Target Malaria est-il à l’origine de la flambée des cas de dengue au Burkina ? À cette interrogation, des chercheurs de l'institut de recherche en science de la santé (IRSS) ont répondu par la négative le mercredi 22 novembre 2023, au cours d'un atelier d'échanges avec des experts de l'information et de la communication.
En effet, une partie de l'opinion tente de lier la flambée de dengue au lâcher de moustiques effectué depuis 2019 dans les Hauts-Bassins. À ce propos, Emmanuel Nanéma, délégué général du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), assure que le CNRST, à travers l'IRSS, travaille à trouver des solutions aux problèmes. « Nous sommes des Burkinabè, nous travaillons pour le Burkina. Nous ne travaillons pas à décimer cette population dont nous faisons entièrement partie », a-t-il déclaré.
Pour lui, il y a une confusion faite par la population entre la dengue et le paludisme. « Sachez que la dengue existe au Burkina Faso depuis 1925. Il y a des périodes de forte poussée et des périodes de baisse. Tout cela est lié aux différentes saisons. Les moustiques qui transmettent la dengue sont différents de ceux transmettant le paludisme, donc ils ne doivent pas être confondus. Les actions que nous avons menées dans le cadre du lâcher de moustiques portent sur les moustiques du paludisme et non sur ceux de la dengue. Nous ne sommes pas le premier pays à enregistrer une poussée de la dengue. Elle est périodique. Actuellement, des pays n'ayant même pas mené de recherches sur la dengue connaissent également cette situation. C’est, par exemple, le cas du Togo », a-t-il poursuivi.
A l’en croire, des recherches très poussées sur la dengue feront bientôt l'objet d'ouverture d'un axe de recherche comme ce qui s'est passé avec le coronavirus qui est apparu brutalement et a provoqué des recherches et des résultats ont été atteints.
À sa suite, le Dr Moussa Guelbeogo, président de la commission de la lutte antivectorielle, a également fait une mise au point. « Même si les symptômes de la dengue s'apparentent à ceux du paludisme, le pathogène responsable de la dengue et celui responsable du paludisme sont totalement différents. C'est comme comparer un coq à un mouton. En outre, même s’il est vrai que ces maladies sont transmises par un moustique, il ne s'agit pas de la même variété de moustiques. Les moustiques qui transmettent le paludisme sont des anophèles et le pathogène responsable est le plasmodium, alors que les moustiques qui transmettent la dengue sont des Aedes avec pour pathogène un virus. Il n'y a pas d'échange de gènes possible entre eux parce que la nature même protège l'intégrité génétique de chaque espèce. Il n'y a donc pratiquement pas de possibilité quelconque que les moustiques lâchés soient à l’origine de la flambée des cas de dengue qu'on observe », a martelé le chercheur.
Flora Sanou