samedi 23 novembre 2024

educ 2A l’orée de la rentrée administrative, prévue le 15 septembre 2022, et de celle pédagogique, le 3 octobre 2022, Radars Info Burkina a tendu son micro au secrétaire général du Syndicat national des professeurs d’école le vendredi 9 septembre 2022. L’objectif de cet entretien était de connaître la suite des revendications du SYNAPEC qui ont été faites le 25 août dernier. De ces échanges il ressort qu’aucune réponse n’a été donnée à la plateforme revendicative du syndicat qui, de ce fait, maintient sa position. Interview.

Radars Info Burkina : Présentez-vous à nos lecteurs.

SG SYNAPEC : Je me nomme Adama Dabilgou, Secrétaire général du Syndicat national des professeurs d'école (SYNAPEC).

Radars Info Burkina : Le 25 août passé, le SYNAPEC a tenu une conférence autour d’une plateforme revendicative, pouvez-vous revenir sur cette plateforme revendicative ?

SG SYNAPEC : Effectivement, le 25 août 2022, le Syndicat national des professeurs d'école a tenu une grande conférence de presse pour réclamer le reclassement automatique et sans condition de tous les Instituteurs adjoints certifiés (IAC) et des Instituteurs certifiés (IC) du Burkina Faso.

Radars Info Burkina : Au cours de ladite conférence, vous avez déclaré avoir adressé une demande de suspension de l’examen du Certificat supérieur d’aptitude pédagogique (CSAP) au ministre de la Fonction publique, avez-vous eu une réponse à cette demande ?

SG SYNAPEC : En effet, le 16 août 2022, le SYNAPEC a adressé une correspondance au ministère de la Fonction publique avec ampliation au ministère de l’Education nationale de l’Alphabétisation, et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN) et à l'Assemblée législative de Transition (ALT) pour porter à leur connaissance certains faits.  D’abord, la masse éducative a passé plusieurs années sans avoir la chance de prendre part à un examen ou à un concours professionnel. Ensuite, l'emploi des Instituteurs adjoints certifiés est mis en extinction, de même que les catégories A3 et A2. De plus, les Instituteurs certifiés sont déjà certifiés. Ainsi, le monde éducatif trouve injuste de vouloir ramener les Instituteurs certifiés à chercher de nouveau une certification qu'ils ont déjà et par ricochet ressusciter pour les uns une catégorie déjà éteinte pour d’autres. De ce fait, le monde éducatif n'admet pas le recrutement des professeurs des écoles pendant que des Instituteurs adjoints certifiés sont toujours sur le terrain.

A cet effet, il a initié une pétition pour manifester son refus. Mais aucune réponse n’a été donnée à sa demande. Eu égard à tout cela, le SYNAPEC, créé pour défendre les intérêts moraux et matériels des Instituteurs adjoints certifiés et Instituteurs certifiés du Burkina Faso, proteste contre la tenue de l'examen du CSAPÉ et demande sa suspension pure et simple au profit d'un reclassement automatique et sans condition de tous les Instituteurs adjoints certifiés et Instituteurs certifiés du Burkina Faso.

Radars Info Burkina : Avez-vous eu gain de cause, concernant votre plateforme revendicative ?

SG SYNAPEC : Non ! Nous nous battons toujours pour obtenir gain de cause. A l'heure où je vous parle, le gouvernement fait la sourde oreille au SYNAPEC et à ses revendications.

Radars Info Burkina : Le ministre de l’Education nationale, Lionel Bilgo, a rendu public le calendrier de l’année scolaire 2022-2023. On y lit que la rentrée administrative est fixée au 15 septembre et celle pédagogique au 3 octobre. Etant donné que vous n’avez pas eu gain de cause dans vos revendications, comme vous l’avez indiqué précédemment, est-ce que les menaces dont vous avez fait cas, notamment boycotter la rentrée administrative, la rentrée scolaire, saboter les cours, faire une année blanche, pourraient être mises à exécution ?

SG SYNAPEC : Effectivement, nous avons pris connaissance de ce calendrier. A dire vrai, ce calendrier n'émeut personne. Sans les Instituteurs adjoints certifiés et les Instituteurs certifiés, ledit calendrier est sans objet. Sur la question de savoir si les menaces tiennent toujours route, je réponds par l’affirmative car rien n'est exclu ! Le monde de l'éducation n'ira pas enseigner sous cette humiliation. Le reclassement automatique et sans condition est un impératif pour que la rentrée administrative et celle pédagogique se tiennent en bonne et due forme

Radars Info Burkina : Avez-vous d’autres alternatives pour vous faire entendre ?

SG SYNAPEC : Le SYNAPEC ne s'inscrira pas dans une lutte de complaisance ou de plaisanterie. Si nous disons non, nous le disons de manière franche, sincère et responsable. Notre position restera inchangée si le gouvernement ne procède pas au reclassement automatique et sans condition des IAC et des IC.

Radars Info Burkina : Quel est votre mot de la fin ?

SG SYNAPEC : Nous voudrions vous traduire notre gratitude pour cet entretien. Par ailleurs, nous formulons des vœux de paix et de sécurité pour la nation burkinabè, durement éprouvée par l'hydre terroriste, la résultante de la mauvaise éducation et de la mauvaise gestion de la cité. En outre, nous invitons tous les IAC et IC à répondre promptement aux mots d'ordre qui seront lancés. Dans ce sens, un préavis de grève a été déposé pour le 15 septembre 2022, jour de la rentrée administrative.

Interview réalisée par Flora Sanou

insd 5La revue de l’actualité économique de cette semaine relève que l’accès des populations burkinabè à un certain bien-être en 2022 est mitigé. En effet, le rapport sur le développement humain en 2022 du PNUD classe le Burkina 184e sur 191 pays évalués. En matière de coût de la vie, l’indice global des prix a augmenté de 0,3% par rapport à celui du mois de juillet et de 18,1% par rapport aux prix d’août 2021, selon un rapport de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD). Retour sur l’actualité économique.

