samedi 23 novembre 2024

Lutte contre l’insécurité au Sahel : « Si on ne gagne pas cette guerre, alors ce sera la fin… » (Évrard Somda, CEMGN)

forumjeunes uneLa première édition du Forum international de la jeunesse africaine de Ouagadougou (FIJAO) a été lancée le samedi 20 mai 2023. « Paix et sécurité au Sahel, les jeunes en avant-garde », tel est le thème principal de cette rencontre d'échanges. Quatre panélistes ont entretenu l’auditoire sur ledit sujet à travers des sous-thèmes. Il s’agit du Chef d’état-major de la gendarmerie nationale (CEMGN) du Burkina, le lieutenant-colonel Evrard Somda, de Madina Tall, analyste en matière politique et géostratégique, venue de Côte d’Ivoire, de Moumouni Dialla, député à l’Assemblée législative de Transition (ALT) burkinabè, par ailleurs président de l’Union panafricaine de la jeunesse, ainsi que de Rachid Joseph Barry, consul honoraire du Burkina Faso à Houston, aux États-Unis.

La communication du chef d’État-Major de la gendarmerie nationale du Burkina s’est basée sur « le rôle des jeunes dans le renforcement de la sécurité nationale et dans la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent ».

 Faisant l’état des lieux de la situation sécuritaire au Burkina, au Mali et en Côte d’Ivoire, le chef de la gendarmerie nationale a souligné que c’est la déstabilisation de la Libye qui a exacerbée la présence des groupes armés terroristes dans ces trois pays. Il a aussi notifié que les femmes participent de plus en plus aux actions terroristes ainsi que les enfants de 14-15 ans.

Mais les jeunes sont la cible principale des terroristes. C’est pourquoi, il a fait des propositions. D’abord les jeunes doivent s’organiser en Communautés et groupes d'associations car un jeune engagé dans une association ne peut s’engager dans le rang des terroristes sans qu’un de ses camarades ne soit au courant selon lui.

forumjeunes 2Aussi, les jeunes doivent produire et amplifier des discours en utilisant les réseaux sociaux pour sensibiliser leurs frères. De plus, ils doivent s’engager massivement dans les rangs des forces de défense et de sécurité pour servir leur pays ou à défaut de la manière la plus possible dans d’autres domaines d’activité.

Le chef d’Etat-major de la gendarmerie nationale a également suggéré aux jeunes de tenir des activités avec des références sécuritaires pour sensibiliser davantage. Par ailleurs, il les a invités à faire attention à la liberté d’expression surtout sur les réseaux sociaux. À cet effet le panéliste a notifié que « nous devons être des agences de communication pour nos nations et non pour les terroristes ». De façon plus claire les jeunes doivent « éviter de publier les messages et vidéos des terroristes, éviter l’usage nauséabonde des réseaux sociaux et mettre l’accent sur les actions des FDS » a-t-il soutenu.

De sa conviction, si les jeunes adoptent de bons comportements les États peuvent être fier d’eux car ils contribueront à mettre fin au terrorisme. Ils n’ont pas besoin d’être des révolutionnaires mais ils doivent travailler main dans la main.

« Si on ne gagne pas cette guerre, c’est que ce sera la fin du monde » foi du Lieutenant colonel Evrard SOMDA.

Le deuxième sous thème a porté sur le « rôle des jeunes africains dans la prévention et la résolution des conflits ».

Développé par l’honorable Moumouni Dialla, il est convaincu que les causes des conflits en Afrique particulièrement du terrorisme sont purement politiques. « Le terrorisme au Sahel n’est qu’une entreprise à visé politique économique et géopolitique » a-t-il déclaré.

 Pour atteindre cet objectif la jeunesse qui est la plus importante composante de la population est prisée.  Ces terroristes s’appuient sur les failles des gouvernants vis à vis de leurs populations pour faire leur recrutement, a indiqué M. Dialla.

Sachant que les terroristes communiquent dans le but d’amener les jeunes dans leur camp, Moumouni Dialla a interpellé les jeunes sur le rôle qu’ils doivent jouer.

Ainsi, pour lui, les jeunes doivent chercher la bonne information lorsqu’ils sont approchés pour être enrôlés dans une entreprise car au départ l’on ne vous dit pas que c’est une entreprise terroriste mais c’est après l’enrôlement qu’on s’en rend compte et malheureusement à ce moment l’on ne peut plus sortir.

