dimanche 8 décembre 2024

fasodanfani unAnnoncé au Conseil des ministres du mercredi 9 août 2023, le port de la tenue scolaire en Faso Dan Fani débutera à la rentrée scolaire 2023-2024 avec les élèves du post-primaire et du secondaire (tant du public que du privé) de Bobo-Dioulasso, de Koudougou, de Ouagadougou et de Sabou. À ce sujet, une équipe de Radars Burkina a échangé avec le président de l’Association des parents d’élèves du lycée privé Wend-Manegda de Ouaga 2000 et certains parents d’élèves pour recueillir leurs avis.

Pour Mme Bazié, cette initiative est un élan de patriotisme et d'identité culturelle.  Cependant, son inquiétude repose sur la cherté et même la qualité de cette tenue qui mettra éventuellement les parents en difficulté. De plus, selon elle, laisser le choix du motif et de la couleur du pagne aux chefs d'établissements risque de poser problème, car l’on aura une multitude de modèles. « Pourtant la tenue devrait être unique et nationale.  A défaut, l’État doit choisir pour ce qui est des établissements publics pour éviter le désordre », a-t-elle soutenu avant d’indiquer que la période de la phase pilote (4 ans) définie par le gouvernement est trop longue. 

Contrairement à Mme Bazié, Issouf Tapsoba, membre du corps éducatif, pense que la tenue scolaire n’est pas une priorité. « Nous sommes dans un système éducatif à la croisée des chemins du vrai développement. Il y a mieux à faire que cette tenue scolaire. Notre système éducatif a besoin de retouches. Il faut revoir le référentiel d'enseignement, notamment les référentiels de 1997 qui continuent d'être utilisés encore », a-t-il martelé.

Assamiyou Compaoré, président de l’association des parents d’élèves du lycée privé Wend-Manegda de Ouaga 2000, quant à lui, trouve bonne cette décision gouvernementale.

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« C’est une bonne nouvelle. Ce qui est en train d’être fait aurait dû l’être il y a une trentaine d’années sous le président Thomas Sankara. Aujourd’hui, nous sommes contents de savoir que les Burkinabè ont pris conscience que nous avons la matière première pour nous habiller. Il faut qu’on s’assume en valorisant nos productions. Les élèves seront dans leur culture et notre autonomie financière sera renforcée », a-t-il d’emblée lancé.

Sur la question de la liberté laissée aux chefs d’établissements, il souligne qu’il y a des milliers d’établissements publics comme privés et que s’il doit y avoir des milliers de motifs, de couleurs il y aura certainement un désordre.

Mais peut-être qu’avec l’expérimentation de la phase pilote, le gouvernement finira par uniformiser le motif, dit-il. « En ce qui concerne la couleur, nous pensons qu’en laissant son choix aux responsables d’établissements, cela permettra d’identifier par exemple un élève en cas de mauvais comportements observés (prise de drogue, grève, école buissonnière, etc.) et d’interpeller facilement les responsables de l’établissement dans lequel l’élève fréquente », a-t-il expliqué.

En outre, il suggère l’augmentation des unités de production des producteurs pour que la mesure prise par le gouvernement ne se révèle pas vaine par manque de disponibilité du Faso Dan Fani.

« Vivement que cette mesure du gouvernement burkinabè finisse par entrer en vigueur sur l’ensemble du territoire national, que les parents d’élève comprennent son importance et que les élèves eux-mêmes acceptent que c’est avec ce que leurs parents produisent qu’ils vont désormais être habillés. Ce serait une fierté nationale. Je souhaite aussi que cette décision soit accompagnée par tous les acteurs de la chaîne pour que les élèves puissent se sentir dans leur propre culture, en vrai Burkinabè. C’est ça aussi, le patriotisme », a-t-il déclaré.

En rappel, selon le gouvernement, il n’y aura pas de pression pour cette phase pilote. Les élèves seront amenés à porter le Faso Dan Fani tous les lundis, jour de la montée du drapeau national, jusqu’à ce que les chefs d’établissements choisissent les motifs et les couleurs du pagne.

Flora Sanou

tankoanL’ultimatum lancé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) aux militaires nigériens pour réinstaller Mohamed Bazoum dans le fauteuil présidentiel a expiré depuis le dimanche 6 août 2023. A l’expiration de cette échéance, un nouveau sommet extraordinaire a été programmé par ladite Communauté pour le 10 août. La CEDEAO va-t-elle persister dans son option de recourir à la force pour déloger la junte au pouvoir ?  Va-t-elle réussir à ramener Bazoum aux affaires ? Dieudonné Tankoano, sociologue, enseignant et écrivain, et Sampawendé Ouédraogo, coordonnateur du C.A.M.A.R.A.D.E. (Cadre d’action des mouvements et associations révolutionnaires pour l’accès au développement endogène), font chacun une analyse de la situation.

Pour Dieudonné Tankoano, la CEDEAO a le droit de rappeler à l'ordre constitutionnel au sein de ses pays membres et le pays qui ne veut pas s'aligner derrière cet ordre doit au préalable se retirer de l'institution. « Les régimes normaux sont fatigués de voir leurs réalisations en matière de développement bafouées ou stoppées par des putschistes dont l'agenda caché n'est autre que de se faire de l'argent. Si les peuples africains ne veulent plus d'un régime, ils n'ont pas à faire recours à des coups d'Etat mais à des élections raisonnées ou à des soulèvements populaires. La place d'un militaire n'est ni à l'Elysée, ni à Kosyam, encore moins à Koulouba », a-t-il lancé.

