ça aussi il y a le retour du bâton, parce que la vocation d’un média, c’est d’être lu, d’être écouté, d’être vu. Et quand vous suivez des gens sur des plateaux et qu’à la fin on s’aperçoit qu’il n’y avait pas de substance, vous perdez forcément en audience et ça vous déconstruit. Donc c’est une obligation pour chacun d’être sélectif. Je ne dirai pas ne pas donner la parole à tout le monde, parce que c’est aussi biaiser l’approche, mais donner la parole aux personnes qui sont vraiment liées au sujet. Mais il faut aussi inviter les personnes qui ont la capacité, l’intelligence et la profondeur pour aborder ces sujets d’être ouvertes aux médias.

Radars Info Burkina : Parfois une Nation et l’extérieur peuvent être en guéguerre (l’exemple du Mali). Dans ces conditions, quelle doit être la position de la presse ?

Geoffroy Vaha : Sur ça il faut dire que c’est aussi une question de ligne éditoriale de chaque média. Ce qu’on voit souvent avec les médias occidentaux lorsqu’ils sont dans des genres de bagarres rangées avec d’autres pays, je ne sais pas s’il faut appeler ça de la com ou pas, mais on est dans une sorte de pensée unique où il y a le camp qu’ils ont choisi. Donc l’autre est diabolisé. Mais en même temps, vous verrez des presses indépendantes qui, elles, diront : attention, il faut dire un certain nombre de vérités, notre politique n’est pas forcément la bonne, donc ils relativisent. Et je crois que chacun se positionne selon la ligne qui est la sienne. Mais est-ce qu’il faut s’imbriquer dans une sorte de pensée unique qui est ce que la presse soutient ? Je ne crois pas que ce soit ce qui serve le plus les intérêts de ceux qui sont nos auditeurs, de ceux qui sont nos lecteurs tous les jours. Ils ont besoin d’avoir la vraie information, la bonne grille de lecture des décisions qui sont prises. Est-ce que mentir parce qu’on veut servir une certaine cause, c’est servir à la fin ? Je pense que c’est la question qu’il faut se poser. Notre rôle, c’est d’informer et cela va aussi avec une certaine sincérité. Mais en même temps on peut dire parce que nous sommes dans une situation de crise, qu’est-ce qu’on peut faire ? Le journaliste aussi a un rôle qui est celui de savoir apaiser. Et ça c’est des éléments qui sont possibles. Et quand je dis apaiser, vous pouvez avoir une approche qui est dans le ton de celui soit qui minimise ou qui amplifie. Et cela a servi dans plusieurs démocraties.

Maintenant pour revenir aux guerres entre pays, on a un exemple simple. Quand vous regardez la crise qu’il y a entre la Côte d’Ivoire et le Mali aujourd’hui, si les médias commencent à amplifier les choses, vous verrez que ce sont des lecteurs, qui sont des populations, qui commenceront à être remontés. Et ça peut être dangereux pour les Maliens qui vivent en Côte d’Ivoire ou pour les Ivoiriens qui vivent au Mali. Donc il y a quelquefois l’approche de l’apaisement qui peut continuer à se faire sur la véracité des sujets.

Radars Info Burkina : Avec les réseaux sociaux, l’information est difficile à recadrer. Quelles sont les difficultés auxquelles fait face la presse burkinabè dans ce cas ?

Geoffroy VAHA : Parlant des réseaux sociaux, je ne dirai pas qu’il s’agit d’un désavantage, mais plutôt d’un avantage à maîtriser et à savoir exploiter pour servir la typologie de média dans lequel vous êtes. Aujourd’hui toutes les presses ont leur prolongement sur les réseaux sociaux. Maintenant le journaliste, qui était le personnage central, devient par moments une personne qui se fait dépasser par d’autres acteurs. Et lorsque vous commencez à entrer dans une course folle, alors que vous n’avez pas les mêmes obligations, celle de recouper l’information, d’en avoir le clair mot et l’exactitude, contrairement à quelqu’un qui va lancer des alertes et qui trois fois dira des mensonges et pour une fois dira vrai, vous, journaliste, vous ne pouvez pas vous permettre cela. Si vous faites la guerre de la célérité avec les autres, vous risquez de vous retrouver piégé. Et c’est l’erreur souvent que commettent beaucoup de presses aujourd’hui. La solution dans ce contexte est que le média devait se positionner comme l’outil de vérification de l’information qui est donnée. On dira : j’ai vu ça sur la toile mais est-ce que tel média l’a relayé ? S’il ne l’a pas encore dit, il faut faire attention.

