samedi 23 novembre 2024

sachetplast uneLes caniveaux sous le pont en face de la maison de la Femme à Ouagadougou sont bouchés par des déchets plastiques. Après chaque pluie, les riverains sont surpris que les eaux stagnent devant leurs portes. « L’eau ne quitte jamais nos portes en saison des pluies », se plaignent certains riverains. Une situation qui n’est pas sans rappeler la problématique de la gestion des sachets plastiques.

Les sachets plastiques sont devenus, au fil des ans, incontournables dans l’économie burkinabè. Ils entrent dans pratiquement tous les achats de produits. Cependant après usage, ces sachets constituent un sérieux problème pour l’environnement urbain. Et malgré les efforts de conscientisation, les jets en plein air de sachets continuent de proliférer à Ouagadougou. Conséquence, les terres se dégradent davantage, les canaux d’évacuation des eaux se bouchent, ce qui occasionne, entre autres, des inondations. Les services publics et privés consentent des efforts pour en appeler à la saine gestion des déchets plastiques. Est-ce peine perdue, du gaspillage d’énergie et de ressources ou des actions porteuses de fruits ? Difficile d’y répondre, d’autant plus que les déchets plastiques continuent d’envahir tous les coins et recoins de la capitale. Même les édifices publics n’échappent pas à l’insoumission des sachets plastiques très entêtés. C’est le cas du pont du boulevard des Tensoba, situé en face de la maison de la Femme de Ouagadougou. Les déchets plastiques y ont élu domicile au point d’obstruer les caniveaux sous le pont, bloquant le passage à l’eau. Il faut y faire un tour après une pluie pour se rendre compte du caractère préoccupant de la situation.

Quand les riverains veulent se dédouaner

Pourtant, les actions en faveur d’une ville propre sont la chose qui manque le moins : opération « mana mana », brigade verte, recyclage des sachets plastiques non biodégradables, opération zéro sachet plastique sont en effet légion.

sachetplast 2Malheureusement, le constat est que des caniveaux et des ponts comme celui devant la maison de la Femme de Ouagadougou continuent d’être le « nid » des sachets plastiques. En ce lieu, les eaux stagnent devant les portails des cours riveraines après chaque pluie. Hamidou Ouédraogo a son atelier à une centaine de mètres du pont. « Il y a des jours où nous ne pouvons pas accéder à l’atelier parce que l’eau a inondé les lieux », confie-t-il. sachetplast3Quelle est l’origine du problème ? Hamidou l'ignore. La quantité de pluies cette année ne peut pas l’expliquer parce qu’Hamidou et ses voisins ont vécu les mêmes situations en 2021 où il y a eu moins de pluies. Pour lui, cela est peut-être lié au fait que cette zone est basse, ce qui y ramène l’eau des zones élevées. Pourtant, il suffit de jeter un coup d’œil sous les caniveaux pour comprendre de quoi il retourne. Ils sont bouchés par des déchets plastiques et l’eau n’arrive plus à s’écouler convenablement.

Ouagadougou en danger

Malgré la quantité d’eau tombée sur Ouagadougou, les eaux pluviales n’ont pu emporter toutes les ordures plastiques entassées sous les caniveaux de ce pont. Dans les caniveaux qui longent le boulevard des Tensoba, les petits espaces entre les dalles sont aussi obstrués par des sachets plastiques à chaque passage des eaux de pluie. Pour Cyrille, vendeur de poupées dans les encablures de la maison de la Femme, le phénomène de jet de sachets plastiques et des ordures ménagères à Ouagadougou est très inquiétant. Et certaines personnes, selon lui, se disent qu’à l’arrivée des pluies, les eaux de ruissellement vont emporter les sachets plastiques. « Ouagadougou est en danger si on ne s’attaque pas à ce problème », a-t-il averti. Pour lui, les inondations observées ne sont liées ni aux fortes pluies ni à l’insuffisance de caniveaux. « Cela est lié au comportement incivique des citoyens ».

Etienne Lankoandé

dgessL’annuaire statistique de l’éducation préscolaire au Burkina Faso montre une image précise de la situation de l’éducation préscolaire pour l’année 2020-2021. La Direction générale des études et des statistiques sectorielles (DGESS), qui en est l’auteur, indique une forte baisse des effectifs des élèves et des écoles fonctionnelles dans le Sahel, une forte croissance du nombre d’enseignants, une augmentation du nombre de salles de classe dites « sous paillotes » au public ainsi qu’un fort accroissement du nombre d’écoles privées.