En sus, pour lui, « la construction d’un pays n’a jamais pu se réaliser dans la violence ». C’est-à-dire, ce n’est pas en revendiquant dans la violence qu’on pourra sortir de la précarité pour avoir de meilleures conditions.

« Comment les jeunes peuvent arriver à prévenir le terrorisme ? » s’est-il interrogé. En réponse, il propose que ceux qui sont dans les associations doivent se constituer comme des donneurs d’informations, d’alerte et de renseignements. Les jeunes doivent éviter d’être complice pour déstabiliser leur village, ils doivent plutôt donner l’information en toute confidentialité et à qui de droit, estime l’honorable Moumouni Dialla.

Pour finir, il a notifié que les jeunes doivent jouer leur rôle dans la lutte contre le terrorisme car c’est une affaire nationale.

Tout le monde ne peut pas être volontaire pour la défense de la patrie pour aller au front, mais tout le monde peut jouer sa partition d’une manière ou d’une autre, a-t-il déclaré.

Le troisième intervenant, Rachid Madany Joseph Barry, a abordé l’apport de la diaspora dans la lutte contre le terrorisme.

Dans sa communication, il a relevé que c’est parce qu’il y a un problème économique du côté des jeunes que ces derniers s’engagent comme des terroristes. « Les jeunes arrivent à rejoindre les terroristes parce qu’au niveau économique les conditions ne sont réunies ». Aussi, il a déploré le fait que la diaspora n’investisse que dans les grandes villes. Ainsi, il a suggéré que l’investissement soit étendu dans les zones à fort défi sécuritaire où la population n’a pas assez d’argent pour développer leurs activités ».

Cependant, il pense que la contribution de la jeunesse diaspora ne doit pas se limiter aux aspects économiques. Cette contribution doit aller au-delà notamment en mettant au service des pays leur expertise.

Pour ce faire, il a invité la jeunesse à sensibiliser leurs entourages et faire des plaidoyers auprès des autorités pour exprimer leurs besoins.

Il a également proposé la mise en place d’un projet programme pour permettre aux jeunes de développer leurs projets et cela va contribuer à réduire le nombre de recrus par les terroristes.

forumjeunes 3De sa conviction, les jeunes peuvent dégager des pistes pour ramener la paix au Sahel. « En tant que jeune de l’intérieur tout comme de l’extérieur, nous devons travailler ensemble pour mettre fin au terrorisme. On a le pouvoir de transforme, d’intégrer des nations futures afin de créer des conditions pour que les conflits soient transformés en paix, que les crises soient transformées en opportunité »-t-il conclu.

La dernière communication donnée par Madina Tall était axée sur « les défis de l’intégration régionale dans la lutte contre l’insécurité.

Selon elle, toutes les structures créées en l’occurrence la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, l’Union africaine, le G5 Sahel, ont des difficultés à afficher des résultats. Elles ont des difficultés à mobiliser les fonds pour leur fonctionnement.

Dans la même foulée, elle a souligné que les États africains sont toujours à la recherche de financement d’un taux de 87% pour financer leurs activités et programmes, il y a donc un problème de l’indépendance financière ».

Elle dénoncé le fait que les Etats africains continuent de créer des structures avec des stratégies qui ne sont jamais mises en œuvre.

Selon elle, la réponse à la lutte contre le terrorisme n’est pas que militaire, elle est à la fois militaire, systémique et politique.

Ainsi, pour rendre plus efficace les processus de cette lutte, elle propose de faire des réformes à savoir redéfinir les règles qui conviennent aux pays du Sahel. « On ne peut pas venir à bout du terrorisme si les Etats ne prennent pas en compte dans leurs engagements, les aspirations de leurs peuples » a-t-elle prévenu.

Pour ajouter, elle propose aux pays du Sahel, de promouvoir la coopération Sud-Sud en créant une société des Etats et en respectant le choix des partenaires financiers et veiller à la souveraineté des États.

Elle suggère également la promotion de la bonne gouvernance, travailler à la responsabilisation des citoyens, l’éveil de conscience et travailler à la pleine indépendance des pays.

À noter que 10 pays d’Afrique ont participé à ce forum, à l’issue duquel 10 engagements ont pris par la jeunesse et remis au président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré.

Flora Sanou

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