Radars Info Burkina : Autres difficultés de la presse burkinabè ?

Geoffroy VAHA : Nous avons les 20 millions de Burkinabè qu’on souhaite voir nous regarder ou nous écouter. Et le problème est qu’on se partage ceux qui sont les annonceurs parce que le modèle économique, c’est d’avoir un programme qui est intéressant et vendre quelques plages de programmes parce que vous êtes assez suivi. Mais il y a un marché qui est tellement fragmenté avec beaucoup de journaux qui sont créés qu’il est difficile dans ce modèle économique que beaucoup s’en sortent. Et dans ce cas de figure si le journaliste n’est pas bien traité, si le technicien n’est pas bien traité, ça va se ressentir sur son travail. Donc ça devient une limite objective dans ce qu’ils produisent chaque jour en termes de qualité.

Propos recueillis par Etienne Lankoandé

lclzoungranaL’audience pour statuer sur la libération  du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana s’est tenue à huis clos, ce 12 octobre 2022, au tribunal militaire de Ouagadougou. La demande de mise en liberté provisoire de l’officier a été rejetée par la chambre de contrôle dudit tribunal.

Selon Me Paul Kéré, l’un des avocats du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, ce dernier ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés. « Il n’y a aucun élément à charge qui prouve que le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana a détourné un seul centime lorsqu’il était chef de corps du 12e régiment à Ouahigouya », a-t-il  indiqué. De plus, à l’en croire, le blanchiment de capitaux n’est pas une infraction autonome mais sous-jacente, c’est-à-dire qu’elle émane d’une infraction principale. Cette infraction principale est le détournement de deniers publics, chose que ne reconnaît pas son client, a ajouté Me Kéré.

Par ailleurs, il estime que le blanchiment de capitaux ne peut justifier la détention de cet officier à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Il dit donc attendre la notification du juge pour en savoir davantage sur la raison du refus de la liberté provisoire à son client.

paulkereEn rappel, le LCL Emmanuel Zoungrana est incarcéré depuis janvier 2022. Il est poursuivi pour cinq chefs d’accusation, dont l’atteinte à la sûreté de l’État et le blanchiment de capitaux. Il a été mis en liberté provisoire le 2 février 2022 pour les faits d’atteinte à la sûreté de l’État. Cependant, il a été maintenu en prison pour les faits de blanchiment de capitaux. Une première demande de liberté provisoire introduite par Zoungrana avait été rejetée par le tribunal militaire.

Ainsi, les avocats du LCL Emmanuel Zoungrana avaient saisi la Cour de cassation le 22 septembre 2022 et le dossier a été mis en délibéré le 27 octobre prochain.

Flora Sanou

tsr uneLes activités reprennent lentement dans les compagnies de transport de la ville de Ouagadougou après un bref arrêt dû au second coup d’État qu’a connu le pays. Les responsables de certaines compagnies de transport ont remarqué une baisse du nombre de voyageurs, tant au niveau national que dans la sous-région. Leur souhait est que cette quiétude perdure afin que les activités reprennent normalement.

La vie dans les différentes compagnies de transport a repris son cours et les visiteurs sont occupés entre réservation de tickets, retrait ou envoi de colis. Les différents agents sont à leur poste afin que les visiteurs puissent obtenir ce pour quoi ils sont présents.

On aperçoit également des voyageurs qui ont déjà pris leur ticket et attendent le prochain départ. «Je me réjouis que les activités aient repris ; j’effectue les voyages pour mon commerce donc ces trois jours ont été difficiles pour moi. Je pense que tout est rentré dans l’ordre et qu’il n’y a plus de quoi s’inquiéter. Les nouvelles autorités nous ont bien dit de vaquer à nos occupations », affirme Alidou Samandoulgou, un voyageur assis sous le hall et attendant le car qui le conduira à destination.

tsr 2Roland Yaogo, responsable administratif de TSR (Transport Sana Rasmané), indique que les activités à leur niveau ont été arrêtées le 1er octobre 2022 lorsqu’ils ont été informés de la situation du pays par les réseaux sociaux.

