En période de crise sécuritaire, chaque corps de métier essaie de contribuer à la recherche de la paix avec les moyens professionnels dont il dispose. C’est le cas des journalistes qui utilisent les médias pour informer l’opinion. Les femmes journalistes étant de cette corporation, elles se battent au quotidien pour exercer leur métier, bien qu’elles soient victimes de certains fléaux. Le Burkina Faso étant confronté au terrorisme depuis plusieurs années, quelles peuvent être les contributions des femmes journalistes à la recherche de solutions aux crises sécuritaires ? Quel est le rôle des femmes de médias dans la propagation de l’information en contexte de crise sécuritaire ? Christine Kiéma et Risnata Ouédraogo, toutes deux doctorantes en science de l’information et de la communication à l’université Joseph Ki-Zerbo, ont mené une réflexion sur ce sujet.
Selon elles, bien que les femmes des médias soient victimes de harcèlement sexuel, de préjugés et de stéréotypes de femmes aux mœurs légères, pour ne citer que cela, elles jouent un rôle déterminant dans la propagation de l’information en contexte de crise sécuritaire.
Pour elles, ces femmes se démènent pour apporter leur contribution aux recherches de solution à la crise sécuritaire en utilisant des stratégies pour avoir accès à l’information.
Les femmes journalistes sont affectées sur plusieurs plans : moral, social, intellectuel et psychologique. Ces femmes traversent ces durs moments dans la plus grande discrétion et malgré ces conditions difficiles, exercent leur métier au prix de leur vie pour mener des enquêtes en vue d’apporter des solutions à la crise qui fragilise le vivre-ensemble, disent-elles.
En effet, « dans ce contexte de crise sécuritaire, il n’existe aucun dispositif qui garantit la sécurité des journalistes, en général, particulièrement des femmes journalistes. Malgré l’absence de dispositifs de sécurité, les femmes journalistes recherchent les informations au prix de leurs vies pour réaliser des enquêtes en vue d’apporter des solutions à cette crise qui fragilise le vivre-ensemble », ont-elles indiqué.
Au regard de cela, elles estiment que les journalistes, surtout les femmes, doivent être en sécurité dans l’exercice de leur fonction. Elles doivent avoir la possibilité d’enquêter librement et d’informer le public sur les dossiers brulants. En outre, elles ont le droit de recueillir des informations sans être inquiétées ou menacées.
Ainsi, pour permettre à ces femmes de mener à bien leurs métiers, Mmes Kiéma et Ouédraogo soutiennent qu’il faut définir une politique d’information et d’accès à l’information. Elles doivent être formées à un bon usage de l’information recueillie.
De plus, pour apporter leur contribution à la recherche de solutions à la crise sécuritaire, il arrive parfois que les femmes journalistes se déguisent « conformément aux réalités du milieu pour recueillir les informations car il y a des endroits où on ne veut pas sentir les femmes. Elles tendent également leur micro aux leaders féminin afin que ces dernières partagent leurs expériences en vue de résoudre les problèmes ».
À la question de savoir quelle prise en charge psychologique pour les journalistes traumatisés suite à un reportage ces derniers étant confrontés régulièrement à des évènements traumatisants, notamment lorsqu’ils sont dépêchés sur des zones sensibles, ou lorsqu’ils traitent des sujets sensibles elles répondent : « Pour la prise en charge des journalistes confrontés à des troubles psychologiques, nous proposons la création d’une cellule psychologie au niveau de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), qui suivra les journalistes victimes de traumatisme ».
Par ailleurs, elles suggèrent la mise en place de groupes privés et des forums qui permettront aux victimes de s’exprimer sur leur situation, de partager leur vécu sur leurs histoires de traumatisme en vue de libérer l’esprit.
Interrogé sur la question de prise en charge psychologique des journalistes affectés, Casimir Zoungrana, psychologue, propose quelques stratégies. Il s‘agit, entre autres, de former et de préparer les journalistes sur les risques et les réactions psychologiques possibles auxquels ils pourraient être confrontés. En outre, il encourage ces journalistes à discuter de leurs expériences avec leurs collègues et à participer à des séances de débriefing pour parler de leurs émotions et de leurs réactions à l'événement traumatisant.
Par ailleurs, il suggère la mise à la disposition des journalistes de ressources d'information et de soutien pour les aider à comprendre les réactions psychologiques et à trouver le soutien dont ils ont besoin.
Flora Sanou