Au Burkina Faso, l’année scolaire débutait généralement le 1er octobre les années passées. Mais de plus en plus, certains établissements choisissent de faire leur rentrée au cours du mois de septembre. Pour certains, c’est le 1er, le 5 ou le 12 du mois, pour d’autres, c’est après la rentrée pédagogique, c’est-à-dire après le 15 septembre, mais toujours est-il que c’est avant le mois d’octobre. Quelles peuvent être les raisons de cet état de fait ? Est-ce pour permettre de finir le programme scolaire ? Est-ce que les établissements qui commencent en octobre n’arrivent pas à terminer leurs programmes ? N’est-ce pas une surcharge pour les élèves, puisque les vacances s’étendent sur trois mois (juillet, août et septembre) ? Nous avons fait le tour de quelques établissements scolaires de la ville de Ouagadougou pour connaître les raisons. C’est ainsi que nous avons rencontré un directeur des Etudes d’un lycée privé de la place, par ailleurs coach en suivi scolaire, Issiaka Kaboré, qui nous a donné sa lecture de cette rentrée ‘’hâtive’’.
De part et d’autre, ce sont pratiquement les élèves des classes d’examen qui démarrent les cours avant le mois d’octobre. Des explications données par les responsables, il ressort que c’est pour pouvoir terminer à temps les programmes de l’année scolaire et permettre aux élèves de mieux se former, s’exercer et faire des révisions pour affronter les épreuves des examens.
En effet, pour eux, le mois de décembre est en général perturbé par des grèves et cela joue sur le chronogramme scolaire. En outre, il peut y avoir des cas de force majeure. A ce niveau l’on se rappelle qu’au cours de l’année scolaire écoulée, les cours avaient été suspendus pendant plusieurs semaines en raison de la situation nationale sous le ministre de l’Education nationale de l’époque, Stanislas Ouaro, et la suspension avait été prolongée par le MPSR après le coup d’Etat du 24 janvier alors que l’année scolaire n’avait pas été prolongée ; pire, elle a même été écourtée. Cela a eu un effet sur le chronogramme scolaire. Ainsi, certains établissements n’ont pu terminer les programmes, les élèves n’ont pas été bien préparés, etc.
Cet avis semble ne pas être totalement partagé par Issiaka Kaboré, directeur des Etudes d’un lycée privé de la capitale car même si les raisons invoquées sont fondées, affirme-t-il, les établissements qui commencent en octobre ont le même programme et les élèves s’en sortent. Donc, c’est une forme de marketing pour se positionner sur le terrain, a-t-il soutenu.
En effet, pour lui, hormis les écoles internationales qui ont un programme différent de celui que l’Etat soumet, il faut s’inscrire dans l’ordre républicain et s’appuyer sur ce que l’Etat donne comme programmes, car c’est en tenant compte de tous les facteurs que l’Etat a retenu le mois d’octobre comme le juste milieu pour la rentrée scolaire.
Ceux qui commencent les cours en octobre, notamment les établissements publics et une bonne partie des privés, sont non seulement dans une légalité mais il faut reconnaître que la grande majorité de ces établissements arrivent à terminer leurs programmes, a-t-il avancé.
Mais l’on se demande de quelle manière !
Pour Issiaka Kaboré, très souvent, c’est de façon très juste car ils (établissements) peuvent terminer le programme à deux semaines, voire une semaine avant les examens. Et à ce moment-là, la question de révision n’est pas évidente or dans le système scolaire, c’est une bonne stratégie, une bonne option pour les élèves, a-t-il relevé.
Tout compte fait, à l’en croire, les établissements qui commencent en septembre veulent, dans une certaine mesure, juste avoir le « nom » et se « faire connaître ».
D’abord, pour lui, il faut reconnaître que les établissements privés qui commencent les cours au mois de septembre ont les moyens de leur politique parce qu’il faut payer les enseignants pour ce mois.
Mais à côté de cette politique, cela s’apparente à du marketing. Les établissements veulent montrer aux parents qu’ils font véritablement la différence, mais aussi c’est une manière de se positionner davantage sur l’échiquier éducationnel.
« Ils (établissements) le font pour une question de visibilité, de marketing pour certains et d’autres pour une question de mimétisme, de phénomène de mode pour montrer que leurs lycées ont atteint tel niveau.»
De plus, M. Kaboré estime que c’est parfois une question stratégique. « L’Etat, c’est tout le territoire national or le privé c’est le capitalisme ; il fait ses calculs et s’il a atteint son quota d’effectif, il démarre les cours. Tout est une question d’intérêt », a-t-il conclu.
Flora Sanou