« Il y a des cars qui sont sortis le 30 septembre mais qui n’ont pu arriver à destination que dans la matinée du 3 octobre parce que les entrées des villes étaient bloquées par des manifestants », précise Roland Yaogo. 

Pour Adama Coulibaly, directeur des opérations de TCV et TCA, les 72h qui ont suivi le coup d’État, les conducteurs des cars ont rencontré des difficultés parce que de nombreuses voies étaient barricadées. « Il est arrivé que des bus passent la nuit en cours de route parce les sorties et entrées de presque toutes les villes étaient bloquées. Le passage était quasi impossible. Bien qu’on ait annulé le couvre-feu, il y a des passagers qui ont dormi en cours de route », explique-t-il.

Il poursuit : « Il y a des voyages qu’on a annulés ; par exemple, le couvre-feu a été annulé à la dernière minute alors qu’on avait des départs de nuit dans la sous-région qui étaient déjà annulés. »

tsr 3Selon Adama Coulibaly, directeur des opérations de TCV (Transport confort voyageurs) et TCA (Transport continent Afrique), dans l’ensemble, le coup d’Etat a joué sur leurs activités. « Nous avons enregistré des pertes parce que personne ne savait ce qui allait se passer donc des voyages ont été annulés. Il y avait également la fermeture des frontières, donc on a fait 4 jours sans sortir, c’était vraiment un manque à gagner », a-t-il affirmé.

Les compagnies de transport TCV et TCA ont repris leurs activités après l’annonce de l’ouverture des frontières le 4 octobre 2022, mais les voyageurs se comptent sur les doigts d’une main, surtout pour la destination sous-régionale.

Les deux responsables des compagnies de transport compatissent après l’attaque de Gaskindé. Ils appellent les autorités à équiper convenablement les FDS pour garantir une sécurité totale de la population.

« Il va falloir prendre plus d’engagement, de précautions pour que cela n’arrive plus. Les camions ont brûlé, il y a eu des morts et c’est choquant mais, si personne ne s’était engagé à y aller, ça allait donner le même résultat de l’autre côté parce qu’on a toujours des frères et sœurs qui y sont et qui ont besoin d’aide. Notre part, c’est de nous mobiliser, d’aller ravitailler ces habitants en vivres. L’armée doit pouvoir faire un effort de sécurisation pour assurer cette mission», interpelle Amadou Coulibaly.

Nafisiatou Vébama

mtrkyélemLes assises nationales sont annoncées pour les 14 et 15 octobre prochains. Nombreux sont les Burkinabè qui souhaitent que le capitaine Ibrahim Traoré sursoie à la tenue desdites assises et qu’il conduise lui-même la transition. Maître Apollinaire Kyélem de Tambèla est de ceux-là. L’avocat fait du reste des suggestions pour la bonne marche de la transition.

D’abord, Me Apollinaire Kyélem dit ne pas voir l’utilité de la tenue de ces assises nationales parce que c’est un peu précipité et il pense que les autorités actuelles en sont conscientes. « Nous sommes déjà à quelques heures de ces assises. Qui seront ceux qui vont y participer ? » s’interroge Me Kyélem. Il fallait du temps pour savoir quels sont les corps représentatifs de la société afin de les inviter, sinon on se retrouvera à refaire la même chose que sous le président Damiba aux assises passées. Ce sont les mêmes têtes qui risquent de revenir et même si ce n’est pas le cas, ce sont les mêmes organisations qui vont faire venir leurs représentants. Or, telles que les choses se passent, les vraies couches de la société ne sont pas représentées, fait remarquer notre interlocuteur.

Pour lui, au moins 80% des Burkinabè sont des paysans (éleveurs, agriculteurs) qui ne savent pas ce qui se passe aux assises, pourtant ce sont eux qui constituent les forces vives de la nation. « Est-ce qu’ils auront leur mot à dire dans les assises nationales ? Est-ce qu’on pourra intervenir dans les langues nationales pour que ceux-ci puissent s’exprimer ? Est-ce qu’il y aura un système de traduction à travers les principales langues parlées au Burkina pour que les représentants du monde paysans puissent venir exprimer leurs préoccupations dans leurs langues pour se faire comprendre ? » demande-t-il.