Au Burkina Faso, le nombre d’élèves pendant l’année scolaire 2020-2021, a connu une faible croissance de façon générale. En effet, selon le rapport de la Direction générale des études et des statistiques sectorielles (DGESS), l’effectif des élèves en 2020/2021 de l’enseignement primaire est de 3 289 736, dont 49,5% de filles, contre 3 240 347 en 2019-2020, soit une hausse de 1,5%. Le taux de croissance de l’effectif des élèves dans le privé en 2020-2021 était 24,4%. Il a augmenté de 31,4% et celui du public de 2,3% entre 2016/2017 et 2020/2021.

Au niveau régional, les effectifs d’élèves ont baissé dans cinq régions par rapport à l’année dernière. En effet, on constate une forte baisse dans les régions du Sahel et de l’Est avec respectivement 15,4% et 8,7%. Cela est lié en partie à la fermeture d’écoles dans certaines localités en raison de l’insécurité. Par contre dans les autres régions, les effectifs d’élèves ont augmenté, comparativement à l’année précédente.

S’agissant du personnel enseignant, on enregistre une hausse. En effet, la DGESS relève un effectif de 92 911 agents pour l’année 2020-2021, contre 87 304 en 2019/2020, soit une augmentation de 6,4% dont une forte croissance du personnel féminin. En effet, l’effectif de femmes enseignantes a augmenté de 27,2% contre 21,8% pour celui des hommes entre 2016/2017 et 2020/2021.

L’effectif des enseignants du privé est de 22,9% de l’effectif total au niveau national en 2020/2021. L’accroissement de l’effectif des enseignants est de 10,7% dans le privé, contre 5,2% dans le public par rapport à l’année scolaire 2019/2020. La variation de l’effectif des enseignants selon les régions présente d’énormes disparités entre 2019/2020 et 2020/2021. Elle est de 11,7% dans le Centre-Nord et de -26,3% au Sahel.

De plus, le rapport révèle une hausse du nombre d’écoles fonctionnelles en général, une forte baisse du nombre d’écoles fonctionnelles dans le Sahel et une forte croissance dans le privé en 2020-2021. En effet, le nombre d’écoles fonctionnelles en 2020-2021 était de 15 077, avec une part du privé de 30,1%, alors qu’en 2019-2020, ce nombre était de 14 863, soit une augmentation de 1,4%. En outre, le Taux d’accroissement moyen annuel (TAMA) dans le privé entre 2016/2017 et 2020/2021 a été de 4,6% contre -2,2% au public. Le nombre d’écoles fonctionnelles a baissé dans les régions du Sahel (42,5%) et de l’Est (11,1%), eu égard à la persistance de la crise sécuritaire.

Par ailleurs, les salles de classe fonctionnelles dans le public et le privé au cours de l’année 2021-2021 étaient au nombre de 66 466. Selon les rédacteurs du document, il ressort une baisse de 2,0% des salles de classe fonctionnelles au public et une augmentation de 3,3% au privé. Entre 2016/2017 et 2020/2021, le nombre de salles de classe fonctionnelles au privé a augmenté de 23,2%, contre une baisse de 2,2% dans le public.

Pour ce qui est du nombre de salles de classe dites « sous paillotes » au cours de l’année scolaire 2020-2021, l’on dénombre 6 925, dont 4 237 au public et 2 688 au privé, soit une augmentation de 13,3 % au public et une baisse de 2,4% au privé par rapport à l’année précédente.

De plus, le document indique qu’au niveau national, 10,2% des salles de classe sont « sous paillotes ». Cette proportion est plus élevée dans la région du Nord avec 18,5% et moins élevée au Centre avec 2,9%.

Cependant, ces effectifs semblent ne plus être d’actualité. En effet, selon le rapport mensuel du Secrétariat technique de l’Education en situation d’urgence (ST-ESU), publié le 6 mai 2022, le nombre de fermetures au niveau des écoles primaires passe de 3 206 à 3 623. Ces fermetures font suite aux attaques et/ou aux menaces terroristes. Elles représentent 20,33 % des écoles primaires affectant 579 970 élèves, dont 278 121 filles (47, 95%), ainsi que 17 107 enseignants, dont 5 950 femmes (34,78%).

Flora Sanou

colèreSortir de ses gonds, perdre son sang-froid, certaines situations sont des occasions qui ont tendance à nous mettre en colère. Qu’est-ce que la colère ? Quelles en sont les causes et les conséquences ? Comment faire de cette émotion une force constructive ? Dr Aloys Kaboré, psychologue, apporte des éléments de réponse.

Radars Info Burkina

Comment peut-on définir la colère ?