Selon le rapport sur le développement humain 2021-2022 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), rendu public le 8 septembre 2022, le Burkina Faso est le 184e pays sur 191. La mauvaise gouvernance et la situation d’insécurité dans laquelle se trouve le pays, qui ont rendu caducs les efforts en matière d’éducation, d’accès en soins de santé, d’accès aux produits alimentaires pour certaines zones et l’inflation sans cesse croissance, ont certainement impacté négativement l’IDH du Burkina Faso. Le thème du rapport de 2022 est : « Des temps incertains, des vies instables : façonner notre avenir dans un monde de transformation ». L’inversion est presque universelle, puisque plus de 90% des pays ont enregistré une baisse de leur IDH en 2020 ou 2021 et plus de 40 % ont vu leur score chuter au cours de ces deux années, preuve que la crise continue de s’exacerber pour beaucoup.

L’indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) du mois d’août 2022 se situe à 128,53 soit une hausse de 0,3% par rapport à juillet 2022, selon le rapport de l’INSD sur l’IHDC base 2014 du mois d'aout 2022. Comparé à août 2021, les prix augmentent de 18,1%, ajoute la Nationale de la statistique et de démographie. Dans la même lancée, l’indicateur de convergence de l’UEMOA pour le mois d’août 2022 (moyenne des indices des 12 derniers mois comparée à celle des 12 derniers mois précédents) est de 11,51%, contre 3,31% en août 2021.

Le 10 septembre 2022, la Maison de l’entreprise du Burkina (MEB) a célébré ses 20 années d’existence. En 2 décennies, cette structure, qui compte aujourd’hui plus de 700 membres constitués d’entreprises et d’organisations professionnelles, a permis la création de plus de 133 000 entreprises, délivré plus de 11 400 permis de construire et formé autour de 63 000 entrepreneurs. Ses efforts, selon les premiers responsables, ont contribué à la création de plus de 100 000 emplois auxquels s’ajoutent un volume de financements bancaires mobilisé au profit des entreprises de l’ordre de 18 milliards de FCFA et une enveloppe d’environ 60 milliards de FCFA au titre des projets et programmes exécutés au profit de l’économie nationale.

Par ailleurs, Sank Burkina a annoncé son partenariat avec Telecel Faso pour les transactions monétaires. Les citoyens burkinabè n’auront pas besoin d’une connexion Internet pour leurs transactions ; la puce Telecel suffira. Sank Business a été lancé en 2021 par de jeunes entrepreneurs burkinabè. Dix mois après, le promoteur assure que l’entreprise se porte bien, même si elle a encaissé pas mal de coups.

Etienne Lankoandé

mmmoustikLes choses avancent dans le domaine de la lutte contre le paludisme, cette maladie qui tue plus que n’importe quelle autre au Burkina Faso. Pour mieux organiser les efforts de lutte contre la maladie, l’Etat Burkinabè a mis en place le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) et plusieurs centres de recherche sur le paludisme. Radars Info Burkina s’est entretenu avec le Dr Ambroise Ouédraogo du PLNP au sujet de cette pandémie au Burkina Faso.

La mission du PNLP est de mettre en œuvre la Politique de lutte contre le paludisme au Burkina Faso. Dans sa vision, le PNLP travaille en synergie avec l'ensemble des secteurs afin de trouver un remède à cette pandémie qui freine le développement socio-économique du pays. Selon le Dr Ambroise Ouédraogo, le PNLP se charge de la mise œuvre de la politique de lutte contre le paludisme et d’apporter le matériel nécessaire aux structures sanitaires dans leurs actions de lutte contre la maladie.

Quelles sont les principales données en matière de paludisme au Burkina Faso ?

Le paludisme constitue la première cause de consultation, d’hospitalisation et de décès. Et en 2021, chaque jour ce sont en moyenne 12 personnes qui mouraient à Ouagadougou de cette maladie transmise par l’anophèle. Parmi les 11 pays les plus touchés, le Burkina Faso est classé 3e en termes de charge élevée de paludisme. Il faut aussi souligner que ce sont les cas de paludisme grave qui décèdent avec une forte proportion chez les enfants de moins de 5 ans. Si l’on considère par exemple 2021, les cas de paludisme grave enregistrés chez les adultes étaient de 605 504 et de 220 885 chez les enfants de moins de 5 ans, c’est-à-dire plus de 2 fois chez les adultes que chez les enfants. Cependant au niveau des décès, les proportions se sont inversées. En effet, sur 4355 cas de décès, 2930 sont des enfants de moins de 5 ans, soit environ 7 enfants sur 10 personnes décédées de paludisme.

Quels sont les moyens que le PNLP utilise dans la lutte contre le paludisme ?

Au nombre des moyens de lutte contre le paludisme, il y a la chimio-prévention du paludisme saisonnier pour les enfants de 3 à 59 mois. Nous faisons également le traitement préventif intermittent pour les femmes enceintes. Il y a aussi la prise en charge des voyageurs qui viennent de pays qui ne sont pas immunisés contre le Paludisme, pour éviter que ces derniers deviennent des cas graves pour eux-mêmes ou même pour la société par une propagation rapide de la maladie. Mais la méthode la plus utilisée, en dehors de la CPS, c’est la distribution de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA) aux populations. Et pour cette année, il y a eu des innovations majeures à travers les MILDA que le ministère à distribuer aux populations pour prendre en compte les résistances que développent les moustiques par rapport aux MILDA des années précédentes. Il y a aussi les sensibilisations pour demander aux gens d’adopter des comportements écocitoyens autour d’eux afin de mieux se protéger contre le paludisme.

Existe-t-il un vaccin contre la maladie ?

C’est une question qui relève du domaine de la recherche. Au niveau du PNLP, les moyens utilisés sont ceux dont je vous ai parlé un peu plus haut. Néanmoins on peut dire que les recherches vont bon train sur ce volet.

Quels sont les défis qui demeurent en matière de lutte contre le paludisme au Burkina Faso ?

