samedi 23 novembre 2024

Circoncision des petits enfants : Recourir à la pratique médicale pour éviter les infections

aacirconsSouvent pratiquée chez le bébé mais aussi chez l’adulte, la circoncision, encore appelée posthectomie   par les urologues, est un acte chirurgical qui consiste à enlever totalement ou partiellement le prépuce (la peau qui recouvre le gland de la verge). Elle est pratiquée parfois pour des raisons culturelles, religieuses et/ou hygiéniques soit à l’indigénat, soit dans les structures sanitaires selon le choix des parents ou de l’adulte. Quels sont les enjeux de la circoncision ? Pourquoi est-il nécessaire de la pratiquer à l’hôpital ? La non-circoncision a-t-elle des conséquences négatives pour un garçon ? Radars Info Burkina s’est intéressé au sujet.

Il n’est pas rare d’entendre certains parents soutenir l’idée selon laquelle leurs enfants seront toujours circoncis à l’indigénat au détriment de la circoncision médicale. Mais qu’est-ce qui justifie ce refus ?

Samiratou Koné, mère de trois garçons, donne ses raisons. Selon elle, la circoncision à l’hôpital ne facilite pas la guérison de la plaie et cela fatigue les enfants. « J’ai fait la circoncision de mon premier enfant à l’hôpital mais la plaie ne s’est pas vite cicatrisée (trois semaines) », a-t-elle confié. C’est pourquoi pour ses petits frères, ajoute-t-elle, « j’ai préféré le faire avec les ‘’Wazam’’ (personnes qui font la circoncision des enfants à l’indigénat) ». Interrogée sur les risques qui pouvaient découler de cette pratique, elle estime que ces « chirurgiens traditionnels » prennent les précautions nécessaires avec le matériel et les produits qui conviennent. En plus de l’aspect de guérison, c’est une question d’esthétique qu’elle relève. « Souvent à l’hôpital on ne coupe pas bien le prépuce et le sexe de l’enfant devient vilain à voir alors qu’avec les ‘’wazams’’, c’est bien taillé et beau à voir », a-t-elle indiqué.

À l’opposé de dame Koné, Clémence Bambara, elle, dit n’avoir pas confiance aux « chirurgiens traditionnels » parce que certains d’entre eux utilisent le même matériel pour faire l’opération mais aussi ne sont pas formés. « À l’hôpital, les médecins prennent les dispositions nécessaires pour circoncire parce que c’est leur travail. Il y a l’assurance avec l’opération médicale », a-t-elle expliqué. Donc pour elle, il est nécessaire de recourir à « la circoncision médicale pour éviter tout risque ». Mais quel est l’avis des professionnels de santé ?

Selon Gaston Nana, infirmier au Centre médical urbain (CMU) au secteur 15 de Ouagadougou, il est nécessaire de pratiquer la circoncision à l’hôpital car étant donné qu’il s’agit d’une intervention chirurgicale, elle nécessite l’intervention d’un personnel qui s’y connaît et un endroit approprié.

« La circoncision n’est pas une intervention chirurgicale compliquée, mais généralement elle se pratique sous anesthésie locale. C’est pourquoi il faut quelqu’un qui maîtrise les contours de l’anesthésie en vue de choisir le type d’anesthésie adapté au patient. Il faut également un endroit adapté, propre, avec le matériel et le personnel nécessaires d’où la nécessité de se faire circoncire à l’hôpital », a-t-il expliqué.

À la question de savoir quels sont les avantages de la circoncision, M. Nana répond : « Des études menées ont permis d’affirmer avec certitude que la circoncision diminuera plus les risques d’infections urinaires chez un nourrisson. Elle permet également avec bien sûr un pourcentage très bas, de diminuer le risque du cancer du pénis même si ce cancer est rare, il existe tout de même ».

En outre, l’agent de santé a précisé que la circoncision peut également contribuer à diminuer le risque d’infections sexuellement transmissibles comme le VIH, car les cellules du prépuce sont sensibles aux IST. « Toutefois, elle n'est en aucun cas une protection valable contre le sida. Ce n’est pas une barrière efficace contre les IST. Une hygiène de base suffit à se protéger des infections. Il est donc important que les hommes décalottent et lavent la face interne du prépuce tous les jours puisque c’est là effectivement que peuvent se loger certaines bactéries », a-t-il précisé.

Par ailleurs, à l’en croire, l’épaississement du revêtement cutané du gland à la suite de la circoncision pourrait réduire les problèmes d'éjaculation précoce, même si ce trouble résulte davantage de causes psychologiques que physiologiques. « On peut penser que cette opération permet de faire durer les rapports sexuels, en raison d’une petite perte de sensibilité du gland mais elle n’est en aucun cas une solution aux problèmes d’éjaculations précoces », a-t-il dit.

Au regard des avantages de la circoncision, la non-circoncision a-t-elle des conséquences négatives pour un enfant ou un adulte ?

De l’avis de Gaston Nana, ne pas être circoncis peut comporter des inconvénients. « En se basant sur les avantages de la circoncision, un enfant non circoncis pourrait courir les risques d’infections urinaires, de cancer de pénis ou encore les risques de maladies sexuellement transmissible », a-t-il affirmé.

À noter également que la circoncision est entreprise pour marquer une certaine identité culturelle ou appartenance religieuse. De ce point de vue, elle peut être un avantage ou un inconvénient si elle n’est pas faite, selon lui.

Pour finir, M. Nana a soutenu que la circoncision faite à l’indigénat est un risque parce qu’il faut un endroit adapté et propre, une consultation anesthésique au préalable, un personnel qui s’y connaît. Il faut également du matériel adapté car lorsque ce matériel est souillé et que l’opération est faite à l’indigénat, cela peut être source d’infections.

Flora Sanou

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