Les associations des consommateurs burkinabè montent au créneau, elles ne veulent plus rester silencieuses face à l’augmentation du coût de la vie. Ces différentes structures associatives ont donc décidé de fédérer leurs énergies afin d’aller en force défendre les intérêts du consommateur. L’augmentation des prix du carburant impactera certainement les coûts des autres produits de consommation alors que le revenu du consommateur reste inchangé. On assiste d’ores et déjà à une nouvelle vague inflationniste.
Le coût de la vie devient de plus en plus intenable pour le consommateur burkinabè. Conscientes de cela, les associations de défense des intérêts des consommateurs se sont réunies pour interpeller l’autorité pour qu’elle adopte des résolutions qui vont soulager ces derniers. Il s’agit de : l’Association des consommateurs du Burkina (ACB), l’Organisation des consommateurs du Burkina (OCB), la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), le Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF) et Vigi Consommateurs.
Après avoir dénoncé la récente augmentation des prix du carburant, qu’elles jugent exagérée, lesdites associations ont décidé d’organiser un sit-in le 29 août 2022, lequel a été interdit par la délégation spéciale de Ouagadougou.
Cette interdiction, c’est le moins qu’on puisse dire, sonne comme un coup de massue pour les associations de consommateurs, qui y voient une confiscation de leurs droits. Malgré cette annulation, elles ne baissent pas les bras pour autant ; les concertations se poursuivent avec le gouvernement.
Les associations de défense des intérêts des consommateurs disent attendre des propositions concrètes du gouvernement afin de soulager les pauvres consommateurs. Elles invitent par ailleurs ces derniers à se tenir prêts pour d’éventuelles actions.
Au Burkina Faso, il est fréquent d’entendre dire qu'une femme doit consommer uniquement des aliments chauds et ne boire que de l’eau chaude après son accouchement. L’objectif de cette recommandation, c'est de « maintenir l'accouchée en bonne santé et nettoyer les saletés qui sont dans son corps ». Que recommande, quant à elle, la médecine conventionnelle ? Radars Info Burkina s’est imprégné des pratiques de quelques ethnies du Burkina Faso sur la question, mais aussi de celles recommandées par la médecine moderne.
Le traitement des femmes après leur accouchement varie d’une ethnie à une autre au Burkina Faso. Selon Sogokalo Millogo de la communauté bobo, une femme, après son accouchement, surtout quand il s’agit d'une primipare, est traitée avec des décoctions à base d’écorces de néré, de feuilles de Mélina, ou d'écorces de caïlcédrat. Elle doit manger de la nourriture chaude et boire de l’eau chaude pendant au moins un mois pour « nettoyer son ventre, car il y a des saletés qui y sont logées suite à l’accouchement ». De plus, ce sont les plus âgées qui lavent les jeunes mamans après leur accouchement tout en les massant avec du beurre de karité. Elles procèdent également à une toilette vaginale de ces dernières avec la décoction chaude, une manière de bien traiter les blessures de l’accouchement, toujours selon dame Millogo. Mais cette pratique ne s’applique qu’aux femmes ayant accouché par voie basse, précise-t-elle.
La pratique semble identique mais un peu nuancée chez les Mossé. En effet, selon Habibou Sawadogo, après son accouchement, la femme doit se laver avec de l’eau chaude pendant au moins un mois et se faire masser car cela lui redonne de la vitalité. En outre, l'accouchée doit boire de l’eau chaude pour se soigner parce que après l’accouchement, la place qu'occupait le fœtus reste une plaie. Il faut donc que la parturiente s’efforce de boire de l’eau chaude pour soigner cette plaie. Elle doit également prendre des repas chauds pour son bien-être. Dans la communauté moaga, cette pratique n’est cependant valable que pour les femmes qui ont accouché d’elles-mêmes, c’est-à-dire par voie basse. Si l’accouchement s’est fait par césarienne, c’est une plaie ouverte ; donc seuls les médecins sont habilités au traitement, d’après notre interlocutrice.
S'agissant de la communauté dagara, Pascaline Somé indique que la femme, après son accouchement, doit se doucher avec de l’eau chaude, consommer rien que « du chaud ». En plus de cela, la nouvelle maman doit faire un bain de siège sur de la vapeur d’eau chaude en vue d’éliminer « les toxines éventuellement restées après l’accouchement ». D’une communauté à l’autre, les pratiques semblent donc voisines.
Cependant, quelles conséquences peuvent découler de ces pratiques empiriques ?
Selon Haro Mamounata Ouoba, sage-femme au Centre hospitalier régional (CHR) de Ziniaré, si c’est de l’eau très chaude, des aliments très chauds ainsi que des tisanes très chaudes dont la température excède 40°C qui sont utilisés par la parturiente, cela peut avoir des inconvénients comme une dilatation des vaisseaux pouvant provoquer un saignement plus abondant, une déshydratation, voire des brûlures sur la peau. C’est pourquoi les scientifiques déconseillent la consommation d’eau chaude au-delà de 40°, soutient dame Ouoba.
Ce que la médecine conventionnelle recommande
L’utilisation et la consommation des produits chauds ne sont pas mauvaises en soi. Et la sage-femme justifie cela par le fait que la médecine conseille de boire l’eau à température ambiante, c’est-à-dire tiède, et d’ingérer des aliments peu chauds.
