samedi 23 novembre 2024

luanga uneAprès 32 ans de service à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), dont 11 en tant que Directeur national pour le Burkina, Charles Luanga Ki-Zerbo a été admis à la retraite le 30 juin 2023. Le jeudi 6 juillet 2023 à Ouagadougou, le monde de l’économie et des finances lui a rendu hommage au cours d’une cérémonie à cet effet.

Voulue par le Gouverneur de la BCEAO, Jean-Claude Kassi Brou, cette cérémonie d’hommage a été marquée par des discours de reconnaissance. Pour Adama Sankara, directeur de l’Agence principale de Ouagadougou (APO), Charles Luanga Ki-Zerbo a démontré une passion inébranlable pour le domaine financier et économique à travers la recherche permanente de l’efficacité et de l’efficience. Il a été un modèle de comportement professionnel empreint d’humanité.

« Son empathie, sa bienveillance, sa capacité à inspirer les autres, sa grande disponibilité, son attention, son sens de l’écoute permanente de l’ensemble des acteurs et le désir de transparence lui ont permis de créer un climat de confiance », a-t-il souligné.

Pour sa part, Diakarya Ouattara, président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina Faso (APBEF-B), a salué l’homme pour son don de soi dont résulte une ‘’carrière exemplaire bien accomplie’’. « Bons nombre d’entre nous se souviennent de sa patience, de sa pédagogie, de son pragmatisme et de sa dextérité dans la conduite des différents changements intervenus », a-t-il rappelé. Et de renchérir :  « Nous avons, en tout temps, pu compter sur sa disponibilité, ses précieux conseils, son soutien indéfectible et l’attention particulière dont il a toujours fait montre dans la prise en charge des difficultés et préoccupations de la profession ».

luanga 2En rappel, celui à qui les acteurs de l’économie et des finances disent au revoir a intégré l’institution financière internationale en 1991 après avoir été analyste financier de 1985 à 1989 à la société financière sénégalaise pour le développement de l’industrie et du tourisme au Sénégal. Il a gravi les échelons jusqu’au poste de Directeur national de la BECEAO pour le Burkina en 2012. En effet, il a occupé respectivement, les postes d’inspecteur à la Commission bancaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de 1991 à 1995, de Chef du département de la supervision et des études bancaires de 1995 à 2005, de Directeur du crédit de 2006 à 2009 et de Secrétaire général de la Commission bancaire de l’UEMOA de 2009 à 2011.

luanga 3Par son leadership à la tête de la Direction nationale de la BCEAO du 12 janvier 2012 au 30 juin 2023, le Burkina Faso a pu réaliser de nombreux progrès dans le domaine bancaire avec des réformes institutionnelles majeures. À cet effet, le nombre d’acteurs du système bancaire est passé de 17 à 23 dont 16 banques, 5 établissements financiers et 2 compagnies financières en dix ans. Ainsi, le secteur bancaire burkinabè s’est positionné comme le troisième marché de l’UEMOA avec une part de marché qui est passée de 13,2 % en 2012 à 14,5% en 2021, selon le rapport annuel de la Commission bancaire de l’UEMOA.

Notons que Charles Luanga Ki-Zerbo est le 5e à avoir occupé le poste de directeur national de la BCEAO pour le Burkina.

C’est Armand Badiel, précédemment conseiller du secrétaire général de la BECEAO et administrateur délégué du Fonds de stabilité financière dans l’UEMOA, qui lui a succédé à ce haut poste depuis le 1er juillet 2023.

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badiel armand« Le souci de la mesure, quelles que soient les circonstances, la continuité et la prudence. Ce sont là des exigences minimales lorsque l’on est dépositaire de la confiance ». Tels sont les principes sur lesquels Armand Badiel, le nouveau Directeur national pour le Burkina de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), fonde sa mission. Mais qui est Armand Badiel ?

Marié et père de quatre enfants, M. Badiel est né le 5 août 1965 à Didyr dans la province du Sanguié, région du Centre-Ouest, soit 5 ans après la proclamation de l’indépendance de la République de Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso. Ses études secondaires, il les fera au Petit Séminaire Notre-Dame d’Afrique de Koudougou puis au collège de Tounouma, à Bobo-Dioulasso, où il décroche le baccalauréat. M. Armand Badiel est titulaire d’une maîtrise en sciences économiques obtenue en 1992.