Dr Aloys Kaboré

La colère est une émotion libérée par une hormone que nous exprimons lorsque nous sommes dans une situation qui nous irrite, c’est-à-dire qui n’est pas confortable. A ce moment, le cerveau nous met en sécurité en libérant une hormone pour que nous puissions faire face à la menace. Par exemple lorsque nous insultons une personne et que celle-ci réplique avec une douleur, le cerveau voit cela comme une menace à la survie de la personne et libère une hormone pour lui permettre de se défendre. C’est une mise en sécurité du cerveau par une force pour nous permettre de faire face à une menace que nous venons de subir, à une situation que nous n’aimons pas. Et des fois, la colère est le faible de certaines personnes.

Radars Info Burkina

Quelles sont les causes de la colère ?

Dr Aloys Kaboré

Avant qu’un enfant naisse, il traîne déjà les émotions de son père. En effet, si le père était en colère les 9 mois ayant précédé l’union sexuelle, l’enfant est déjà touché par la colère. Pendant la conception, l’enfant est atteint par la colère de ses parents. De plus, pendant la grossesse il sera touché par la colère de ses parents. Le jour de sa naissance et les six premières années, il sera touché par la colère de l’environnement. Après cela, c’est la société qui le contraint à se mettre en colère par exemple avec des embouteillages sur la route, des mots blessants au travail, des crispations à la maison, etc La colère est d’abord d’origine familiale.

Radars Info Burkina

Quelles peuvent être les conséquences de la colère ?

Dr Aloys Kaboré

Quand on se met en colère, le cerveau nous donne des forces (l’hormone se met en mouvement) pour nous mettre dans une position d’attaque. Ainsi, l’hormone libérée devrait être consommée mais une fois qu’elle ne l’est pas, elle se retourne contre nous-mêmes et devient un corps émotionnel. C’est dire que chaque jour, on en aura besoin dorénavant pour survivre. Cela va intoxiquer le corps et va finir par devenir la somatisation. Le cerveau va convertir cette hormone qui est continuellement là et l’expédier vers le corps, ce qui va entraîner la maladie psychosomatique. La maladie psychosomatique est une maladie que l’esprit inflige au corps, un trouble psychique qui se répercute sur l’état physique.

La deuxième conséquence qu’engendre la colère est que l’on aura besoin continuellement de l’hormone pour exister et cela conduit dans le sombre (personne avec des visages colériques). La colère est très toxique pour l’organisme.

Radars Info Burkina

La colère peut-elle être saine ?

Dr Aloys Kaboré

Quand une colère est constructive, elle est saine. La vie est tellement dure que cela nécessite de se mettre souvent en colère.

La colère participe souvent à la réalisation de nos projets. Une grande partie de l’humanité a été construite grâce à des colères mais que l’on appelle l’orgasme ou le combattif ou encore l’agression masculine. La colère saine est le principe de l’agressif dans le bon sens, du combatif, pour pouvoir construire la vie. Par exemple quand les gens vont à la retraite, le cerveau organise une cessation de vie (ces derniers usaient de la colère pour pouvoir travailler). A ce niveau, la colère peut être saine mais je préfère plus l’appellation agression positive car une colère n’est jamais saine.

Radars Info Burkina

Si la colère est une émotion vive que nous pouvons regretter, se pourrait-il qu’elle soit parfois libératrice ?

Dr Aloys Kaboré

La colère ne nous libère pas vraiment parce que les hormones que nous libérons pour pouvoir nous énerver nous intoxiquent, nous condamnent davantage. La colère ne nous libère pas, elle engendre beaucoup de souffrance.

Radars Info Burkina

Comment faire de sa colère une force constructive ?

Dr Aloys Kaboré

Si on peut ne pas se mettre en colère, ce serait mieux car la colère peut aider à se construire mais elle détruit par la suite. Donc le plus important, c’est d’éviter de se mettre en colère quand on peut parce qu’elle est toxique.

Radars Info Burkina

Comment éviter la colère ?

Dr Aloys Kaboré

Le monde est tellement cruel aujourd’hui qu’il est difficile d’éviter la colère. Il faut être à un niveau de spiritualité élevé pour ne pas se mettre en colère ; c’est une culture, un apprentissage de haut niveau.

Interview réalisée par Flora Sanou

triialI.N., âgé de 24 ans, est accusé d’avoir soustrait frauduleusement la somme de 75 mille francs, une moto et quatre téléphones au domicile de M. Ouédraogo. Il a déposé la moto volée chez l’un de ses amis du nom d’A.D. pendant plusieurs jours. Cet ami et lui ont comparu ce jour 27 septembre 2022 devant le Tribunal de grande instance Ouaga II. I.N. a été condamné à  36 mois de prison, dont 18 ferme, et à une amende de 500 mille francs assortie de sursis. A.D., lui, a relâché pour infraction non constituée. La salle d’audience s’est donc mise à résonner au son des applaudissements des parents de I.N. qui manifestaient leur joie. Ceux-ci ont été immédiatement repris par le tribunal qui les a confiés au procureur, lequel a rappelé à l’auditoire les règles du tribunal. Ils ont été également convoqués à se présenter devant le parquetier.