L’utilisation de l'eau chaude et des autres produits chauds est nécessaire à l’organisme, surtout pour la femme qui vient d’accoucher car elle est fragile, de même que son bébé qui peut facilement prendre froid, a-t-elle souligné.
De plus, la température du corps est de 37°. Ainsi, seuls les aliments dont la température équivaut à la température de celui-ci, soit entre 37° et 40°, sont adaptés pour une femme qui vient d’accoucher, a déclaré dame Ouoba. Cela peut aider son organisme à s’équilibrer.
Toutefois, l’usage d’eau chaude est contre-indiqué dans certains cas. En effet, l'eau chaude est déconseillée dans les cas où les femmes ont accouché par voie basse accompagnée d’épisiotomie, a signifié Mme Ouoba. L’épisiotomie est une déchirure au niveau du périnée pour faciliter la sortie du fœtus lors de l’accouchement. Les fils utilisés pour la suture ne supportent pas l’eau chaude car ils peuvent relâcher, d’où l’interdiction d’utiliser de l’eau chaude. Cela est également valable pour les femmes qui ont accouché par césarienne, fait remarquer la sage-femme.
L’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) a lancé, le samedi 27 août 2022, son opération de salubrité dite « ONEA mana-mana ». Ce coup d’envoi marque le début des opérations de salubrité de la nationale de l’eau et de l’assainissement, qui entend se conformer à cet exercice chaque dernier samedi du mois afin d’offrir à son personnel un cadre convivial de travail. Le lancement de cette opération citoyenne a été marqué par la présence du ministre de l’Eau et de l’Assainissement.
A compter du samedi 27 août 2022, les agents de la Nationale de l’eau et de l’assainissement (ONEA) s’adonneront à une journée de salubrité sur les sites et agences de cette société d’Etat chaque dernier samedi du mois. Le coup d’envoi de ladite opération mensuelle, donné au siège de l’ONEA à Ouagadougou au quartier Pissy, l’a été par la ministre de l’Environnement, de l’Energie, de l’Eau et de l’Assainissement, Maminata Traoré née Coulibaly. Toutes les directions centrales, régionales et provinciales de l'ONEA sont concernées par cette activité dont l’objectif, selon Gilbert Bassolé, DG de l’ONEA, est d’offrir des cadres de vie et de travail sains à l’ensemble des agents de l’ONEA ainsi qu’à ses usagés. « L’activité de ce matin s'inscrit dans le cadre du programme du gouvernement et vise à rendre agréables notre cadre de vie et notre cadre de travail, bien sûr en collaboration avec le voisinage. L'hygiène, c'est le premier fondement de la santé », a affirmé le DG de l'ONEA, qui a ajouté qu’il s’agit d’une opération nationale mais que l'initiative est lancée au siège et pour l’occasion, la direction générale et la direction régionale ont été mises ensemble. « Les prochaines fois, nous allons nous rendre dans les agence et sur les sites de production pour aussi rendre leur cadre de vie agréable », a-t-il poursuivi.
A ce lancement étaient présentes plusieurs structures et associations locales, chose saluée tour à tour par le directeur général et la ministre Maminata Traoré. « Nous ne travaillons pas seuls. Nous avons des voisins, qui sont des sociétés publiques, privées, des structures du secteur informel. Vous avez vu la forte mobilisation des femmes de la carrière de Pissy. C'est un exemple de collaboration, de synergie et de bonne entente qu'il faut promouvoir », s'est réjoui le DG de l’ONEA. A sa suite, la ministre de l’Environnement a salué la mobilisation et la structure à l’origine de l’activité. « Cette opération de salubrité est en train de devenir une activité qui fait la fierté de chacun de nous. Sortir, se donner la main, nettoyer comme le commun des citoyens, il n'y a rien de tel », a-t-elle affirmé. Elle a rappelé qu’il y a toute une avenue qui a été dédiée au ministère, des villes et communes qui font la même opération et que cela est à l’honneur de tous les Burkinabè.
L’ONEA : Acteur majeur de l’hygiène, pour laquelle elle a des projets d’envergure
Selon le directeur général de l’ONEA, qui dit assainissement dit aussi hygiène. « Pour l'assainissement, nous avons des stations de traitement des eaux de vidange où le contenu des latrines vidangées, les eaux usées, les excreta, etc., sont collectées et amenées dans les stations de traitement des eaux de vidange. Actuellement, il y a trois qui sont en service, et nous avons-nous en projet en construire deux autres. Les études sont pratiquement bouclées et il reste la recherche des financements », a expliqué le patron de la nationale de l’eau et de l’assainissement. Et de poursuivre : « Nous avons aussi, au niveau central, le réseau d'égouts. Toutes les grandes entreprises, le grand marché, les ministères, l'hôpital Yalgado, les industries, etc., sont raccordés au réseau d'égouts et toutes les eaux usées sont drainées vers la station de Kossodo, où nous cherchons à valoriser ces eaux en produisant du biogaz pour produire de l'électricité. Donc il y a tout un cycle de transformation de la matière. » Pour l’activité du jour, il informe que les ordures seront transportées par les groupes de femmes qui s'occupent de l'entretien et du nettoyage quotidien du siège avec des camions et du matériel composite, puis dépotées à la décharge.