Que retenir de son parcours professionnel ? Le frais émoulu directeur national de la BCEAO a occupé de hautes fonctions au sein d’institutions financières comme l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la BCEAO et même le Fonds monétaire international (FMI).

Ayant fait son entrée à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest en 1985 suite à son admission à un concours externe, M. Badiel, parallèlement à ses activités professionnelles, a poursuivi des études supérieures à la faculté des sciences économiques et juridiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

L’homme pour qui les questions économiques n’ont plus de secret a été directeur des Études entre 2006 et 2008. De 2012 à 2013, il a piloté les analyses et les prévisions macro-économiques ainsi que la programmation financière qui ont servi à la formulation de la politique monétaire mise en œuvre sur ces périodes et à sa coordination avec les autres instruments de politique économique.

Il fut le coordonnateur de nombreuses réflexions analytiques et stratégiques ayant porté sur les réformes structurelles essentielles sur le plan macro-économique au sein de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Le natif du Sanguié a également travaillé avec le Fonds monétaire international (FMI) et d'autres institutions financières de financement du développement.

En sus, sa qualité de spécialiste du secteur financier lui a donné la lourde tâche de mettre en place et de rendre fonctionnel le Comité de stabilité financière, en réponse aux impératifs nés de la crise financière mondiale de 2008.

Au poste de Directeur de la Stabilité financière de 2009 à 2011, outre la finalisation des textes de la réforme institutionnelle de I'UEMOA et de la BCEAO, il a supervisé la rénovation de la réglementation bancaire, de la microfinance et des systèmes et moyens de paiement dans l'UEMOA, à l'appui d'une refondation des politiques de développement du secteur financier en général.

Il a aussi occupé le poste de Directeur général des Opérations et des activités fiduciaires entre 2014 et 2018. Durant cette période, il a donné les impulsions nécessaires à l'aboutissement de chantiers structurants qui ont permis la modernisation de la gestion des signes monétaires, la mise en place d'un cadre stratégique de renforcement des réserves de change, la reprise par la BCEAO des achats d'or auprès des sociétés minières opérant dans l'UEMOA et la mise en production des infrastructures qui ont facilité la modernisation du financement des Etats membres par émission des bons et obligations des Trésors publics sur le marché régional.

Avant sa récente nomination au poste de Directeur national de la BCEAO pour le Burkina, M. Armand Badiel a occupé cumulativement les fonctions de Conseiller du Secrétaire général de la Banque centrale, d'Administrateur délégué du Fonds de stabilité financière de l'UEMOA et de Représentant du Gouverneur de la BCEAO auprès de l'Autorité des marchés financiers de l'UEMOA.

Le tout nouveau Directeur national de la BCEAO pour le Burkina, à qui nous souhaitons plein succès dans sa mission, a pris fonction le 1er juillet 2023.

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WhatsApp Image 2024 11 14 à 07.31.30 67f57cacLe Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est passé de 30 684 FCFA à 45 000 FCFA au Burkina. Le SMIG concerne, en principe, les travailleurs du public et ceux du privé. Cependant, on a l'impression qu’il ne s’applique pas aux aides-ménagères, leur rémunération étant extrêmement faible. À Ouagadougou, la capitale, Radars Infos Burkina s’est entretenu avec quelques-unes d'entre elles. Leurs témoignages sont aussi effarants que pathétiques.

Alors que certaines sont des jeunes filles, d'autres sont des femmes mariées. Leur travail ? Faire la lessive, la vaisselle, la cuisine, s’occuper de l’entretien de la maison, des enfants… Autant de tâches qui sont accomplies dans les ménages par ces dernières. Elles, ce sont les aides-ménagères, chargées des corvées domestiques au quotidien.

Ce sont des femmes que nombre de personnes appellent vulgairement « bonnes » (NDLR : Bonnes à tout faire). À Ouagadougou, dans presque chaque ménage, on trouve une aide-ménagère qui fait pratiquement tout, moyennant une paie mensuelle généralement fixée par la « maîtresse » de maison. Mais à quel prix !

Radars Infos Burkina a pu constater que la paie des aides-ménagères variait d’une famille à l’autre.  Sur les 6 familles que nous avons répertoriées, seule une paie son aide-ménagère à 30 000 FCFA le mois. Les autres filles, dont l’âge varie de 11 à 17 ans, perçoivent entre 7 500 et 15 000 FCFA le mois. 

aamnage 2Les premières à se réveiller le matin et les dernières à se coucher la nuit, les aides-ménagères ont un quotidien chargé, voire surchargé. La plupart d’entre elles dorment chez leurs patronnes. C'est notamment le cas d’E.O., 17 ans, orpheline de père. Elle a dû arrêter ses études au Cours moyen 2e année (CM2) par manque de moyens financiers.