I.N., à la barre ce 27 septembre 2022, est accusé de vol de moto, de téléphones et d’une somme de 75 mille francs CFA. Il reconnaît partiellement les faits et indique n’avoir pris que la moto et ce, devant une porte dans un quartier autre que celui où se trouve le domicile de la victime.

« Je ne reconnais pas les faits, j’étais à l’hôpital avec ma vieille et je n’avais pas d’argent pour honorer ses ordonnances ; il n’y avait personne non plus pour m’aider. J’ai donc vu une moto devant une cour, je l’ai prise et je suis allé la donner à mon ami en lui demandant de la garder pour moi jusqu’au lendemain. Je ne lui ai pas dit que c’était une moto volée », explique I.N.

La victime, elle, affirme que la moto était dans son domicile que I.N. a cambriolé en emportant ses quatre téléphones et sa moto avec 75 mille francs qui étaient sous la selle.

La victime habite à Pazanni alors que I.N. indique avoir pris la moto à Tanghin. « Peut-être que c’est quelqu’un d’autre qui a déposé la moto et moi je l’ai prise », clame I.N.

Et le procureur de lui répliquer : « Donc quelqu’un d’autre a volé les téléphones et la moto et lui qui est voleur ne sait pas qu’il y a des voleurs pour laisser la moto devant une cour pour que vous veniez la prendre ? Je comprends pourquoi vous dites cela ! C’est pour ne pas nous dire comment vous avez cassé la porte pour vous introduire dans le domicile de M. Ouédraogo. »

S’agissant d’A.D., l’ami de I.N. chez qui il avait déposé la moto volée, en plus d’être accusé de complicité, il lui est reproché d’avoir volé 14 caisses vides de boissons, des bouteilles de boissons d’une valeur de 23 mille et un régulateur. Mais ce dernier ne reconnaît pas les faits et clame son innocence.

À la barre voici ce qu’il a déclaré : «  Je ne reconnais pas les faits. C’est à cause de la moto que je me suis retrouvé au commissariat et une dame que je ne connais pas est venue raconter qu’on lui a dit que c’est moi qui ai pris ses casiers de bouteilles. J’ai demandé qu’on me présente la personne qui m’accuse et ils ont refusé. »

L’avocat qui défendait A.D. a demandé qu’on relaxe son client pour infraction non constituée. Aucune caisse ni bouteille n’a été retrouvée chez lui lors de la perquisition. Rien ne prouve non plus sa culpabilité, a-t-il affirmé.

Le tribunal a donc décidé de relâcher I.D. et les parents de celui-ci n’ont pu contenir leur joie. Ils l’ont donc exprimée par des applaudissements et des cris de joie, ce qui leur a valu une convocation auprès du procureur.

I.N. écope d’une peine de prison de 36 mois, dont 18 ferme, et de 500 mille francs CFA d’amende assortie de sursis.

Nafisiatou Vébama

daboboukJustice a été rendue à Dabo Boukary, étudiant en 7e année de médecine et militant de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) assassiné en mai 1990. Les militants de l’ANEB se réjouissent du procès tenu et du verdict après 32 ans, même s’ils estiment qu’il y a eu des non-dits dans l’affaire. Pour eux, ce procès est une victoire d'étape de la lutte et cette lutte va continuer pour la défense des intérêts matériels et moraux des étudiants.

« Après 32 ans de lutte, c’est une victoire d’étape pour nous, militants de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), pour l’ensemble des étudiants et pour tous ceux épris de justice », affirme Ibrahim Haro, militant de l’ANEB, section Ouaga.

Même son de cloche chez Fernand Wilfried Bazo, président de l’Association nationale des étudiants burkinabè, section Koudougou, qui pense que la tenue de ce procès et le verdict qui en a découlé ne sont que le fruit du couronnement de plusieurs années de lutte. « Il faut le rappeler, cela fait 32 ans qu’il est tombé et durant tout ce temps, toutes les générations d’étudiants qui se sont succédé ont toujours maintenu le flambeau de la lutte pour qu’il y ait la lumière et la vérité sur ce dossier de cet étudiant qui a été crapuleusement assassiné par les dignitaires du pouvoir de la IVe république », dit-il.

Satisfait du verdict, mais …

« En ce qui concerne le procès, on voit qu’il y a beaucoup à faire parce qu’il y a des autorités qui ont été citées lors du procès tels que Salifou Diallo et également le cabinet de la présidence, donc Blaise Compaoré est une personnalité citée dans le dossier et on pense que s’il y a des actions à mener concernant cette question, on le fera », affirme Ibrahim Haro. Il estime que toute la vérité n'a pas été dite lors des audiences, mais qu’ils se réjouissent du verdict rendu en attendant le verdict final, car les accusés ont le droit de faire appel dans un délai de 15 jours.