Ainsi, il estime que l'institution CEDEAO a assez tergiversé sur les questions qui relèvent des fondements même de son existence, notamment le respect strict des normes et principes de gouvernance qu'est la démocratie et que la récréation devrait prendre fin !

A l’en croire, la CEDEAO doit user de tout moyen pour ne pas échouer au Niger car Bazoum a été élu par le peuple nigérien, ce n'est donc que par les urnes qu'on peut le remplacer.

sampawnd« La CEDEAO n'a plus de cartouche. Sa crédibilité était déjà en jeu. Si elle a failli devant les coups d'Etat au Mali, en Guinée et au Burkina, elle devra tout faire pour ne pas faillir au Niger. Sa faillite au Niger sera égale à sa suppression et à sa disparition des radars », dit-il. C’est pourquoi il pense qu'en cas de réaction efficace, ce sera une occasion pour l'institution de se repositionner en tant que garante d'un système laïc et alternatif de gouvernance qu'est la démocratie, car « les putschistes qui ne font que de la comédie jusque-là doivent déserter et accepter un gouvernement de consensus national nigérien ».

« Si la CEDEAO échoue une énième fois en Afrique avec le cas du Niger, elle aura créé sa propre tombe : plus aucune crédibilité, aucun financement, aucune puissance, donc aucune raison d'être. Elle légitimerait en même temps les coups d'État en Afrique noire et le prochain pays sera sans doute le Sénégal, suivi de la Côte d’Ivoire, du Togo et enfin du Bénin », a-t-il renchéri.

Du point de vue de Sampawendé Ouédraogo du Cadre d’action des mouvements et associations révolutionnaires pour l’accès au développement endogène (C.A.M.A.R.A.D.E.), la CEDEAO est disqualifiée pour donner des leçons de démocratie ou imposer la démocratie dans ses pays membres en ce sens qu'elle s'est « délégitimée en restant muette sur des tripatouillages de Constitutions au Burkina, au Sénégal, en Côte d'Ivoire et en Guinée ».

Selon lui, tant que la CEDEAO ne deviendra pas une CEDEAO des peuples, « elle sera toujours combattue par les populations qui ont trop souffert et continue de souffrir de sa politique machiavélique et de clans ». M. Ouédraogo est persuadé que l’institution sous-régionale ne mènera aucune attaque contre le Niger en ce sens « qu’il ne faut pas s'attaquer aux conséquences, mais aux causes. La CEDEAO doit se refonder pour être en phase avec les aspirations de ses peuples ».

« Autant nous pensons que les coups d'États ne sont pas la solution idéale à nos problèmes, autant nous condamnons aussi l'attitude de la CEDEAO. Le peuple nigérien est maître de son destin et c'est à lui seul de décider de son sort », a conclu Sampawendé Ouédraogo.

Flora Sanou

pnl une4 août 1983 - 4 août 2023. Cela fait 40 ans qu’a été mise en œuvre au Burkina Faso la Révolution démocratique et populaire (RDP). Pour marquer d'une pierre blanche ce 40e anniversaire, le Cadre d’action des mouvements et associations révolutionnaires pour l’accès au développement endogène (CAMARADE) a organisé ce jour une série de communications au Conseil burkinabè des chargeurs.

Pour le coordonnateur du CAMARADE, Sampawendé Ouédraogo, c'est partant de la vision du capitaine Thomas Sankara qui stipule qu'on ne peut pas mener une lutte politique révolutionnaire sans d'abord la théoriser que le thème « Comment le Burkina Faso, 40 années après la RDP, peut-il s'inspirer de l'expérience de la grande révolution Sankariste ? » tire sa source. Ce thème général a été traité par le professeur Augustin Loada.

Il s'est interrogé sur comment le Burkina Faso contemporain peut prendre la RDP pour modèle d’action. En réponse, il a soutenu qu’il faut s'inspirer, s'appuyer sur l'expérience de cette RDP pour libérer son génie créateur et non « produire frauduleusement », c'est-à-dire faire du plagiat.

À ce propos, abordant la question de la lutte contre l'insécurité, il a pris l'exemple du Discours d'orientation (DOP), prononcé le 2 octobre 1983, dans lequel Thomas Sankara déclarait : « Selon la doctrine de défense de la Haute-Volta révolutionnaire, un peuple conscient ne saurait confier la défense de sa patrie à un groupe d'hommes quelles que soient leurs compétences. Les peuples conscients assument eux-mêmes la défense de leur Patrie. A cet effet, nos forces armées ne constituent qu'un détachement plus spécialisé que le reste du peuple pour les tâches de sécurité intérieure et extérieure. »

Il estime par ailleurs qu’il est primordial que les forces de défense et de sécurité bénéficient d'une formation politique et idéologique, autrement elles risquent de « devenir des criminels en puissance ».

Pour le panéliste Loada, la révolution sankariste peut s'analyser comme une expérience de développement endogène, de profonde transformation économique, sociale, culturelle et politique, comme en témoignent les mobilisations de masse pour amener les populations à prendre en charge leurs propres besoins.

Sur le plan géopolitique, l’ancien directeur exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a rappelé que le contexte d'aujourd'hui est différent de celui des années 80, mais que la guerre froide resurgit sous une autre forme.

Sur ce plan, « nous sommes convaincus que Sankara aurait maintenu une ligne de non-alignement et aurait cherché à maximiser le profit que notre pays pourrait tirer de ces rivalités géopolitiques pour faire avancer son projet de transformation structurelle du pays, débarrasser le Burkina de toute tutelle humiliante et de toute dépendance exploiteuse et faire respecter l'indépendance ainsi que la souveraineté du Burkina, dans le respect scrupuleux de celles des autres pays », a-t-il soutenu.