C'est ainsi qu'elle quitte son village, Noumousso, une commune rurale de la province du Houet située à environ 300 km de Ouagadougou.  Embauchée comme aide-ménagère dans une famille depuis maintenant 2 ans dans la capitale, elle n’y va pas du dos de la cuillère pour relater la dure réalité de son travail.

« Pendant l’année scolaire, je dois me réveiller à 4 h du matin pour apprêter les enfants avant d’enchaîner avec mon programme journalier. Pendant les vacances, je dois être sur pied dès 5 h du matin pour débuter mes travaux », déclare notre interlocutrice. Elle poursuit : « Ma patronne a 4 enfants ; je lave leurs habits tous les 3 jours. J’accomplis tout ce qui est tâches dans la maison et je fais de mon mieux mais pas un seul jour ne passe sans que l'on m’insulte. Parfois même on me frappe pour des choses que je n’ai pas faites », a-t-elle froidement raconté, la mine crispée.

À la question de savoir combien elle est payée le mois, la jeune fille répond : « Je suis payée à 10 000 F chaque mois. Mais à la demande de ma mère, c’est ma patronne qui garde l’argent ».

S.O., âgé de 16 ans, ayant le niveau CE2 et originaire de Niangoloko, province de la Comoé, à pratiquement 500 km de la capitale, explique également son calvaire d’un an et demi dans ce métier. Elle nous confie qu'elle est rémunérée à 12 500 FCFA le mois. « Avant que je ne mange, il faut que toute la maisonnée ait mangé. Même les chiens mangent avant moi », nous raconte-t-elle en larmes. À l’en croire, excepté faire la cuisine, toutes les tâches lui incombent. « Je lave même les pieds de ma patronne dans une bassine chaque week-end », précise-t-elle.

C'est dire que les droits de ces travailleuses sont foulés aux pieds au point que l'on se demande même s'il est possible de faire respecter le SMIG en ce qui concerne les aides-ménagères, cela d’autant plus que les familles n’ont aucun contrat avec l’Etat qui  les obligerait à se conformer à la loi.

C'est en vain que nous avons tenté d’entrer en contact avec l’Association pour la défense des droits des aides-ménagères (ADDAD) qui a engagé une lutte dans ce sens depuis 2022.

Flora Sanou

aaimag uneCe lundi 3 juillet est célébrée la journée mondiale sans sac plastique. Au Burkina Faso, plusieurs textes encadrent l’utilisation des sacs plastiques. Depuis le 1er janvier 2015, la loi 017-2014 interdit la production, l’importation, la commercialisation et la distribution des sachets non biodégradables. Mais encore aujourd’hui, des vendeuses de fruits aux restaurateurs de rue, en passant par les boutiques et les supermarchés, ils restent distribués partout. Pourquoi cette persistance ? Une équipe de Radars Burkina a rencontré quelques acteurs.

Le sachet plastique est tellement entré dans les habitudes qu’il parait presqu’inimaginable de s’en passer. Presque tout se vend en sachet, mais quel type de sachet ?

Visiblement sans aucune connaissance du sachet biodégradable pour différencier de celui non biodégradable, cette restauratrice dit avoir besoin seulement de quoi servir ses clients qui veulent emporter leurs repas. « Je ne connais pas la différence. Quand mon distributeur vient, je prends seulement ce que je veux pour mon travail. Les clients ne se plaignent pas des sachets donc je les utilise surtout que les ‘’kits’’ (Takeaway) sont chers », s’est-elle justifiée.

« Le Burkina ne produit pas d’emballage biodégradable en ma connaissance. Même les emballages où figurent le drapeau du Burkina sont produits au Ghana et ne sont pas suffisamment disponibles », a lâché un vendeur de sachets plastiques, avant d’ajouter qu’il ne cherche que sa pitance quotidienne à travers ce commerce.

aaimag2En outre, une ménagère confie ne pas reconnaitre un sachet biodégradable au milieu de sachets non biodégradable. Selon elle, c’est l’usage du sachet noir qui n’est pas bon pour les repas particulièrement chauds. « C’est vrai qu’on a interdit l’utilisation des sachets non biodégradables, mais personnellement je ne sais pas faire la différence entre sachet biodégradable et non biodégradable. Souvent quand on part payer la nourriture, les vendeurs mettent dans un sachet blanc avant d’emballer dans un sachet noir. Ils disent que le sachet noir n’est pas bon et que c’est le blanc qui est plus pratique pour la nourriture surtout chaude. Mais on ne cherche pas à savoir ce qui est bon ou mauvais, juste quelque chose pour mettre notre nourriture », a-t-elle souligné.