La lutte au sein de l’UGEB n’est pas finie

Le verdict est rendu mais pour l’UGEB, la lutte n’est pas finie. Déjà, il y a la tombe de Dabo qu’il faut retrouver et remettre en état. « La tombe a été identifiée, mais elle est dans un état de disparition c’est-à-dire qu’on ne peut pas connaître facilement le lieu où il a été enterré.  Nous allons poursuivre le combat pour que la tombe puisse être réhabilitée », déclare Ibrahim Haro.

En outre, « comme le président de l’UGEB l’a dit, les actions au sein de l’UGEB vont se poursuivre. La journée du 19 mai était donc dédiée journée de l’étudiant burkinabè. Cette journée, c’était pour demander justice et vérité sur le cas Dabo Boukary. C’est aussi une journée pour rendre hommage à Dabo Boukary et elle revient d’une manière générale sur les actions que l’Union générale des burkinabè mène. Ce sont des journées qui font un point aux étudiants sur ce que l’UGEB fait », précise Ibrahim Haro.

Pour ce militant, l’UGEB ne mène pas une lutte spécifique à un dossier, c’est une lutte pour défendre les intérêts moraux et matériels et elle est engagée aux côtés du peuple, donc tant que le peuple sera toujours en souffrance, « je pense que l’Union ne peut pas se faire parce qu’on a eu une victoire d’étape. Pour nous, tous les acquis que nous engrangeons sont des victoires d’étape parce que le jour où on dira qu’on a eu la grande victoire, c’est le jour où l’étudiant burkinabè se sentira capable de répondre aux exigences du moment. Nous sommes dans le système LMD qui a connu une dégradation profonde à travers le décrochage des promotions et le nouveau régime d’études qui massacre autant d’étudiants sur le campus. Il y a beaucoup d’arguments pour dire que nous ne pouvons pas renoncer à la lutte parce que nous avons eu justice pour notre camarade Dabo Boukary ; au contraire, nous devons  poursuivre la lutte pour que les étudiants qui viendront puissent savoir qu’il y a eu un étudiant qui s’est engagé aux côtés de l’UGEB pour la défense des intérêts matériels et moraux des étudiants alors qu'il était en 7e année de médecine. Il aurait pu se taire et finir son année,  mais il a su porter le flambeau et nous devons lui rendre hommage  ».

L’Union générale des étudiants du Burkina est donc décidée à évoquer d’autres difficultés que vivent les étudiants. « Comme le disait Me Farama, la plus belle chose qu’il faut rendre à un martyr, c’est de continuer le combat qu’il a eu à faire au moment où il était vivant. Je pense que nous allons poursuivre le combat jusqu’à ce que la victoire finale nous soit donnée. Donc nous allons continuer la lutte », conclut-il.

Nafisiatou Vébama

lutte insécuDans la lutte contre l'insécurité au Burkina Faso, nombreux sont les Burkinabè qui militent pour une rupture de la coopération entre le Burkina et la France.  Larba Israël Lompo, président de l'association Œil d’Afrik et porte-parole du Collectif des organisations de la société civile pour le Sahel (COSC/Sahel), est de ceux-là. Dans cette interview qu’il a accordée à Radars Info Burkina, M. Lompo martèle qu’on ne doit pas laisser la France continuer à considérer l'Afrique comme sa zone d'influence. Pour cela il faut, selon lui, soit  un changement de paradigme dans la coopération avec l’Hexagone, soit mettre fin à la coopération entre les deux pays.

Radars Info Burkina : Veuillez vous présenter à nos lecteurs.

Larba Israël Lompo : Je suis Larba Israël Lompo, président de l'association Œil d’Afrik,  première association panafricaine créée pour une souveraineté monétaire vraie des pays africains. Je suis aussi le porte-parole du Collectif des organisations de la société civile pour le Sahel (COSC/Sahel).

Radars Info Burkina : Croyez-vous à une rupture de la coopération franco-burkinabè ?

LIL : Nous croyons à un changement de paradigme dans la coopération avec la France. Nous avons le devoir d’obliger la France à changer sa façon de considérer l’Afrique et les Africains. Elle ne peut pas continuer à nous insulter dans des discours infantilisants et méprisants qui consistent à dire que l’Afrique est sa zone d’influence. Certains pays sont amis et coopèrent. Mais lorsqu’un pays considère un autre comme sa zone d’influence, on ne parle plus de coopération ; on parle de dominé et dominant.