Pour clore sa communication, il a recommandé que l’on s’approprie ce véritable « code de bonne conduite » du leader révolutionnaire  et que l’on s'inspire d'un ensemble de principes et de valeurs qu’a légués Thomas Sankara, à savoir avoir  un projet clair de transformation structurelle de la société burkinabè, être  internationaliste, universaliste, s'attacher aux produits locaux mais sans s'enfermer dans nos valeurs africaines, considérer  qu'un dirigeant révolutionnaire se doit d’être exemplaire et prêt à rendre compte devant le peuple, entre autres.

Le professeur Alkassoum Maïga, autre panéliste du jour, a abordé la question du développement endogène. Selon cet enseignant-chercheur, la souveraineté appartient au peuple et il faut encourager la participation citoyenne. « Le peuple doit être l’alpha et l’oméga de l’action publique qui est mise en œuvre ; c’est bon d’être ouvert au peuple et de lui donner la parole », a-t-il ajouté.

Le Pr Maïga a aussi indiqué que « la jeunesse burkinabè doit arrêter d’être attentiste… Il faut qu’on ait une jeunesse ayant le sens de l’engagement. Mais de nos jours, nous avons une jeunesse qui crie que l’État doit faire ceci ou cela, qui compte sur des États qui ne peuvent même pas compter sur eux-mêmes. Elle doit plutôt se serrer la ceinture pour rendre un meilleur service à l’Etat afin qu’il puisse redevenir un État sur lequel on peut compter », a martelé le Pr Alkassoum Maïga.

Le 3e panéliste, Abdoul Karim Saïdou, professeur d’université également, a exposé sur le thème : « Repenser la sécurité au Burkina Faso : réflexions au prisme de l’héritage sankariste ». Pour lui, au regard de l’actualité sécuritaire, les missions socio-économiques de l’armée doivent être réhabilitées. « En matière de sécurité, il est important de revisiter les idéologies de Thomas Sankara car il reste un exemple à suivre », a soutenu ce panéliste.

Flora Sanou

siguiré Le mercredi 26 juillet 2023, le président Mohamed Bazoum a été destitué de ses fonctions par des militaires. Suite à ce coup d’Etat, plusieurs sanctions ont été prises par des institutions et pays, dont la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), contre le Niger avec à l’appui des menaces. Cependant, les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée Conakry ont exprimé leur soutien aux tombeurs de Bazoum et au peuple nigérien. L’Algérie a également mis en garde la CEDEAO contre toute intervention militaire au Niger. Dans une interview accordée à Radars Burkina, l’écrivain professionnel consultant en relations humaines, en leadership et en management des cellules sociales, enseignant de philosophie, donne sa lecture des choses.

 

Radars Burkina : Le dimanche 30 juillet 2023, les chefs d’Etat membres de la CEDEAO, avec à sa tête Bola Ahmed Tinubu, ont à l’issue d’un sommet extraordinaire donné un ultimatum d’une semaine aux militaires nigériens pour réinstaller Bazoum sur son fauteuil et menace de faire usage de force en cas de non-respect de leurs décisions. Cette menace peut-elle intimider le général Abdourahamane Tiani et ses hommes à se soumettre ?

Adama Amadé Siguiré : Je ne crois pas que cette menace puisse intimider les putschistes et les amener à se soumettre parce qu’à ce stade, je pense qu’on est déjà à un niveau assez avancé. Le coup d’Etat est pratiquement consommé. Bazoum a été destitué, il n’est plus président. Les militaires qui ont fait le coup d’Etat ont choisi leur chef en la personne de Abdourahamane Tiani, je me demande comment ils vont revenir en arrière ! J’attends de voir, sinon je ne crois pas.

Radars Burkina : Les gouvernements burkinabè, maliens et guinéens ont exprimé leur soutien aux autorités et au peuple nigériens et se désolidarisent des sanctions de la CEDEAO. Ils menacent également de quitter l'institution si celle-ci tente une intervention militaire contre le Niger. Quelles peuvent être les conséquences de ces décisions ?

Adama Amadé Siguiré : Il faut d’abord reconnaître qu’on ne pouvait que s’attendre à cette décision parce qu’avant tout, ce qui se passe au Sahel est une guerre géopolitique qui ne dit pas son nom. C’est un peu la guerre contre l’Occident et la Russie qui se déporte malheureusement au Sahel. Le Mali et le Burkina étant plus proches de la Russie que du bloc occidental, de la France et de ses alliés, il va de soi que ces pays décident de soutenir le Niger. C’est tout à fait logique. Mais, il faut aussi reconnaître qu’il y a des inquiétudes. Prions Dieu pour que cela n’arrive pas parce que si effectivement la France et le CEDEAO décident d’intervenir au Niger et que le Burkina et le Mali décident de soutenir le Niger, je crois que ça va créer un véritable chaos dans le Sahel surtout en Afrique occidentale. On risque de se retrouver avec cette situation libyenne qui a été même à l’origine du terrorisme. Si encore la situation dégénère au Mali, au Burkina et au Niger, je crois qu’on va vivre des moments très difficiles. Pour le moment, comme ce sont des menaces, personnellement je pense que ce sont des choses qui n’arriveront pas.

Radars Burkina : Ces décisions peuvent-elles avoir un impact sur l'élan de la CEDEAO ?