A la sortie de l’audience de ce 26 août 2022 au tribunal de grande instance Ouaga I où la responsable du mouvement M30 Naaba Wobgo, Yéli Monique Kam, était à la barre, celle-ci s’est écriée : « Ce procès est une violation du droit à la liberté du citoyen de manifester son opinion, du droit de se réunir et du droit d’association. » L’audience a été renvoyée au 16 septembre 2022 pour permettre aux avocats de s’imprégner du dossier.
« Nous manifestons parce que le contexte sécuritaire exige que chacun apporte sa contribution à l’effort de paix. En tant que citoyen civil, notre contribution réside dans les propositions pour améliorer la gouvernance sécuritaire. Nous avons remarqué que notre partenaire majeur français dans cette lutte, avec ses accords, empêche nos autorités d’opérer des choix libres, surtout en matière d’équipements militaires, sans passer par la France », déclare Monique Yéli Kam. Pour elle et ses partisans, depuis 2015 où un détachement militaire français est présent dans notre pays, on ne note aucun résultat majeur. Le constat, fait-elle remarquer, c’est que « l’insécurité prend de l’ampleur. La France est incapable d’apporter des réponses efficaces pour la freiner, contenir les activités des groupes terroristes et pacifier le pays ».
Pour les membres du mouvement M30 Naaba Wobgo, en tant que citoyens et bénéficiaires des accords qui lient notre pays à la France, ils ont le plein droit de manifester, car le pouvoir appartient au peuple. « Nous revendiquons cette liberté de choix et cela, au profit de nos gouvernants », clame Yéli Monique Kam.
« C’est plutôt la France qui doit être jugée »
« C’est la France qui doit être jugée, c’est elle le bourreau, la prédatrice qui a confisqué nos libertés, le libre choix de gouvernance, qui a aliéné nos politiques. Nous disons non à la France ; ce procès, c’est contre la France. Nous appelons nos autorités à se rallier à leur peuple, à reconnaître la noblesse de notre lutte. Nous ne lâcherons pas prise. Nous allons nous battre pour exiger le départ de l’ambassadeur de France du Burkina, l’abrogation des accords léonins qui ne profitent qu’à la France. Nous les dénonçons et déclarons leur nullité. La France n’a aucune leçon à nous donner. Nous allons imposer le respect de notre pays à tous ses partenaires, à commencer par la France », martèle Mme Kam.
Monique Yéli Kam, à travers son mouvement M30 Naaba Wobgo, demande au gouvernement de dénoncer publiquement et par écrit les différents accords qui lient le Burkina à la France.
Les services de mobile money facilitent les envois d’argent, évitent la détention de fortes sommes par-devers soi, etc. Même si au Burkina ce secteur d’activité n'est que moyennement développé, force est de reconnaître qu’il a amélioré la qualité du « traitement » de l’argent. Cependant, les boutiques de transfert qui proposent ces services font aussi face à de multiples risques : cambriolages, transferts sur un compte autre que celui visé, etc. Quelques commerciaux nous ont confié leur quotidien.
Souleymane Télécom a débuté ses activités en 2017 par la vente de crédits de communication et le transfert d’argent. Une époque où le retrait d’argent, de 1 F à 10 000 F CFA par exemple, était facturé à 250 F CFA. Les frais de retrait se sont accrus par la suite avant de retomber à 1% du montant total de retrait à la faveur de l’introduction, sur le marché, d’opérateurs comme Sank Burkina et Waves. Ainsi, pour un retrait de 5 000 F, par exemple, le client débourse 50 F (c’est-à-dire 1% de 5 000 F). En 2017, le marché était encore moins pratiqué par les Burkinabè. A l’époque, Souleymane Télécom faisait en moyenne 100 000 F CFA de transactions par jour. Aujourd’hui, les choses ont changé et tout le monde semble porté sur le digital en matière de transactions financières. Souleymane Télécom a aussi grandi pour devenir une boutique de vente d’articles divers sur le numérique. Le propriétaire de cette boutique nous confie qu’avant, les montants des transactions effectuées étaient moins élevés que de nos jours. Aujourd’hui, sa boutique transfère plus d'un million par jour. « Il y a des jours où je peux faire plus de 3 millions de F CFA de transferts », affirme notre interlocuteur. Cependant, le montant des commissions perçues a, lui aussi, diminué, d'après les gérants de boutiques que nous avons rencontrés.
Selon Guy Marc Bationo, un autre propriétaire de boutique de transfert d’argent, en 2017, pour un retrait de 5 000 F, c’est 35 F que l’opérateur de téléphonie donnait comme commission. Aujourd’hui, pour le même montant, c’est 20 F que l’opérateur propose comme commission avec une taxe de 3 F. « Beaucoup de choses ont changé. Mais nous ne sommes ni gagnants ni perdants », explique Martine, gérante de boutique à Ouaga 2000. A l'en croire, les montants des transactions journalières ont beaucoup augmenté avec la réduction des frais de transfert. Et pour certains comme elle qui se retrouvent dans des zones où il y a de l’affluence, les gains peuvent augmenter considérablement. En effet, confie-t-elle, c’est 3 à 5 millions de francs de transferts qu’elle peut faire en une journée. Mais, ajoute-t-elle, ce sont les propriétaires de boutiques et les opérateurs de téléphonie qui sont gagnants. Les employés, eux, tirent le diable par la queue.