Aussi, pour faire le marché, a-t-elle déclaré, « même avec ton panier, les vendeuses vont toujours mettre dans un sachet pour te remettre et tu finis par rentrer avec beaucoup de sachet ».

Ainsi, elle propose de sensibiliser la population à faire la différence de ce qui est bien et mauvais avant d’appliquer la loi.

Selon Roger Barro, inspecteur de l’environnement, dans un entretien avant sa nomination en tant que ministre de l’environnement, avait indiqué que pour la biodégradabilité, il ne faut pas se fier à ce que l’on voit.

« Il y a des mentions qui sont faits sur les sachets biodégradables. Des certificats d’homologation sont délivrés suivis de contrôle inopiné. Si les certificats prouvent qu’une importation a été livrée, cela atteste que les marchandises comportent des emballages ou sachets plastiques biodégradables », a-t-il fait savoir avant de poursuivre que même s’il existe des sachets non biodégradables sur le marché, le ministère n’en a pas connaissance.

Même si les emballages biodégradables sont utilisés par quelques structures notamment certaines pharmacies et boulangeries au Burkina, cela n’est qu’une goutte d’eau dans la mer car la grande masse continue de se servir des sachets plastiques dont ils ignorent la qualité. Le département en charge de l’environnement doit promouvoir l’utilisation des sacs organiques, surtout réutilisables et des paniers pour au moins restreindre l’usage des sachets plastique dans le commerce. 

Flora Sanou

femmeenceinteSelon le dernier Recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) du Burkina, le ratio de mortalité maternelle en 2019 était de 222,9 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes alors qu’il était de 330 décès maternels en 2015. Pour réduire davantage ce ratio de mortalité maternelle, le ministère de tutelle entend mettre en place un comité national multisectoriel de surveillance des décès maternels qui fera des investigations sur d’éventuels cas de décès maternels. Ce comité de surveillance peut-il véritablement contribuer à diminuer, voire empêcher la mortalité maternelle ? Dr Nadine Oui, gynécologue obstétricienne, donne son point de vue sur la question dans cette interview.

 

Radars Burkina : Quelles sont les causes de la mortalité maternelle au Burkina ?

Dr Nadine Oui : Les principales causes des décès maternels au Burkina Faso sont les hémorragies, les infections, la rétention placentaire, les ruptures utérines, les complications des avortements et les éclampsies. A côté de ces causes médicales, il existe de nombreux autres facteurs qui favorisent cette mortalité des mères au Burkina Faso. Il s'agit, entre autres, de la non-pratique de la Consultation prénatale (CPN), de l'insuffisance des soins obstétricaux essentiels et d'urgence et du recours à des accoucheuses villageoises incompétentes.

Radars Burkina : D’aucuns disent que c’est la négligence des agents de santé qui occasionne les décès maternels. Que répondez-vous à ces personnes ?

Dr Nadine Oui : Il est vrai que certains professionnels de santé qualifiés n’accomplissent pas leur devoir avec conscience, ce qui entraîne malheureusement des décès maternels qui auraient pu être évités. Cependant, la mortalité maternelle ne relève pas forcément de la responsabilité des agents de santé.

Radars Burkina : Ce comité de surveillance des décès peut-il vraiment contribuer à diminuer la mortalité maternelle, voire à y mettre un terme ?

Dr Nadine Oui : Il peut contribuer à la réduction de cette mortalité s’il est opérationnalisé et si le travail est bien fait. Par exemple, ce comité peut faciliter l’amélioration des équipements, notamment les lits d’accouchement qui sont parfois en mauvais état.

Radars Burkina :   En tant qu’acteur de terrain, quels sont, selon vous, les systèmes ou stratégies qui peuvent contribuer efficacement à lutter contre la mortalité maternelle ?