D’abord il faut une prise de conscience des populations que la maladie est une entrave à tout. Il n’y a pas que le volet sanitaire qui soit impacté. Lorsque vous êtes un paysan et qu’en période de saison des pluies votre enfant fait la fièvre, vous pouvez hésiter les premiers moments à l’amener dans un centre de santé. Mais si la situation continue, vous serez obligé de l’amener à un moment donné. Et c’est votre temps et vos ressources que vous allez déployer pour les soins. Mais parallèlement, l’Etat et ses partenaires aussi emploient d’énormes ressources aussi bien matérielles, financières que humaines dans la lutte contre cette maladie. Tout cela met la société en retard. Donc je dirai que si nous prenons conscience de tout cela et que nous reconnaissons qu’il y a des pays qui ne connaissent pas le paludisme, c’est déjà un grand pas en avant. Sinon rien que dans les quartiers de Ouagadougou, dans les caniveaux et les devantures des habitations, vous comprendrez que le manque à gagner est énorme. Mais chacun peut mettre des habitudes de propreté autour de lui, pour contribuer à la lutte contre cette maladie.

Propos recueillis par Etienne Lankoandé

aarsblg une« Jeunesse burkinabè, il s’agit de ne pas te rendre. » C’est sur ce thème qu’a porté la communication donnée par le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de l’institut FREE Afrik, le vendredi 9 septembre 2022 à Ouagadougou. Pour le conférencier, la jeunesse  est l’acteur stratégique qui permet de gagner la guerre. C’est pourquoi elle ne doit aucunement céder à certaines pratiques ou à certains comportements, sous peine de courir à sa perte.

Selon le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, le thème même de cette conférence est une forme d’interpellation de la jeunesse burkinabè en ces temps de guerre que connaît le Burkina Faso, car justement ce sont majoritairement des jeunes qui font cette guerre.

Pour lui, on est à un moment où la jeunesse consciente, patriote, volontaire, désireuse de s’engager est un peu perdue car ne sachant pas comment se comporter. Elle se pose donc beaucoup de questions. Il estime que la jeunesse est dans la crise de sens et que cette crise est la première chose de cette guerre. C’est aussi une crise de science, d’autant plus qu’on a une crise de compréhension de la réalité, qu’on ne sait pas ce qui nous arrive et qu’on ne comprend pas l’enchaînement des choses.

 Ainsi, dans cette situation, il y a des travers dont il faut s’éloigner. En effet, ce à quoi la jeunesse burkinabè ne doit pas se rendre, Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo l’a souligné en dix points essentiels.

D’abord, il s’agit de ne pas se rendre  à l'obscurantisme terrorisme, au fanatisme, il ne faut pas que la jeunesse se laisse captiver par les terroristes. Ensuite, il ne faut pas se rendre aux allégeances ethniques, à la stigmatisation, au mépris communautaire. Il faut que la jeunesse refuse de voir dans le voisin qu’il ne connaît pas le visage du terroriste.  Il s’agit de ne pas se rendre à la stigmatisation communautaire qui prépare la guerre de nous contre nous-mêmes.

De plus, il ne faut pas que la jeunesse se rende au relativisme éthique. Il ne faut pas qu’elle se rende à ceux qui promettent une nation sans justice car pour le conférencier, il n’y pas de  nation sans justice, il n’y a pas de nation au-delà de la justice.

aarsblg 2En sus, la jeunesse ne doit pas se rendre dans  la division entre ancien-ancien régime et ancien nouveau régime car bien souvent dans les deux camps, il y a une absence de valeurs ; « ce qui les préoccupe, ce n’est pas la patrie ». La jeunesse ne doit pas être la clientèle de ceux qui n’ont pas de solution pour le pays et qui n’y pensent même pas fondamentalement.

Par ailleurs, la jeunesse ne doit pas opter pour la posture démissionnaire qu’il a appelée « autrui déluge de malheur », c’est-à-dire la théorie du bouc émissaire permanent du genre « c’est le Peulh, c’est la France, c’est l’autre mais jamais moi ». Autrement dit, il ne faut pas que la jeunesse se rende à l’hypothèse que ce sont uniquement qui sont responsables du problème.

Pour lui, il faut que la jeunesse sache et comprenne que quelle que soit la responsabilité des autres, c’est une impasse que de s’enfermer uniquement et simplement dans la répétition des responsabilités des autres sans engager la lutte.

En outre, toujours selon l’économiste chercheur, il faut que la jeunesse fasse attention aux tentations du pouvoir, aux luxures du pouvoir pour le pouvoir, aux facilités, aux illusions individualistes. « Ne pensons pas que le pouvoir est toujours là où nous le pensons. Ne restons pas dans la posture qui consiste à dire  ‘’le pouvoir dans toutes les conditions’’, sans conviction » a-t-il affirmé.

Toujours selon Ra-Sablga, il faut que la jeunesse comprenne que le « dieu argent » qui alimente le clientélisme des élites irresponsables sans valeurs nous mène à la perte. De ce fait, l'on doit savoir que le choix de nos élites n’est pas sur une base politique, économique. La jeunesse ne doit pas se rendre à une sélection des leaders sur la base de la taille de leurs comptes bancaires.

De plus, il faut que la jeunesse sache que son cerveau est un terrain de combat et dans ce temps de la révolution technologique elle ne doit pas se rendre à la manipulation des fake news, à la désinformation, au sommeil de la raison.

Par ailleurs, il ne faut pas que la jeunesse se rende aux majorités démissionnaires. Si la majorité est corrompue, il ne faut pas la rejoindre parce qu’elle est majorité. Enfin, il ne faut pas nous rendre à tout ce qui est contraire aux intérêts de la nation.

« L’enjeu de ne pas se rendre n’est pas une posture de passivité que je demande », a précisé Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo.

Ainsi, pour ne pas se rendre au terrorisme, au « dieu argent », à la corruption, il faut être proactif, a-t-il déclaré. Car pour lui, le mode d’action de cette guerre n’est pas écrit. Le manuel de cette guerre n’est pas écrit. Il faut savoir que le manuel de la guerre sera écrit après la guerre. De ce fait, il s’agit d’inventer dans le concret par notre patriotisme, par notre unité...

« Il faut qu’on s’engage comme on peut. Ceux qui pensent qu’ils ont  la fibre du soldat,  qu’ils se fassent enrôler. S’il n’y a pas de recrutement, marchez pour qu’on vous enrôle, faites-vous recruter et faites la guerre », a indiqué le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo.

