Le Syndicat des pharmaciens du Burkina (SPBF) a tenu une conférence de presse aujourd’hui 23 mai 2023 à Ouagadougou. Objectif : se prononcer sur la situation du secteur pharmaceutique au Burkina Faso, notamment le réajustement de la marge bénéficiaire des pharmaciens sur les prix des médicaments de spécialité ainsi que la décision du gouvernement de réglementer les prix desdits produits.
Selon le syndicat, l’intervention du ministre du Commerce, Serge Poda, le 17 mai dernier à l’issue du Conseil des ministres suscite des interrogations sur la réelle volonté du gouvernement de dialoguer car, ont-ils indiqué, à la demande de l’autorité, « nous nous sommes rencontrés et espérions la poursuite du dialogue pour aboutir à un compromis acceptable pour tous ». Donc cette sortie du ministre du Commerce a semé le trouble non seulement en notre sein mais aussi au sein des populations ».
À en croire les conférenciers, malgré le contexte sécuritaire du Burkina et les difficultés d'approvisionnement, les pharmaciens ne répercutent pas leurs charges supplémentaires sur le prix du médicament. « Le prix du médicament reste approximativement le même à Dori, Djibo, Sebba, Solenzo, Nouna, Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Garango, Réo… » ont-ils soutenu.
D’après le président du Syndicat des pharmaciens du Burkina Faso, Ismaël Kiswensida Bidiga, « le secteur pharmaceutique ne pratique pas de spéculation sur les prix des produits de santé ».
« Le médicament est un produit spécifique sur lequel le pharmacien du Burkina Faso ou d’ailleurs n’a jamais obéi à une logique , a indiqué le président du syndicat. « Les pharmacies sont des entreprises privées qui fonctionnent sur une affaire de rentabilité. Ce n’est pas une rentabilité qui est spéculative. C’est une rentabilité qui tient compte de l’aspect social des médicaments », a-t-il ajouté.
Selon ses explications, ce sont plutôt « les contraintes internationales et internes sur l’économie générale [qui] ont créé une inflation des coûts qui s'est répercutée sur le prix du médicament ».
Pour les représentants du syndicat des pharmaciens du Burkina, pour maintenir la sérénité de part et d’autre il convient de rester sur les termes du communiqué conjoint signé le 11 avril 2023 entre le gouvernement et leur corporation.
« Les pharmacies ne bénéficient d’aucun soutien de l’Etat : pas de subvention, pas d’allègements fiscaux, pas de fiscalité spécifique, pas d’aide à l’installation », ont-ils avancé.
C’est pourquoi ils mettent en garde les ministres du Commerce et de la Santé contre toute « décision hasardeuse qui déstructurerait le secteur pharmaceutique privé ».
Ils préviennent par ailleurs que « la rupture du circuit d'approvisionnement entraînera inéluctablement une catastrophe sanitaire dont les pharmaciens ne sauraient être tenus pour responsables. Il est temps que chacun assume les conséquences de ses actes ».
Tout compte fait, les membres du syndicat assurent l’opinion de leur ferme détermination à défendre les intérêts de la profession pour l’accomplissement de leur rôle d’acteurs de la santé publique. Ils rassurent également les populations de leur permanente disponibilité à les conseiller et à les servir malgré les conditions difficiles. Enfin ils affirment leur volonté de discuter avec les autorités pour parvenir à des solutions qui ne mettent pas en difficulté le secteur pharmaceutique.
« Nous espérons que la main tendue en privé et cette fois-ci publiquement sera bien reçue », ont-ils souhaité.
Flora Sanou