Pour lutter efficacement contre la mortalité maternelle au Burkina, nous pensons que le gouvernement burkinabè et ses partenaires techniques et financiers doivent travailler davantage à assurer l'accès des femmes et des filles aux services de santé dans toutes les localités du pays en vue de les rapprocher des services de planification familiale.

L'opérationnalisation de la surveillance des décès par un suivi régulier des grossesses, un accouchement assisté dans les formations sanitaires, un suivi postnatal et un recours précoce des femmes aux formations sanitaires peuvent contribuer à minimiser les décès maternels. En plus, il est possible d’éviter la plupart des décès maternels, car les soins à administrer pour prévenir ou prendre en charge les complications sont bien connus. Toutes les femmes doivent avoir accès à des soins de qualité pendant leur grossesse, au moment de leur accouchement et même après. La majorité des décès maternels peuvent être évités si toutes les femmes ont accès à des soins de qualité.

Entretien réalisé par Flora Sanou

bac 2023Les épreuves du baccalauréat 2023 au Burkina ont lieu du 20 juin au 7 juillet. En attendant la proclamation des résultats du premier tour, prévue pour le vendredi 30 juin 2023, une équipe de Radars Burkina a rencontré deux élèves qui reprennent cet examen pour la troisième fois pour lun et la deuxième fois pour lautre. Ils nous livrent leurs témoignages sur leurs années déchec. Si pour le premier, c'est le problème de niveau et le tract qui lont desservi, le second, lui, reconnaît que cest son impréparation qui lui a porté préjudice.

Marcel Ouédraogo, 22 ans, est à sa 3e tentative de décrocher le premier diplôme universitaire, série G2. Il confie n’avoir pas été à la hauteur la première année. « Les années antérieures, je n’avais pas le niveau », a-t-il admis. Et d’ajouter qu’à sa deuxième tentative, il avait des difficultés, surtout dans les matières techniques, sans compter le tract consécutif à la peur d’échouer.

La présente session, il déclare l’avoir préparée de façon rigoureuse. « L'examen de cette année, je l'ai préparé très sérieusement en ayant à cœur de l'obtenir », a-t-il indiqué. Nonobstant cela, il dit avoir été confronté à des difficultés, lors de la composition, dans des matières comme les mathématiques et la philosophie, mais il s’empresse de préciser qu’il a fait de son mieux.

Gêné que certains de ses condisciples aient réussi au Bac avant lui, Marcel admet néanmoins avoir toujours bénéficié des encouragements de ses géniteurs, contrairement à certains apprenants dont les parents menacent de ne plus payer les frais de scolarité de leurs enfants en pareille situation. S’agissant de ses chances de succès cette année, notre interlocuteur déclare : « C'est un examen et l'on ne peut pas être à 100% sûr, cela d’autant plus qu’avec certains correcteurs il faut s'attendre à tout. Je prie donc Allah qu'il touche leur cœur afin qu'ils soient tolérants », a-t-il affirmé. Pour ce candidat, les études universitaires ne sont pas à l’ordre du jour puisque, lâche-t-il, « après le Bac, j’arrêterai les études pour me ‘’chercher’’ ».

Quant à Mathieu Bouda, 24 ans, il dit passer le Bac A4 pour la deuxième fois. De son propre aveu, cela est dû à son impréparation et à son manque d'entraînement. « Pour la présente session du baccalauréat, j’ai eu des difficultés en français, en philosophie, en anglais et en mathématiques. Les sujets n’étaient pas du tout abordables », a-t-il affirmé. Toutefois, il espère que Dieu « mettra sa main » (NDLR : interviendra) pour que le succès soit enfin au rendez-vous cette année. S’il obtient le Bac, Mathieu compte opter pour la filière Transport et logistique.

Bonne chance à tous les candidats.

Flora Sanou

aapictureLe vendredi 23 juin 2023, un car de la société STAF a acheminé des poussins de Ouagadougou jusquà Bobo-Dioulasso. Une journaliste de Radars Burkina présente dans ce bus en a fait le constat. Reportage.

Il était 8h06 mn quand nous quittions la gare de l’Ouest de la Société de transport Aorêma et frères (STAF) à Ouagadougou avec comme destination Bobo-Dioulasso. Bien que le car dans lequel nous avions pris place soit destiné au transport des personnes, on pouvait y constater la présence de cartons de poussins.