Radars Info Burkina : Certains citoyens suggèrent qu’on arme la population pour lui permettre de se défendre elle-même face aux attaques terroristes. Que pensez-vous de cela ?

LIL : C’est en effet une stratégie qui pourrait se révéler efficace dans la lutte contre le terrorisme si elle relève d’une réflexion intelligente par des hommes avertis. Nous ne pouvons pas être partenaire avec des nations dont la preuve de la complicité avec les terroristes n’est plus à démontrer et nous attendre à une victoire. En réalité, nous avons juste besoin d’un héros de guerre. Mais si nous avons des dirigeants qui n’ont aucune confiance en eux, on ne peut pas s’attendre à ce héros de guerre.

Radars Info Burkina : Quelles sont vos propositions en matière de lutte contre l’insécurité au Burkina Faso ?

LIL : J’ai eu à faire plusieurs propositions comme la création d’un Centre de commandement du théâtre des opérations (CCTO). Je constate que les autorités actuelles ont créé le COTN, mais certains aspects de mes propositions, que je trouve pourtant pertinents, n’y ont pas été pris en compte.

Plus concrètement, la première chose à  faire, c’est se débarrasser de « l’ami-ennemi ». Ensuite, il nous faut choisir un partenaire prêt à nous fournir les équipements nécessaires, même s’il faut en contrepartie lui céder certaines de nos matières premières de façon franche et honnête. Outre cela, il faut contrôler l’émission monétaire et la masse monétaire, interpeller les pays côtiers sur la porosité de leurs frontières qui permet à l’ennemi de faire passer des armes et apprendre à notre peuple à créer de la richesse par lui-même. Par ailleurs, il faut reconsidérer les discriminations régionales en matière de partage des richesses du pays. Pour terminer, il faut mettre fin à tous les partis politiques ethnicistes.

Flora Sanou

lptakoL’Alliance pour une mine responsable (AMR) a organisé ce 23 septembre 2022 une table ronde avec les acteurs du secteur minier artisanal et tous ceux intervenant dans le domaine minier. Cette rencontre entre dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet pilote d’installation d’un comité d’évaluation du suivi dans les zones de production artisanales au sein des pays du Liptako-Gourma, à savoir le Burkina, le Mali et le Niger. Les travaux ont permis de peaufiner les termes de référence dudit comité et d’en confirmer les membres.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ainsi que l’Autorité de développement intégré des États du Liptako-Gourma (ALG) ont révélé dans une étude réalisée en 2018 qu’il était important de mettre en place dans le Liptako-Gourma des comités d’évaluation et de suivi des risques dans les zones de production artisanales afin d’identifier les risques, de les évaluer et de les atténuer. Une recommandation a donc été faite à cet effet.

Dans l’objectif de favoriser la mise en place de ce comité au Burkina Faso, l'Alliance pour une mine responsable (AMR) a échangé avec les parties prenantes du sous-secteur de la mine artisanale et à petite échelle. Les participants ont eu l’occasion de s’imprégner du projet et d’énumérer les risques les plus importants de la mine artisanale et à petite échelle. Ce sont, sont entre autres, le travail et l’enlèvement d'enfants dans les sites, la violence psychologique et celle économique qu’ils endurent, les rapts de femmes et de filles, ainsi que les risques sécuritaires. « On a ajouté deux groupes supplémentaires de risques, à savoir ceux liés aux conflits miniers dans les zones minières artisanales et ceux en lien avec les questions de santé, sécurité et environnement. Ces risques sont identifiés en tenant compte des cinq lots de risques qui sont contenus dans les annexes 2 du Guide d’évaluation des urgences », a précisé Désiré Nikiéma, coordinateur national de l’Alliance pour une mine responsable (AMR) au Burkina Faso.

Les discussions ont également permis de trouver des éléments de réponses aux grands points constituant les termes de référence. Ces travaux vont aboutir aux cérémonies de lancement et d’installation du comité, prévues en octobre 2022.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans sa dynamique consistant à aider les entreprises à respecter les droits humains et à éviter de contribuer aux conflits par leurs pratiques de production et d’approvisionnement miniers, a adopté un guide sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais.

C’est à ce titre que l’OCDE, depuis le début de l’année 2016, travaille avec l’Autorité de développement intégré des États du Liptako-Gourma (ALG) afin de promouvoir et de mettre en œuvre l’utilisation des recommandations du Guide OCDE au sein de ces 3 États du Liptako-Gourma susmentionnés.