Adama Amadé Siguiré : Oui, ces décisions peuvent avoir un impact sur l’élan de l’institution sous-régionale. Elle saura aussi que le Niger a ses alliés et qu’il n’est pas seul. Aujourd’hui, il faut que les présidents de la CEDEAO pèsent ce qu’ils gagnent et ce qu’ils perdent. À partir du moment où beaucoup de pays se disent solidaires du Niger, je pense que cela peut freiner l’élan de l’institution. Je voyais la chose pratiquement difficile et avec cette sortie du Burkina, du Mali, du Niger et de la Guinée, ça complique encore la situation de la CEDEAO.

Radars Burkina : Le président Ibrahim Traoré a évoqué une possible collaboration au cours de son séjour en Russie avec le Niger dans la lutte contre le terrorisme si les autorités nigériennes vont dans la même direction que le Burkina. Pensez-vous que les nouveaux dirigeants du Niger accepteront une collaboration avec le Burkina ?

Adama Amadé Siguiré : Je pense bien que c’est l’unique solution. Comme les dirigeants ont leur lecture qui n’est pas souvent rationnelle, sinon aujourd’hui la collaboration avec le Burkina s’impose parce que c’est la marche de l’histoire. C’est un moment où les populations victimes du terrorisme qui les frappent depuis des années, ont décidé de s’assumer et de revendiquer leur souveraineté. Si le Niger veut s’en sortir, il faut que les militaires qui viennent de prendre le pouvoir collaborent avec le Burkina et le Mali. De toute façon, ça sera vraiment absurde si ces derniers décident de ne pas coopérer avec le Burkina et le Mali. L’on se demandera pourquoi ils ont pris le pouvoir. Au stade actuel, je pense que c’est cette donne qui est affichée et je pense que les nouvelles autorités nigériennes savent que la collaboration aujourd’hui n’est pas un choix, mais une obligation entre les trois pays. Autrement dit, leur prise de pouvoir ne servirait à rien si ce n’est qu’une perte de temps.

Radars Burkina : Dans un communiqué publié hier 1er août, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a exigé le retour au pouvoir de Bazoum. Quel commentaire en faites-vous ?

Adama Amadé Siguiré : Les hommes politiques sont devenus comme des gens qui font des gags parce qu’ils sont toujours en déphasage avec la situation nationale, surtout en déphasage avec les réalités politiques, sociologiques des pays. C’est de bonne guerre que le MPP décide de soutenir Bazoum parce que ce dernier était leur allié quand ils étaient au pouvoir. Mais ce que les membres de ce parti oublient, c’est qu’eux-mêmes ont été victimes d’un coup d’Etat. S’ils doivent se battre pour le retour de Bazoum, c’est mieux de le faire pour eux-mêmes d’abord pour revenir au pouvoir. S’ils n’ont pas pu faire cela et que c’est Bazoum qu'ils soutiennent, je pense que c’est absurde, ça n’a pas de sens.

Propos recueillis par Flora Sanou

 

aapresse uneCe jour  jeudi 27 juillet 2023, le ministre de l’Agriculture, Ismaël Sombié, et celui de la Santé, Robert Lucien Jean Claude Kargougou, ont donné respectivement une communication sur la situation actuelle de la campagne agricole 2023 au Burkina, la lutte contre le paludisme et le décret portant modalités d’intervention des agents publics de santé dans les structures privées de santé.

Selon le ministre burkinabè de l’Agriculture, le commandant Ismaël Sombié, pour la campagne agricole 2023, le gouvernement burkinabè a décidé d'accompagner les producteurs en réalisant 2074 ha de nouveaux aménagements mis à leur disposition. Outre cela, 15 000 hectares de terres supplémentaires ont été labourés grâce à l’accompagnement de l’exécutif et 6 000 tonnes d’engrais ainsi que 250 tonnes de semences ont été offertes pour soutenir la production des FDS, des VDP et de certaines PDI.

 À cela s’ajoutent la mise à la disposition des producteurs de 25 000 tonnes d’engrais minéraux et organiques et de 7 000 tonnes de semences agricoles et fourragères ainsi que d’équipements motorisés.

Le chef du département de l’Agriculture a rappelé que les objectifs de production pour la campagne 2023 sont de : 5 millions 308 mille tonnes de céréales, 1 million 815 mille tonnes de cultures de rente et 1 million 75 mille tonnes des autres cultures vivrières.

Il a également assuré que des dispositions sont prises, dans le cadre du dispositif national de sécurité alimentaire, pour permettre aux personnes vulnérables de bénéficier de la distribution de vivres et d’accéder aux points de vente de céréales à des prix subventionnés dans les zones qui seraient éventuellement déficitaires à l’issue de cette campagne agropastorale.

aapresse 2Par ailleurs, pour impulser une nouvelle dynamique et booster l’agriculture au Burkina, le gouvernement de la Transition a annoncé des initiatives et actions en perspective. Il s’agit, entre autres, de l’opérationnalisation des agropôles que sont Bagré, Sourou et Samendeni, pour la mise en place des chaînes de production, de transformation et de commercialisation. Par ailleurs, la réalisation, à la saison sèche prochaine, de forages à grand débit dans les zones à haut défi sécuritaire pour permettre la production agropastorale permanente a été annoncée. Il y a également la commercialisation de la production à l’usine de mélange d’engrais de Koupéla d’une capacité de 90 tonnes/heure, la construction du complexe industriel de production d’engrais à base de phosphates naturels de Kotchari, l’opérationnalisation très prochaine de la Centrale d’approvisionnement en médicaments vétérinaires (CAMVET), ainsi que la dynamisation de la Centrale d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles (CAIMA).

« Le gouvernement prévoit des sanctions pour les agents publics de santé qui ne respecteront pas le décret »

Pour ce qui est du décret portant vacation des agents de santé dans les structures privées de santé, le ministre Kargougou a indiqué que l’objectif n’est pas d’étouffer les structures sanitaires privées, mais d’offrir des soins de qualité à la population. Ainsi, des sanctions sont prévues pour les agents qui ne respecteront pas les clauses du contrat, a-t-il prévenu.