Des poussins dans un des cars d'une si grande société de transport ? Cela est peut-être étonnant, mais c’est la stricte vérité. Les passagers de ce car de 8h (immatriculé 7280T1-03) ont été contraints de supporter la présence de ces poussins avec leur odeur fétide et leurs piaulements sur une distance de plus de 350 km pendant 7 heures de route avec des arrêts à n’en point finir. Nous avons approché deux passagers pour leur demander ce qu’ils pensaient de la présence de ces poussins.

« Il a fallu que je me mette du clou de girofle dans la bouche pour pouvoir tenir. J'ai eu des nausées tout au long du voyage. L'odeur des poussins m'a trop fatiguée », a lâché une passagère.

Un autre passager a confié avoir été très indisposé par cette présence aviaire et regrette cette attitude d’une grande société comme STAF. « On se serait cru dans un poulailler. Pire, on avait l’impression d’être à un concert de poussins, tant les piaulements étaient agaçants, sans compter la puanteur », a-t-il déploré.

À la suite d’échanges avec ces passagers, l’auteure de ces lignes a pu approcher l’un des assistants-chauffeurs. « Convoyeur (assistant du chauffeur), pourquoi avez-vous mis des poussins dans le car avec les passagers ? Ça sent mauvais et l’odeur nous fatigue beaucoup. » À cette interrogation, le convoyeur a répondu : « L’intéressé est monté dans le car avec ses poussins sans qu'on le sache ». « Donc vous ne connaissez pas le propriétaire des poussins ? » avons-nous insisté. Réponse du convoyeur par la négative. Et d'ajouter qu'il n'y a pas d’autre place pour mettre ces poussins. Une réponse qui laisse croire que le transport d’animaux dans les véhicules destinés au transport de personnes est normal.

Une fois à destination, les cartons de poussins ont été sortis par un autre « convoyeur » qui a affirmé que c’était une commission et que le propriétaire est resté à Ouagadougou.

Selon l’article 12 de l’arrêté interministériel N-2016-0005/MTMUSR/MDNAC/MATDSI portant obligation d’installation de dispositifs de limitation de vitesse et de contrôle des temps de conduite et de repos dans les véhicules de transport routier et interdiction du transport mixte, « le transport mixte de personnes et de marchandises est interdit sur tout le territoire national sauf autorisation expresse du ministre chargé des Transports et du ministre de la Sécurité ». L’article 13 du même arrêté dispose : « Il est interdit à tout transporteur de transporter des marchandises diverses, dans les véhicules de transport de personnes ou de voyageurs ». La société de transport STAF ignore-t-elle l’existence de ces textes ? Certainement pas. Les premiers responsables de cette société sont donc invités à veiller au respect des lois et aux bonnes conditions de voyage des clients.

F.S.

ccprcsLe procès sur l’affaire « appel à incendier le palais du Moogho Naaba » a repris aujourd’hui mercredi 21 juin 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga I. Les prévenus sont les leaders de la société civile Marcel Tankoano, Abdoul Karim Baguian dit Lotta, Désiré Guinko, Boukary Conombo, Boukary Tapsoba, Souleymane Belem, Pascal Zaïda, Karim Koné ainsi que les journalistes Alain Traoré dit Alain Alain et Lookman Sawadogo.

Au nombre de dix, ils sont tous poursuivis pour « association de malfaiteurs, divulgation de fausses informations, incitation à un attroupement armé ou non armé… » Seuls deux des prévenus ont été auditionnées par le tribunal ce jour. Il s’agit de Marcel Tankoano, accusé d’être le « cerveau » de ce projet, et de Désiré Guinko.

Devant le tribunal, le sieur Tankoano n’a reconnu aucun des faits qui lui sont reprochés. Même les déclarations qu’il a faites lors de ses interrogatoires, lues par le procureur et le président du tribunal, il dit ne pas s’en souvenir, arguant qu’il n’était pas normal : « J’avoue que je n’étais pas normal ; j’étais très malade. »

Quatre personnes ont comparu à la barre pour témoigner sur le projet d’incendie de palais du souverain. Toutes ont déclaré avoir été contactées par Marcel Tankoano pour faire l’enregistrement d’un premier audio qui devait être mis sur le dos des pro-Russes et visant à appeler les gens à aller incendier le palais du Moogho Naaba. Le second audio devait inviter la population à sortir contrer ceux qui allaient s’en prendre au palais.

Selon les deux témoins devant le parquet, aucun d’entre eux n’a exécuté la mission qui lui avait été confiée par Tankoano. C’est après la diffusion des informations sur les réseaux sociaux que Marcel Tankoano leur a transféré les audios via WhatsApp pour qu’ils les partagent en vue de mobiliser la population.

