Le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est passé de 30 684 FCFA à 45 000 FCFA au Burkina. Le SMIG concerne, en principe, les travailleurs du public et ceux du privé. Cependant, on a l'impression qu’il ne s’applique pas aux aides-ménagères, leur rémunération étant extrêmement faible. À Ouagadougou, la capitale, Radars Infos Burkina s’est entretenu avec quelques-unes d'entre elles. Leurs témoignages sont aussi effarants que pathétiques.
Alors que certaines sont des jeunes filles, d'autres sont des femmes mariées. Leur travail ? Faire la lessive, la vaisselle, la cuisine, s’occuper de l’entretien de la maison, des enfants… Autant de tâches qui sont accomplies dans les ménages par ces dernières. Elles, ce sont les aides-ménagères, chargées des corvées domestiques au quotidien.
Ce sont des femmes que nombre de personnes appellent vulgairement « bonnes » (NDLR : Bonnes à tout faire). À Ouagadougou, dans presque chaque ménage, on trouve une aide-ménagère qui fait pratiquement tout, moyennant une paie mensuelle généralement fixée par la « maîtresse » de maison. Mais à quel prix !
Radars Infos Burkina a pu constater que la paie des aides-ménagères variait d’une famille à l’autre. Sur les 6 familles que nous avons répertoriées, seule une paie son aide-ménagère à 30 000 FCFA le mois. Les autres filles, dont l’âge varie de 11 à 17 ans, perçoivent entre 7 500 et 15 000 FCFA le mois.
Les premières à se réveiller le matin et les dernières à se coucher la nuit, les aides-ménagères ont un quotidien chargé, voire surchargé. La plupart d’entre elles dorment chez leurs patronnes. C'est notamment le cas d’E.O., 17 ans, orpheline de père. Elle a dû arrêter ses études au Cours moyen 2e année (CM2) par manque de moyens financiers.
C'est ainsi qu'elle quitte son village, Noumousso, une commune rurale de la province du Houet située à environ 300 km de Ouagadougou. Embauchée comme aide-ménagère dans une famille depuis maintenant 2 ans dans la capitale, elle n’y va pas du dos de la cuillère pour relater la dure réalité de son travail.
« Pendant l’année scolaire, je dois me réveiller à 4 h du matin pour apprêter les enfants avant d’enchaîner avec mon programme journalier. Pendant les vacances, je dois être sur pied dès 5 h du matin pour débuter mes travaux », déclare notre interlocutrice. Elle poursuit : « Ma patronne a 4 enfants ; je lave leurs habits tous les 3 jours. J’accomplis tout ce qui est tâches dans la maison et je fais de mon mieux mais pas un seul jour ne passe sans que l'on m’insulte. Parfois même on me frappe pour des choses que je n’ai pas faites », a-t-elle froidement raconté, la mine crispée.
À la question de savoir combien elle est payée le mois, la jeune fille répond : « Je suis payée à 10 000 F chaque mois. Mais à la demande de ma mère, c’est ma patronne qui garde l’argent ».
S.O., âgé de 16 ans, ayant le niveau CE2 et originaire de Niangoloko, province de la Comoé, à pratiquement 500 km de la capitale, explique également son calvaire d’un an et demi dans ce métier. Elle nous confie qu'elle est rémunérée à 12 500 FCFA le mois. « Avant que je ne mange, il faut que toute la maisonnée ait mangé. Même les chiens mangent avant moi », nous raconte-t-elle en larmes. À l’en croire, excepté faire la cuisine, toutes les tâches lui incombent. « Je lave même les pieds de ma patronne dans une bassine chaque week-end », précise-t-elle.
C'est dire que les droits de ces travailleuses sont foulés aux pieds au point que l'on se demande même s'il est possible de faire respecter le SMIG en ce qui concerne les aides-ménagères, cela d’autant plus que les familles n’ont aucun contrat avec l’Etat qui les obligerait à se conformer à la loi.
C'est en vain que nous avons tenté d’entrer en contact avec l’Association pour la défense des droits des aides-ménagères (ADDAD) qui a engagé une lutte dans ce sens depuis 2022.
Flora Sanou