Au sujet de la lutte contre le paludisme, Robert Jean Claude Kargougou a informé qu’en 2022 le Burkina a enregistré 11 656 675 cas de paludisme avec 539 488 cas de paludisme grave et malheureusement 4 243 décès, dont 2 925 enfants de moins de 5 ans.

Ainsi, afin de protéger les populations du paludisme, l’Etat burkinabè, avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, entend distribuer des Moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) en 2025, privilégier la Chimio-prévention du Paludisme Saisonnier (CPS), le traitement préventif intermittent du paludisme chez la femme enceinte, la vaccination et la lutte anti-larvaire.

« Au cours du mois d’août, les volontaires ASBC passeront de concession en concession, avec l’appui des municipalités, pour aider les habitants à identifier et à détruire les gîtes larvaires », a terminé le ministre Kargougou

Flora Sanou

prodecret 2Le Conseil des ministres du mercredi 19 juillet 2023 a adopté un projet de décret portant création, attributions et fonctionnement de Burkina Yîn-wisgr Meta (B.Y.M.), une structure visant à optimiser la gestion des infrastructures sportives pour plus d’efficacité et d’efficience. A ce sujet, une équipe de Radars Burkina a recueilli les avis de quelques acteurs du monde sportif.

Selon le gouvernement, cette structure est une fusion de l’Office de gestion des infrastructures sportives (OGIS), de l’Office de gestion du Palais des sports de Ouaga 2000 (OGPSO 2000), du Centre national médico-sportif (CNMS) et du Secrétariat technique des infrastructures sportives et de loisirs (ST/ISL) pense que cela posera problème. Drissa Ouédraogo, ancien footballeur international, ex-coach de l’association sportive des Douanes (AS Douanes), soutient que c’est une bonne initiative car il y va du développement du sport au Burkina en l’occurrence le Football. Cependant, il dit être inquiet de la composition de la structure. « Je ne sais sur quel critère les autorités vont désigner les responsables de cette structure, mais il faut des gens qui s’y connaissent car le sport est beaucoup complexe et ne ressemble à aucun métier au monde », s’est-il exprimé.

Ainsi, de sa conviction, il faut d’abord définir les rôles et mettre des gens capables de gérer les infrastructures. « Ces personnes doivent connaître le football et le sport en général pour que la gestion ne pose pas de problème car pour gérer une infrastructure sportive, il faut à la fois combiner la pratique et l’administration » fait-il comprendre avant de suggérer qu’il faudrait peut-être intégrer un ancien footballeur dans l’équipe dirigeante de la structure qui pourrait certainement servir de guide pour une gestion réussie.

decretprojet 3En outre pour Kader Traoré, journaliste sportif, la fusion de ces structures est un avantage, parce qu’elle permettra d’avoir un regard sur tout ce qui se fait en matière de construction des stades, des aires de jeux pour les loisirs.

« L’idéale c’est qu’il y ait une gestion beaucoup plus responsable des différentes infrastructures sportives au regard des réalités sur le terrain. En effet, tous les stades qui ont été construits d’infrastructures entrant dans le cadre du 11 décembre dans les 13 régions du Burkina, excepté celui de Banfora, aucun stade n’est fonctionnel à la date d’aujourd’hui. Cela montre la difficulté non seulement dans la gestion mais également dans la passation ainsi que l’exécution de ces infrastructures sportives », a-t-il révélé. Donc pour lui, la nouvelle structure aura l’œil sur ces aspects et pourra faire remonter l’information au plus haut niveau pour qu’enfin, des décisions soient prises en cas de manquements.

proddecret 4En sus, de son point de vue, la structure veillera sur les infrastructures qui sont déjà réalisées avant de se projeter sur de nouvelles constructions. À la question de savoir si cette structure pourra permettre au Burkina d’abriter un jour la Coupe d’Afrique des nations (CAN), il indique que l’organisation de la CAN exige un ensemble d’infrastructures routières, sanitaires, hôtelières, sportives, etc., pour présenter un cahier de charge en vue d’organiser la CAN. Or pour l’instant, le Burkina n’est pas à ce stade dit-il. « On n’a même pas un stade homologué pour abriter les compétitions de nos équipes nationales et de nos clubs » insinue-t-il. Donc, il va falloir commencer par ça, avoir d’abord un ou deux stades aux normes pour pouvoir accueillir nos équipes nationales et clubs avant de se projeter sur une CAN, a-t-il conclu.

Par ailleurs, Lassina Sawadogo, journaliste sportif également, souligne que le bien-fondé de la création de cette structure repose certainement sur la base des constats sans doute de l'inefficacité des structures existantes. Ainsi, il espère que cette structure permettra la construction de bonnes infrastructures pour le développement du sport en général au Burkina.

Flora Sanou

aalaligue 2Annoncées le mercredi 19 juillet par le ministre burkinabè de lEconomie, les nouvelles taxes sur les services de téléphonie, sur le réabonnement auprès des opérateurs de télévisions privées et sur la cession des terrains hors lotissement sont effectivement entrées en vigueur le jeudi 20 juillet 2023. Comment cette nouvelle est-elle appréciée des citoyens burkinabè ? Que dit la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) ? Une équipe de Radars Burkina est allée à leur rencontre.