« Tout ce qui a été dit contre moi est faux, M. le président. Je ne reconnais pas avoir fait ce qui a été relaté ici. Ces déclarations sont graves », a clamé Marcel Tankoano en réponse aux déclarations des témoins. Selon lui, ce n’est ni plus ni moins qu’un complot contre sa personne.

« Interrogé sur la provenance de l’argent qu’il a partagé dans le cadre de ce projet d’incendie du palais royal, M. Tankoano a déclaré devant le procureur lors des interrogatoires préliminaires être un homme d’affaires et un entrepreneur politique », a indiqué le ministère public lors des observations.

À la barre, Désiré Guinko, le 2ᵉ prévenu à avoir comparu ce jour, dit ne pas savoir ce pour quoi il était là, car il n’a rien à se reprocher. « J’aimerais que le tribunal me dise ce que je fais ici. Je n’ai rien à me reprocher. Je ne suis lié ni de près ni de loin à cette affaire d’enregistrements d’audios qui appellent à incendier le palais du Moogho Naaba. Je ne me reconnais pas dans cette affaire gravissime », a-t-il soutenu.

Flora Sanou

aaextractLa conférence Afrique 2023 de Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) s’est tenue du 8 au 10 juin 2023 à Dakar, au Sénégal. A cette occasion, Elie Kaboré, membre de PCQVP et directeur de publication du journal en ligne minesactu.info, a été élu représentant de l’Afrique de l’Ouest francophone au Comité de pilotage Afrique (CPA) de PCQVP. Dans cette interview, le nouveau porte-parole de l’Afrique de l’Ouest francophone répond aux questions de Radars Info Burkina.

Radars Burkina : À quoi renvoie Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) ?

Élie Kaboré : PCQVP est la campagne mondiale pour une industrie extractive ouverte et responsable qui travaille à faire en sorte que les revenus du pétrole, du gaz et de l’exploitation minière soient utilisés pour stimuler le développement des pays. Sa force réside dans sa capacité à coordonner des actions aux niveaux national et mondial en maximisant son impact afin que chacun bénéficie de ces ressources naturelles, aujourd’hui et demain. Elle a pour domaines de travail la transition énergétique, la transparence des contrats et des revenus, le genre, la lutte contre la corruption, l’impact environnemental et social, l’ITIE (l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives) et le renforcement de l’espace civique.

Radars Burkina : Qui peut être membre de PCQVP ?

Élie Kaboré : Peut en être membre toute organisation de la société civile œuvrant dans le domaine des industries extractives, des droits humains ou de la promotion de la bonne gouvernance qui accepte de se conformer aux dispositions des textes de PCQVP. C'est une organisation mondiale qui compte plus de 1 000 organisations membres. Ces organisations, toutes de la société civile, se sont regroupées en coalition nationale dans chaque pays. L’Afrique compte 29 coalitions nationales.

Radars Burkina : Quel est le rôle du Comité de pilotage Afrique (CPA) ?

Élie Kaboré : Le CPA est l’organe de gouvernance continentale qui donne des orientations stratégiques et apporte son soutien à la mise en œuvre de la campagne à travers le continent. Il est constitué de 4 représentants des sous-régions Afrique de l’Ouest anglophone (Ghana, Liberia, Nigeria et Sierra Leone), Afrique de l’Ouest francophone (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Guinée-Bissau, Mauritanie, Mali, Niger, Sénégal et Togo), Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Madagascar, République démocratique du Congo, République du Congo et Tchad) et enfin Afrique Australe et de l’Est (Malawi, Mozambique, Tanzanie, Kenya, Afrique du Sud, Ouganda, Zambie et Zimbabwe).

Radars Burkina : Quels sont les objectifs de la Conférence Afrique organisée par PCQVP ?

Élie Kaboré : Conformément à la Charte Afrique, document constitutif de PCQVP en Afrique, l’un des principaux objectifs de la conférence Afrique est d'élire de nouveaux représentants du Comité de pilotage Afrique. C’est justement à cette occasion que j’ai été élu, à l’unanimité, par les représentants des pays d'Afrique de l’Ouest francophone pour un mandat de 3 ans.

Radars Burkina : Quel est le rôle du CPA ?