« La solution à nos problèmes n’est pas écrite quelque part dans des textes de chercheurs hyper compétents  ou dans des logiciels. C’est dans notre volonté, c’est dans notre créativité, c’est dans notre génie que nous allons inventer la solution à cette crise. C’est une guerre technologique. Une guerre technologique ne veut pas dire se confier aux drones fabriqués par d’autres jeunes d’ailleurs. C’est un défi technologique qui est posé par les engins explosifs qui attaquent les convois.  Donc il faut que nos jeunes ingénieurs, par leur génie, y proposent des réponses. C’est du génie local qu’on a besoin », a conclu le conférencier.

Flora Sanou

tpr uneLe Comité international mémorial Thomas-Sankara s’est intéressé aux « Tribunaux populaires de la révolution (TPR) : les leçons apprises et les limites », à travers une conférence conjointement animée le 8 septembre par Raymond Poda, ministre de la Justice sous la révolution, Rasmané Ouédraogo, cinéaste et juge des TPR, ainsi que François Bayala, chercheur ayant soutenu sur le thème « Les Tribunaux populaires et les droits de l’homme » en juin 1984. S’il est vrai que les TPR ont fonctionné avec certaines lacunes, les conférenciers affirment qu’on ne saurait parler de révolution sans lesdits tribunaux.

Le Conseil national de la révolution (CNR), par l’ordonnance 83 n°18/CNR/PRES du 13 octobre 1983, instituait les Tribunaux populaires de la révolution (TPR). Pour le juriste François Bayala, avec les TPR, se posait la question des droits de l’homme. « Quel sera le choix opéré par les TPR voltaïques concernant cet aspect ? » s’interroge-t-il dans son mémoire. Sur cette question, le ministre de la justice sous le CNR Raymond Poda évoque le discours du président Sankara au lancement des TPR. En effet, disait-il, « nous avons fait le choix entre deux formes de droits ; d’un côté le droit révolutionnaire du peuple, de l’autre l’ancien droit réactionnaire de la minorité bourgeoise. La Justice que vous êtes appelés à rendre s’inspire des principes démocratiques de notre révolution, une démocratie où le peuple se dresse contre les exploiteurs et les oppresseurs. Tel est le fondement de l’activité des TPR ».

François Bayala reconnaît que les TPR étaient l’expression de la participation des masses populaires à la gestion de l’Etat, quoique des insuffisances aient été constatées du point de vue de la justice des sociétés libérales occidentales. Ces insuffisances, selon lui, étaient l’imprescriptibilité des infractions, l’inversion de la charge de la preuve à l’accusé, l’absence de recours qui a été corrigé par la suite, l’absence d’instruction et la qualité des juges. Son propos a été soutenu par le ministre Raymond Poda, qui a signalé que les TPR étaient caractérisés par la non-assistance d’avocat à l’accusé, la non-existence du ministère public et l’inversion de la charge de la preuve à l’accusé. « En tout état de cause, se convainc M. Bayala, cette juridiction, tant exceptionnelle, a produit un déclic hautement symbolique de la gouvernance et de l’histoire du Burkina Faso ».

Des acquis hautement symboliques dont les objectifs étaient l’intérêt général

« Lorsqu’on regarde les TPR sous l’angle réactionnaire d’aujourd’hui, on peut utiliser le terme défaillance », selon le colonel à la retraite Pierre Ouédraogo, président du Comité international mémorial Thomas-Sankara. Mais, poursuit-il, « lorsqu’on regarde cela sous l’angle politique révolutionnaire, il n’y a pas eu de défaillance ». Pour lui, l’objectif principal, c’était l’éducation du peuple, la création d’une nouvelle culture de comportement vis-à-vis des biens publics, d’une nouvelle culture de respect du peuple et vus sous cet angle, les TPR ont fait œuvre utile.  « La révolution était déjà en marche, dit-il, et il fallait que le peuple ait confiance en son Etat, ait confiance en sa justice, pour pouvoir s’engager ». tpr 2Le ministre de la justice sous le CNR, Raymond Poda, embouche la même trompette, en déclarant que sur le plan politique, les TPR ont contribué à accroître la popularité et les objectifs socio-économiques du CNR ; sur le plan social, ils ont contribué à la moralisation des sociétés et sur le plan économique ont permis la récupération des deniers publics qui avaient été volés. Pour lui, les TRP ont eu pour missions de rétablir la justice sociale.

L’objet de critique du CNR a été les TPR

« Les TPR sont passés de 16 membres à 11. Un magistrat professionnel, un militaire ou gendarme et 5 membres CDR, soit 7 juges titulaires et 4 membres suppléants », a rappelé Raymond Poda. Il ajoute que les points de critiques étaient que les TPR siégeaient sans l’assistance des avocats et les autres limites qui sont liées aux textes des TRP et à la personne même du juge non professionnel.  Cependant, argumente-t-il, ce n’était pas des lacunes, c’était des décisions volontaires et délibérées, afin d’obtenir une adhésion des masses populaires et de les éduquer au respect du bien public. Et cela a eu plutôt un effet positif, selon lui, parce qu’au-delà de la mobilisation populaire, les prévenus eux-mêmes, après les moments d’écoute et d’appréhension, participaient et n’étaient plus inquiétés pour leur propre sécurité. Il ajoute que la révolution reposait sur les CDR et qu’il y avait l’urgence à répondre aux objectifs de bonne gouvernance. Ce qui fait que le temps n’était pas donné aux autorités au début de dispenser des connaissances élémentaires de droit aux juges des TPR avant qu’ils ne siègent.

Pour Rasmané Ouédraogo, la présence des CDR, comme représentant le peuple, gênait beaucoup les professionnels de la justice, qui n’ont pas manqué de les combattre. « Dans tout ce qui a été fait sous la révolution, c’est la présence des CDR qui a été mise en exergue pour critiquer la révolution, la haïr et mener toutes les actions de contre-révolution. Le côté positif de cette révolution a été occulté », s’indigne-t-il.

