Dans le cadre de la célébration de son jubilé d’or, le quotidien burkinabè L’Observateur paalga organise un colloque international sur le thème principal « Les médias traditionnels africains face au développement du numérique : résilience, opportunités et défis ». Ce mercredi 24 mai 2023, deuxième et dernier jour dudit colloque, plusieurs communications ont été données.
L’un des panélistes du jour, le Dr Boukary Nébié, enseignant-chercheur au centre universitaire de Fada N’Gourma (région de l’Est du Burkina Faso), spécialiste des analyses de discours, a axé sa communication sur ce sujet : « Médias sociaux et discours de violence au Burkina Faso ».
Selon lui, les médias sociaux peuvent être considérés comme des moyens efficaces, pour les populations, de s’informer mais certaines en font un usage malsain. Ainsi, il s’est posé la question de savoir si les médias sociaux constituent un rempart contre les discours de haine au Burkina Faso ou s’ils sont plutôt un puissant adjuvant, partant de l’hypothèse principale que les médias sociaux facilitent la mise en circulation des discours de violence.
Son analyse a porté sur 10 vidéos publiées sur Facebook, TikTok et WhatsApp au Burkina. Des résultats présentés par le Dr Nébié, il ressort que les auteurs de ces discours de haine ou de violence utilisent « la légitimation de soi » qui consiste à dire que c’est « moi en tant qu’auteur du discours et tous ceux qui partagent mon point de vue qui avons la légitimité de prendre la parole et de dénier la parole aux autres parce qu’on estime que les autres ne doivent pas y avoir accès (« délégitimation de l’autre ») ».
Selon lui, ces discours sont basés sur la passion au détriment du discours de raison. De ce fait, le panéliste est parvenu à la conclusion que les médias sociaux constituent davantage un adjuvant pour les discours de violence qu’un rempart. Comme solution, il propose la production et la mise en circulation de contre-discours tout en renforçant l’efficacité des structures de veille déjà existantes.
Cependant, cette idée de production de contre-discours n’est pas partagée par certains participants qui proposent plutôt une réforme de la loi pour durcir la répression contre les auteurs de ces discours de haine ou de violence. Ceux-ci proposent aussi l’institution de modules dans les écoles de formation scolaire et universitaire, des modules sur l’éducation aux médias.
Arouna Kaboré, l’un des participants au colloque, pense quant à lui que les discours au sommet de l’État font partie également des discours de violence des médias sociaux. « Les discours au sommet de l’État ont nécessairement un impact car tous ceux qui interviennent sur les médias s’expriment autour du discours présidentiel », a-t-il déclaré. De ce fait, il propose que l’analyse soit étendue à la construction du discours présidentiel. Pour lui, le discours libre tenu au sommet de l’État est toujours risqué.
Flora Sanou