L’objectif du gouvernement, à travers l’institution de ces nouvelles taxes, est de soutenir la lutte contre le terrorisme. Ainsi, nombreux sont les Burkinabè qui accueillent favorablement ces augmentations. « Si c’est ce qu'il faut consentir comme sacrifices pour que notre Faso reste debout, nous sommes d'accord », soutient Irénée Konombo de la LCB. Mieux, d’après lui, « si certains (FDS, VDP) arrivent à donner leur vie, ce n’est pas cette contribution que nous ne pouvons pas donner. Tout ce qui peut contribuer à cette lutte est le bienvenu », a-t-il poursuivi. M. Konombo dit être prêt à tout pour que notre pays recouvre son intégrité territoriale et son souhait est que le gouvernement puisse acquérir une cinquantaine d'hélicoptères de combat.

Cependant, ces taxes sont un coup de massue pour certains Burkinabè. Pour ce citoyen ayant requis l’anonymat, trop de taxes incitent à la non-consommation. « Nul n'est contre les taxes. Mais est-ce que le gouvernement mesure le niveau de vie chère que vivent actuellement les Burkinabè ? » peste-t-il. Et de poursuivre que « le gouvernement doit vraiment accélérer les mesures de restauration, sinon c'est très dur aussi pour les citoyens qui sont, de jour en jour, frappés par la vie chère ». Par ailleurs, il invite les autorités à proposer des « projets de relance de notre économie ».

aalaligue uneSelon le président de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), lorsqu’il s’agit d’opérations allant dans le sens de la sécurisation du territoire, la question est très délicate. Et à ce titre, « nous ne nous opposons pas à ces augmentations, nous apprécions la mesure à sa juste valeur ».

Cependant, dit-il, il y a des conditions dont la première est de s’assurer que l’argent qui sera prélevé servira effectivement à l’effort de guerre et que les dispositions seront prises afin qu’il y ait une utilisation transparente et rationnelle de cet argent.

Toujours selon lui, même s’il faut prélever de l’argent, il faudrait aussi s’assurer que le consommateur peut effectivement donner cet argent car cette récente mesure va limiter les appels. Elle va impacter le pouvoir d’achat qui, de plus en plus, est faible au regard des multiples augmentations des prix des produits de façon générale.

« Donc, s’il faut augmenter les tarifs pour le consommateur, il faudrait que l’Etat veille aussi à ce que sur le terrain, les gens n’augmentent pas tous azimuts les prix des produits », a ajouté M. Konombo.

En ce qui concerne particulièrement les taxes sur les services de téléphonie, Dasmané Traoré affirme que c’est un coup de massue, d’autant plus que l’on ne s’y attendait pas. « Pendant que nous demandons que les opérateurs de téléphonie mobile baissent leurs tarifs, on leur impose de les augmenter », a-t-il déploré. Pour lui, les dés sont jetés et il faut rebattre les cartes pour voir sous quel angle on va encore « aller à l’assaut des opérateurs pour naturellement leur demander d’accorder un minimum de faveurs aux consommateurs ». « Nous sommes dans cette dynamique, nous n’allons pas baisser les bras », a-t-il martelé.

Flora Sanou

obpubLe mercredi 12 juillet 2023 à Ouagadougou, a vu le jour l’Observatoire burkinabè de la publicité (OBPub), dont l’objectif principal est de promouvoir le respect des règles qui encadrent les pratiques publicitaires au Burkina Faso. À quoi faut-il s’attendre avec cette structure d’auto-régulation ? Est-ce un organe de censure ou plutôt une structure de rappel à l’ordre ? Dans cette interview accordée à Radars Burkina, Bessolé Jean Pierre Somda, président du bureau exécutif de l'OBPub, donne des éléments de réponse.

 

Radars Burkina : L’une de vos missions est l’analyse et la vérification des productions publicitaires avant leur diffusion ; pourquoi ce procédé ?

Bessolé Jean Pierre Somda : Nous avons proposé, parmi les missions, de faire le contrôle a priori avant que les diffusions soient faites parce qu’on a fait le constat que la loi et le décret d’application qui régissent la publicité au Burkina ne sont pas respectés. En principe, une publicité doit répondre à une certaine norme imposée par la loi, à savoir le respect des droits de l’homme et la signature absolue des publicitaires. Avant d’être portée à la connaissance de l’opinion publique, la publicité doit véhiculer un certain nombre de valeurs socioculturelles.  Mais quand on examine les publicités au Burkina, on remarque que très peu respectent ce minimum, d’où l’idée de travailler à changer la donne. Le Conseil supérieur de la communication (CSC) fait une régulation a posteriori, car l’État ne peut pas s’adonner à un contrôle a priori, sinon cela sera assimilé à de la censure.

Radars Burkina : Mais l’OBPub n’est-il pas un organe de censure s’il doit fonctionner comme un service de visionnage des spots avant diffusion ?

Bessolé Jean Pierre Somda : Non, il n’y a pas de censure car ce sont les acteurs de la publicité eux-mêmes (les publicitaires, les annonceurs, les médias, les consommateurs et le régulateur) qui composent l’Observatoire et feront le contrôle. Nous avons deux missions essentielles. Primo, observer en dénonçant les mauvaises pratiques et faire en sorte qu’elles soient sanctionnées par l’autorité compétente. L’Observatoire peut déposer une plainte en justice contre X ou Y pour non-respect de la loi au cas où les voies de recours des statuts ne permettraient pas de résoudre le problème. Nous n’avons pas le pouvoir de sanctionner. Secundo, récompenser les bonnes pratiques.

Dans les autres pays, la structure existe mais il s’agit là du Conseil supérieur de la publicité ou de l’Autorité supérieure de la publicité pour d’autres. Nous ne sommes pas encore à ce stade au Burkina, mais on chemine pour y arriver.