Les risques dans le métier sont monnaie courante
Les opérations de transfert d’argent ne sont pas sans risque. En effet, selon Benjamin, gérant d’une boutique à Dagnoën, les risques dans le domaine sont multiples. « J’ai, une fois, transféré de l’argent à hauteur de 12 000 F à un client, mais ce n’est pas vite passé. Ledit client est revenu me dire qu’il n’avait pas reçu l'argent transféré. Nous avons ensemble vérifié et la notification de confirmation du transfert n’était effectivement pas venue chez moi non plus. Comme je ne connaissais pas mon solde précédent, j’ai effectué une deuxième fois le transfert, en demandant au client de me revenir si toutefois il recevait 2 fois le montant transféré. Après son passage, j’ai reçu les deux messages de transfert, mais ce client n’est plus jamais revenu », raconte Benjamin. « C’est un exemple parmi tant d’autres », ajoute le propriétaire de Diallo transfert d’argent, qui a été victime d’une arnaque de près de 100 000 F CFA en 2019. Il nous explique que l'arnaqueur avait bien préparé son coup. Il a d’abord réussi à entrer en contact avec Orange Burkina pour connaître son solde. Ensuite il a, par un subterfuge, généré un message de retrait de 100 000 F à l’image de celui que le réseau envoie. Quand il est arrivé, il a envoyé le message sur le numéro de transfert. Sans prêter attention, la gérante a remis les 100 000 F à l’arnaqueur. Ce n’est que le soir, en faisant ses comptes, elle s’est rendu compte qu’elle avait été dupée, mais il était déjà tard.
Les cas d’arnaque dans le domaine du mobile money sont légion, sans compter les attaques à main armée dont certaines boutiques sont victimes.
Le Syndicat national des professeurs d’école (SYNAPEC) était face aux hommes de médias ce 25 août 2022 à Ouagadougou. L’objectif était « d’interpeller le gouvernement sur les inégalités que contient le nouveau statut particulier de l’enseignant et d’exiger la réparation de ces inégalités » à travers le reversement automatique et sans condition de tous les anciens Instituteurs adjoints certifiés (IAC) en catégorie B1 et de tous les Instituteurs certifiés (IC) en catégorie A3.
Ils étaient des centaines d’enseignants venus des quatre coins du Burkina à dénoncer une « injustice » qu’ils disent constater dans le nouveau statut particulier de ce corps adopté par le gouvernement en 2019.
En effet, selon les conférenciers, les ex-Instituteurs principaux (IP) et ex-Instituteurs principaux certifiés (CPI) ont bénéficié d’une période moratoire supplémentaire de 3 ans avec la possibilité de composer à 57 ans dans le nouveau statut, alors que les Instituteurs adjoints certifiés (IAC) n’ont pas bénéficié de cela ; mieux, beaucoup ne peuvent plus prendre part aux concours professionnels parce qu’ils ont dépassé l’âge limite qui est de 47 ans à cause de la suspension du concours professionnel par le gouvernement pendant quatre ans.
De plus, les enseignants recrutés sur la base du baccalauréat pour deux ans de formation seront classés en catégorie B1 et seront les supérieurs hiérarchiques d’enseignants plus anciens et expérimentés qu’eux à la fin de leur formation.
Ainsi, la catégorie C1, notamment celle des instituteurs adjoints certifiés, est mise en extinction, selon les conférenciers. Pour eux, il est illégal et illogique de mettre en extinction une catégorie sans qu'une mesure d'évacuation des agents de cette catégorie soit proposée.
C’est pourquoi le SYNAPEC soutient que « pour que les choses avancent dans les écoles primaires, c'est un impératif que l'État reclasse tous les Instituteurs adjoints certifiés (IAC) en catégorie B1 avant que les nouveaux ne descendent sur le terrain, et les Instituteurs certifiés (IC) doivent être reclassés en catégorie A3 ».
Par ailleurs, le syndicat prévient que si le reclassement automatique et sans condition de tous les IAC et IC n’est pas effectué, la rentrée administrative sera purement et simplement boycottée, que l’année scolaire 2022/2023 sera mouvementée et les cours sabotés.
À ce propos, le coordonnateur du SYNAPEC, région du Sud-Ouest, Salifou Josias Dondassé, a même déclaré : « Cette année, nous sommes déterminés à fermer les classes, même si c’est pour faire une année blanche, si toutefois l’injustice n’est pas réparée. »
Le SYNAPEC annonce également une marche-meeting pour septembre prochain dans les 13 régions du Burkina Faso pour exiger le reclassement automatique des Instituteurs adjoints certifiés (IAC) et des Instituteurs certifiés (IC).
En attendant, il dit avoir adressé une note au ministère de la Fonction publique et à celui de l’Education nationale pour demander la suspension de l’examen du Certificat supérieur d’aptitude pédagogique (CSAP), car la tenue de cet examen professionnel annoncée par le ministère de l’Education nationale est prévue le 20 septembre 2022 et devrait permettre de reclasser les enseignants de la catégorie B en A3.
L’activiste Anaïs Drabo a trouvé la mort dans un accident de la circulation sur la nationale n°1, le mercredi 6 juillet 2022. Son association Hope Isis, née quelques mois avant, se retrouve ainsi orpheline. Pour savoir ce que devient cette association, nous sommes allés à la rencontre de son président par intérim, Youssoufou Sombié, par ailleurs trésorier de l’association. Il assure que leur structure est certes éprouvée, mais continue ses activités la tête haute.
Présentez-nous l'association Hope Isis.