Élie Kaboré : Il a pour rôle d’élaborer et de mettre en œuvre un projet de stratégie de plaidoyer, de contrôler la conformité des Coalitions nationales, de représenter la coalition chaque fois que nécessaire, y compris en émettant et en signant les déclarations, d’appuyer la sensibilisation faite, etc.

Radars Burkina : Félicitations, M. Kaboré, et bonne mission.

Élie Kaboré : Je vous remercie.

Propos recueillis par Flora Sanou

aadrepaCe jour, lundi 19 juin 2023, c'est la Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose, une maladie génétique du sang. A l’occasion de cette journée célébrée le 19 juin de chaque année, Hilary Khatya Pengd Wendé Ilboudo, patiente drépanocytaire d’hémoglobine SC, 24 ans, étudiante en fin de cycle en master énergies renouvelables, nous livre un témoignage sur ce mal silencieux qui ronge plus d’un.

« Tout a commencé par une chute à l’âge de 5 ans », relate Hilary Ilboudo. C’est ainsi que des examens révéleront qu’elle est drépanocytaire SC et cela fait bientôt 20 ans qu’elle apprend à vivre avec cette maladie. D'après elle, chaque changement de temps entraîne des crises et des douleurs intenses « A chaque changement de climat, en période de fraîcheur, en saison pluvieuse et même lors des temps d’extrême chaleur, mon corps me rappelle ma particularité. La maladie se manifeste par une douleur intense appelée crises vaso-occlusives ; si ce n’est pas l’articulation de la main, c’est celle du pied ou les deux qui sont douloureuses. Les douleurs sont difficiles à décrire : ce sont des grincements comme si on frottait deux pierres l'une contre l'autre ou comme si on te sciait les os. Les douleurs peuvent durer quelques jours ou une semaine, voire plus. On te voit pleurer mais personne ne sait véritablement où tu as mal. En période de crise, même une main posée sur moi, ça augmente ta douleur », nous explique-t-elle. Pour calmer ses douleurs, elle dit recourir à des antidouleurs ou se rendre dans un centre médical en cas de persistance. Vivre avec cette maladie, c’est aussi un défi pour l’insertion sociale. C’est pourquoi elle exhorte les responsables des établissements et les employeurs à être ouverts à leur état et à faciliter leur insertion en milieu professionnel car, dit-elle, « nous avons des rêves, des objectifs de carrière à atteindre ». Aux autorités elle a adressé cette requête : « En cette journée de lutte contre la drépanocytose, par ma voix, nous, patients drépanocytaires, demandons une subvention des médicaments, des vaccins et même de certains examens, car la drépanocytose est une maladie de riches. Pourquoi je dis cela : rien que le suivi médical et les produits pharmaceutiques nous coûtent entre 200 000 et 300 000 FCFA par an », a-t-elle affirmé. Par ailleurs, elle invite tous les patients drépanocytaires à s’armer de courage et à faire fi des préjugés. « A tous les patients drépanocytaires d’hémoglobine SS ou SC, je souhaite un mental de fer. Ne laissons pas les préjugés dus à la méconnaissance de notre combat nous affaiblir. Nous sommes malades de drépanocytose, mais avant tout, nous sommes la personne que nous choisissons d’être : ingénieur, comptable, juriste… Du reste, apprenons à mieux nous connaître, afin de réduire nos crises du mieux que nous pouvons et d’éviter toutes les complications qui pourraient en découler »,g a-t-elle conseillé. Hamidou Rouamba, médecin généraliste que nous avons rencontré, s’est prononcé sur les précautions à prendre par les drépanocytaires pour mener une vie saine. Selon lui, des mesures d’hygiène peuvent réduire la fréquence des crises vaso-occlusives et les conséquences de la drépanocytose sur la santé. Ainsi, les personnes atteintes de drépanocytose doivent boire 8 à 10 verres d'eau par jour, c’est-à-dire au moins 1,5 l d’eau par jour pour un adulte, entre 1 et 2 l pour un enfant, ou boire davantage en temps chaud ou lors d’activités physiques ou sportives. Elles doivent éviter d'avoir trop chaud, trop froid ou d'être trop fatiguées. En outre, elles doivent éviter les activités physiques intenses ou violentes, dormir suffisamment, rester vigilantes sur les signes d’anémie, de crise vaso-occlusive ou de fièvre, réduire le niveau de stress, avoir une alimentation équilibrée et diversifiée, éviter la réduction du taux d’oxygène dans le sang et respecter leur calendrier de vaccination.

Flora Sanou

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