C’est là le vrai problème, selon l’avocat, car on risque de reproduire les mêmes erreurs : les mêmes qui sont là, les intrigants, les opportunistes sont là chaque fois à l’affût, quel que soit le régime, pour avoir des places ; les mêmes laissés-pour-compte seront laissés pour compte. « Si cela arrivait on n’aboutirait pas à un changement car si ce sont les mêmes qui prennent part aux assises, ils prétendront exprimer les aspirations du peuple alors qu’ils ne défendent que leurs propres intérêts.

« Sous le président Damiba, ceux qui étaient à l’Assemblée législative de Transition et au Conseil d’orientation et de suivi de la transition, ce sont les mêmes activistes, parfois des désœuvrés qui ne vivent que de ça, qui sont accrochés à chaque changement de régime pour essayer de trouver leur place au soleil. Ce sont des préoccupations égoïstes. Ma crainte est que cela risque de nous conduire au même résultat », a-t-il indiqué.

L’homme en robe noir dit être de ceux-là qui pensent que le capitaine Traoré doit rester à la tête de l’Etat pour conduire la transition. « De mon point de vue, ces assises n’étaient pas importantes. Je trouve que c’est du temps et de l’argent perdus. Je pense que le capitaine Traoré aurait dû s’en passer et gouverner par ordonnances », a-t-il martelé. Et d’ajouter qu’il faut une personne de vision pour diriger le Burkina. « A mon avis, ce qu’il nous faut actuellement, c’est un despote éclairé, c’est-à-dire quelqu’un qui a une vision pour le pays, qui n’a pas d’ambition personnelle en tant que telle, qui n’est pas orgueilleux, qui est assez humble mais qui sait ce qu’il veut pour le pays avec tout le leadership nécessaire comme ce fut le cas de l’ancien président Thomas Sankara », a-t-il indiqué

« Il faut une révolution dans ce pays pour que chacun y trouve son compte, pour que chacun se sente intéressé par la marche du pays. Pour y arriver, il faut supprimer le cadre actuel de la société où il y a des super Burkinabè et des Burkinabè moins que rien car même si on n’est pas un pays riche, on produit suffisamment pour avancer mieux si la répartition est bien faite. Il faut une révolution pour extirper toutes ces sangsues, ces inconscients qui se fichent de la misère du peuple. Il faut plafonner la rémunération dans les sociétés d’Etat à 500 000 FCFA ou 1 000 000 FCFA maximum. Celui qui estime que cela ne lui convient pas, qu’il s’en aille. J’encourage le capitaine Ibrahim Traoré à se pencher sur cet aspect parce que c’est ce qui va créer la citoyenneté et qui fera que nous aurons une nation », a suggéré Me Kyélem, connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche.

Selon lui, il nous faut refonder notre société en élaborant une Constitution conforme à nos réalités car pour lui, nos sociétés appliquent des Constitutions issues de l’histoire des peuples occidentaux. Ainsi, il faut que ceux qui se disent constitutionnalistes quittent la paresse intellectuelle car pour Me Apollinaire Kyélem, ils sont constitutionnalistes pour des Constitutions étrangères à notre société, ils ne sont que des répétiteurs.

Flora Sanou

coupetcultureTout comme beaucoup d’autres domaines, celui de la culture subit de plein fouet les conséquences de l’insécurité que vit le pays. Le coup d’Etat de ces derniers jours est venu modifier le calendrier culturel alors que certaines activités avaient été programmées. Pour certains artistes, plusieurs activités au programme au cours du week-end du 30 septembre au 2 octobre 2022 ont été automatiquement reportées. Bien qu’ayant subi les conséquences de ce putsch, ces artistes espèrent de meilleurs lendemains avec ces nouvelles autorités.