Hope Isis est une association qui, officiellement, a vu le jour en 2022. Elle existait déjà dans l’informel, mais on a eu les documents légaux en 2022.
Quels sont les objectifs de cette association ?
L'objectif de Hope Isis, c'est de venir en aide d'abord aux personnes déplacées internes et contribuer à aider le ministère en charge de l'Action sociale. On se dit que le ministère seul ne peut pas tout faire ; c’est pourquoi nous venons également en aide aux personnes démunies. Vous avez dû voir par moments qu'on est intervenu pour trouver des prothèses à des personnes vulnérables. C'est donc un peu dans ce sens que nous agissons. Mais c'est une activité qu'on a commencée depuis 2018 avec la défunte. On a commencé d'abord avec les mendiants au bord de la route, qui en son temps n'étaient pas trop nombreux. Souvent on passait, soit on donne des habits, ou bien des chaussures, en fonction de ce qu'on peut faire. Après, on est venu en aide aux veilles femmes qu'on accuse de sorcellerie qui sont à Tanghin. Ensuite à une association d'une sœur religieuse qui récupère les déficients mentaux. Nous leur avons apporté aussi une aide par moments. Mais c’est l'avènement des PDI qui a fait connaître plus l'association.
En juillet 2022, vous avez subi cet évènement malheureux, la disparition de la présidente de l'association. Comment est-ce que l'association vit cela ?
C'est vrai que la présidente était beaucoup plus active, parce qu’elle était plus « réseaux sociaux » et ça nous aidait beaucoup, en ce sens qu'elle faisait des publications et lorsqu'elle faisait ses publications on a des personnes sensibles qui nous venaient en aide. Ça, j'avoue que ça va nous manquer, mais pas au point d’entraver le fonctionnement de l'association. Nous avons quelques partenaires structurels, donc on va continuer à mener les activités selon nos possibilités et selon les apports que nous allons avoir. Pour le moment, j'assume l'intérim de la présidence, cumulativement avec mon poste de trésorier. Mais très incessamment on va tenir notre assemblée, pour essayer de renouveler les instances. L'association même est en train de grandir. On a eu l’adhésion de nombreuses personnes, même après le décès de la présidente. C’est le cas par exemple d’un réalisateur de cinéma qui nous a rejoints.
La présidente n'avait-elle pas de projets pour l'association, qui risquent d'en pâtir ou de disparaître avec son décès ?
On a travaillé de sorte à ne pas personnaliser certaines choses. Ce qui fait qu'on était chaque fois ensemble. Donc en permanence, on s'accompagnait pour suivre un peu certaines choses. Mais j'avoue que sa présence physique boostait certaines choses, puisqu'il se peut que certains aient accepté de nous accompagner dans des projets parce que c'était Anaïs Drabo. Ça, c'est sûr que ce sont des projets qui risquent d’en prendre un coup. Sinon, je sais qu'on a un projet avec le ministère de la Jeunesse et on est très avancé avec les techniciens dudit ministère.
Est-ce qu'il y avait des personnes vulnérables, comme des orphelins ou des PDI, qui étaient spécifiquement à la charge de l'association ?
Il n’y a pas de personnes à la charge de l'association de façon spécifique. Pour le moment, on a évité d'aller dans ce sens. Parce que lorsqu'on n'a pas de ressources assez permanentes, il ne faut pas donner l'espoir à ces gens et à un moment donné ne pas pouvoir continuer. Donc nous, on ne le faisait que périodiquement et en fonction des disponibilités. Par contre, on s’occupe d’orphelins de FDS, pour lesquels on est en partenariat avec Go-Paga.
En tant qu'intérimaire, quels sont vos objectifs immédiats ?
On était toujours en deuil. Mais je crois que le 40e jour, c’était avant-hier. Néanmoins on a pu tenir trois rencontres parce qu'il y avait quelques urgences. Il y avait un petit qui avait un problème de prothèse, donc rapidement on a pu gérer ça. Dans l'immédiat, nous avons un projet avec le réalisateur Derek : il s’agit d’une projection de film et de formation des enfants PDI au métier du cinéma. On envisageait commencer en août mais avec les pluies, on a un peu décalé. Parce que là on va faire des projections en plein air dans les sites des PDI en se disant que ça peut les égayer un tant soit peu et ensuite on va former les enfants au métier du cinéma et les amener en deux jours à produire un petit documentaire qu'on va projeter pour eux-mêmes. Ça, ça peut susciter cet espoir de métier du cinéma pour eux. Maintenant on verra ceux qui vont vraiment être efficaces et qui peuvent embrasser ce domaine, on va peut-être les accompagner. Un nombre limité pour le moment.
Est-ce qu'il y a des difficultés de façon spécifique que vit l'association ?
Oui, il y a des difficultés comme dans toute organisation, toute association. Mais on essaie de les surmonter au fur et à mesure.
Quel est votre cri du cœur ?