Radars Burkina : Pensez-vous pouvoir contrôler toutes les productions publicitaires ?

Bessolé Jean Pierre Somda : Nous sommes conscients que certains peuvent contourner l’OBPub pour aller faire diffuser leur(s) spot(s). Mais celui qui le fera sera sanctionné, tout comme le diffuseur. Pour qu’une publicité soit diffusée, il faut au préalable un visa. Les médias doivent donc exiger un visa avant toute diffusion d’un spot publicitaire pour se mettre à l’abri d’éventuelles sanctions. Les publicités anarchiques ne profitent ni à l’Etat, ni au consommateur ; elles ne profitent pas aux Burkinabè.

Radars Burkina : En cas de manquements observés par l’Observatoire au cours de l’analyse d’une production publicitaire, cette publicité sera-t-elle systématiquement bloquée ?

Bessolé Jean Pierre Somda : Non, on ne rejettera pas la publicité. On demandera seulement de la reprendre pour la conformer aux normes. Si elle n’est pas reprise, l’OBPub ne délivrera pas de visa. Cette mesure vise à faire en sorte que le consommateur soit protégé et que les publicités rapportent des ressources à l’État.

Radars Burkina : Avant de s’ériger en structure de rappel à l’ordre des acteurs de la chaîne de publicité, l’OBPub ne devrait-il pas veiller à former ces derniers et à les sensibiliser aux bonnes pratiques publicitaires ?

Bessolé Jean Pierre Somda : Dans l’immédiat, il ne s’agit pas pour nous de lancer une guerre tous azimuts. Nous allons, dans un premier temps, informer l’opinion publique de ce qui est dorénavant autorisé en matière de publicité selon la loi. Ensuite, nous sensibiliserons les différents acteurs et, surtout, nous formerons les annonceurs. Enfin, nous interpellerons les fautifs et les dénoncerons pour que l’autorité compétente prenne les décisions qu’il faut.

Propos recueillis par Flora Sanou

aaorga une Le ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi, Boubacar Sawadogo, a annoncé au Conseil des ministres du mercredi 12 juillet la mise en place d’un Comité national d’organisation de la participation des Etalons à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Côte d’Ivoire 2023 « pour éviter les dysfonctionnements constatés par le passé ». À ce sujet, Radars Burkina a recueilli les avis du citoyen lambda et celui d’un acteur du monde sportif.

 

Pour certains Burkinabè, la mise en place d’un comité est une belle initiative en ce sens qu’elle permettra de détecter ceux qui ne font pas bien leur travail.  « C’est une belle initiative. Avec ce comité, tout le monde pourra apporter sa contribution et maintenant, on saura qui ne fait pas bien son travail », a déclaré Parfait Ouédraogo, citoyen lambda. Néanmoins, « ce que nous ne voulons pas, c’est de voter un gros budget pour un piètre résultat », a-t-il ajouté.

Pour certains de nos interlocuteurs, le véritable problème ne réside pas dans l’organisation mais plutôt dans le manque de compétence de l’entraîneur de l’équipe nationale. « De mon point de vue, l’entraîneur n’est pas à la hauteur, car il fait des sélections inappropriées de joueurs, donc il faut songer à voir son cas », affirme un autre citoyen ayant requis l’anonymat.

Mais quelle est l’appréciation des acteurs du monde sportif ?

aaorga 2De l’avis du journaliste sportif Moussavou Billa, à qui nous avons aussi tendu notre micro, la mise en place d’un comité national d’organisation est tout à fait compréhensible, car « pour aller à une compétition il faut, avant tout, s'organiser ». Selon lui, c'est bien réfléchi et ce n'est d’ailleurs pas la première fois que le Burkina Faso met en place un comité d'organisation pour une CAN.

Cependant, il pense qu’il faut revoir les choses en ce qui concerne la mise en place du comité. En effet, le journaliste sportif souligne qu’il faut être prudent, au regard de la pluralité des structures qui vont constituer le comité. « Parfois, on a l’impression que plusieurs structures doivent être forcément représentées et qu’on veut récompenser des gens. Or, c’est la qualité des personnes qui importe le plus », a-t-il martelé.

A l’en croire, le fait que le ministère, par le truchement de l’État, veuille organiser les déplacements des équipes est une excellente chose, mais « il faut mettre des gens compétents dans l’organisation sans forcément vouloir faire de la place à toutes les structures. Ce n’est pas une obligation. Il faut taper du poing sur la table et ne choisir que des personnes compétentes ».

Par ailleurs, pour mieux réussir l’organisation, Moussavou Billa propose aux organisateurs de véritablement s'imprégner des réalités de l'équipe nationale, du fonctionnement du pays hôte qu’est la Côte d’Ivoire (CI) et aussi des besoins des acteurs (supporters, agents de presse, etc.). « Il faut, évidemment, que tout cela se passe dans la rigueur, car une bonne CAN, sportivement parlant, passe d'abord par une bonne organisation », a conclu le journaliste sportif.

Flora Sanou

Environnement au Burkina : La déforestation toujours criarde

jpurneedelarbreCe jour samedi 15 juillet, est célébrée la 5e édition de la Journée nationale de l’arbre au Burkina.  A cette occasion, il y a eu le lancement d’une campagne de reforestation. Quel est l’état de la déforestation aujourd’hui au Burkina malgré les multiples actions de plantation d’arbres ? Lazare Doulcom, coordonnateur national de l’association « Héritiers et continuateurs de l’œuvre de Thomas Sankara pour l’environnement », dans cette interview accordée à Radars Burkina, donne des éléments de réponse.