La « marche blanche » en faveur de la paix programmée pour le 1er octobre 2022 par l’association burkinabè des femmes artistes musiciennes a été annulée suite aux événements des 30 septembre, 1er et 2 octobre 2022. Pour Maï Lengani, présidente de ladite association, le report de cette activité à laquelle étaient attendues plus de 4 000 femmes vêtues de blanc a occasionné des  pertes financières, vu que tout était organisé sur fonds propres par  l’association.

Selon Donsharp de Batoro,  le secteur culturel subit un coup dur en raison du coup d’Etat car tout est remis à plat. « La culture est rythmée par la stabilité intérieure et quand ceux qui sont censés l’écouter sont dans l’agitation,  il n’y a point d’oreille à une quelconque écoute musicale. Les regards sont tournés vers autre chose que la culture. Comme on le dit, la culture vit du regard qu’on lui porte », affirme le parolier qui ajoute : «  Le triste constat est que la culture sort perdante même si c’est pour un temps. Les acteurs culturels sont obligés de prendre leur mal en patience avec certains concerts annulés, d’autres reportés et des partenaires qui se méfient. Résultat : c’est la précarité dans le secteur culturel. »

Le milieu culturel souffre depuis de l’insécurité du pays

« Le 1eroctobre, on avait un concert au CENASA avec Sana Bob et d’autres artistes dans le cadre du vivre-ensemble et de la paix au Burkina Faso. Malheureusement l’activité a été reportée et bien d’autres évènements ont été annulés. Si ce coup de force doit contribuer à apporter un changement, je pense qu’il est le bienvenu ; on ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. Si on se bat pour un changement radical, forcément il y a des sacrifices à faire. Nous souhaitons que ce combat du peuple débouche sur quelque chose de positif », indique H -Massé, Massé Hassan à l’état civil.

Pour R-Paall, de son vrai nom Rawal Sawadogo, cette fâcheuse situation de morosité des activités culturelles ne remonte pas seulement au récent coup d’Etat. C’est depuis le début des attaques terroristes que les artistes subissent les conséquences de ce phénomène. «  Le coup d’Etat n’est qu’une de ces conséquences parmi tant d’autres. Tu fais un programme, il faut prier Dieu pour qu’on ne décrète pas un deuil national. Et actuellement la nouvelle mesure qui impose qu’on arrête les évènements à minuit ou 2h du matin joue sur les artistes. Habituellement, les évènements culturels vont jusqu’à 2h ou 4h du matin. S’il faut précipiter les choses et finir à minuit, c’est un manque à gagner pour les artistes », dit-il.

Selon l’artiste R-Paall,  les deux coups d’Etat ont mis en retard le pays. Il espère que le récent putsch va susciter le changement tant souhaité par la jeune génération.

Nafisiatou Vébama

institutfrancAprès avoir subi le saccage de manifestants le 1er octobre 2022, l’institut français de Ouaga, celui de Bobo et l’ambassade de France ont mis la clé sous le paillasson. Cette fermeture a sans conteste des répercussions sur plusieurs secteurs de la vie économique du pays, dont le monde culturel. Certains artistes ont confié à Radars Info Burkina que la fermeture de l’institut est certes un manque à gagner, mais n’est pas supérieure à la volonté du peuple burkinabè qui aspire à un changement radical.

L’artiste chanteur Don Sharp de Batoro explique que l’institut français est un cadre d’expression artistique au-delà de la politique. Et pour les artistes burkinabè qui avaient leur programmation à cet institut, c’est un coup dur parce que ces spectacles seront supprimés. « Il y a alors un manque à ce niveau », a-t-il soutenu. L’artiste chanteur Ahmed Awobé partage le même point de vue. Selon lui, plusieurs artistes burkinabè se produisent à l’institut français. Ce qui fait que sa fermeture va beaucoup jouer sur ces derniers. Pour lui, les artistes ont du mal à trouver des plateaux, des cadres d’expression au regard du contexte national et du faible financement des infrastructures culturelles.