Mon cri du cœur, c'est la paix. Nous invitons les populations à soutenir le seul gouvernement que nous avons. Jusqu'à preuve du contraire, je ne pense pas qu'on ait deux gouvernements au Burkina Faso. Et c'est une lutte de longue haleine qui est engagée et il faut que chacun à son niveau puisse soutenir pour qu'on en finisse avec le terrorisme. L'autre aspect, c'est vraiment restaurer la cohésion sociale. Je le dis haut et fort : le Burkina a mal à sa cohésion sociale. Nous n'avons pas un problème de réconciliation et c'est même l'erreur. Lorsqu'on parle de réconciliation, c'est qu'on a deux protagonistes, soit c'est religieux, ou ethnique ou même politique mais qui sépare le pays. Jusqu'à preuve du contraire, je ne pense pas qu'on ait ça ici. Mais les gens déplacent ça sur les problèmes de personnes. Donc c'est d'abord un appel à soutenir le pouvoir en place et à contribuer activement même à la lutte contre le terrorisme. Et là je félicite mes esclaves de Gaoua, qui résistent au lieu de subir. Il faut que chacun mette dans sa tête que nous sommes tous en guerre. Et c'est maintenant qu'il faut se lever pour soutenir ces FDS. Si la paix revient, on pourra faire nos disputes politiciennes après. Donc c'est ce cri de cœur que j'ai à l'égard de la population. Parce que quand je regarde, chacun tire la couverture de son côté. On crée des mouvements par-ci par-là, c'est de nature même à soutenir la crise. Et je dirai que c'est même criminel. Parce qu’il n'y a personne qui ne soit pas affecté par le terrorisme au Burkina. Et si on laisse ce terrorisme prendre le pouvoir, on ira où?
Pour finir, je voudrais dire que notre association est ouverte à toute personne qui souhaiterait faire un don. On ne trie pas, on prend tout.
L’Association de défense des intérêts des consommateurs du Faso qualifie « d’insoutenables et d’intenables » les prix des hydrocarbures pour le consommateur. Elle a donc annoncé une campagne contre l’augmentation des prix des hydrocarbures ce 25 août 2022.
Pour l’Association de défense des intérêts des consommateurs du Faso, composée de l’Association des consommateurs du Burkina (ACB), de l’Organisation des consommateurs du Burkina (OCB), de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), du Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF) et de Vigi consommateurs, rien ne justifie la récente augmentation des prix des hydrocarbures d’autant plus que le prix du baril a baissé, passant de 69 dollars en 2018 à 41 dollars en 2020.
« Nous ne l’acceptons ni ne l’accepterons. Nous appelons à une mobilisation générale de la population pour faire barrage à cette mesure qui prépare imparablement une nouvelle vague inflationniste », fulmine Ousséni Ouédraogo, secrétaire général adjoint de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB).
L’Association de défense des intérêts des consommateurs appelle la population à la mobilisation générale et annonce un sit-in pour le lundi 29 août à la devanture du ministère burkinabè du Commerce. Pour elle, cette décision d’augmentation a été prise de façon unilatérale par le gouvernement sans l’avis des différents acteurs de la chaîne de production, de commercialisation et de consommation. « Comment peut-il après contrôler l’évolution des prix ? » questionne Ousséni Ouédraogo. Cette structure dit même suspecter le gouvernement de transition « de ramer contre le bonheur de la population ».
Le Premier ministre, dans son discours à la nation, a déclaré que le gouvernement n’avait pas d’autre choix que d’augmenter les prix, sous peine de voir une SONABHY incapable de remplir sa mission.
Mais l’association estime que la question ne devrait pas se poser avec la baisse du prix du baril sur le marché international parce que cela devrait permettre de réaliser des économies. « En l’absence d’audit indépendant, il est difficilement supportable d’entendre que l’Etat doit plus de 280 milliards à la SONABHY. A qui la faute ? Au contribuable ou à l’Etat ? Nous, nous pensons que c’est un problème de gestion. En 2015, nous avons appris par voie de presse que la SONABEL devait plus de 39 milliards de francs à la SONABHY. Incompréhensible, d’autant plus que le consommateur a toujours payé ses factures d’électricité», indique Ousséni Ouédraogo.
L’augmentation du prix du carburant touche directement les transporteurs routiers, plus précisément les petits transporteurs qui font déjà face à la concurrence. Interrogés sur une éventuelle augmentation du prix du transport suite à l’augmentation des prix du carburant, les transporteurs des petits cars communément appelés « Dina » reconnaissent avoir augmenté le prix du transport parce qu’ils ne pouvaient plus supporter les dépenses liées au carburant avec les mêmes tarifs.
« Nous n’avons pas d’autre alternative que d’augmenter un peu le prix du transport », nous confie Mahamadi Yaméogo, le regard évasif. Il explique : « Pour aller à Cinkansé, on se ravitaillait à 50 mille francs pour le carburant, mais maintenant il faut 70 mille francs d’essence pour ce trajet. Si on n’augmente pas, comment faire pour réaliser un bénéfice ? »
Même son de cloche chez Sisco Toyeri, chauffeur également de mini car à la gare de l’Est, pour qui l’augmentation des coûts du carburant constitue une difficulté pour eux. « Cela nous pénalise beaucoup, certains passagers ne comprennent pas, ils veulent qu’on garde le même prix. D’après eux, c’est du racket que nous faisons. Par exemple, avant on faisait l’aller-retour Ouagadougou-Pouytenga avec 20 mille francs d’essence. Or actuellement, il faut 30 mille francs de carburant. On a donc été obligé de majorer le prix du transport de 500 F».