 

Radars Burkina : Quel est l’état de la déforestation au Burkina, selon vous ?

Lazare Doulcom : La situation, selon moi, est quand même inquiétante. En effet, selon le 4ᵉ rapport sur l’état de l’environnement au Burkina Faso, publié en 2017, les statistiques montrent que le Burkina Faso perd plus de 247 000 ha de forêts par an. Le même rapport précise que de 1092 à 2002, notre pays a perdu plus d’1 000 000 d’hectares de forêts. Quand on fait un calcul arithmétique, il y a de quoi s’inquiéter pour les années à venir au regard de l’augmentation de la population, donc du besoin en ressources naturelles.

Par exemple, au moment de l’institutionnalisation des campagnes de reboisement, le pays comptait à peu près 7 000 000 d’habitants. Aujourd’hui, nous sommes environ vingt-deux millions. Cela veut dire que la population burkinabè a pratiquement triplé alors que la superficie du territoire national n’a pas évolué, bien au contraire. Si 90% de ces 22 000 000 utilisent le bois de chauffe comme principale source d’énergie et qu’on y ajoute les défrichements et les besoins d’espace en matière d’habitations, il y a de quoi s’inquiéter.

Radars Burkina : La célébration de la 5e édition de la Journée nationale de l’arbre a lieu ce 15 juillet dans la région de Centre. Quelle est votre appréciation des éditions passées et de leurs impacts ?

Lazare Doulcom : Il faut avant tout saluer cette initiative qui, depuis 2019 effectivement, contribue à sensibiliser la population à l’importance de l’arbre dans son environnement et dans l’amélioration de ses conditions de vie. Depuis l’institution dudit évènement, vous aurez remarqué que c’est toujours sous le très haut patronage du chef d’État lui-même qu’il se tient. C’est la preuve que la question de l’arbre est une préoccupation des plus hautes autorités. Cependant, à mon humble avis, il faut renforcer les mesures de protection et le suivi des plants mis en terre en impliquant fortement toutes les couches sociales. Parlant d’impacts de cette journée, on peut citer le nombre important d’arbres qui survivent, l’encouragement des acteurs dynamiques par leur dotation en matériel et les distinctions honorifiques décernées à certains d’entre eux, ainsi que la prise de conscience de l’importance de l’arbre.

Je ne dispose pas de chiffres sur le taux exact de prise des plants mis en terre au cours des éditions passées. Cependant, il est certain qu’il y a de l’évolution, même si l’objectif n’est pas encore totalement atteint.

 

Radars Burkina : On a l’impression que malgré les multiples actions de plantation, la situation va de mal en pis. Qu’en pensez-vous ?

Lazare Doulcom : La population burkinabè a triplé en 30 ans sur la même superficie (274 000 km2) et la principale source d’énergie des ménages reste le bois de chauffe, ce qui rend insuffisants les efforts de plantation. Ainsi, malgré les sacrifices, on a effectivement l’impression que la situation se détériore.  Et si rien n’était fait depuis tout ce temps pour la restauration du couvert végétal, vous vous doutez bien que nous n’aurions pas de quoi vivre actuellement !

Radars Burkina : Quelles sont vos attentes sur la campagne nationale de reboisement qui sera lancée ce 15 juillet ?

Lazare Doulcom : Le ministre de l’Environnement a annoncé des chiffres très intéressants. Vivement que les résultats soient meilleurs que ceux des campagnes précédentes ! Si nous obtenons 70 à 80% de taux de prise des arbres plantés, cela donnera plus d’espoir dans la lutte contre la désertification. Chaque citoyen(ne) est donc interpellé(e).

Le ministère a aussi annoncé un système de géolocalisation qui permettra de suivre les plants mis en terre, de voir leur évolution. C’est une bonne chose, certes, mais je pense qu’il faudra davantage mettre l’accent sur la protection et l’entretien.

Radars Burkina : N’est-il pas nécessaire de revoir la politique de cette campagne en tenant compte des espèces selon la qualité des sols ou selon la rentabilité des plants ?

Lazare Doulcom : Les techniques existent déjà. Il y a plusieurs outils et guides très pertinents mais il faut les adapter à la population, aux réalités du terrain. C’est une question de volonté et d’engagement à tous les niveaux. Par exemple, la régénération naturelle assistée, qui consiste à aider les arbres et la végétation indigène à se rétablir de façon naturelle, est une pratique agroforestière très efficace mais encore peu connue des Burkinabè. Le président Thomas Sankara avait initié la récolte populaire de semences forestières. C’était une vision noble et je pense qu’il faut la perpétuer aujourd’hui.

Radars Burkina : Avez-vous un appel à lancer aux autorités et à la population ?

Lazare Doulcom : J’invite chaque chef de famille burkinabè à avoir le réflexe d’offrir un arbre à chacun des membres de sa famille, même à l’enfant qui vient de naître. Ainsi, nous planterions plus facilement des arbres. Si nous arrivons à le faire et que nous plantons par exemple plus de 20 millions d’arbres en 5 ans, le Burkina redeviendra vert. On peut également penser à planter un arbre à chaque évènement : mariage, naissance, baptême, prise de service, départ à la retraite et, pourquoi pas, même en cas de décès en mémoire du disparu. C’est vrai qu’on met l’accent sur le reboisement pendant la saison des pluies pour profiter de l’eau, mais on pourrait aussi planter du 1er janvier au 31 décembre.  J’invite par conséquent le ministère de l’Environnement à davantage impliquer les populations à la base, particulièrement les paysans, de sorte que planter et entretenir un arbre devienne un réflexe.

Propos recueillis par Flora Sanou

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