Nafisiatou Vébama

jvenilIl ressort du dernier recensement de la population que 45,5% sont des enfants de moins de 15 ans et que 32,6% de jeunes ont entre 15 et 34 ans. Cette grande partie de la population tombe le plus souvent dans de mauvaises pratiques, lesquelles peuvent déboucher sur la délinquance. Ces dernières années, les statistiques pénitentiaires montrent une hausse de la délinquance juvénile. En 2007, 365 mineurs étaient impliqués dans des affaires pénales et 219 en 2005. Pour Me Abdoul Rahim Sawadogo, greffier en chef, membre de Juristes Sans Frontières, la notion de délinquance juvénile en droit renvoie à la délinquance chez les mineurs, le mineur étant une personne de moins de 18 ans. Il explique qu’il s'agit d'un ou de plusieurs actes délictueux ou de violations de la loi pénale perpétrées par une personne mineure. Alors, que dit la loi en matière correctionnelle de la délinquance juvénile ?        

Les actes de délinquance des mineurs sont, entre autres, le vol, l’abus de confiance ou le recel, la détention et l’usage de drogues. « Lorsqu'un mineur commet une infraction, il va d'abord se poser la question de sa responsabilité pénale.  A ce sujet, la loi 015 de 2014 sur l'enfance en danger et l'enfant en conflit avec la loi et plus récemment le nouveau Code pénal fixe l'âge de la responsabilité pénale à 13 ans et celui de la majorité pénale à 18 ans. Cependant, le mineur de moins de 13 ans peut faire l'objet de mesures éducatives et de sûreté », précise Me Abdoul Rahim Sawadogo, greffier en chef, membre de Juristes Sans Frontières.

Pour le greffier en chef, le mineur étant un être vulnérable, le législateur doit veiller, en cas d'infraction commise par ce dernier, « à apporter une réponse pénale spécifique et adaptée ».

Abdoul Sawadogo fait savoir que lorsqu'un mineur transgresse la loi pénale, il ne lui est pas appliqué les mêmes règles de procédure qu'à un majeur. Il s’en explique : « Cette différence qui est tout à fait légitime se remarque à plusieurs niveaux de la procédure, notamment en ce qui concerne, entre autres, la garde à vue, la perquisition, l'institution de l'enquête sociale et la médiation pénale, la composition du tribunal. Par exemple, un enfant de moins de 10 ans ne peut pas être gardé à vue. Et même pour la garde à vue des mineurs âgés de plus de 10 ans, elle ne peut excéder 48h renouvelable en fonction de son âge. » L’officier public précise que les audiences des mineurs se tiennent à huis clos et sans costume d'audience.

Les mesures éducatives judiciaires concernant les jeunes délinquants

Si un mineur est reconnu coupable d’un crime et qu’il bénéficie de l’excuse de la minorité du tribunal, il est sanctionné à purger la moitié de la peine infligée aux majeurs pour la même infraction. « La peine du mineur, même en matière criminelle, ne peut pas excéder 10 ans. En matière criminelle, le mineur reconnu coupable peut être condamné à une peine privative de liberté », indique Me Sawadogo. Il ajoute qu’en général, les mineurs purgent leurs peines de prison dans des établissements spécialement aménagés en tenant compte de leur particularité.

Les mineurs impliqués dans la délinquance ont des peines différentes de celles des majeurs. En fonction donc de la gravité de l'infraction commise, le Code pénal a prévu, « entre autres, de l'admonestation, de la réprimande, de la remise à ses parents ou à ses représentants légaux, du placement dans un centre habilité à l'éducation ou à la Formation professionnelle », déclare le greffier en chef. En outre, le mineur de plus de 13 ans peut encourir une peine d'amende ou de prison.

Il faut retenir que les « peines concernant les mineurs tiennent compte de sa sensibilité et du fait que le but visé n'est pas la sanction mais la rééducation et la réinsertion sociale», a-t-il conclu.

Nafisiatou Vébama

developLe Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a publié son rapport 2022 sur l’Indice du développement humain (IDH) en début septembre 2022. Même si le Burkina Faso y conserve sa place de 184e sur 191 pays classés, les indicateurs sont en baisse, ce qui traduit une dégradation très poussée des conditions de vie des populations. La pauvreté multidimensionnelle qui a consacré un pan aux disparités entre Burkinabè en dit long. Retour sur ce dernier volet du rapport de l’organisme onusien.

Dans la plupart des classements économiques, la mesure de la pauvreté est le plus souvent basée sur le revenu, comme le seuil de pauvreté. Cependant, le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) va plus loin en prenant en compte l’aptitude des citoyens de chaque pays à satisfaire un certain nombre de besoins, d’où la notion de développement humain. Les 191 pays classés en 2022 (le Tchad et le Soudan du sud en sont la lanterne rouge) sont répartis en pays au développement humain très élevé, pays au développement humain élevé, pays au développement humain moyen et pays au développement humain faible. C’est dans le dernier lot, c’est-à-dire celui des pays au développement humain faible, qu’est logé le Burkina Faso. A noter que le PNUD a considéré 2010 comme année de base pour calculer les indicateurs en 2021.