Pour le colonel Pierre Ouédraogo, les TPR ont permis à des gens de réaliser beaucoup de choses pour leurs villages avec l’accompagnement de l’Etat. « C’est parce qu’il y avait cette confiance et la confiance ne peut venir que si les citoyens sont convaincus que la gouvernance économique est saine et qu’on n’est pas en train de s’enrichir sur leur dos », renchérit-il. Pour lui, pour qu’un peuple s’engage à suivre son gouvernement, il faut une confiance absolue et un sentiment d’implication et de mise en avant de ses intérêts. Et c’est l’élément positif qu’il veut reconnaître aux TPR. « S’il y a eu des éléments en dehors, ce n’est pas important parce que si quelqu’un faisait une déviation il était conduit au TPR et cela a créé une référence, un guide qui a permis de transformer cette société et de faire de l’intégrité une valeur fondamentale du Burkina Faso », conclut-il.

Etienne Lankoandé

rntree uneAu Burkina Faso, l’année scolaire débutait généralement le 1er octobre les années passées. Mais de plus en plus, certains établissements choisissent de faire leur rentrée au  cours du mois de septembre. Pour certains, c’est le 1er, le 5 ou le 12 du mois, pour d’autres, c’est après la rentrée pédagogique, c’est-à-dire après le 15 septembre, mais toujours est-il que c’est avant le mois d’octobre. Quelles peuvent être les raisons de cet état de fait ? Est-ce pour permettre de finir le programme scolaire ? Est-ce que les établissements qui commencent en octobre n’arrivent pas à terminer leurs programmes ? N’est-ce pas une surcharge pour les élèves, puisque les vacances s’étendent sur trois mois (juillet, août et septembre) ? Nous avons fait le tour de quelques établissements scolaires de la ville de Ouagadougou pour connaître les raisons. C’est ainsi que nous avons rencontré un directeur des Etudes d’un lycée privé de la place, par ailleurs coach en suivi scolaire, Issiaka Kaboré, qui nous a donné sa lecture de cette rentrée ‘’hâtive’’.

De part et d’autre, ce sont pratiquement les élèves des classes d’examen qui démarrent les cours avant le mois d’octobre. Des explications données par les responsables, il ressort que c’est pour pouvoir terminer à temps les programmes de l’année scolaire et permettre aux élèves de mieux se former, s’exercer et faire des révisions pour affronter les épreuves des examens.

En effet, pour eux, le mois de décembre est en général perturbé par des grèves et cela joue sur le chronogramme scolaire. En outre, il peut y avoir des cas de force majeure. A ce niveau l’on se rappelle qu’au cours de l’année scolaire écoulée, les cours avaient été suspendus pendant plusieurs semaines en raison de la situation nationale sous le ministre de l’Education nationale de l’époque, Stanislas Ouaro, et la suspension avait été prolongée par le MPSR après le coup d’Etat du 24 janvier alors que l’année scolaire n’avait pas été prolongée ; pire, elle a même été écourtée. Cela a eu un effet sur le chronogramme scolaire. Ainsi, certains établissements n’ont pu terminer les programmes, les élèves n’ont pas été bien préparés, etc.

Cet avis semble ne pas être totalement partagé par Issiaka Kaboré, directeur des Etudes d’un lycée privé de la capitale car même si les raisons invoquées sont fondées, affirme-t-il, les établissements qui commencent en octobre ont le même programme et les élèves s’en sortent. Donc, c’est une forme de marketing pour se positionner sur le terrain, a-t-il soutenu.

rntree 2En effet, pour lui, hormis les écoles internationales qui ont un programme différent de celui que l’Etat soumet, il faut s’inscrire dans l’ordre républicain et s’appuyer sur ce que l’Etat donne comme programmes, car c’est en tenant compte de tous les facteurs que l’Etat a retenu le mois d’octobre comme le juste milieu pour la rentrée scolaire.

Ceux qui commencent les cours en octobre, notamment les établissements publics et une bonne partie des privés, sont non seulement dans une légalité mais il faut reconnaître que la grande majorité de ces établissements arrivent à terminer leurs programmes, a-t-il avancé.

Mais l’on se demande de quelle manière !

Pour Issiaka Kaboré, très souvent, c’est de façon très juste car ils (établissements) peuvent terminer le programme à deux semaines, voire une semaine avant les examens. Et à ce moment-là, la question de révision n’est pas évidente or dans le système scolaire, c’est une bonne stratégie, une bonne option pour les élèves, a-t-il relevé.

Tout compte fait, à l’en croire, les établissements qui commencent en septembre veulent, dans une certaine mesure, juste avoir le « nom » et se « faire connaître ».

D’abord, pour lui, il faut reconnaître que les établissements privés qui commencent les cours au mois de septembre ont les moyens de leur politique parce qu’il faut payer les enseignants pour ce mois.

Mais à côté de cette politique, cela s’apparente à du marketing. Les établissements veulent montrer aux parents qu’ils font véritablement la différence, mais aussi c’est une manière de se positionner davantage sur l’échiquier éducationnel.

« Ils (établissements) le font pour une question de visibilité, de marketing pour certains et d’autres pour une question de mimétisme, de phénomène de mode pour montrer que leurs lycées ont atteint tel niveau.»

De plus, M. Kaboré estime que c’est parfois une question stratégique. « L’Etat, c’est tout le territoire national or le privé c’est le capitalisme ; il fait ses calculs et s’il a atteint son quota d’effectif, il démarre les cours. Tout est une question d’intérêt », a-t-il conclu.

Flora Sanou

anam uneLa dernière semaine du mois d’août 2022 a été marquée par de fortes pluies sur une grande partie du territoire ayant occasionné d’énormes dégâts dont des inondations. Ces averses ont amené Radars Info Burkina à se poser certaines questions : Etant donné que nous sommes au seuil de la rentrée scolaire, est-ce que la population doit toujours s’attendre à de grandes pluies au Burkina Faso ? A combien de millimètres la quantité d’eau attendue est-elle estimée ? Quelles précautions la population doit-elle prendre en cas de fortes pluies ? Rayimwendé Zoungrana, prévisionniste à l’Agence nationale de la météorologie (ANAM), nous a donné des éléments de réponse ce 7 septembre 2022 à Ouagadougou.

Selon lui, le bulletin mensuel de la météorologie indique clairement que courant le mois de septembre jusqu’au 2 octobre, la situation reste très favorable à de fortes pluies sur toute l’étendue du territoire national.

