Déchets plastiques à Ouagadougou : Les blocus au passage des eaux de pluie
Les caniveaux sous le pont en face de la maison de la Femme à Ouagadougou sont bouchés par des déchets plastiques. Après chaque pluie, les riverains sont surpris que les eaux stagnent devant leurs portes. « L’eau ne quitte jamais nos portes en saison des pluies », se plaignent certains riverains. Une situation qui n’est pas sans rappeler la problématique de la gestion des sachets plastiques.
Les sachets plastiques sont devenus, au fil des ans, incontournables dans l’économie burkinabè. Ils entrent dans pratiquement tous les achats de produits. Cependant après usage, ces sachets constituent un sérieux problème pour l’environnement urbain. Et malgré les efforts de conscientisation, les jets en plein air de sachets continuent de proliférer à Ouagadougou. Conséquence, les terres se dégradent davantage, les canaux d’évacuation des eaux se bouchent, ce qui occasionne, entre autres, des inondations. Les services publics et privés consentent des efforts pour en appeler à la saine gestion des déchets plastiques. Est-ce peine perdue, du gaspillage d’énergie et de ressources ou des actions porteuses de fruits ? Difficile d’y répondre, d’autant plus que les déchets plastiques continuent d’envahir tous les coins et recoins de la capitale. Même les édifices publics n’échappent pas à l’insoumission des sachets plastiques très entêtés. C’est le cas du pont du boulevard des Tensoba, situé en face de la maison de la Femme de Ouagadougou. Les déchets plastiques y ont élu domicile au point d’obstruer les caniveaux sous le pont, bloquant le passage à l’eau. Il faut y faire un tour après une pluie pour se rendre compte du caractère préoccupant de la situation.
Quand les riverains veulent se dédouaner
Pourtant, les actions en faveur d’une ville propre sont la chose qui manque le moins : opération « mana mana », brigade verte, recyclage des sachets plastiques non biodégradables, opération zéro sachet plastique sont en effet légion.
Malheureusement, le constat est que des caniveaux et des ponts comme celui devant la maison de la Femme de Ouagadougou continuent d’être le « nid » des sachets plastiques. En ce lieu, les eaux stagnent devant les portails des cours riveraines après chaque pluie. Hamidou Ouédraogo a son atelier à une centaine de mètres du pont. « Il y a des jours où nous ne pouvons pas accéder à l’atelier parce que l’eau a inondé les lieux », confie-t-il. Quelle est l’origine du problème ? Hamidou l'ignore. La quantité de pluies cette année ne peut pas l’expliquer parce qu’Hamidou et ses voisins ont vécu les mêmes situations en 2021 où il y a eu moins de pluies. Pour lui, cela est peut-être lié au fait que cette zone est basse, ce qui y ramène l’eau des zones élevées. Pourtant, il suffit de jeter un coup d’œil sous les caniveaux pour comprendre de quoi il retourne. Ils sont bouchés par des déchets plastiques et l’eau n’arrive plus à s’écouler convenablement.
Ouagadougou en danger
Malgré la quantité d’eau tombée sur Ouagadougou, les eaux pluviales n’ont pu emporter toutes les ordures plastiques entassées sous les caniveaux de ce pont. Dans les caniveaux qui longent le boulevard des Tensoba, les petits espaces entre les dalles sont aussi obstrués par des sachets plastiques à chaque passage des eaux de pluie. Pour Cyrille, vendeur de poupées dans les encablures de la maison de la Femme, le phénomène de jet de sachets plastiques et des ordures ménagères à Ouagadougou est très inquiétant. Et certaines personnes, selon lui, se disent qu’à l’arrivée des pluies, les eaux de ruissellement vont emporter les sachets plastiques. « Ouagadougou est en danger si on ne s’attaque pas à ce problème », a-t-il averti. Pour lui, les inondations observées ne sont liées ni aux fortes pluies ni à l’insuffisance de caniveaux. « Cela est lié au comportement incivique des citoyens ».
Etienne Lankoandé