Le directeur général de l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA), Idrissa Sourabié, a annoncé, dans la soirée du mardi 27 février 2024, un retour progressif et planifié au relevé mensuel à compter du 1ᵉʳ mars 2024. Cette décision fait suite aux plaintes des abonnés sur le relevé bimestriel ainsi qu’à la persistance des doutes sur la fiabilité dudit système. Au lendemain de cette annonce, Radars Info Burkina a tendu son micro au représentant du Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF) et à celui de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) pour recueillir leurs points de vue sur le sujet.
Pour Adama Bayala, président du Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF), « c’est une avancée qui était attendue », car le « RENCOF a toujours voulu et souhaité ce retour au relevé mensuel ».
« Nous avions dit à l’ancien directeur général de l’ONEA et à son équipe que c’était une évolution (NDLR : Il fait référence au relevé bimestriel) qui ne rencontrait pas l’assentiment des abonnés et qu’il fallait revenir au relevé mensuel. Aujourd’hui, cette vérité rattrape l’ONEA et ses responsables », a-t-il indiqué.
A l’en croire, en janvier dernier, le RENCOF avait, au cours d’un atelier tenu dans la ville de Koudougou, réaffirmé son souhait d’un retour au relevé mensuel.
Donc, « nous applaudissons cette décision, mais nous ne nous laisserons pas faire ». En effet, selon Adama Bayala, au regard des frustrations et des pertes financières subies par les consommateurs, le RENCOF envisage de s’entretenir avec ses conseils, ses avocats, « pour voir ce qu’il faut entreprendre au niveau de la justice pour demander un dédommagement, ne serait-ce que symbolique ».
« Nous allons le faire pour l’histoire de sorte que les entreprises, les sociétés d’Etat qui offrent des services publics ne jouent pas avec les consommateurs », a-t-il insisté.
Assamiyou Compaoré, chargé à l’organisation du bureau exécutif national de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), quant à lui, est revenu sur les différentes interpellations faites par la LCB à l’ONEA, avant de déclarer que ce « retour au relevé mensuel est la meilleure des options ».
En effet, M. Compaoré affirme que depuis le début de la mise en œuvre du relevé bimestriel en 2017 à Ziniaré, la LCB avait averti que ce système créerait des problèmes. Comme pour lui donner raison, à partir de 2021 les plaintes ont commencé à se multiplier. Ainsi, la LCB a été invitée par l’ONEA à suivre la mesure pas à pas dans les agences de Ouagadougou pour recevoir les plaintes. A l’issue du suivi, poursuit-il, des rapports ont été produits et les responsables d’alors de l’ONEA invités à revenir sur le relevé mensuel, « mais comme ils tenaient à mettre le système en place, ils ont tenté de nous faire comprendre que ce type de relevé existe dans plusieurs pays voisins et que certains même sont au relevé trimestriel. Donc, il fallait qu’on essaie d’avancer également ici au Burkina ».
« Face à la persistance des plaintes, une étude a été menée par un cabinet pour voir ce qu’il fallait faire autour de ce relevé. C‘est ainsi que les conclusions des travaux, consultées par un comité de suivi du relevé bimestriel, ont relevé des insuffisances », confie-t-il.
Ainsi, de l’avis d’Assamiyou Compaoré, « le fait de revenir au système mensuel est la meilleure des options que l’ONEA ait faite. C’est très bien parce que dire qu’on est prêt pour le relevé bimestriel ou autre type de relevé, ce serait un leurre. Nous osons croire qu’avec ce retour, victorieux pour nous, les choses vont changer ».
Par ailleurs, soutient-il, « notre souhait, c’est que le système de fonctionnement de l’eau soit comme l’électricité. Il y a le cash power, pourquoi ne pas avoir du cash water pour que chaque abonné gère sa consommation comme bon lui semble ? ».
Flora Sanou