Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a procédé à la publication des résultats de 2021 sur l’état de la corruption au Burkina Faso ce mardi 6 décembre 2022 à Ouagadougou. Ce rapport est le résultat d’une enquête d’opinion des populations sur la fréquence de la corruption et sur ses facteurs déterminants. Il analyse également les actions de lutte anti-corruption des acteurs étatiques.
Trois mille (3000) personnes ont été sondées en 2021 (contre 2000 en 2020) dans 14 villes, dont 50,5% de femmes avec un taux de réponse de 100%, a informé le secrétaire chargé des études et des enquêtes du REN-LAC, Issouf Paré. 56, 3% des enquêtés avaient entre 18 et 35 ans et près de 88% étaient scolarisés. L’enquête a porté sur la perception des citoyens en matière de corruption dans un service public et les expériences de corruption captées par la fréquence de la corruption et les montants mis en jeu.
Selon les résultats du rapport 2021, 85,23% des enquêtés estiment que le phénomène est fréquent, voire très fréquent. Cette proportion était de 81,95% en 2020 et 75,7% en 2019. Les services les plus corrompus en 2021 sont, par ordre de classement : la police municipale (51,3%), la douane (37,3%), la police nationale (31,8%), l’enseignement post-primaire (5,7%), la DGTTM (15,2%), la santé (15,2%), gendarmerie (12,1%), les impôts/domaines (10,4%), la collectivité territoriale (9,5%) et l’administration générale (9,3%).
Il ressort également que les actions gouvernementales sur la lutte contre la corruption laissent à désirer. A cet effet, Issiaka Paré a indiqué dans sa présentation que 55,8% des enquêtés ne sont pas satisfaits des actions menées par le gouvernement pour lutter contre la corruption.
Au regard des constats, le REN-LAC a formulé des recommandations aux acteurs étatiques, à ceux non étatiques et aux services les plus corrompus pour une lutte anti-corruption efficiente.
Il s'agira pour le gouvernement de faire preuve d'une volonté politique réelle dans la lutte contre la corruption à travers l'exemplarité, la transparence et la redevabilité dans la gestion des affaires de l'État, d'organiser une véritable opération de lutte contre la corruption dans tous les secteurs d'activité en impliquant les structures étatiques et non étatiques pour une plus grande efficacité.
En outre, il faudra auditer les secteurs de la défense et de la sécurité pour faire la lumière sur l'acquisition du matériel militaire et la gestion des primes des soldats dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, réaliser des enquêtes et missions d'informations parlementaires sur les secteurs d'activité fortement touchés par la corruption pour élucider les allégations et soupçons, mais aussi veiller à la mise en œuvre des recommandations des différentes commissions d'enquêtes parlementaires et missions d'information parlementaire.
Par ailleurs, assainir la justice en engageant des procédures contre ses propres acteurs sur qui pèsent des soupçons de corruption et engager systématiquement des poursuites judiciaires contre les cas de corruption dénoncés.
En ce qui concerne les acteurs non étatiques, il s’agit, entre autres, de renforcer le contrôle citoyen de l’action publique par des dénonciations, des interpellations et des actions judiciaires contre les faits de corruption, d’encourager les journalistes dans la production d’articles d’analyse, de reportages et d’enquêtes sur les faits de corruption.
S’agissant des services perçus comme les plus corrompus, le REN-LAC leur recommande de mettre en place un dispositif interne de prévention et de lutte contre la corruption par la création de Comités anti-corruption (CAC) pour des actions de sensibilisation et le traitement des plaintes des usagers, veiller au fonctionnement des conseils de discipline afin de sanctionner administrativement les brebis galeuses.
De plus, il faudra dématérialiser le paiement des actes administratifs et digitaliser le système de contrôle du trafic routier par les Forces de sécurité intérieure (FSI), fluidifier les prestations de service dans la délivrance des actes administratifs par le raccourcissement des délais et renforcer les capacités opérationnelles des polices en ce qui concerne la prévention et la répression des tracasseries et rackets routiers.
Flora Sanou