En effet, la période à venir sera marquée par le maintien de l'activité pluvieuse de la mousson sur le pays. Les deux premières semaines, c’est-à-dire ceux de la semaine, seront relativement humides avec une évolution vers une situation très humides à la fin de la saison pluvieuse. Des orages isolés accompagnés de pluies seront observés par moments, principalement au cours des après-midi et en début de nuit. Les cumuls pluviométriques seront excédentaires à tendance normale sur la majeure partie du territoire.

D’abord, pour la prévision hebdomadaire de cette semaine du 5 au 11 septembre 2022, on notera un épisode pluvieux majeur sur une bonne partie du pays, entre le 7 et le 9, a indiqué Rayimwendé Zoungrana. En effet, en ce qui concerne cette semaine, à partir d’aujourd’hui 7 septembre 2022 et ce, jusqu’au 9 septembre, on peut s’attendre à des perturbations pouvant occasionner des pluies assez importantes. De façon plus précise, à partir d’aujourd’hui dans la soirée jusqu’au 9 septembre, la situation météorologique sera très favorable à des manifestations pluvio-orageuses de grandes étendues sur la majeure partie du pays.

anam 2Ensuite, la semaine prochaine, c’est-à-dire celle du 12 au 18 septembre, reste favorable également à de grandes pluies. En effet, des orages parfois accompagnés de pluie pourraient intéresser la majeure partie du territoire au début de cette période. Les quantités de pluie sur la semaine seront également semblables à celles de la semaine du 5 au 11 septembre.

De plus, la semaine du 19 au 25 septembre connaîtra une situation plus humide que les deux premières. Les cumuls hebdomadaires de pluies sont prévus excédentaires sur le pays.

Enfin, la semaine du 26 septembre au 2 octobre restera très humide avec des quantités de pluie hebdomadaires également excédentaires sur le territoire.

Bref, des cumuls hebdomadaires de pluies excédentaires à tendances normales sont attendus sur une bonne partie du pays les semaines à venir.

Sur la question de la quantité d’eau attendue, il n’y a pas d’éléments précis pour la prévision de tout le mois de septembre, a en croire M. Zoungrana. Néanmoins, les cumuls pluviométriques sur toute la semaine peuvent aller jusqu’à 50 mm, surtout dans les régions des Hauts Bassins, des Cascades et du Sud-Ouest (des pluies assez importantes seront enregistrées dans ces localités).

En ce qui concerne la température minimale au cours des matinées, il y aura une variation de 20 à 26o C. Les températures maximales, quant à elles, enregistrées dans les après-midis, vont varier entre 30 et 37o C.

Au regard de tout cela, la population doit prendre des précautions pour faire face à cette situation, a souhaité Rayimwendé Zoungrana.

« Les conseils que nous pouvons donner à notre niveau afin que la population puisse observer, c’est que les pluies sont souvent accompagnées d’orages. Et ces orages peuvent foudroyer les animaux, les êtres humains. Ainsi, nous demandons aux uns et aux autres de se mettre à l’abri de l’orage. Dès que la pluie commence à se préparer, il est demandé à chacun de regagner son domicile si possible ».

« Il arrive que certaines personnes veuillent coûte que coûte sortir sous la pluie pour regagner leur domicile et parfois avec une grande quantité d’eau sur la chaussée. Pourtant, la pluie peut occasionner des ruissellements importants sur les routes qui perturbent la circulation, mais aussi des inondations ou d’autres dégâts connexes. A ce moment-là, la circulation n’est pas conseillée. Donc il faut attendre, si possible, que le niveau des eaux baisse avant de s’engager dans la circulation », a-t-il ajouté.

Et de conclure : « Les manifestations pluvio-orageuses sont accompagnées souvent de vents violents. Et lorsqu’on tire vers la fin de la saison pluvieuse, les vents deviennent de plus en plus violents. Ainsi, il faut de la prudence parce que les vents peuvent décoiffer les toits et créer des dégâts en circulation. »

Flora Sanou

altercLe Balai citoyen a convoqué une manifestation pour montrer son mécontentement face à l’arrestation de son militant Ollo Kambou. Pendant que ses membres étaient réunis devant la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité pour exiger la libération de leur camarade, ils ont été interrompus par des individus se réclamant du mouvement Sauvons le Burkina. Une altercation s’en est suivie entre les deux OSC. Pour certains citoyens, le comportement des deux mouvements n’est pas responsable. Ils estiment qu’il n’appartient pas à une Organisation de la société civile (OSC) de défendre le pouvoir d’autant plus que ce dernier a les moyens légaux de le faire.

Pour certains Burkinabè, ces affrontements n’avaient pas lieu d’être. Bien qu’ils ne cautionnent pas les propos d’Ollo Kambou du Balai citoyen, ils trouvent que les individus ainsi que le mouvement Sauvons le Burkina y sont allés fort en voulant empêcher cette manifestation et ce n’est pas dans leurs prérogatives de mener de telles actions.

« A ce que je sache, ces deux mouvements œuvrent pour la bonne marche de notre nation. Si c’est le cas pour ces mouvements, c’est louable. Mais ce qui est déplorable, c’est le fait d’en venir aux mains », argue David Somet.

Pour lui, le mouvement Sauvons le Burkina a peut-être la soif de bien faire les choses et de rétablir l’ordre au Burkina à partir du moment où il soutient le MPSR, donc « c’est normal qu’ils viennent (NDLR : ses membres) s’opposer à un autre mouvement, qui aussi pense qu’il est lésé, vu que c’est un des leurs qui a été arrêté. Je me dis que chacun lutte pour les intérêts de son groupe. Le Balai citoyen est également dans son droit de réclamer la libération de son élément ». 

Toutefois, David Somet pense que les deux mouvements ne devraient pas en venir aux mains parce qu’ils ont été formés dans le sens de dénoncer les mauvaises pratiques et de promouvoir la bonne gouvernance. De ce fait, « ils ne sont donc pas bien placés pour venir faire la bagarre dans la rue ».

