samedi 23 novembre 2024

40e anniversaire de la Révolution démocratique et populaire : « La jeunesse burkinabè doit arrêter d’être attentiste » (Pr Alkassoum Maïga, enseignant-chercheur, panéliste)

pnl une4 août 1983 - 4 août 2023. Cela fait 40 ans qu’a été mise en œuvre au Burkina Faso la Révolution démocratique et populaire (RDP). Pour marquer d'une pierre blanche ce 40e anniversaire, le Cadre d’action des mouvements et associations révolutionnaires pour l’accès au développement endogène (CAMARADE) a organisé ce jour une série de communications au Conseil burkinabè des chargeurs.

Pour le coordonnateur du CAMARADE, Sampawendé Ouédraogo, c'est partant de la vision du capitaine Thomas Sankara qui stipule qu'on ne peut pas mener une lutte politique révolutionnaire sans d'abord la théoriser que le thème « Comment le Burkina Faso, 40 années après la RDP, peut-il s'inspirer de l'expérience de la grande révolution Sankariste ? » tire sa source. Ce thème général a été traité par le professeur Augustin Loada.

Il s'est interrogé sur comment le Burkina Faso contemporain peut prendre la RDP pour modèle d’action. En réponse, il a soutenu qu’il faut s'inspirer, s'appuyer sur l'expérience de cette RDP pour libérer son génie créateur et non « produire frauduleusement », c'est-à-dire faire du plagiat.

À ce propos, abordant la question de la lutte contre l'insécurité, il a pris l'exemple du Discours d'orientation (DOP), prononcé le 2 octobre 1983, dans lequel Thomas Sankara déclarait : « Selon la doctrine de défense de la Haute-Volta révolutionnaire, un peuple conscient ne saurait confier la défense de sa patrie à un groupe d'hommes quelles que soient leurs compétences. Les peuples conscients assument eux-mêmes la défense de leur Patrie. A cet effet, nos forces armées ne constituent qu'un détachement plus spécialisé que le reste du peuple pour les tâches de sécurité intérieure et extérieure. »

Il estime par ailleurs qu’il est primordial que les forces de défense et de sécurité bénéficient d'une formation politique et idéologique, autrement elles risquent de « devenir des criminels en puissance ».

Pour le panéliste Loada, la révolution sankariste peut s'analyser comme une expérience de développement endogène, de profonde transformation économique, sociale, culturelle et politique, comme en témoignent les mobilisations de masse pour amener les populations à prendre en charge leurs propres besoins.

Sur le plan géopolitique, l’ancien directeur exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a rappelé que le contexte d'aujourd'hui est différent de celui des années 80, mais que la guerre froide resurgit sous une autre forme.

Sur ce plan, « nous sommes convaincus que Sankara aurait maintenu une ligne de non-alignement et aurait cherché à maximiser le profit que notre pays pourrait tirer de ces rivalités géopolitiques pour faire avancer son projet de transformation structurelle du pays, débarrasser le Burkina de toute tutelle humiliante et de toute dépendance exploiteuse et faire respecter l'indépendance ainsi que la souveraineté du Burkina, dans le respect scrupuleux de celles des autres pays », a-t-il soutenu.

Pour clore sa communication, il a recommandé que l’on s’approprie ce véritable « code de bonne conduite » du leader révolutionnaire  et que l’on s'inspire d'un ensemble de principes et de valeurs qu’a légués Thomas Sankara, à savoir avoir  un projet clair de transformation structurelle de la société burkinabè, être  internationaliste, universaliste, s'attacher aux produits locaux mais sans s'enfermer dans nos valeurs africaines, considérer  qu'un dirigeant révolutionnaire se doit d’être exemplaire et prêt à rendre compte devant le peuple, entre autres.

Le professeur Alkassoum Maïga, autre panéliste du jour, a abordé la question du développement endogène. Selon cet enseignant-chercheur, la souveraineté appartient au peuple et il faut encourager la participation citoyenne. « Le peuple doit être l’alpha et l’oméga de l’action publique qui est mise en œuvre ; c’est bon d’être ouvert au peuple et de lui donner la parole », a-t-il ajouté.

Le Pr Maïga a aussi indiqué que « la jeunesse burkinabè doit arrêter d’être attentiste… Il faut qu’on ait une jeunesse ayant le sens de l’engagement. Mais de nos jours, nous avons une jeunesse qui crie que l’État doit faire ceci ou cela, qui compte sur des États qui ne peuvent même pas compter sur eux-mêmes. Elle doit plutôt se serrer la ceinture pour rendre un meilleur service à l’Etat afin qu’il puisse redevenir un État sur lequel on peut compter », a martelé le Pr Alkassoum Maïga.

Le 3e panéliste, Abdoul Karim Saïdou, professeur d’université également, a exposé sur le thème : « Repenser la sécurité au Burkina Faso : réflexions au prisme de l’héritage sankariste ». Pour lui, au regard de l’actualité sécuritaire, les missions socio-économiques de l’armée doivent être réhabilitées. « En matière de sécurité, il est important de revisiter les idéologies de Thomas Sankara car il reste un exemple à suivre », a soutenu ce panéliste.

Flora Sanou

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