Cette augmentation du prix du ticket a réduit le nombre de clients de certains chauffeurs de mini cars, comme nous le confirme Sisco Toyeri : « On revient juste du péage ; on n’a pas eu de clients. Ça fait deux semaines qu’on n’a plus de clients. Notre véhicule n’a aucun souci technique, seulement les voyageurs préfèrent prendre les cars. »
« Si c’est possible de revoir le prix du carburant à la baisse, cela nous arrangera. Il y a une augmentation tous azimuts des prix ; plus rien n’est régulé, comme si le pays n’était pas gouverné », clame Frédéric Ouédraogo.
Pendant que les autres expriment leur désarroi, un autre transporteur surgit et lance : « Ils peuvent ajouter jusqu’à 1000 francs s’ils le veulent, de toute façon qu’est-ce qu’on peut faire. Ceux qui veulent voyager vont le faire quel que soit le prix.»
Quel est le sort des usagers ?
Selon les transporteurs, certains clients comprennent, d’autres non.
« Nous savons que ce n’est pas facile, mais nous demandons aux passagers de comprendre et aux dirigeants de prendre les mesures idoines», indique Ablassé Yalgo, chauffeur de mini car.
Mahamadi Yaméogo, transporteur également, affirme que ses clients comprennent parce qu’ils voient la réalité du terrain, seulement ils ne sont pas contents.
Amaoulay Kinda, usager en partance pour Nagréogo, a constaté une augmentation de 500 francs sur le transport. Il dit comprendre la situation au vu des réalités. « Avant, on faisait l’aller-retour à 2000 francs, actuellement, c’est 2500 francs. Mais on comprend puisque qu’on voit que les prix du carburant ont augmenté », a-t-il dit.
Cette augmentation des prix du transport est-elle agréée par le syndicat des transporteurs?
Quand les autres transporteurs parlent d’augmentation, Albert Ouédraogo fait remarquer qu’il faut le mot d’ordre du syndicat avant de le dire. « En tant que chauffeur, si je dis que les prix du transport ont augmenté, le syndicat peut me demander des comptes. Je pense que si jamais les prix du transport augmentent, celui qui a un moyen de déplacement comprendra parce qu’il se ravitaille en essence et sait que les prix ne sont plus les mêmes », lâche-t-il.
Pour Mahamadou Kargougou, chef de la gare de l’Est, le syndicat ne s’est pas encore prononcé sur une quelconque augmentation des prix du transport. « Pour le moment, de façon officielle, ce sont les anciens tarifs qui sont en vigueur. Les grandes sociétés de transport nous font la concurrence et prennent nos clients. Si on augmente le transport, on risque de perdre les quelques clients qu’on pouvait avoir. »
Le chef de gare dit attendre la décision du syndicat pour d’éventuelles augmentations.
Le Togo est également en proie aux attaques de groupes armés terroristes. Les populations de la partie nord de ce pays, qui fait frontière avec le Burkina, sont victimes d'attentats depuis novembre 2021. Radars Info Burkina a joint des journalistes togolais pour mieux comprendre la situation. D'un ton unanime, ils ont décrié le manque de soutien conséquent aux pays attaqués et de solidarité vis-à-vis de ces derniers, toute chose qui fait évoluer la menace vers les pays longtemps épargnés.
Nous sommes le 9 novembre 2021 quand le Togo essuie pour la toute première fois une attaque terroriste sur son territoire. « C'est une attaque qui a eu lieu dans le village de Sanloaga, dans la préfecture de Kpendjal, région des Savanes, une région frontalière du Burkina Faso », affirme Pierre-Claver Kuvo, journaliste d'investigation au Togo, joint au téléphone. Il précise que lors de cette attaque, les forces armées togolaises avaient pu repousser les assaillants qui sont repartis du côté du Burkina Faso.
Quatre mois sont passés et la menace semblait ne plus être d’actualité. Les Togolais vaquaient alors à leurs occupations sans grand danger. Mais le scénario burkinabè qui, au début, en 2016, a connu des incursions de groupes armés terroristes à la frontière malienne, alors que le Mali était déjà sous emprise terroriste, n'allait pas tarder à se répéter au Togo. En effet, le 11 mai 2022, soit six mois après la première attaque, les terroristes vont s'en prendre de nouveau aux forces armées togolaises à Kpekankandi dans la même région et feront 8 morts et 13 blessés. Puis s'ensuivent une troisième attaque et même une quatrième dans la nuit du 14 au 15 juillet 2022, qui va s'avérer la plus meurtrière de toutes celles qu'a connues le Togo, jusqu'alors. « Cette fois-ci, ce fut une attaque dirigée contre des villages de Bombengou dans les cantons de Borgou, Blamonga, Lalabiga, Souktangou, Tchimouri, Lidoli, où les terroristes passaient d'une concession à une autre pour égorger les hommes », s'est indigné Galley Anani, rédacteur en chef du mensuel De Cive (Le Citoyen) et collaborateur de l'hebdomadaire L'Echiquier. Le président de « Publier ce que vous Payez-Togo », Pius Kossi Kougblenou, lie cette attaque à l’arrestation de personnes dont les animaux avaient été saisis et vendus, une situation à laquelle le gouvernement togolais avait tardé à réagir. Pour lui, cette situation a attisé la colère de certains individus. Sur cette affaire d’arrestation, le 27 juillet 2022, le gouvernement burkinabè soulignait que dix éleveurs burkinabè ont été interpellés avec leur bétail en territoire togolais par les autorités locales pour « des raisons d’enquête en lien avec les mesures sécuritaires » en vigueur au Togo. Deux d’entre eux ont été relâchés par la suite, ajoutait-il. Plus tard, la fédération des éleveurs du Burkina, par la voix de son secrétaire général, appelait le gouvernement burkinabè à agir pour leur libération. Cependant, sur le nombre de personnes arrêtées, cette dernière est en désaccord avec le gouvernement. Selon elle, c’est plutôt une quarantaine qui serait en détention. La fédération a alors plaidé pour que la rigueur de la loi s’applique si les faits qui leur sont reprochés sont avérés. « Mais si ce n’est pas le cas, qu’on les libère ».