De l’avis de René Lagma, c’est à l’Etat de prendre ses responsabilités. « Force doit rester à la loi. Dans la mesure où le pays est gouverné, il y a une autorité compétente qui pouvait se saisir de l’affaire. Tous les deux mouvements ont manifesté illégalement parce qu’ils n’avaient pas d’autorisation. »

Il faut donc, selon lui, que les autorités compétentes remettent chacun à sa place au nom de la cohésion sociale.

David Somet estime qu’il y a des situations plus inquiétantes dans le pays pour qu’on ait encore le temps de s’occuper des altercations entre deux mouvements. « Pendant ce temps, ailleurs dans le pays l’insécurité va grandissante et les gens meurent de faim. C’était mieux de s’asseoir discuter que de s’affronter publiquement, ce n’est pas beau à voir. »

« Ce comportement est une manière de ternir l’image du MPSR parce que les objectifs dudit Mouvement, ce n’est pas de pousser des gens à s’affronter dans des lieux publics. Des discours du président Damiba il n’est ressorti nulle part que les gens doivent s’affronter dans la rue ou que des OSC doivent faire la bagarre à la place du régime. Le MPSR devrait s’autosaisir de cette situation parce que ce n’est pas à une OSC de s’opposer à une autre organisation pour défendre ses intérêts », conclut David Somet.

Nafisiatou Vébama

rdrtrbnalM.Z, dans sa volonté de vendre son terrain pour financer son projet, a été mis en contact avec A.B. Ce dernier lui promet de payer mais ne possède pas de liquidité. Il explique avoir un projet de financement avec une structure financière de la place et qu'il faut des documents pour que la somme soit débloquée. A.B lui présente donc des documents. Il les a signés sans avoir bien lu et il a remis les documents de sa parcelle pour débloquer ladite somme.  Il s'est rendu compte par la suite que le document dit que le terrain est vendu alors qu'il n'a pas perçu un kopeck. La victime M.Z et l'accusé A.B étaient au tribunal de grande instance Ouaga I le 5 septembre 2022 pour s'expliquer sur les faits.

Accusé pour escroquerie et abus de confiance, A.B était à la barre pour en répondre. Pour l'accusé A.B, les documents ont été délibérément signés par M.Z. « J'ai 52 ans et je n'ai jamais escroqué qui que ce soit. M.Z savait très bien dans quoi il s'engageait », dit-il. Dans sa volonté de payer le terrain, A.B fait comprendre qu'il n'a pas de liquidité, qu'il a un projet de financement avec Fidelis, une structure financière de la place, et que pour que l'argent soit débloqué, il faut un document.

Pour le procureur, tous les faits montrent que A.B a usé de manœuvres frauduleuses pour convaincre M.Z de remettre les documents de son terrain. « Les manœuvres c'est quoi ? Monsieur Boni a fait usage d'un dossier monté à Fidelis, ce qui est réel, mais il a utilisé ce dossier à des fins frauduleuses dans l'intention de tromper monsieur Zongo en lui présentant ces documents et à la suite de la présentation du document de financement, il a voulu vérifier les faits », a-t-il déclaré. Le procureur estime que B.A est un danger pour la société et que rares sont les structures financières à qui il n'a pas escroqué de l'argent. Il confie que M.B est une personne qui a l'art de manipuler les faits.

Toujours selon le procureur, il est bien vrai que M.Z a signé des documents stipulant que le terrain a été vendu, mais c'est une erreur qu'il a commise là parce qu'il n'a pas pris le soin de lire tous les papiers avant signature. « Il a reconnu que c'est une erreur, mais il faut tenir compte de nos réalités ; il nous arrive souvent de signer des documents sans prendre le temps de les dire, même pour les lettrés. Même moi qui vous parle, j'avoue qu'il m'est arrivé signer des documents en banque, on me tend le document et on dit ‘’signe ici’’ et je le fais sans prendre soin de le lire. Ce n'est pas bon mais, ça arrive ».

Compte tenu de ces paramètres, le procureur invite le tribunal à comprendre l'attitude de M. Zongo quand il dit qu'il a signé les documents sans les avoir lus au préalable. « Surtout si les faits se sont déroulés comme il l'a dit. On lui présente un premier document où il est mentionné hypothèque ; il en prend connaissance et après on lui tend un second document et lui demande s'il a lu et il dit oui. Il n'a plus besoin de relire. Il faut prendre en compte ces éléments pour apprécier le fait qu'il ait signé ces documents sans avoir pris connaissance de ce qui y était écrit », indique le procureur.

M.B a usé de manœuvres frauduleuses pour convaincre M. Zongo de lui remettre le document de son terrain et ce sont ces faits qui sont qualifiés d'escroquerie. Le procureur a donc requis contre le premier cité une peine d'emprisonnement de 24 mois, dont 12 ferme, ainsi qu’une amende d'un million de francs ferme. Le dossier a été mis en délibéré pour le 13 septembre 2022.

Nafisiatou Vébama

sdisc uneLe monde ne vit plus sans médias. Ces médias sont une arme de communication de masse. Mais ils (médias) sont parfois confrontés à d’énormes défis, notamment la restriction de la liberté d’expression, les violences, les discours de haine et bien d’autres. Aujourd’hui, ces défis sont de plus en plus récurrents  dans un contexte de guerre, d’insécurité à travers le monde dont le Burkina Faso. Ainsi, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a échangé avec les journalistes ce 6 septembre 2022 à Ouagadougou sur les questions autour des droits humains, des discours de haine, notamment comment détecter les discours de haine, comment les combattre. Il s’est agi d’outiller les journalistes sur comment promouvoir dans leurs écrits, face à des situations sensibles, les valeurs d’humanité, les valeurs de morale dont le monde a besoin. La question sur  la liberté de la presse en droit international a également été au cœur des échanges.

Au cours des échanges, trois communications ont été données par trois experts membres du haut-commissariat des Nations unies depuis Genève. La première, qui a porté sur la liberté de la presse en droit international et la protection des journalistes, a été faite par Thibault Guillet.