Qu’est-ce que cet institut offrait aux acteurs culturels burkinabè ? « C’est juste le cadre d’expression », répond Don Sharp de Batoro. « Et c’est un cadre qui permet aussi aux artistes d’avoir des relations extérieures et donc des opportunités en dehors du Burkina », a-t-il poursuivi. Mais, précise-t-il, « ce n’est pas l’unique cadre, bien évidemment ». Sur le sentiment qu’il éprouve face à la fermeture de cet institut, Ahmed Awobé déclare : « Si le centre est fermé, bien évidemment on n’est pas content de cela mais c’est une réaction du peuple que personne ne peut maîtriser. Depuis longtemps c’est le système de la France qui fait que les gens sont de plus en plus hostiles à ce pays. Ce n’est pas envers les Français et, Dieu merci, les gens ont toujours su faire cette différence ». Si Awobé Ahmed s’indigne de cette fermeture, ce n’est point parce qu’il estime que l’institut français est le seul ou le cadre par excellence d’expression pour les artistes burkinabè. « Il y a le CENASA, l’institut burkinabè, qui accueillait pas mal d’artistes burkinabè et plein d’autres salles dans la ville de Ouagadougou et à travers le pays. Mais c’est toujours un cadre de moins », s’explique-t-il. 

Comme lui, R-Paall, à l’état civil Sawadogo Rawal, n’est pas content de la situation. « On n’est pas content qu’on aille brûler quoi que ce soit mais il faut aussi comprendre les frustrations du peuple. Depuis combien de temps il vit dans des problèmes comme la pauvreté, la famine et maintenant l’insécurité, alors que la France est omniprésente dans sa vie ?» s’interroge-t-il. H-Massé abonde dans le même sens. « Quand on dit qu’un pays est souverain et c’est l’ancien colon qui a toujours sa main dans tous les aspects de votre politique, ça révolte. Donc si les gens s’en sont pris à l’ambassade ou à l’institut français, c’est la France même qu’ils visent. C’est parce qu’ils ne peuvent pas avoir la France elle-même », affirme-t-il. Pour H-Massé, la situation est déplorable mais est un appel aux Africains à s’assumer. « Si la France, qui est à des milliers de kilomètres, a son institut ici et que le Burkina lui-même n’a pas d’institut, cela nous interpelle en tant que pays souverain. Sinon, ce n’est pas bien de brûler, mais ça doit servir à quelque chose dans notre combat actuel », a-t-il déclaré.

Etienne Lankoandé

capitainetraoreLe mercredi 5 octobre 2022, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a adopté un acte fondamental qui a été lu à la télévision nationale burkinabè. L'on retient de cet acte, entre autres, que le capitaine Ibrahim Traoré est désormais le chef de l’État, chef suprême des forces armées nationales, et que la Constitution,  suspendue le 30 septembre 2022, est rétablie. Au lendemain de l’adoption de ce texte, Radars Info Burkina a approché quelques citoyens pour avoir leur point de vue.

Pour Issa Ouédraogo, ancien directeur régional du centre national des œuvres universitaires, l’acte fondamental du MPSR est un signal de bonne gestion. « En tout cas le début me semble bon, mais cela n’engage que moi. Vivement que les bonnes décisions continuent d’être prises car c’est de la vie de la Nation qu’il est question », a-t-il déclaré. Cet acte fondamental présente un nombre plus réduit de membres du MPSR et cela est un signe d’efficience, à en croire Issa Ouédraogo.

« Sans vouloir verser dans une euphorie prématurément béate, on peut dire sans grand risque de se tromper que la recherche de l'efficience a dicté cette composition », a-t-il clamé. Ainsi, l’on peut espérer la fin des assemblées budgétivores mais crisogènes, a-t-il soutenu.

Selon le journaliste A. Bazié, le capitaine Ibrahim Traoré est désormais pleinement le chef de l’État burkinabè, même s’il dit que c’est en attendant les assises. « En quelque sorte, il a dribblé tout le monde parce qu’on s’attendait à ce que les assises se tiennent et procéder au choix du chef de l’État. Mais à notre grande surprise, il s’est autoproclamé  chef de l’État », a-t-il soutenu. « Même s’il y aura assise c’est lui qui sera le président parce que quand on remarque, il dirigera le pays par voie d’ordonnance c’est-à-dire qu’il n’y a pas de loi de la Constitution qui peut entraver ses décisions. Il n’y a pas de loi à respecter », a-t-il ajouté.