Toutes ces attaques ont été perpétrées dans la région des Savanes, le plus souvent dans la préfecture de Kpendjal, selon les journalistes que nous avons joints. Et la dernière en date a été perpétrée le 22 août 2022, où les Forces armées togolaises avaient réussi à repousser les assaillants qui sont repartis du côté du Burkina, selon Labaali.com. Cette partie du Togo est très vite devenue une zone d'insécurité notoire. Les populations, qui jusque-là accueillaient des déplacés burkinabè qui fuyaient l'insécurité, sont à leur tour obligées de se réfugier dans les grandes villes comme Dapaong et autres. La zone est alors en état d'alerte. Que faire ? Etait-il prévisible que des villages du Togo tomberaient un jour entre les mains de groupes armés terroristes ? Les autorités s'étaient-elles préparées à cela ? « La plaie est ouverte et il faut la refermer et vite », lance Galley Anani.
Le gouvernement togolais a minimisé la menace, or la presse avait lancé des alertes
Pour Anani Galley, le Togo a minimisé la menace. « Il se sont dit : c'est seulement le Burkina, nous, nous ne pourrons pas être attaqués. Et voilà aujourd'hui le résultat », explique-t-il. Et de poursuivre : « Pendant qu'on regardait les autres pays, pendant qu'on voyait leurs citoyens tomber, tués par les terroristes il y avait des rapports qui indiquaient que le terrorisme menaçait certaines zones et qu'il fallait développer et construire des infrastructures dans ces zones pour que les populations ou les jeunes dans ces zones ne tombent pas dans le panneau de la violence extrémiste ». Le journaliste d’investigation Pierre Claver Kuvo explique en effet que la zone ciblée par les attaques est une zone très indigente du Togo. En outre, elle est en proie à des frustrations permanentes, qui sont des phénomènes qui donnent du poids à l’extrémisme violent. Il en veut pour preuves les manifestations dans cette localité, qui ont toujours été réprimées avec violence et les 70% de la population de la zone de Dapaong qui vivent dans la précarité. « Cela expose les populations à toutes sortes de risques », a-t-il estimé. Pourtant, explique-t-il, les rapports d’organismes et les investigations de la presse ont longtemps sonné l’alerte autour des dangers auxquels cette partie du Togo est exposée. Mais, estime Anani Galley, c’est le chef de l’Etat qui imprime la marche à suivre et ce dernier semble focaliser ses efforts ailleurs. Selon lui, l’autorité togolaise a fait le choix de s'investir à fond dans le dossier malien tout en oubliant que le mal était à sa porte.Cette attitude a détourné les attentions sur les réels dangers qui pouvaient guetter le pays. Une analyse partagée par Pius Kossi Kougblenou, qui estime que c’est une sorte de vengeance que les terroristes exercent contre le Togo, pour le fait que ses autorités veulent aider le Mali à les combattre. « Mais, se ravise-t-il, ce sont des analyses de premier degré. Il faut aller au-delà car le problème du terrorisme est une contagion régionale ».
Les gouvernements d’Afrique de l’Ouest appelés à s’engager comme une seule entité
« Je n'ai pas compris que les trois pays, le Burkina Faso, le Togo et le Bénin, ne soient pas capables de mutualiser leurs forces pour maîtriser le mal terroriste. Pourquoi chacun y va unilatéralement, alors que ces trois pays peuvent coordonner leurs actions, leurs enseignements et tout ? » se demande Anani Galley. A sa suite, Pius Kossi Kougblenou pense que la solution est endogène pour peu que les pays acceptent de se mettre ensemble comme une seule et même entité. « Malheureusement, ce qui nous divise, les intérêts égoïstes en l’occurrence, est plus fort que ce qui nous unit » soutient Anani Galley.
Pour le cas du Togo, même si la prise de mesures intervient un peu plus tardivement, certains de nos interlocuteurs saluent leur adoption et pensent que la situation peut encore se normaliser. C’est l’avis de Pierre Claver Kuvo pour qui une solution est encore possible. Il explique les mesures prises par le gouvernement togolais qui ont consisté à décrété, le 13 juin 2022, l’état d’urgence sécuritaire dans la région des Savanes et à voter un budget de 16 milliards de F CFA pour construire des infrastructures dans cette zone. Il ajoute que le gouvernement a aussi procédé à l’achat d’armes, d’aéronefs militaires et à une mobilisation ainsi qu’à un déploiement des forces de sécurité dans la zone. Enfin, le Togo s’est doté d’une loi de programmation militaire sur la période 2021-2025.
En rappel, le Togo a participé à l’opération régionale anti-extrémisme violent, « Koudanlgou 4 zone 2 », ayant regroupé le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Ghana. Une opération qui fait suite à 3 autres et s’est déroulée du 21 au 27 novembre 2021. « Elle a permis l’arrestation de 300 suspects », selon Pierre Claver Kuvo.