Et selon ce rapport de l’organisme onusien, le Burkina Faso a eu un indice de développement humain de 0,449 sur une moyenne de 0,518 pour les pays au développement humain faible, au nombre de 32. L’ancienne Haute-Volta a en outre perdu environ 29,8% dans le rapport d’inégalités sociales, se situant de ce fait à 0,315. Concernant les inégalités-genre, le Burkina Faso a été classé 157e sur les 191 pays étudiés. Ce dernier volet est l’unique point sur lequel le Burkina Faso a des résultats encourageants. En effet, en considérant la pauvreté multidimensionnelle, elle a un taux de 84,2% et fait du Faso le pays qui a le taux de pauvreté multidimensionnelle le plus élevé au monde, respectivement après le Niger (91,0%) et le Soudan du sud (91,9%). Dans le même ordre d’idées, l’intensité des privations est également très accrue avec un taux de 62,2%.

Selon le PNUD, les estimations de l’indice de pauvreté multidimensionnelle reposent sur l’Enquête nationale sur la santé et la nutrition. Elle est le pourcentage de la population dont la pauvreté est multidimensionnelle, ajusté à l’intensité des privations. Pour des pays comme le Burkina Faso, ce sont des réalités plus qu’interpellatrices sur le mode de gouvernance économique. Il y a, par conséquent, nécessité à changer de paradigme pour espérer sortir la tête de l’eau.

Etienne Lankoandé

fournitAu Burkina Faso, les prix des fournitures scolaires ont flambé, tout comme ceux d’autres produits. La crise au niveau international et l’insécurité seraient à la base de ce renchérissement avec la hausse du coût du transport, du carburant. Ainsi, dans le souci de réguler les prix des fournitures en cette période de rentrée scolaire, le gouvernement a procédé à un contrôle des prix débuté le vendredi 16 septembre 2022 à Ouagadougou. Est-ce que le contrôle seul est la solution pour réduire les coûts ? La mise en place des librairies témoins ne serait-elle pas une aubaine pour soulager les parents ? Mieux, ne serait-il pas judicieux que le gouvernement envisage d’industrialiser la production des fournitures scolaires au Burkina ?

Au Burkina Faso, c’est le commerçant qui fixe les prix des articles puisque l’on remarque que l’Etat n’arrive pas à faire respecter le prix des produits. La preuve en est que des décrets ont été signés pour fixer les prix de l’huile, du savon et du sucre, mais ils n’ont jamais été respectés. On est donc tenté de se demander ce qu’un contrôle pourrait bien changer, surtout qu’aucun prix officiel n’a été communiqué par le gouvernement concernant les fournitures scolaires. De plus, cette mesure intervient à un moment où la majorité des parents d’élèves  ont déjà fait leurs achats en matière de fournitures, si bien qu’on se demande si ce contrôle des prix sera d’une quelconque utilité.

De plus, il n’est pas rare d’entendre certains commerçants lancer sans gêne aux clients qui se plaignent du non-respect des prix qu’ils peuvent aller acheter leurs fournitures dans les boutiques de l’Etat s’ils le veulent. Pourquoi donc ne pas « ressusciter » les boutiques de l’État appelées Faso yaar qui existaient au temps de la révolution ? Cela amènerait certainement les commerçants à vendre à des prix raisonnables.

Si possible, il serait bien que, les années à venir, le ministère de l’Education, en collaboration avec les premiers responsables des écoles et établissements privés comme publics, fixe la liste officielle des fournitures scolaires pour amoindrir la « surcharge » des parents imposée souvent par certaines écoles.

En effet, selon un parent d’élève, une école où fréquentent ses enfants fixe même la marque des cahiers, des marqueurs, des rames de papier, etc. De l’avis de ce parent d’élève, réclamer des rames de papier pour des enfants en petite section est incompréhensible car il se demande à quoi cela servira. Donc, une liste officielle des fournitures pourrait éviter aux parents certaines dépenses superflues.

De plus, l’État pourrait trouver des solutions à l’interne en mettant par exemple  en place des unités de production de cahiers, de manuels scolaires, d’ardoises, etc. Il pourrait, à cet effet, accompagner les entrepreneurs  dans la production des fournitures scolaires afin que les coûts soient à la portée des populations, car il ne faudrait pas produire à l’échelle nationale et vendre encore plus cher que les articles importés.

Il faudrait également éduquer certains citoyens burkinabè à la droiture afin de parvenir au respect des orientations données par le gouvernement.

Tout compte fait, c’est une question de volonté politique et de vision.

Flora Sanou

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