 Le droit international et le droit de l’homme indiquent la protection de la liberté d’opinion, a-t-il souligné. A la différence de ces droits, la liberté d’expression ne souffre aucune restriction car protégée    dans l’article 19 du pacte international qui dispose : « Toute personne a droit à la liberté d’expression, la liberté de rechercher, de recevoir et de répondre aux  informations et aux idées de toutes espèces sur le plan financier, écrit, moral, artistique ou par tout autre moyen de son choix. »

De plus, la liberté d’expression ne peut être restreinte que dans un cadre précis : il s’agit de la condition de la légalité, la nécessité et le professionnalisme. Elles  sont fondamentales parce qu’elles permettent d’éviter les restrictions. Cependant, comment traiter et faire face aux discours haineux dans un droit fondamental ?

Selon Thibault Guillet, face à des discours haineux, le journaliste doit chercher à résoudre les causes des discours de haine. Pour cela, il faut faire face aux causes qui sont à l’origine des discours, chercher à connaître ce qui a occasionné les discours de haine.

Par ailleurs, il a précisé que dans l’article 20, le droit international n’interdit pas les discours de haine en tant que tels, mais interdit l’incitation au discours de haine. L’article 20 du pacte international interdit « tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence ».

sdisc 2La deuxième communication, donnée par Renaud Gautin De Vilaine, a également porté sur le droit international des droits de l’homme et les défis auxquels les journalistes sont confrontés.

Pour lui, l’article 19 du pacte civil international est la base de la liberté de presse. Cet article permet aux journalistes d’avoir accès aux informations sur les affaires publiques et le droit du public de recevoir l’information donnée par les médias.

Cependant, ce droit peut être restreint mais ces restrictions doivent répondre aux textes prévus dans l’article 19 alinéa 3 du pacte international relative au droit civil et politique. En effet, la restriction doit d’abord être prévue par la loi. D’une part cette restriction doit être légitime : quand il s’agit du respect des droits et de la réputation d’autrui, de la sauvegarde de la sécurité nationale et de l’ordre public, de la sûreté ou de la moralité publique.

La restriction doit être nécessaire : la nécessité dépend du contexte. Par exemple dans un contexte de guerre, les restrictions des médias ne sont pas les mêmes que dans un contexte de paix.

Les défis auxquels les journalistes font face dans le monde et qui mettent à risque leur protection sont, entre autres, les attaques physiques qu’ils subissent.

En effet, 55 journalistes ont été tués en 2021 à travers le monde,  selon l’observatoire de l’UNESCO, et 45 ont été tués en 2022 dans le contexte de guerres comme celle en l’Ukraine. Un grand nombre de journalistes meurent dans le contexte d’investigation sur les questions de corruption.

 D’autres défis auxquels les journalistes font  face sont les détentions. 223 journalistes ont été détenus à travers le monde à la date du 31 décembre 2021, contre 193 en 2018. Les pays qui emprisonnent plus les journalistes sont la Chine, le Vietnam, l’Égypte et la Russie.

D’autres défis sont les attaques en ligne, particulièrement contre les journalistes femmes. Selon l’enquête de l’UNESCO, près de 900 femmes interrogées, 73% ont confirmé avoir été victimes d’attaques en ligne (violence sexuelle, menaces de publier des images intimes sur Internet..). 30 % des femmes journalistes ont subi des attaques physiques.

Par ailleurs, il y a les poursuites en série des journalistes d’investigation sur des sujets de corruption, le harcèlement juridique, la surveillance ciblée des journalistes grâce aux technologies d’information.

Comment faire face à ces défis ?

Il y a des mécanismes du droit international des droits de l’homme.

D’abord le haut-commissariat des droits de l’homme a pour mission de  surveiller la mise en œuvre des droits de l’homme à travers le monde pour renforcer la protection des journalistes et la liberté des médias, le renforcement des capacités des acteurs étatiques et non étatiques. Ensuite, il y a l’assemblée générale des Nations unies et le conseil de sécurité adoptent des résolutions qui entrent dans le cadre de la protection des journalistes, la liberté de la presse et des médias.

Il y a aussi les Procédures spéciales en matière de droits de l’homme. 

sdisc 3La communication finale a été donnée par  Michael Wener sur l’incitation à la haine. Qu’est-ce qui constitue l’incitation ? Où sont les limites de la liberté d’expression ? A quel moment on se trouve dans une situation de discours de haine ?

L’incitation à la haine repose sur 6 critères, selon Wener.

Il y a d’abord le contexte dans lequel le discours a été donné : il peut avoir une conséquence directe sur la causalité. Le contexte doit être, d’abord, d’évaluer sur la base sociopolitique qui existe au moment où le discours a été prononcé. Dans plusieurs cas, c’est dans le contexte électoral où les politiques tiennent des propos pas catholiques.

Ensuite, il y a le rôle que joue l’orateur et son statut dans la société. Il y a une relation entre le contenu du discours et la personnalité de l’orateur.

Le troisième critère est l’objet et l’audience. Le journaliste doit faire attention à ce qui a été dit pour savoir si le discours a un caractère appelant à l’incitation à la haine. L’on a besoin d’un acte d’appel et d’incitation.

Le quatrième critère est le contenu et la forme du discours : il faut analyser le contenu pour évaluer le degré de provocation du discours, s’il est direct ou indirect. Ça peut être dans un contexte académique, dans un discours politique, donc il faut une profonde analyse.

Le cinquième critère est l’ampleur du discours : est ce que c’était un public ? Quelle était la taille de l’audience ? Est-ce que les moyens de diffusion étaient des médias publics,  ou par Internet, les réseaux sociaux ?

Le dernier critère est la probabilité qui conclut  l’évidence : il faut identifier le lien de causalité, le risque. L’action du discours d’incitation à la haine n’a pas à être commise pour que ce discours soit considéré comme un acte. Mais il faut identifier le niveau de risque que le discours peut engendrer. Les juridictions déterminent la probabilité raisonnable que le discours peut inciter les actions  concrètes indirectes tout en reconnaissant le lien de causalité qui devrait être direct.

La question de la coupure d’Internet ou la restriction d’accès aux réseaux a été abordée. À ce sujet, Thibault Guillet souligne que la loi permet aux gouvernements de résoudre les problèmes de la société mais dans la pratique, les minorités sont persécutées parce que les gouvernements utilisent abusivement les législations.

Flora Sanou

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