Et pour terminer, Sieur Bazié estime que même s’il aura des assises ce serait du folklore, juste pour habiller sinon personne ne va le remplacer jusqu’à la fin de la transition.

Flora Sanou

ambaloIl s’est creusé un écart de compréhension entre la CEDEAO et les populations de ses pays membres. La posture qu’adopte cette institution sous-régionale à chaque évènement politique majeur d’un de ses pays membres est incomprise par les populations, qui se montrent de plus en plus hostiles à elle. Du Burkina Faso au Mali en passant par la Guinée, c’est l’ensemble des citoyens de l’espace communautaire qui s’indignent des décisions de ladite communauté. En tout cas le moins qu'on puisse dire, c'est que beaucoup d’interrogations requièrent des réponses. 

Le ressenti des populations des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) face à l’attitude des responsables de cette institution est visiblement amer. Des populations qui voient leur misère s’accroître dans une totale indifférence de l’institution sous-régionale qui commence à fulminer lorsqu’un chef d’Etat, vomi par son peuple, se trouve en difficulté. Quel genre d’institution est cette CEDEAO qui refuse de condamner les entorses faites à la justice d’un pays ? Est-on tenté de se demander face à ce qu’il a été de voir en Côte d’Ivoire et en Guinée en 2020 (à l’occasion des élections présidentielles) et récemment au Mali avec le cas des 46 mercenaires ivoiriens.

Lorsqu’Ibrahim Boubacar Keita a été victime d’un coup d’Etat applaudi par l’immense majorité des Maliens, qui étaient dans les rues pour réclamer sa démission, la CEDEAO a brandi la carte de la menace contre le Mali. Elle aurait rengainé son arme lorsqu’un compromis, qui lui était plus favorable qu’au peuple malien, a été trouvé. A situations semblables, les mêmes phénomènes s’observent. C’est ainsi que Ba N’Daw va être à son tour victime d’un coup d’Etat. Cette fois-ci, la CEDEAO va durcir le ton et aller jusqu’à mettre à exécution sa menace, au mépris des souffrances du peuple malien, parce que la situation semblait échapper à son contrôle. Plusieurs individus vont s’indigner de la cruauté des décisions adoptées par cette institution. Beaucoup ont accusé la CEDEAO de vouloir mettre le peuple malien dans la misère afin de le pousser à s’en prendre au pouvoir en place et pouvoir revenir en « pompier pyromane », comme le qualifie l’artiste ivoirien Alpha Blondy.

Le scénario malien n’allait pas tarder à s’inviter au Burkina Faso avec le coup d’Etat perpétré contre Roch Marc Christian Kaboré en janvier 2022. Contre toute attente, le tombeur de ce dernier allait avoir la bénédiction de la CEDEAO qui se met tout de suite à sa disposition pour l’accompagner. Parmi les préoccupations posées par l’institution, le retour à un ordre constitutionnel normal passe au-dessus de l’amélioration de la situation sécuritaire ou autre situation, aussi vitale soit-elle. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le communiqué de l’institution sous-régionale aux premières heures du coup d’Etat lancé contre Damiba. En effet, dans ledit communiqué (du 30 septembre 2022), la CEDEAO, tout en jugeant inopportun le coup d’Etat, a déclaré qu’il intervient à un moment où des progrès ont été réalisés, en brandissant le chronogramme de la transition, au mépris de la dégradation accrue de la situation sécuritaire sous le régime de Damiba. Les entorses faites à la justice burkinabè en ramenant l’ex-président du Faso, Blaise Compaoré, n’ont pas été une préoccupation majeure pour l’institution, qui semble avoir fermé les yeux face aux cris de détresse des peuples et face aux lanceurs d’alertes.

Face à de telles situations, comment convaincre de la bonne fois de cette institution, qualifiée par certains d’institution satellite ou de défense des intérêts des chefs d’Etat. Face à ce qui se joue au sein des pays de la sous-région, la CEDEAO se construit peu à peu et, dans cette construction, la nécessité de revoir certaines copies, sinon la majorité, s’impose. Il est indéniable qu’elle comporte d’énormes avantages pour la sous-région, mais la mission se veut holistique, ce qui s’accompagne de garde-fous.

Etienne Lankoandé

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